Encomptant 1) les divisions d'infanterie des 13. et 14. Wellen (sĂ©rie des 300-330) Ă  15.000 personnels, les divisions de la 15. Welle (sĂ©rie des 700) Ă  11.000 personnels et les divisions de retour d'URSS Ă  12.000 personnels, on a donc : 249.000 personnels., plus ceux appartenant aux unitĂ©s en transit. Je vais voir ce que je peux trouver Cet Ă©tablissement a ouvert ses portes le 18 dĂ©cembre 1952, sous le nom de "Omnia", en remplacement d'un autre cinĂ©ma du mĂȘme nom situĂ© Ă  quelques mĂštres, et dĂ©moli aprĂšs la seconde guerre Ă  la façade monumentale, possĂ©dait une salle unique de 1500 places, avec un les annĂ©es 70, le cinĂ©ma cĂšde Ă  la mode des multisalles, avec la transformation en un complexe de 4 salles la plus grande salle est construite dans l'ancien balcon, l'ancien orchestre se scinde en deux, et une quatriĂšme salle occupe le volume haut du en fĂ©vrier 1973 que ce complexe ouvre ses portes sous la nouvelle identitĂ© de "4 Gaumont". En 1977, trois nouvelles salles construites dans la cage de scĂšne sont ajoutĂ©es Ă  l'Ă©tablissement, rebaptisĂ© "7 Gaumont", qui accueille dĂ©sormais 896, 404, 227, 153, 225, 110 et 90 1986, d'importants travaux de rĂ©novation sont entrepris, qui conduisent Ă  la naissance de la premiĂšre salle labellisĂ©e "Gaumont Rama" de province, avec un Ă©cran de 20 mĂštres de base pour une superficie de 170 mÂČ le plus grand Ă©cran de France Ă  l'Ă©poque ! et son show laser en premiĂšre capacitĂ© totale est ramenĂ©e Ă  1348 places 510, 245, 165, 96, 180, 83 et 69 fauteuils, et l'Ă©tablissement est rebaptisĂ© plus simplement "Gaumont".Le 1er septembre 2010, le cinĂ©ma passe sous la banniĂšre du circuit NOE CinĂ©mas Nord Ouest Exploitation, et renoue avec le passĂ© avec son appellation "Omnia-RĂ©publique".Il devient un complexe indĂ©pendant "Art et Essai".Sa fermeture pour de nouveaux travaux de rĂ©novation Ă©tait programmĂ©e pour une durĂ©e de 6 mois Ă  compter du 30 juin 2020, mais la situation Ă©pidĂ©mique a conduit Ă  sa fermeture anticipĂ©e dĂšs le 14 mars 2020, et les retards pris dans les travaux conduiront Ă  une rĂ©ouverture de 4 salles avant mars 2021 dans un premier temps, puis de l'Ă©tablissement dans son intĂ©gralitĂ© vers la fin 2021 ou le dĂ©but 2022...Localisation Rouen 76 - 28, rue de la RĂ©publiqueMerci Ă  Daniel Collin. MGwenael LEFEUVRE. PrĂ©sident de FONCIA LOCATION HAUTE NORMANDIE M Gwenael LEFEUVRE a 52 ans ( naissance en 1968), est PrĂ©sident de la sociĂ©tĂ© FONCIA LOCATION HAUTE NORMANDIE M Gwenael LEFEUVRE peut ĂȘtre contactĂ© au siĂšge de la sociĂ©tĂ© FONCIA LOCATION HAUTE NORMANDIE par courrier Ă  l'adresse FONCIA LOCATION HAUTE NORMANDIE 3 PLACE
Rouen, dite la Ville aux cent clochers, est situĂ©e au nord-ouest de la France et traversĂ©e par la Seine. Elle doit sa prospĂ©ritĂ© au commerce. MalgrĂ© les ravages de la guerre, la rive droite conserve encore un certain nombre de monuments, autour de la cathĂ©drale Notre-Dame, qui devait inspirer Claude visiter- la cathĂ©drale de Rouen Elle possĂšde, Ă  la croisĂ©e du transept, une tour-lanterne » surmontĂ©e d’une flĂšche en fonte qui culmine Ă  151 mĂštres de hauteur la plus haute de France et qui est 5 mĂštres plus haute que la Pyramide de KhĂ©ops initiale. Des visites guidĂ©es permettent de dĂ©couvrir les trĂ©sors de la cathĂ©drale, notamment le gisant Richard Coeur de Lion qui renferme son coeur et la crypte semi-circulaire de l'Ă©difice romain antĂ©rieur, presque unique en son genre, qui fut mise au jour par les fouilles en l'Ă©glise Saint-Maclou L'Ă©glise dĂ©diĂ©e Ă  saint Maclou est un joyau de l’art gothique flamboyant construit entre 1437 et 1517. Saint-Maclou conserve la tradition normande de la tour lanterne comme la cathĂ©drale Notre-Dame, mais en plus, elle fait office de clocher. La flĂšche qui la surmonte date du XIXe siĂšcle et est l'Ɠuvre de l'architecte Jacques-EugĂšne le chĂąteau de Rouen dit Tour Jeanne d'Arc la tour Jeanne d'Arc faisait partie du ChĂąteau de Rouen construit en 1204 par Philippe Auguste sur les ruines de l'amphithéùtre gallo-romain de Rotomagus. C’est dans ce chĂąteau que Jeanne d’Arc fut emprisonnĂ©e et que se dĂ©roula son le musĂ©e des Beaux-Arts de Rouen rassemble un ensemble exceptionnel de peintures, dessins et sculptures auquel s’ajoutent quelques meubles et objets d’art. Les toiles du Caravage, de VelĂĄzquez, Delacroix, GĂ©ricault, Modigliani, GĂ©rard David et, bien sĂ»r, Monet et Sisley sont les plus le musĂ©e des antiquitĂ©s retrace l’archĂ©ologie gallo-romaine et mĂ©rovingienne et possĂšde une collection d’objets d’art, de vitraux et d’élĂ©ments du Moyen Âge et de la Renaissance et des collections Ă©gyptiennes et le musĂ©e de la cĂ©ramique expose environ 1000 piĂšces rares de faĂŻence de Rouen et de verrerie, françaises et le musĂ©e Le Secq des Tournelles abritĂ©es dans une Ă©glise du XVe siĂšcle, les collections illustrent les arts du fer du IIIe au XIXe siĂšcle. C'est l'un des plus riches musĂ©es de ferronnerie au le musĂ©e d’histoire naturelle fondĂ© par Pouchet en 1828, ce musĂ©e a Ă©tĂ© fermĂ© pour travaux en 1996 et est rouvert depuis le 23 fĂ©vrier 2007. À l’origine, la ville occupait la rive droite de la Seine. Aujourd’hui, elle inclut largement la rive gauche quartier Saint-Sever en particulier, au sud du fleuve et inclut Ă©galement l’üle port de Rouen a Ă©tĂ© l'un des plus importants ports de France pour l'importation des agrumes et fruit tropicaux. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, suite Ă  la destruction de la quasi totalitĂ© des vignobles français par le phylloxĂ©ra de la vigne, l'activitĂ© portuaire a grandement augmentĂ© en recevant la production vinicole de l'Afrique du nord AlgĂ©rie.La transformation du port a permis d'en faire le premier port europĂ©en exportateur de cĂ©rĂ©ales. Un terminal pour containers a aussi trouvĂ© sa place dans l'activitĂ© moderne du Ă©tablissement s'est dĂ©veloppĂ© vers la fin de l'indĂ©pendance celtique ou Ă  l'Ă©poque gallo-romaine, pour devenir la capitale de la tribu des VĂ©liocasses, peuple celtique gaulois dont le territoire s'Ă©tendait dans la vallĂ©e de la Seine sur une vaste rĂ©gion qui s'Ă©tendait peut-ĂȘtre de Caudebec-en-Caux actuel jusqu'Ă  Briva Isarae Pontoise.C’est au IIIe siĂšcle aprĂšs JĂ©sus-Christ que la ville gallo-romaine atteint son plus haut point de dĂ©veloppement. On sait qu’un amphithéùtre et de grands thermes y avaient alors Ă©tĂ© bĂątis. À partir du milieu du IIIe siĂšcle, les invasions germaniques Ă©galement durant cette pĂ©riode que la premiĂšre cathĂ©drale est construite Ă  Rouen et qu’un premier Ă©vĂȘque y est nommĂ©, saint partir de 841, les Vikings effectuent de frĂ©quentes incursions dans la vallĂ©e de la Seine. DĂšs cette date, ils ravagent une premiĂšre fois Rouen. AttaquĂ©e une nouvelle fois par les Nortmanni en 843, deviendra la capitale du duchĂ© de Normandie aprĂšs que Rollon, chef viking aura reçu une rĂ©gion comparable par ses dimensions Ă  l'actuelle Haute-Normandie du roi de France Charles III par le traitĂ© de Saint-Clair-sur-Epte en 945, le duc de Normandie Richard 1er, dit sans-peur, vient Ă  bout, lors du siĂšge de Rouen, d'une grande coalition rĂ©unissant le roi de France Louis IV d'outremer, l'empereur germanique Othon le Grand et le comte de Flandre. Cette victoire s'avĂšre dĂ©cisive pour l'avenir de la Normandie et une plaque est apposĂ©e sur une maison sise Place de la Rougemare en souvenir de cet Ă©vĂšnement la cour Ă©tant itinĂ©rante et Guillaume le ConquĂ©rant ayant construit son chĂąteau Ă  Caen, la capitale sera dans cette derniĂšre ville. DĂšs la pĂ©riode viking, la ville Ă©tait devenue un port de commerce avec la rĂ©gion parisienne et un marchĂ© d’esclaves. Le 26 janvier 1096, les juifs de la ville de Rouen qui abrite la plus grande communautĂ© au nord de la Loire, vont ĂȘtre massacrĂ©s et celĂ , prĂšs de dix ans aprĂšs la mort du Dux Willelmus dans cette mĂȘme ducs de Normandie rĂ©sidĂšrent souvent Ă  Rouen, sauf Guillaume le ConquĂ©rant qui prĂ©fĂ©ra dĂ©velopper Caen comme capitale oĂč il est d'ailleurs inhumĂ©. Le cƓur de Richard Ier d'Angleterre dit Coeur de lion Ă©tait conservĂ© dans le tombeau Ă  gisant que l'on peut encore voir dans le dĂ©ambulatoire de la cathĂ©drale. En 1150, Rouen obtient une charte communale ; la ville est alors administrĂ©e par les Cent Pairs. Les habitants sont regroupĂ©s en corporations et confrĂ©ries de mĂ©tiers. Rouen est un centre de commerce important, exportant du sel et du poisson vers Paris et du vin vers l’ roi de France Philippe Auguste prend la ville le 16 avril 1203 et rattache la Normandie au royaume de France l’annĂ©e suivante. Il maintient les privilĂšges communaux, mais fait dĂ©truire l’ancien chĂąteau ducal et fait construire le ChĂąteau de Rouen pour surveiller la ville. Celui-ci est construit sur l’ancien site de l’amphithéùtre gallo-romain et prendra le nom de chĂąteau Bouvreuil. DĂ©truit Ă  la fin du XVe siĂšcle, le ChĂąteau de Rouen sert de carriĂšre sauf le cĂ©lĂšbre donjon, dit tour Jeanne-d’Arc, restaurĂ©e par Viollet Le Duc et qui subsiste aujourd’hui. MalgrĂ© son nom, cette tour ne fut pas le lieu d’emprisonnement de Jeanne d'Arc en 1431 mĂȘme s’il semble que cette derniĂšre y fit un passage de la tour oĂč fut emprisonnĂ©e la Pucelle d’OrlĂ©ans, il ne reste que les soubassements visibles dans la cour intĂ©rieure d’une propriĂ©tĂ© privĂ©e situĂ©e au 102 rue Jeanne-d’Arc et ouverte au public.Des manufactures de textiles se dĂ©veloppent Ă  Rouen et toute sa rĂ©gion Elbeuf, DarnĂ©tal, Barentin, Pavilly, Villers-Ecalles, Saint-Pierre-de-Varengeville, Maromme, Le Houlme, Malaunay, Montville, les marchands achetant la laine en Angleterre et revendant les draps dans les foires de prospĂ©ritĂ© de Rouen repose principalement sur le commerce sur la Seine. Les marchands rouennais disposent depuis Henri II du monopole de la navigation sur la Seine en aval de Paris. Ils expĂ©dient en Angleterre des vins et du blĂ© et reviennent avec de la laine et de l’ troubles liĂ©s aux impĂŽts se multiplient Ă  Rouen les Ă©meutes de 1281 voient l’assassinat du maire et le pillage des maisons nobles. Devant l’insĂ©curitĂ©, Philippe IV le Bel supprime la commune et retire aux marchands le monopole du commerce sur la Seine. Mais les Rouennais rachĂštent leurs libertĂ©s en 1306, Philippe IV le Bel dĂ©cide d’expulser la communautĂ© juive de Rouen forte d’une population de 5 Ă  6000 juillet 1348, la peste noire touche Ă  Rouen. En 1382, une rĂ©volte urbaine importante Ă©clate, la Harelle. La ville sera cruellement rĂ©primĂ©e par les troupes royales. Les impĂŽts sont augmentĂ©s et les privilĂšges de Rouen pour le commerce sur la Seine sont 19 janvier 1419, durant la guerre de Cent Ans, le roi d'Angleterre Henry V prend la ville de Rouen et rattache la Normandie Ă  la couronne britannique. Jean Jouvenel des Ursins, contemporain de ces Ă©vĂ©nements, rapporte sobrement "Le siĂšge fut longuement devant Rouen, ne jamais ne l’eussent eu sinon par famine, car il y avoit vaillantes gens tenans le party du duc de Bourgogne ; mais la famine fut si merveilleuse et si grande, qu’ils furent contraints de se mettre en obeyssance du roy d'Angleterre, car d’un cĂŽtĂ© et d’autre ils n’eurent aucun secours."C’est dans cette ville, capitale du pouvoir anglais dans le royaume de France, que Jeanne d'Arc fut jugĂ©e et brĂ»lĂ©e le 30 mai 1431 Ă  l'instigation du duc de Bedford et du parti bourguignon, majoritaire Ă  Rouen. La mĂȘme annĂ©e le jeune Henry VI est couronnĂ© roi de France et d'Angleterre Ă  Paris, avant de se rendre Ă  Rouen oĂč il est acclamĂ© par la foule. Le roi de France reprend la ville en 1449, soit 18 ans aprĂšs la mort de Jeanne d'Arc et aprĂšs 30 ans d'occupation guerre de Cent Ans terminĂ©e, les grands chantiers reprennent dans la capitale normande. Au dĂ©but de la Renaissance, Rouen est la ville la plus peuplĂ©e du royaume aprĂšs Paris. On achĂšve les Ă©glises dans le style les annĂ©es 1530 et suivantes, la population de Rouen est touchĂ©e par le protestantisme, mĂȘme si elle ne se convertit pas entiĂšrement. DĂšs 1560, les tensions entre communautĂ©s protestante et catholique s’exacerbent. Le massacre de Vassy dĂ©clenche la premiĂšre guerre de catholiques prennent le fort Sainte-Catherine, qui domine la ville. Les deux camps utilisent la terreur. Les autoritĂ©s rouennaises demandent alors l’aide de la reine d’Angleterre. Les Anglais envoient, en vertu du traitĂ© d'Hampton Court signĂ© le 20 septembre 1562 avec CondĂ©, des troupes pour soutenir les protestants et occupent, en Ă©change, Le Havre. Le 26 octobre 1562, les troupes royales prennent la capitale normande et la mettent Ă  sac pendant trois nouvelle du massacre de la Saint-BarthĂ©lemy atteint Rouen fin aoĂ»t 1572 Hennequier tente d’éviter le massacre aux protestants en les enfermant. Mais, entre le 17 et le 20 septembre, la foule force les portes des prisons et Ă©gorge les protestants qui s’y trouvent. La ville est plusieurs fois assaillie par Henri IV, mais lui rĂ©siste, notamment lors du long siĂšge de dĂ©cembre 1591 Ă  mai 1592, grĂące Ă  l’aide apportĂ©e par l’armĂ©e espagnole du duc de la guerre de 1870, Rouen sera occupĂ©e par l’armĂ©e le sera Ă©galement au cours de la Seconde Guerre mondiale du 9 juin 1940 au 15 aoĂ»t 1944. Pendant ce conflit, elle subira de violents bombardements visant notamment les ponts sur la Seine et la gare de triage de Sotteville-lĂšs-Rouen. En avril 1944, aprĂšs un bombardement de la Royal Air Force, on dĂ©plora 816 morts et 20 000 sinistrĂ©s dans la ville. La cathĂ©drale et le Palais de justice furent touchĂ©s, en particulier lors de la semaine rouge et du 30 mai au 5 juin 1944, pendant laquelle le quartier de la cathĂ©drale Ă©tait en proie aux la guerre, le centre ville est reconstruit selon le plan Greber.
CLIQUEZSUR LA CARTE POUR AGRANDIR. 26 - 30 AOÛT 1944 : TraversĂ©e de la Seine par les troupes canadiennes des 3Ăšme et 4Ăšme Divisions d'Infanterie. Le 24 aoĂ»t 1944, Elbeuf est la premiĂšre ville libĂ©rĂ©e de Seine-InfĂ©rieure par le DeuxiĂšme Corps d'ArmĂ©e canadien, qui traverse la Seine Ă  Saint-Aubin-lĂšs-Elbeuf le 28.

Texte intĂ©gral 1 Une premiĂšre Ă©bauche de ce travail a Ă©tĂ© publiĂ©e sous le titre La mĂ©moire des bombardements Ă  Ro ... 2 Alain GaspĂ©rini, Rouen 1940-1944 la guerre, l’occupation, la libĂ©ration, Rennes, OuestFrance, 19 ... 1 En 1944, la ville de Rouen et son agglomĂ©ration, dĂ©jĂ  touchĂ©es par un important incendie au moment de l’avance de la Wehrmacht en juin 1940 et par des attaques aĂ©riennes stratĂ©giques depuis 1942, sont la cible de bombardements anglo-amĂ©ricains destinĂ©s Ă  prĂ©parer le dĂ©barquement alliĂ© du 6 juin et Ă  accompagner les opĂ©rations militaires qui lui succĂšdent. Au terme de plusieurs mois d’affrontements qui Ă©prouvent durement une grande partie de la population civile de l’ensemble de la Normandie, Rouen est libĂ©rĂ©e par l’armĂ©e canadienne le 30 aoĂ»t 1944. Depuis une quinzaine d’annĂ©es, plusieurs ouvrages relatant la vie des Normands sous l’occupation, les bombardements et leurs consĂ©quences humaines et matĂ©rielles, ont Ă©tĂ© publiĂ©s ou rééditĂ©s. Un certain nombre d’entre eux est consacrĂ© Ă  Rouen et Ă  son agglomĂ©ration2. L’intĂ©rĂȘt des Normands pour les Ă©vĂ©nements et les divers aspects de la seconde guerre mondiale – rĂ©sistance, crimes perpĂ©trĂ©s par l’occupant et le gouvernement de Vichy, mais aussi opĂ©rations militaires et consĂ©quences pour les populations civiles – a Ă©tĂ© suscitĂ© ou ravivĂ© par les commĂ©morations du D-Day en juin 2004 et les nombreuses initiatives pĂ©dagogiques et entreprises mĂ©morielles qui les ont accompagnĂ©es. 3 Cette expression est utilisĂ©e sous forme d’interrogation par Michael Schmiedel, doctorant allemand ... 2Parmi les aspects et Ă©vĂ©nements de la seconde guerre mondiale ayant pourtant marquĂ© durablement les populations des zones sinistrĂ©es, les bombardements alliĂ©s n’ont Ă  premiĂšre vue, jusqu’à une pĂ©riode relativement rĂ©cente, suscitĂ© en France qu’une culture mĂ©morielle secondaire, Ă  laquelle succĂ©derait depuis 1994 et 2004 un certain phĂ©nomĂšne de rattrapage. Peut-on nĂ©anmoins parler d’un tabou ou d’une amnĂ©sie nationale3 » qui aurait fait disparaĂźtre cette mĂ©moire Ă  maints Ă©gards inconfortable derriĂšre des constructions mĂ©morielles plus consensuelles et davantage susceptibles de cimenter l’unitĂ© de la nation ? Ou bien faut-il considĂ©rer que la relative absence de mĂ©moire nationale des bombardements alliĂ©s sur la France est compensĂ©e par des mĂ©moires locales et rĂ©gionales plutĂŽt vivaces, qui n’ont d’ailleurs pas seulement Ă©mergĂ© 50 ou 60 ans aprĂšs la fin de la guerre ? En replaçant cette Ă©tude de cas sur la mĂ©moire rouennaise des bombardements de 1944 Ă  nos jours dans un contexte plus large, cette contribution se propose d’ouvrir quelques pistes de rĂ©flexion sur un sujet peu explorĂ© jusqu’ici. Contexte gĂ©nĂ©ral et mĂ©moires normandes 3La construction d’une mĂ©moire nationale officielle de la seconde guerre mondiale constitue sans doute le premier cadre dans lequel doit ĂȘtre replacĂ©e la mĂ©moire des bombardements alliĂ©s. Les historiennes ont mis en Ă©vidence les mĂ©canismes d’une mĂ©moire dominante construite dĂšs la LibĂ©ration pour dĂ©passer le traumatisme engendrĂ© par l’occupation et les luttes fratricides qui opposĂšrent les Français celle non pas tellement des rĂ©sistants en tant qu’individus, mais de la RĂ©sistance. Cette construction occulta durablement la mĂ©moire de la Shoah, mais de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les pratiques commĂ©moratives ont longtemps accordĂ© peu de place aux victimes civiles autres que rĂ©sistantes. 4 Mechtild Gilzmer, MĂ©moires de pierre – Les monuments commĂ©moratifs en France aprĂšs 1944, Paris, Au ... 4Dans son ouvrage sur les monuments commĂ©moratifs de la seconde guerre mondiale en France4, l’historienne Mechtild Gilzmer montre que le paysage mĂ©moriel constituĂ© par les monuments Ă©rigĂ©s depuis la fin du conflit reflĂšte de maniĂšre gĂ©nĂ©rale cette tendance. Mettant en garde contre une vision qui ne serait pas assez nuancĂ©e, elle met toutefois aussi l’accent sur la grande diversitĂ© des monuments commĂ©moratifs Ă©rigĂ©s dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre par les communes. À la lecture de son ouvrage, on est toutefois frappĂ© par la quasi-absence, dans les nombreux exemples donnĂ©s et analysĂ©s, de monuments Ă  la mĂ©moire des victimes des bombardements – terme que nous utilisons ici de prĂ©fĂ©rence Ă  celui de victimes civiles », qui peut s’appliquer aussi aux rĂ©sistants non militaires, dĂ©portĂ©s, otages fusillĂ©s, etc. Il est Ă  noter que depuis le dĂ©cret du 2 novembre 1945, toutes ces catĂ©gories purent bĂ©nĂ©ficier de l’attribution de la mention Mort pour la France », avec toutefois, dans la mise en Ɠuvre de cette reconnaissance, une hiĂ©rarchisation claire plaçant en haut de l’échelle les rĂ©sistants, et parmi eux les rĂ©sistants militaires. De nombreuses communes optĂšrent, en ajoutant par exemple une plaque Ă  leur monument aux morts existant, pour une inscription des morts pour la France sans distinction. Ceci n’exclut toutefois pas la rĂ©alisation ou du moins la conception de projets cherchant Ă  honorer diffĂ©rentes catĂ©gories, ce qui donna lieu en particulier Ă  l’érection de nombreux monuments en hommage Ă  la RĂ©sistance. Sans nier l’existence d’un paysage mĂ©moriel complexe et multiforme, dont la constitution dĂ©pendait aussi beaucoup des acteurs locaux, il faut remarquer que c’est surtout une France combattante, ayant activement participĂ© Ă  sa LibĂ©ration aux cĂŽtĂ©s des AlliĂ©s, qu’il s’agissait de cĂ©lĂ©brer pour cimenter une solidaritĂ© nationale Ă  reconstruire. 5Dans un article publiĂ© en 2009, l’historien allemand Michael Schmiedel constate qu’à de rares exceptions prĂšs, l’historiographie française ne s’est pas penchĂ©e sur la question des bombardements alliĂ©s sur la France, et met cette absence en relation avec la culture mĂ©morielle nationale dominante depuis 1945. Il Ă©voque trois raisons principales pour expliquer cette lacune 5 M. Schmiedel, dans Luftkrieg...,Îżp. cit., p. 69-70. PremiĂšrement, la confiscation de la guerre aĂ©rienne par le rĂ©gime de Vichy, qui a contaminĂ© le discours sur la guerre aĂ©rienne dans la France de l’aprĂšs-guerre ; deuxiĂšmement, l’amalgame entre coupables et victimes et l’instrumentalisation des victimes Ă  des fins de propagande dĂšs la pĂ©riode de guerre ; troisiĂšmement, enfin, le fait qu’en France, d’autres systĂšmes de rĂ©fĂ©rence de la mĂ©moire prĂ©dominaient pour construire une identitĂ© collective de la sociĂ©tĂ©5. 6 Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien dir., Les populations civile ... 7 Ibid., p. 9-20. 8 Letitia Rodriguez, De la place accordĂ©e aux victimes civiles des bombardements et de la bataille ... 6Dans l’avant-propos des actes d’un colloque organisĂ© en 2004 par le MĂ©morial et l’universitĂ© de Caen sur les populations civiles face au dĂ©barquement et Ă  la bataille de Normandie », Claude QuĂ©tel rappelle que les historiennes ont commencĂ© par l’étude du fait militaire avant de s’intĂ©resser aux civils, une espĂšce de parent pauvre » que la logique de guerre totale a pourtant placĂ© au cƓur des conflits6. Dans le mĂȘme ouvrage, Jean Quellien expose la nĂ©cessitĂ© d’un recentrage historiographique, soulignant en particulier que la question du rapport aux libĂ©rateurs alliĂ©s a souvent donnĂ© lieu Ă  un discours politiquement correct et que la mĂ©moire des combattants a longtemps Ă©clipsĂ© la mĂ©moire des civils7. Il faut toutefois noter aussi, comme le fait Letitia Rodriguez dans une contribution Ă  ce mĂȘme colloque sur la place accordĂ©e aux victimes des bombardements dans les commĂ©morations, que face Ă  la complexitĂ© et Ă  la variĂ©tĂ© des Ă©vĂ©nements de la seconde guerre mondiale et de leurs reprĂ©sentations, une hiĂ©rarchisation des mĂ©moires Ă©tait sans doute inĂ©vitable, favorisant la mise en avant des aspects les plus glorieux8. 9 Sur ces facteurs, voir notamment ibid., ainsi que l’introduction de l’ouvrage collectif citĂ© plus ... 7Plusieurs facteurs expliquent la réémergence de la mĂ©moire des bombardements depuis les 50e et 60e anniversaires de la fin de la guerre en 1994 et en 20049. Tout d’abord, il semblerait que les controverses sur les choix tactiques des AlliĂ©s soient aujourd’hui moins occultĂ©es – levĂ©e d’un tabou qu’il faut peut-ĂȘtre saluer tout en soulignant la nĂ©cessitĂ© de replacer ces choix dans l’enchaĂźnement des faits et des rĂ©alitĂ©s de la seconde guerre mondiale. Ensuite, il faut prendre en considĂ©ration la disparition progressive des tĂ©moins accompagnĂ©e d’un dĂ©veloppement important de l’histoire orale et l’arrivĂ©e d’une gĂ©nĂ©ration, y compris parmi les institutionnels impliquĂ©s dans les commĂ©morations, qui n’a pas connu la seconde guerre mondiale. Enfin, un nouvel environnement favorise, dans l’évolution des mentalitĂ©s occidentales, la prise en compte des victimes civiles en gĂ©nĂ©ral, Ă  l’heure oĂč s’affaiblit en revanche l’image du hĂ©ros. 10 Voir Henning Meyer, Les musĂ©es de la seconde guerre mondiale et la transmission de la mĂ©moire. L ... 11 AprĂšs avoir publiĂ© en 1994-1995 plusieurs ouvrages sur les victimes civiles dans les trois dĂ©parte ... 12 L. Rodriguez, dans op. cit., p. 299. 13 Ibid. 14 Ce secrĂ©tariat n’a eu qu’une existence Ă©phĂ©mĂšre, de mars 2004 Ă  mai 2005. 15 16 Par exemple sur le site officiel Chemins de mĂ©moire », créé par le ministĂšre de la DĂ©fense dans ... 8Un bref aperçu de la mĂ©moire des bombardements telle qu'elle est construite en Normandie, principalement depuis quelques annĂ©es, permet de donner quelques Ă©lĂ©ments supplĂ©mentaires de contextualisation, mĂȘme s’il fait apparaĂźtre une certaine distorsion entre la Haute-Normandie et les trois dĂ©partements de Basse-Normandie, qui ont largement bĂ©nĂ©ficiĂ© du rayonnement du MĂ©morial de Caen dans la prise en compte des rĂ©alitĂ©s complexes et multiples de la pĂ©riode d’occupation, avec une approche qui n’exclut pas les victimes civiles de la guerre aĂ©rienne. InaugurĂ© en 1988 sous l’impulsion du maire UDF Jean-Marie Giraud, qui a vĂ©cu les bombardements de 1944 comme Ă©quipier de la Croix-Rouge, le MĂ©morial de Caen est certes dĂ©diĂ© Ă  tous les aspects de la seconde guerre mondiale. Il tire toutefois son origine – exprimĂ©e dans la conception architecturale mĂȘme du bĂątiment qui l’abrite, basĂ©e sur l’idĂ©e de fracture – de l’expĂ©rience traumatisante de la destruction, qui doit justement faire de la ville de Caen l’ambassadrice de la paix et de la dĂ©fense de la libertĂ©10. En 1994, des veillĂ©es-tĂ©moignages organisĂ©es entre autre par le MĂ©morial donnent la parole aux habitants de la rĂ©gion, qui font part notamment de leur vĂ©cu des bombardements. L’expĂ©rience est renouvelĂ©e en 2004. ParallĂšlement, l’historiographie s’intĂ©resse Ă  cette thĂ©matique, comme Ă  l’occasion du colloque Ă©voquĂ© plus haut, organisĂ© Ă  la demande du conseil gĂ©nĂ©ral du Calvados par le centre de recherche d’histoire quantitative de l’universitĂ© de Caen associĂ© au MĂ©morial, auquel on doit dĂ©jĂ  plusieurs publications sur les victimes civiles en Normandie11. Outre le travail historiographique et pĂ©dagogique, c’est Ă©galement la pratique commĂ©morative officielle qui s’étend, Ă  l’initiative du comitĂ© Normandie mĂ©moire » créé en 2002, rĂ©unissant 582 mairies et 141 associations de Basse-Normandie et entendant bien n’oublier aucune catĂ©gorie de victimes12. Si, comme l’a Ă©tudiĂ© Letitia Rodriguez pour la Basse-Normandie, les commĂ©morations municipales et mĂȘme plusieurs monuments communaux ont accordĂ© depuis la fin de la guerre une place finalement notable – bien que secondaire par rapport au souvenir des opĂ©rations militaires – aux victimes civiles des bombardements13, le 60e anniversaire du dĂ©barquement et de la bataille de Normandie constitue pour la premiĂšre fois l’occasion d’un hommage rĂ©gional, Ă  l’initiative du conseil rĂ©gional de Basse-Normandie et de l’association Normandie mĂ©moire ». La secrĂ©taire d’État aux Droits des victimes14 Nicole Guedj reprĂ©sente mĂȘme, au cours d’une premiĂšre journĂ©e consacrĂ©e au souvenir des victimes civiles organisĂ©e le 7 juin 2004 Ă  Saint-LĂŽ, le gouvernement au nom duquel elle rappelle le caractĂšre indispensable du devoir de mĂ©moire, aussi bien par les institutions que par les citoyens, y compris concernant les victimes civiles15 ». La cĂ©rĂ©monie culmine dans l’enchĂąssement de la liste des victimes de la rĂ©gion dans un rĂ©ceptacle placĂ© au pied du monument Ă  la mĂ©moire des victimes du bombardement de Saint-LĂŽ. DĂ©sormais pĂ©rennisĂ©e, cette commĂ©moration est organisĂ©e chaque annĂ©e dans l’une des communes sinistrĂ©es des trois dĂ©partements de la rĂ©gion. MalgrĂ© la prĂ©sence ministĂ©rielle, il serait toutefois abusif de parler d’une mĂ©moire nationale en cours d’institutionnalisation16. 17 C’est sans doute autour de 1949 qu’est apposĂ©e au pied du Monument aux morts de la premiĂšre guerre ... 18 Voir en particulier Andrew Knapp, The Destruction and Liberation of Le Havre in Modem Memory », ... 9En Haute-Normandie, l’hommage se fait globalement plus discret. Au Havre, oĂč les bombardements de septembre 1944 ont fait prĂšs de 2 000 victimes, le souvenir est vivace dans l’immĂ©diat aprĂšs-guerre et explique sans doute la réélection en 1947 de Pierre Courant, qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© maire sous Vichy, mais auquel une partie des Havrais reste attachĂ©e en raison de sa prĂ©sence auprĂšs de la population pendant les opĂ©rations de secours17. Dans les dĂ©cennies qui suivent son dĂ©part et qui scelle l’influence des communistes sur la ville, cette mĂ©moire passe clairement Ă  l’arriĂšre-plan, et la prĂ©sence de monuments aux victimes civiles reste discrĂšte18. Parmi les initiatives rĂ©centes, il faut toutefois noter l’apposition, en 2004, par le maire Antoine Rufenacht, d’une plaque rappelant Ă  l’entrĂ©e du tunnel Jenner l’ensevelissement de 319 Havrais qui s’y Ă©taient rĂ©fugiĂ©s au cours du bombardement du 6 septembre 1944. Mais Le Havre a globalement privilĂ©giĂ© la mĂ©moire de sa reconstruction, avec le classement de son centre-ville au patrimoine mondial de l’UNESCO, alors que Rouen a intensifiĂ© depuis 2004 des initiatives mĂ©morielles qui incluent assez largement aussi la question des bombardements. Le contexte rouennais de la propagande contre les bombardements alliĂ©s aux constructions mĂ©morielles dominantes de l’aprĂšs-guerre 19 Le chiffre de 816 morts est retenu par M. Dandel et al, op. cit., p. 55. 20 Pariser Zeitung, 16 mai 1944, dossier de coupures de presse Extraits de journaux relatant les b ... 10La propagande de l’occupant allemand et de Vichy, qui a dĂ©jĂ  largement exploitĂ© les bombardements sur la France pour tenter de faire naĂźtre dans les populations civiles un sentiment anti-alliĂ©, s’intensifie Ă  l’approche du dĂ©barquement. Les raids britanniques sur le complexe ferroviaire de Sotteville-lĂšs-Rouen, dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, qui touchent aussi le centre-ville de Rouen et qui font plus de 800 victimes dans l’agglomĂ©ration19, sont instrumentalisĂ©s tant au plan national que local. Affiches et autres documents mettent en scĂšne la figure patriotique de Jeanne d’Arc, brĂ»lĂ©e Ă  Rouen par les Anglais mais bien dĂ©cidĂ©e Ă  ne pas laisser l’ envahisseur » britannique reprendre possession de la France. Fe thĂšme est dĂ©clinĂ© Ă  l’envi, comme sur cette affiche couleur de sang et de feu reprĂ©sentant la sainte, les mains liĂ©es, qui semble s’élever au-dessus de la ville de Rouen transformĂ©e en bĂ»cher, avec cette inscription accusatrice Les assassins reviennent toujours sur les lieux de leur crime. » Fe motif de Jeanne au bĂ»cher devant la cathĂ©drale de Rouen en flammes est repris sous le simple titre Rouen 1431-1944 » dans un dessin en noir et blanc du journal de l’occupant en France, le Pariser Zeitung20. 11La propagande iconographique s’accompagne d’un discours lui aussi construit autour de la citĂ© martyre ». DĂšs le lendemain du bombardement nocturne, le secrĂ©taire d’État Ă  l’Information et Ă  la Propagande, Philippe Henriot, dĂ©cline dans une allocution radiophonique le motif des barbares qui dĂ©truisent un joyau de la culture de l’Occident en pĂ©ril 21 La France terre brĂ»lĂ©e », 19 avril, 12 h 40, Éditoriaux prononcĂ©s Ă  la radio par Philippe Henrio ... Et l’une des plus belles villes de France connaissait le sort de tant de villes d’art d’Italie et d’Allemagne. [...] Quelle richesse d’art, quel trĂ©sor de beautĂ©, quelle vie humaine apparaĂźtrait assez prĂ©cieuse Ă  des gens qui se moquent Ă©perdument de ce qu’ils ne comprennent pas s’ils sont AmĂ©ricains et qui dĂ©sirent dĂ©truire tout ce qui est français du moment qu’ils sont Anglais21. Figure no 83 page suivante – Affiche de propagande anti-britannique, 1944. 22 Service interministĂ©riel de protection contre les Ă©vĂ©nements de guerre, créé en 1943 pour apporter ... 23 Reportage France-ActualitĂ©s du 19 mai 1944, 2 mn 35 s., archives en ligne de l’Institut national d ... 12Autre thĂšme rĂ©current de la propagande nationale, la solidaritĂ© des sinistrĂ©s, l’hĂ©roĂŻsme des sauveteurs Ă  l’Ɠuvre et l’efficacitĂ© de l’intervention des pouvoirs publics, avec l’arrivĂ©e en gare de Rouen, malgrĂ© les destructions ferroviaires, du train du SIPEG22. La visite que rend le marĂ©chal PĂ©tain le 14 mai 1944 Ă  la premiĂšre des villes martyres » au cours de son pĂšlerinage tragique » Ă  travers les rĂ©gions sinistrĂ©es, est l’occasion d’exhorter la solidaritĂ© nationale, autour de Jeanne qui doit rester plus que jamais le symbole, l’ñme de notre unitĂ©, de cette unitĂ© si ardemment demandĂ©e aux Français par le glorieux soldat23 ». 24 Journal de Rouen, 20 avril 1944. 25 Dans leur ouvrage sur le 19 avril 1944, P. Le TrĂ©vier et D. Rose montrent l’enchaĂźnement des erreu ... 26 Journal de Rouen, 28 avril 1944. 13Au plan local, le Journal de Rouen relaie trĂšs largement, aprĂšs le 19 avril 1944 puis de nouveau Ă  l’occasion de la semaine rouge » en mai-juin 1944, les thĂšmes dĂ©veloppĂ©s par la propagande nationale. Les articles invectivent la barbarie amĂ©ricaine [qui] rejoint ici la moscovite24 ». L’hommage aux victimes innocentes s’accompagne d’une hĂ©roĂŻsation du dĂ©vouement des Ă©quipes de secours, interprĂ©tĂ© comme l’expression d’une ferveur patriotique sans faille. Dans l’argumentaire national et local, on ne se contente pas de dĂ©noncer les erreurs de visĂ©e fatales aux zones d’habitation et aux populations civiles25 ; on dĂ©nie bien plutĂŽt toute lĂ©gitimitĂ© stratĂ©gique aux raids terroristes ». Et le Journal de Rouen publie la protestation officielle contre l’épouvantable attentat subi par notre ville » exprimĂ©e par le conseil municipal de Rouen et le maire RenĂ© Stackler, qui renouvelle Ă  cette occasion au marĂ©chal PĂ©tain l’assurance de son absolue loyautĂ© et de son entiĂšre fidĂ©litĂ©26 ». L’accusation de terrorisme » portĂ©e aux AlliĂ©s comme elle le fut Ă©galement pendant l’occupation aux rĂ©sistants permet de mieux comprendre quelle ombre a pu planer dans l’aprĂšs-guerre sur une mĂ©moire spĂ©cifique des bombardements, peu compatible avec l’hommage rendu aux libĂ©rateurs associĂ©s aux principales commĂ©morations. 27 AMVR, 1M3. Sauf prĂ©cision contraire, les informations relatives aux plaques et monuments commĂ©mora ... 28 Le texte du dĂ©cret est reproduit dans le recueil des actes administratifs du dĂ©partement de Seine- ... 14ConformĂ©ment Ă  cette hypothĂšque ainsi qu’aux schĂ©mas dominants de reconstruction identitaire de la sociĂ©tĂ© française, il semble de prime abord qu’à Rouen comme ailleurs, ce soit plutĂŽt l’image d’une France combattante qui ait dominĂ© les pratiques commĂ©moratives depuis la fin du conflit. Trois lieux de mĂ©moire rouennais jouent un rĂŽle de premier plan, en particulier dans les commĂ©morations de la libĂ©ration de la ville. Au centre-ville, c’est tout d’abord le monument Ă  la victoire de 1914-1918 qui, dans une continuitĂ© des deux guerres affirmĂ©e au plan national, est Ă©galement dĂ©diĂ© Ă  celle de 1939-1945 ». Autre lieu central, la rue du Donjon oĂč Ă©tait situĂ© pendant l’occupation l’immeuble de la Gestapo, et oĂč la FĂ©dĂ©ration nationale des dĂ©portĂ©s et internĂ©s de la RĂ©sistance fait apposer dĂšs 194827 une plaque en hommage aux rĂ©sistants et dĂ©portĂ©s politiques - le gĂ©nocide des juifs restant Ă©clipsĂ© pendant des dĂ©cennies par cette construction mĂ©morielle dominante. Le lieu rouennais sans doute le plus emblĂ©matique de l’hommage que la France de l’aprĂšs-guerre rend Ă  ses hĂ©ros est le stand des fusillĂ©s » du Madrillet situĂ© sur un terrain appartenant alors Ă  la ville de Rouen. C’est lĂ  oĂč les Allemands fusillĂšrent quelque 80 rĂ©sistants du dĂ©partement qu’est inaugurĂ© en 1949 le monument des Martyrs de la RĂ©sistance de Seine-InfĂ©rieure, lieu de commĂ©moration jusqu’à aujourd’hui. On comprend mieux comment s’articulent mĂ©moire locale de la rĂ©sistance et constructions mĂ©morielles nationales lorsque l’on sait que le projet a Ă©tĂ© soumis avec succĂšs Ă  la Commission centrale des monuments commĂ©moratifs instaurĂ©e par un dĂ©cret du 16 janvier 1947 pour coordonner l’érection des principaux monuments sur le territoire, qui devaient en premier lieu commĂ©morer des faits glorieux de la guerre28 ». Figure no 84 – Monument des Martyrs de la RĂ©sistance. CĂ©rĂ©monie commĂ©morative, fin des annĂ©es 1950 ?. 29 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse Guerre 1939-1945 », no 2 bis. Ici, Paris-N ... 30 Ibid., Paris-Normandie, 31 aoĂ»t 1982. 15Les commĂ©morations de la libĂ©ration de Rouen, qui ont souvent lieu en prĂ©sence de soldats canadiens entrĂ©s dans Rouen et d’anciens rĂ©sistants de renommĂ©e nationale, ont pour principal objectif d’honorer la mĂ©moire des hĂ©ros tombĂ©s pour la cause de la libertĂ© » et d’exprimer la gratitude des Rouennais Ă  ceux qui leur ont apportĂ© la dĂ©livrance ». La question des bombardements est la grande absente des cĂ©rĂ©monies et des discours officiels pendant plus d’une vingtaine d’annĂ©es, mais Ă  partir de 1964, la presse locale commence Ă  profiter des anniversaires de la libĂ©ration de la ville pour Ă©voquer les destructions. Il faut attendre la fin des annĂ©es 1960 pour que le maire de Rouen Jean Lecanuet, puis d’autres officiels invitĂ©s, rappellent les larmes de deuil qui marquĂšrent, pour les Rouennais, la pĂ©riode comprise entre le 6 juin et le 30 aoĂ»t 194429 ». Le contexte est alors modifiĂ© par la distance historique mais peut-ĂȘtre aussi par l’inauguration d’un monument aux victimes civiles le 19 avril 1964, que nous Ă©tudierons plus loin. C’est surtout Ă  partir du 30e anniversaire, et plus encore dans les annĂ©es 1980, que les officiels locaux ou invitĂ©s rappellent l’amertume des Rouennais qui ont payĂ© un lourd tribut Ă  leur libĂ©ration. Ainsi, AndrĂ© Jarrot, compagnon de la LibĂ©ration et ancien ministre invitĂ© Ă  l’occasion du 38e anniversaire, Ă©voque-t-il en 1982 trĂšs concrĂštement les bombardements subis par la population Ceux Ă  qui il a Ă©tĂ© donnĂ© de vivre, il y a 38 ans, le terrible drame oĂč la ville a failli pĂ©rir, en ont encore les oreilles qui bourdonnent au bruit des bombes qui Ă©clatent et les yeux rougis par l’insomnie, les nerfs brisĂ©s par l’émotion30. » Les principales commĂ©morations annuelles ne sont certes pas, du moins pendant longtemps, centrĂ©es sur le souvenir des bombardements ; et quand les officiels les Ă©voquent plusieurs dĂ©cennies plus tard, c’est souvent sans rappeler dans quel contexte ils se sont dĂ©roulĂ©s et c’est plutĂŽt pour assurer que les souffrances subies furent pour ainsi dire sublimĂ©es par la LibĂ©ration. Pourtant, les hommages que rend parallĂšlement la ville en d’autres circonstances doivent Ă©carter la thĂšse d’un tabou qui aurait pesĂ© pendant plusieurs dĂ©cennies sur la question. Victimes actives » et passives » des bombardements dans les pratiques commĂ©moratives des deux premiĂšres dĂ©cennies de l’aprĂšs-guerre 16En lien avec des constructions mĂ©morielles mettant en scĂšne plutĂŽt des hĂ©ros que des victimes passives », une partie importante des pratiques commĂ©moratives de l’immĂ©diat aprĂšs-guerre liĂ©es aux bombardements honore celles et ceux qui ont tentĂ© de secourir les personnes ensevelies dans les dĂ©combres des bĂątiments bombardĂ©s. Il s’agit principalement des diffĂ©rents corps de pompiers qui sont intervenus Ă  Rouen et de la DĂ©fense passive DP – deux groupes qui participent activement Ă  la construction d’une mĂ©moire, en relation Ă©troite avec les acteurs institutionnels. 31 Voir Ă  ce propos les diffĂ©rents Ă©changes Ă©pistolaires conservĂ©s aux archives municipales AMVR, 1M ... 32 Dimanche 17 juillet 1949 Le prĂ©sident Auriol remit la LĂ©gion d’honneur Ă  la ville de Rouen », ... 33 Le gĂ©nĂ©ral Piollet inaugure un mĂ©morial Ă  la DP », Normandie peu aprĂšs rebaptisĂ© ParisNormandie... 17DĂšs 1946, une plaque commĂ©morative est inaugurĂ©e, avec l’accord de la municipalitĂ©, par les sapeurs-pompiers de Paris Ă  la mĂ©moire de leurs membres morts au feu » au cours des bombardements de dĂ©but juin 194431. Suite Ă  la dĂ©molition de l’immeuble oĂč Ă©tait apposĂ©e la plaque d’origine, une nouvelle plaque monumentale – sur laquelle une ligne de fracture symbolise deuil et destruction – est fixĂ©e en 1954 sur le mur ouest du Palais des consuls qui vient d’ĂȘtre reconstruit. À l’occasion de la remise de la LĂ©gion d’honneur Ă  la ville par le prĂ©sident Auriol en 1949, les pompiers de Rouen se voient dĂ©cerner la mĂ©daille d’or des actes de courage et de dĂ©vouement32 ». Le conseil municipal de Rouen souhaite aussi rendre hommage Ă  la DP en remettant un drapeau Ă  son amicale et en dĂ©voilant en juin 1947 dans le hall de l’hĂŽtel de ville une plaque commĂ©morative Ă  ses morts. Comme pour les pompiers, c’est l’ hĂ©roĂŻque conduite » des Ă©quipiers de la DP qui est saluĂ©e par le maire Jacques Chastellain33. Les Ă©quipes de la DP, qui avait entre autre pour mission de protĂ©ger les populations civiles des effets de la guerre, sont intervenues pendant les bombardements pour fournir une aide d’urgence aux blessĂ©s et aux sinistrĂ©s. 34 SĂ©ance du conseil municipal du 28 avril 1947 AMVR, 1M3. 35 Un article avec photo du journal Normandie des 24, 25 et 26 mai 1947 montre la pose de la clef de ... 36 ProcĂšs-verbal de la rĂ©union du jury chargĂ© de l’examen des projets, 11 septembre 1947 AMVR, 1M3. 37 Un mĂ©morial aux victimes de la guerre. La ville de Rouen retient le projet de MM. RenĂ© et Jean-P ... 18La longue prĂ©histoire du monument amĂ©nagĂ© sur la place du Gaillardbois montre toutefois que la ville de Rouen souhaite aussi trĂšs tĂŽt associer toutes les victimes des bombardements. Le 28 avril 1947, le conseil municipal exprime la nĂ©cessitĂ© d’ un monument dont la vue permanente rappellerait aux Rouennais le souvenir des chers disparus, victimes obscures et, hĂ©las, trop nombreuses d’une guerre qui nous a Ă©tĂ© imposĂ©e par la dĂ©fense de la LibertĂ©34 ». L’idĂ©e d’un concours est lancĂ©e sera amĂ©nagĂ©e en monument, avec des dĂ©corations appropriĂ©es, l’ancienne porte de la Douane, dernier vestige de l’hĂŽtel du mĂȘme nom situĂ© sur les quais de Seine et dĂ©truit par un bombardement meurtrier au cours de la semaine rouge ». À cette Ă©poque, la porte de la Douane, dĂ©placĂ©e, est en cours de réédification Ă  l’emplacement du pignon ouest de la future halle aux Toiles35. À l’issue de sa rĂ©union du 11 septembre 194736, le jury du concours dĂ©cide toutefois de n’attribuer, au vu des projets prĂ©sentĂ©s, qu’un seul et unique second prix Ă  deux architectes rouennais qui ont proposĂ© comme Ă©lĂ©ments d’amĂ©nagement une grande couronne mortuaire sculptĂ©e ainsi qu’une urne funĂ©raire de laquelle doit s’élever une flamme Ă©ternelle37. 38 Il n’y a de trace d’une telle requĂȘte ni dans les archives municipales, ni aux Archives nationales ... 19Il ne semble pas que ce projet, bien qu’il dĂ©passĂąt Ă  priori le cadre d’une simple dĂ©cision prĂ©fectorale, ait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă  la Commission centrale des monuments commĂ©moratifs38. Parce que celle-ci aurait Ă©tĂ© susceptible de le rejeter pour des raisons esthĂ©tiques, voire politiques, car il ne rendait pas hommage Ă  des victimes actives » ? On peut au moins Ă©mettre cette hypothĂšse. Prenant connaissance du dĂ©cret instaurant cette commission Ă©tatique, il est possible que le conseil municipal ait dĂ©cidĂ© d’ajourner son projet. 39 Le Monument National aux Victimes Civiles de la guerre sera-t-il Ă©rigĂ© Ă  Rouen ? », LibertĂ©-Dima ... 40 Voir M. Gilzmer, op. cit. 41 Voir l’article citĂ© note 39. 42 MĂ©morial aux victimes civiles inaugurĂ© le 19 avril », par R. Parment, Paris-Normandie, 9 janvier ... 43 L. Rodriguez, op. cit., p. 293. M. Schmiedel note Ă©galement la tenue, Ă  Lyon en 1964, d’une cĂ©rĂ©mo ... 20La rĂ©alisation de ce projet de monument aux victimes civiles des bombardements est de nouveau Ă  l’ordre du jour au dĂ©but des annĂ©es 1960. Selon la presse, il serait mĂȘme question de faire de la porte de la Douane un mĂ©morial non seulement municipal, mais aussi national39. Le contexte ne paraĂźt pourtant guĂšre favorable, car si De Gaulle entend renforcer au niveau national le programme d’édification de monuments commĂ©moratifs, c’est pour exploiter encore davantage le rĂ©cit fondateur d’une France rĂ©sistante40. Mais il semble que le dĂ©putĂ© gaulliste et adjoint au maire de Rouen Roger Dusseaulx ait plaidĂ© le dossier auprĂšs du prĂ©sident de la RĂ©publique41. C’est finalement le 19 avril 1964 qu’est inaugurĂ© le monument dont la portĂ©e reste locale et dont la configuration prend la forme d’une simple inscription, sans autre mise en contexte, sur le mur aveugle de la porte de la Douane 1940-1944 – À la mĂ©moire des membres de la DĂ©fense passive et des victimes civiles des bombardements de Rouen et de son agglomĂ©ration. » Quelques semaines avant l’inauguration, le journaliste Roger Parment salue cette initiative qui honorera les morts civils, ceux sur lesquels depuis vingt ans on fait silence, ceux dont jamais nul n’appelle les noms42 », accrĂ©ditant la thĂšse – Ă  nuancer comme on l’a vu – du tabou qui aurait pesĂ© sur cette mĂ©moire depuis la LibĂ©ration. Si l’on veut lĂ  encore replacer la mĂ©moire rouennaise dans un contexte plus large, on constatera que le 20e anniversaire de la fin de la guerre, en 1964, a favorisĂ© une réémergence au moins temporaire de la prise en compte des victimes des bombardements. La mĂȘme annĂ©e, le ministre des Anciens Combattants participe mĂȘme, Ă  Caen et Ă  Saint-LĂŽ, aux cĂ©rĂ©monies qui leur sont dĂ©diĂ©es43. Pour Rouen, la date de commĂ©moration logiquement choisie est celle du bombardement – le seul nocturne – qui semble avoir le plus traumatisĂ© les habitants de la ville et des communes environnantes. Figure no 85 – Le monument de la porte de la Douane, place du Gaillardbois. 44 AMVR, 3K1. Je reproduis ici en italique l’ajout manuscrit, qui comporte en outre une rature cou ... 45 LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 46 In memoriam », par R. Parment, LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 21La cĂ©rĂ©monie d’inauguration sur la place du Gaillardbois est l’occasion, vingt ans aprĂšs Vichy, d’une assez curieuse rĂ©conciliation – ou du moins d’une communion dans le deuil – favorisĂ©e peut-ĂȘtre par le fait que ce sont les centristes indĂ©pendants qui dominent le paysage politique municipal, au-delĂ  donc du clivage entre gaullistes et communistes. Parmi les invitĂ©s officiels au grand dĂ©jeuner organisĂ© par la ville, on remarque la prĂ©sence de l’ancien maire RenĂ© Stackler, que le maire Bernard Tissot remercie dans son discours d’inauguration pour les efforts de coordination des secours qu’il a fournis en 1944. Ce discours s’ouvre par ailleurs sur une condamnation gĂ©nĂ©rale de la guerre, et l’ajout manuscrit sur la version dactylographiĂ©e apparaĂźt comme une concession Ă  des constructions mĂ©morielles dominantes peut-ĂȘtre plus nationales que locales La guerre, malgrĂ© l’hĂ©roĂŻsme des combattants il faut dire, la hideuse guerre, cette folie, ce pĂ©chĂ© des hommes les tue et dĂ©vaste leurs foyers44. » Les journaux rĂ©gionaux de l’époque consacrent de trĂšs longs articles Ă  cet Ă©vĂ©nement, qui constitue sans doute le point culminant de la mĂ©moire rouennaise officielle des bombardements au XXe siĂšcle. Ce qui frappe dans la documentation consultĂ©e, c’est globalement l’absence de distance par rapport au rĂ©gime de Vichy LibertĂ©-Dimanche reproduit mĂȘme sans commentaire critique des extraits du Journal de Rouen d’avril 1944 dĂ©nonçant la barbarie amĂ©ricaine » – alors que dans les autres articles, il est Ă  peine question des stratĂ©gies militaires des AlliĂ©s45. La volontĂ© d’unir les Rouennais commence Ă  ĂȘtre associĂ©e Ă  la nĂ©cessitĂ© d’Ɠuvrer pour la paix et de sensibiliser les gĂ©nĂ©rations futures. C’est ainsi que l’on peut lire sous la plume de Roger Parment, dans un pathos trĂšs gĂ©nĂ©ralisateur, que la cĂ©rĂ©monie ne prendra tout son sens que si l’on associe toutes les victimes civiles de cette guerre europĂ©enne, [...] tous ces morts [qui] ont fini dans la mĂȘme injustice, du fait de la barbarie universelle46 ». Ce qui importe ne semble pas tant de replacer les Ă©vĂ©nements dans leur contexte que de permettre aux Rouennais de faire un travail de deuil, Ă  l’issue de la reconstruction de la ville qui a occupĂ© les esprits jusqu’alors. 47 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse citĂ© plus haut. 22Dans les annĂ©es et dĂ©cennies qui suivent, la mĂ©moire des bombardements semble certes redevenir l’apanage d’un groupe, celui des anciens de la DP, qui continuent Ă  se rassembler sur la place du Gaillardbois chaque 19 avril. Mais dans la presse locale, les anniversaires de la libĂ©ration deviennent de plus en plus l’occasion d’évoquer aussi les destructions de la ville en 1944, puis de donner la parole aux Rouennais qui les ont vĂ©cues47. Un tournant dans la mĂ©moire des bombardements rouennais ? Les annĂ©es 1994-2011 23Cette idĂ©e de donner la parole aux tĂ©moins culminera Ă  l’occasion du 60e anniversaire de la LibĂ©ration en 2004. On peut toutefois considĂ©rer que la mĂ©moire des bombardements entre au cours des annĂ©es 1990 dans une nouvelle phase, favorisant davantage la mĂ©diation culturelle et les initiatives pĂ©dagogiques que la commĂ©moration au sens strict, avec une vision qui se veut plus multiforme de la seconde guerre mondiale. 48 AMVR, recueil des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal, sĂ©ance du 8 juillet 1994. 49 Je remercieMme Chantier, des archives municipales de Sotteville-lĂšs-Rouen, de m’avoir communiquĂ© c ... 24À l’issue de l’amĂ©nagement des espaces du Palais, qui constitue l’une des ultimes entreprises de la reconstruction de Rouen, a Ă©tĂ© laissĂ©e vierge une placette que le conseil municipal dĂ©cide, au cours de sa sĂ©ance du 8 juillet 1994, de dĂ©nommer place du 19 avril 1944 ». Le maire de l’époque, François Gautier UDF, indique qu’il s’est agi d’une suggestion des habitants du quartier. Il ne semble pas que la proposition ait fait dĂ©bat entre la majoritĂ© et l’opposition48. Cette mĂȘme annĂ©e, la municipalitĂ© socialiste de Sotteville-lĂšs-Rouen va plus loin dans l’hommage rendu aux victimes des bombardements, en inaugurant Ă  l’occasion de l’anniversaire du 19 avril 1944 une stĂšle sur laquelle sont gravĂ©s les noms des 561 Sottevillais dĂ©cĂ©dĂ©s cette nuit-lĂ . Une deuxiĂšme stĂšle formĂ©e d’un contrepoids de grue ayant servi Ă  la reconstruction, mais qui pourrait Ă©galement Ă©voquer une pierre tombale, rappelle que le vieux Sotteville » a Ă©tĂ© complĂ©ment anĂ©anti ». Elle constitue avec la premiĂšre un petit ensemble monumental symboliquement placĂ© au pied des immeubles de la Zone verte conçus par l’architecte Marcel Lods dans les annĂ©es d’aprĂšs-guerre, et devient lieu de commĂ©moration annuelle Ă  partir de 199449. Associer ainsi mĂ©moire des destructions et de la reconstruction nous semble constituer une initiative officielle assez inĂ©dite. 50 Interview de D. Denry par Jacques Petit À nouvelle place nouveau dĂ©cor – la fontaine de la Pla ... 51 AMVR, 8W1164/996. 25Peu aprĂšs avoir baptisĂ© la nouvelle place du 19 avril 1944, le conseil municipal de Rouen dĂ©cide quant Ă  lui de lancer un concours pour y implanter une fontaine. C’est le sculpteur Dominique Denry qui a le rĂ©flexe de choisir la thĂ©matique par rapport au nom de la place. La sculpture placĂ©e au centre de la fontaine et baptisĂ©e Au bout de l’errance reprĂ©sente une famille qui pourrait figurer la communautĂ© rouennaise qui, dans une dĂ©ambulation théùtralisĂ©e, quitte les ruines de ce funeste jour [...] pour se tourner vers l’avenir et repartir... reconstruire, recommencer50 ». Le projet de Dominique Denry reçoit l’avis unanime du jury de concours – composĂ© en partie d’élus locaux – pour des raisons esthĂ©tiques mais aussi parce que le lien avec l’histoire » a Ă©tĂ© retenu comme l’un des principaux critĂšres de sĂ©lection51. 52 La fontaine de Dominique Denry inaugurĂ©e place du 19 avril 1944 », LibertĂ©-Dimanche, 21 dĂ©cembre ... 53 Entretien de D. Denry avec l’auteure, 30 dĂ©cembre 2009. 26La ville adhĂšre ainsi Ă  la double perspective destruction/reconstruction choisie par l’artiste. Il est en revanche difficile de savoir si la majoritĂ© municipale de l’époque, qui perd les Ă©lections de juin 1995 au moment oĂč est rĂ©alisĂ© le projet, avait l’intention de profiter de l’inauguration de la fontaine pour rendre un hommage aux victimes des bombardements. Toujours est-il que cette inauguration a lieu trĂšs discrĂštement en fin d’annĂ©e52. Si le sculpteur n’a pas souhaitĂ© lui-mĂȘme crĂ©er un monument » en tant que tel, il n’exclut pas une rĂ©appropriation du lieu par la volontĂ© commune53. À l’époque oĂč le monument de la place du Gaillardbois, plutĂŽt excentrĂ©e, n’avait plus de vĂ©ritable sens que pour les membres encore en vie de l’Amicale de la DP, une nouvelle place dĂ©nommĂ©e tardivement, avec une fontaine Ă©voquant les bombardements, pouvait-elle alors offrir le cadre de commĂ©morations diffĂ©rentes de celles instaurĂ©es dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes ? 54 Rouen Magazine, supplĂ©ment du 15 avril 2004, Rouen, mĂ©moires 44 – Les Rouennais dans la guerre, ic ... 55 Rouen mĂ©moires 44, Ă©ditĂ© par la ville de Rouen, septembre 2004. Voir les extraits reproduits dans ... 56 AMVR, sĂ©ance du conseil municipal, 29 mars 2004. 57 Cette nuit-lĂ , il pleuvait des coups durs », Paris-Normandie, 19 avril 2004. 58 Entretien de L. Leforestier avec l’auteure, 4 fĂ©vrier 2010. 27En 2004, Ă  l’occasion du 60e anniversaire du dĂ©barquement alliĂ© en Normandie, la ville de Rouen souhaite largement s’associer aux manifestations du souvenir, et dĂ©veloppe un important programme commĂ©moratif, culturel et pĂ©dagogique qui doit Ă©clairer les diffĂ©rents aspects de l’occupation et de la fin de la guerre. Dans l’éditorial du numĂ©ro spĂ©cial de Rouen Magazine d’avril 2004, le maire Pierre Albertini rappelle l’ampleur des destructions, lourd tribut que Rouen a payĂ© pour sa libĂ©ration et celle du pays, et la souffrance des habitants sous l’occupation. S’il ne gomme pas complĂštement les manifestations de bassesse » qui ont pu accompagner cette souffrance, il ne s’appesantit pas non plus sur les crimes de Vichy et les complicitĂ©s rouennaises, mais inscrit le devoir de mĂ©moire dans une perspective europĂ©enne de rĂ©conciliation54. Le programme envisagĂ© et concrĂ©tisĂ© accorde une large place Ă  la mĂ©moire des bombardements de 1944. Sous la forme, par exemple, d’un appel Ă  tĂ©moins qui aboutit Ă  la publication, en septembre 2004, d’un recueil d’entretiens dont un chapitre est consacrĂ© au quotidien sous les bombes alliĂ©es55. L’initiative est complĂ©tĂ©e par des rencontres intergĂ©nĂ©rationnelles, diverses expositions et des ateliers d’éducation populaire. MĂ©diation culturelle et patrimoine immatĂ©riel constituent ainsi le cƓur d’une nouvelle approche dĂ©fendue par Laure Leforestier, adjointe au patrimoine, dans un rapport adoptĂ© par le conseil municipal sans dĂ©bats ni opposition particuliĂšre56. Les commĂ©morations, dont le volet consacrĂ© Ă  la libĂ©ration de la ville s’inscrit dans la continuitĂ© des prĂ©cĂ©dents hommages, prennent en revanche pour la mĂ©moire des bombardements un tour nouveau c’est sur la place du 19 avril 1944 situĂ©e au cƓur des rues piĂ©tonnes que les habitants sont appelĂ©s Ă  se rassembler le soir du 18 avril 2004 pour rendre hommage aux victimes. À l’occasion de cette cĂ©rĂ©monie, qui constitue un prĂ©lude aux autres manifestations de l’annĂ©e, sont disposĂ©es autour de la fontaine 1 600 bougies rappelant la mĂ©moire des disparus57. Une volontĂ© de renouer et transmettre une mĂ©moire », en s’écartant des lieux imposĂ©s [qui] avaient perdu du sens » et en prenant en compte la disparition progressive des tĂ©moins, a ainsi Ă©tĂ© Ă  l’origine des diffĂ©rents projets58. Figure no 86 – Fontaine de Dominique Denry, place du 19-Avril-1944. 59 Voir en particulier la contribution de Georg Wagner-Kyora dans cet ouvrage. 28Dans le processus de reconstruction des villes europĂ©ennes dĂ©truites par les bombardements, la question de la sauvegarde de monuments emblĂ©matiques des identitĂ©s locales a constituĂ© une part importante de la rĂ©flexion menĂ©e sur la complĂ©mentaritĂ© entre patrimoine ancien et modernitĂ©59. On peut, dans ce contexte, Ă©galement s’interroger sur la fonction de ruines ou de traces que la guerre a laissĂ©es dans le paysage urbain, et sur leur mise en relation avec la mĂ©moire des bombardements. À Rouen, l’idĂ©e de trace visible a Ă©tĂ© clairement revendiquĂ©e, comme on l’a vu plus haut, Ă  travers la réédification de la porte de la Douane Ă  un nouvel emplacement et sa rĂ©utilisation sous forme de monument Ă  la mĂ©moire des victimes des bombardements. Pour d’autres lieux en revanche, comme les ruines des Ă©glises Saint-Vincent et Saint – Pierre-du-ChĂątel, le lien est plus difficile Ă  Ă©tablir ou n’a pas donnĂ© lieu Ă  une exploitation dans ce sens. 60 AMVR, 4H29. 61 Il n’y est en tout cas pas fait rĂ©fĂ©rence dans le dossier des archives municipales consacrĂ© aux dĂ© ... 62 Rouen Ă©tant jumelĂ©e avec Hanovre, je ne citerai ici que la ruine de l’église Saint-Gilles St. Aeg ... 29ConsidĂ©rĂ©e comme l’une des Ă©glises majeures de Rouen, l’église Saint-Vincent Ă©difiĂ©e aux XVe et XVIe siĂšcles est presque entiĂšrement dĂ©truite par le bombardement du 31 mai 1944. Suite Ă  une dĂ©cision prise en 1948 par le service des Monuments historiques du ministĂšre de l’Éducation nationale60, la quasi-totalitĂ© de la ruine est dĂ©posĂ©e, seuls quelques rares vestiges Ă©tant conservĂ©s jusqu’à aujourd’hui. Leur absence de mise en valeur, en particulier Ă  cause de la percĂ©e d’un nouvel axe routier au moment de la reconstruction, a certes rĂ©guliĂšrement Ă©tĂ© critiquĂ©e, et la perte d’une partie importante du patrimoine architectural de la ville a Ă©tĂ© dĂ©plorĂ©e. Mais Ă  notre connaissance, il n’y a pas eu de dĂ©bat sur une Ă©ventuelle transformation des vestiges en un mĂ©morial dĂ©diĂ© aux victimes de la guerre61, comme cela a Ă©tĂ© le cas par exemple pour de nombreuses Ă©glises allemandes bombardĂ©es, qui ont finalement Ă©tĂ© conservĂ©es Ă  l’état de ruines mĂ©morielles62 ». Toutefois, la rĂ©installation des vitraux de Saint-Vincent, mis en caisses avant le dĂ©but de la guerre, dans la nouvelle Ă©glise Sainte-Jeanne-d’Arc achevĂ©e en 1979 sur la place du Vieux-MarchĂ©, a sans nul doute constituĂ© un Ă©lĂ©ment important de continuitĂ© pour les Rouennais. 63 A. Maurois, op. cit, p. 71. 64 Élisabeth Chirol dans son hommage rendu Ă  Georges Lanfry, sauveteur » et reconstructeur » de l ... 65 La CathĂ©drale de Rouen, Notre-Dame des Sept Torpilles, film rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Roy, 1953. Voir anne ... 66 Voir G. Pessiot, op. cit., p. 255-262. 67 Sur les destructions de 1944 et la restauration, voir aussi Anne-Marie Carment-Lanfry, La CathĂ©dra ... 30Entre effacement et revendication des traces, ce sont plutĂŽt les deux grands monuments emblĂ©matiques de la ville sĂ©rieusement endommagĂ©s en 1944, la cathĂ©drale et le palais de justice, autour desquels s’est cristallisĂ©e une mĂ©moire qui a pu ĂȘtre conciliĂ©e avec la reconstruction de quartiers et d’édifices modernes. Les dangers qui ont pesĂ© sur la cathĂ©drale, le miracle » de sa sauvegarde puis sa remise en Ă©tat, considĂ©rĂ©e comme prioritaire au lendemain de la guerre, ont bien souvent Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©s comme le signe du martyre » et de la rĂ©surrection » de la ville. Constituant pour les Rouennais, selon l’écrivain AndrĂ© Maurois, un Palladium, gage sacrĂ© auquel la ville attachait le sens de sa durĂ©e63 », la cathĂ©drale est censĂ©e avoir incarnĂ© pendant les bombardements l’ Ăąme de la citĂ©64 », ou encore sa pĂ©rennitĂ© et [sa] force65 ». Sa rĂ©ouverture totale au public en 1956 a donnĂ© lieu Ă  une grande cĂ©rĂ©monie en prĂ©sence du prĂ©sident RenĂ© Coty et a marquĂ© symboliquement la fin de l’aprĂšs-guerre pour de nombreux Rouennais66. Aujourd’hui encore sont exposĂ©es dans l’édifice des photographies des destructions de 194467. Figure no 87 – DĂ©voilement de la plaque en souvenir des bombardements de 1944, palais de justice de Rouen, 30 aoĂ»t 2011. 68 Le Palais de justice de Rouen, ouvrage collectif publiĂ© par le ministĂšre de la Justice et le dĂ©par ... 31Autre point de cristallisation de l’identitĂ© rouennaise, le palais de justice est lui aussi considĂ©rĂ© comme l’incarnation de la permanence de Rouen Ă  travers les vicissitudes de l’histoire68 ». L’ancien parlement de Normandie porte encore les traces des bombardements, en particulier sur sa façade de la place Foch. La conservation de ces stigmates » de la seconde guerre mondiale a Ă©tĂ© revendiquĂ©e au cours de la restauration de l’édifice, qui s’est Ă©tendue sur plusieurs dĂ©cennies et dont la derniĂšre phase s’est achevĂ©e en 2010. Et c’est justement en ce lieu qu’une derniĂšre commĂ©moration importante – sans doute mĂȘme un nouveau tournant dans la mĂ©moire des bombardements rouennais – a Ă©tĂ© organisĂ©e Ă  Rouen le 30 aoĂ»t 2011, Ă  l’occasion du 67e anniversaire de la libĂ©ration de la ville. Pour la premiĂšre fois, cet anniversaire intĂ©grait officiellement une cĂ©rĂ©monie commĂ©morative dĂ©diĂ©e aux victimes des bombardements. Le texte de la plaque apposĂ©e Ă  l’entrĂ©e ouest du palais de justice et dĂ©voilĂ©e en prĂ©sence des autoritĂ©s civiles et militaires locales, dĂ©partementales et rĂ©gionales et des porte-drapeaux, frappe par une volontĂ© nouvelle de mettre en contexte les Ă©vĂ©nements et d’ancrer explicitement leur mĂ©moire dans le paysage urbain Les impacts des bombes lors des bombardements de la ville de Rouen pendant la Semaine rouge 30 mai au 5 juin 1944 et le 26 aoĂ»t 1944 ont Ă©tĂ© maintenus en l’état volontairement pour rendre hommage et perpĂ©tuer le souvenir des milliers de victimes de ces jours dĂ©cisifs et rappellent quel a Ă©tĂ© le prix payĂ© par la ville de Rouen pour la LibĂ©ration de la France. 69 67e anniversaire de la libĂ©ration de Rouen, allocution prononcĂ©e par V. Fourneyron, dĂ©putĂ©e-maire d ... 70 Information communiquĂ©e par Guy Pessiot, adjoint au maire chargĂ© entre autres du patrimoine et spĂ© ... 32Certes, la fin de ce texte et le discours prononcĂ© par la dĂ©putĂ©e maire de Rouen ValĂ©rie Fourneyron69 PS s’inscrivent clairement dans la continuitĂ© des prĂ©cĂ©dentes commĂ©morations de la libĂ©ration de Rouen, et l’on continue prioritairement Ă  cĂ©lĂ©brer la RĂ©sistance [qui] a fait l’honneur de la France et l’honneur de Rouen » et le sacrifice des soldats alliĂ©s auxquels la ville doit sa libĂ©ration. Mais l’hommage rendu Ă  la fois Ă  l’escadrille Lorraine, unitĂ© de la France libre au sein de la Royal Air Force qui fut l’auteur du dernier bombardement sur Rouen le 26 aoĂ»t70, et aux personnels soignants de l’agglomĂ©ration qui ont portĂ© assistance aux blessĂ©s parmi la population civile, semble indiquer qu’avec la distance historique, on est entrĂ© dans un registre de mĂ©moires plus complĂ©mentaires que concurrentes. MĂȘme si, par ailleurs, le mythe d’une population rouennaise qui se serait collectivement mobilisĂ©e » pour la LibĂ©ration occulte encore trĂšs largement, du moins Ă  l’occasion de telles cĂ©rĂ©monies, le rĂŽle jouĂ© aussi par une partie des Ă©lites locales et des habitants dans la collaboration et le rĂ©gime de Vichy. 33Entre lieux de mĂ©moire revendiquĂ©s ou plus ou moins assumĂ©s selon les Ă©poques, la ville de Rouen a finalement accordĂ© une place non nĂ©gligeable au souvenir des bombardements de la seconde guerre mondiale, mais ce parcours mĂ©moriel n’est pas linĂ©aire. On peut distinguer quelques temps forts comme l’immĂ©diat aprĂšs-guerre, les commĂ©morations de 1964 et les nouvelles formes mĂ©morielles Ă©mergeant Ă  partir de 1994, qui sembleraient correspondre Ă  une pĂ©riodisation valable Ă©galement pour d’autres villes sinistrĂ©es. Mais l’état de la recherche ne permet pas jusqu’ici de montrer quelle est l’exemplaritĂ© ou au contraire la spĂ©cificitĂ© de Rouen dans la mĂ©moire française des bombardements alliĂ©s. On peut certes Ă©mettre l’hypothĂšse que la tension permanente entre effacement derriĂšre des schĂ©mas mĂ©moriels dominants au plan national et affichage d’un statut de ville martyre » au plan local est assez reprĂ©sentative et ne serait donc pas l’apanage de Rouen. Toutefois, la volontĂ© de prĂ©server une ville-musĂ©e » par delĂ  la destruction d’une partie du patrimoine architectural a pu, Ă  Rouen, non seulement influencer les choix de la reconstruction, mais Ă©galement marquer davantage qu’ailleurs le discours nostalgique sur la perte – alors que l’ampleur des dommages a finalement Ă©tĂ© moins importante qu’au Havre par exemple. 34De nombreuses pistes seraient ainsi Ă  explorer. L’une d’entre elles consisterait Ă  Ă©tudier comparativement dans quelle mesure, sans doute trĂšs variable selon les villes et les espaces rĂ©gionaux, mais aussi selon les forces politiques en prĂ©sence, les discours et reprĂ©sentations forgĂ©s dĂšs la pĂ©riode des bombardements eux-mĂȘmes ont contaminĂ© ou obĂ©rĂ© les narrations ultĂ©rieures, empĂȘchant bien souvent une rĂ©elle mise en relation des aspects contradictoires de la seconde guerre mondiale et de son vĂ©cu par les populations françaises. Les tendances rĂ©centes ne visent manifestement plus Ă  construire des discours identitaires susceptibles de cimenter les sociĂ©tĂ©s urbaines autour d’une mĂ©moire commune, et la distance historique favorise un recentrage sur l’hommage rendu aux victimes. Il n’en reste pas moins qu’une approche contextualisĂ©e de la question des bombardements, de leurs reprĂ©sentations et de leur mĂ©moire en Lrance reste un champ d’études ouvert pour les historiens et les historiennes. Notes 1 Une premiĂšre Ă©bauche de ce travail a Ă©tĂ© publiĂ©e sous le titre La mĂ©moire des bombardements Ă  Rouen aprĂšs la seconde guerre mondiale une mise en perspective », Études normandes, no 3, 2010, p. 59-70. 2 Alain GaspĂ©rini, Rouen 1940-1944 la guerre, l’occupation, la libĂ©ration, Rennes, OuestFrance, 1994 ; Patrick Coiffier, Rouen sous l’occupation, Luneray, Bertout, 2004 ; Paul Le TrĂ©vier et Daniel Rose, Ce qui s’est vraiment passĂ© le 19 avril 1944, Saint-Germain-en-Laye, Comever, 2004 ; Guy Pessiot, Histoire de Rouen 1939-1958. La guerre 1939-1945 et la reconstruction en 900 photographies, Rouen, PTC, 2004 1re Ă©d. 1983 ; AndrĂ© Maurois, Rouen dĂ©vastĂ©, Fontaine-le-Bourg, Le Pucheux, 2004 1re Ă©d. 1948. 3 Cette expression est utilisĂ©e sous forme d’interrogation par Michael Schmiedel, doctorant allemand qui travaille sur les bombardements en France et leur reprĂ©sentation, pour le titre d’un article qu’il a publiĂ© en 2009 dans un ouvrage collectif consacrĂ© Ă  la mĂ©moire de la guerre aĂ©rienne en Europe. M. Schmiedel, Une amnĂ©sie nationale ? Krieg und Nachkrieg in Frankreich », dans Jörg Arnold, Dietmar SĂŒss et Malte Thiessen dir., Luftkrieg. Erinnerungen in Deutschland und Europa, Gottingen, Wallstein, 2009, p. 66-83. Qu’il soit ici remerciĂ© de ses remarques et rĂ©flexions au cours de notre Ă©change Ă©pistolaire de 2010. 4 Mechtild Gilzmer, MĂ©moires de pierre – Les monuments commĂ©moratifs en France aprĂšs 1944, Paris, Autrement, 2009 Ă©d. orig. 2007. 5 M. Schmiedel, dans Luftkrieg...,Îżp. cit., p. 69-70. 6 Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien dir., Les populations civiles face au dĂ©barquement et Ă  la bataille de Normandie, Caen, CRQH - MĂ©morial de Caen, 2005, p. 7. 7 Ibid., p. 9-20. 8 Letitia Rodriguez, De la place accordĂ©e aux victimes civiles des bombardements et de la bataille de Normandie dans les commĂ©morations officielles, de 1945 Ă  aujourd’hui », ibid., p. 289-302. 9 Sur ces facteurs, voir notamment ibid., ainsi que l’introduction de l’ouvrage collectif citĂ© plus haut Tod, Zerstorung, Wiederaufbau – Zu einer europĂ€ischen Erinnerungsgeschichte des Luftkrieges », dans Luftkrieg
, Îżp. cit., p. 9-24. 10 Voir Henning Meyer, Les musĂ©es de la seconde guerre mondiale et la transmission de la mĂ©moire. Les exemples du Centre national Jean-Moulin de Bordeaux, du MĂ©morial de Caen – un musĂ©e pour la Paix et du Centre de la mĂ©moire d’Oradour-sur-Glane », dans Stephan Martens dir., La France, l’Allemagne et la seconde guerre mondiale. Quelles mĂ©moires ?, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 187-221. 11 AprĂšs avoir publiĂ© en 1994-1995 plusieurs ouvrages sur les victimes civiles dans les trois dĂ©partements de Basse-Normandie, le CRHQ a Ă©ditĂ© notamment M. Dandel, G. Duboc, A. Kitts et E. Lapersonne, Les Victimes civiles des bombardements en Haute-Normandie, Caen, La Mandragore, 1997. 12 L. Rodriguez, dans op. cit., p. 299. 13 Ibid. 14 Ce secrĂ©tariat n’a eu qu’une existence Ă©phĂ©mĂšre, de mars 2004 Ă  mai 2005. 15 16 Par exemple sur le site officiel Chemins de mĂ©moire », créé par le ministĂšre de la DĂ©fense dans le cadre d’une valorisation du tourisme mĂ©moriel en France, les rĂ©fĂ©rences aux victimes des bombardements alliĂ©s restent plus que discrĂštes 17 C’est sans doute autour de 1949 qu’est apposĂ©e au pied du Monument aux morts de la premiĂšre guerre mondiale, dont le pourtour a servi de cimetiĂšre provisoire Ă  la LibĂ©ration, une plaque en hommage Ă  la mĂ©moire des victimes civiles tombĂ©es au cours des bombardements subis par la ville du Havre 1939-1945 ». Information communiquĂ©e sous rĂ©serve par les archives municipales de la ville du Havre. 18 Voir en particulier Andrew Knapp, The Destruction and Liberation of Le Havre in Modem Memory », War in History, no 14, 2007, p. 476-498. 19 Le chiffre de 816 morts est retenu par M. Dandel et al, op. cit., p. 55. 20 Pariser Zeitung, 16 mai 1944, dossier de coupures de presse Extraits de journaux relatant les bombardements de Rouen et de Sotteville du 19 avril 1944 » conservĂ©es aux archives municipales de la ville de Rouen AMVR. Je remercie Dominique Lebeltel, archiviste Ă  la ville de Rouen, d’avoir recherchĂ© et mis Ă  ma disposition tous les dossiers qu’elle a jugĂ©s utiles Ă  mon projet. 21 La France terre brĂ»lĂ©e », 19 avril, 12 h 40, Éditoriaux prononcĂ©s Ă  la radio par Philippe Henriot, secrĂ©taire d’État Ă  l’Information et Ă  la Propagande, no 9, du 13 au 19 avril 1944. 22 Service interministĂ©riel de protection contre les Ă©vĂ©nements de guerre, créé en 1943 pour apporter un secours d’urgence aux villes dĂ©sorganisĂ©es par les bombardements. 23 Reportage France-ActualitĂ©s du 19 mai 1944, 2 mn 35 s., archives en ligne de l’Institut national de l’audiovisuel. Sur cette visite, voir aussi Le MarĂ©chal a commencĂ© son pĂšlerinage tragique. Rouen dĂ©vastĂ© par les bombardements aĂ©riens a reçu, hier, la visite du chef de l’État », L’Ɠuvre, 15 mai 1944 AMVR, dossier de coupures de presse citĂ©. 24 Journal de Rouen, 20 avril 1944. 25 Dans leur ouvrage sur le 19 avril 1944, P. Le TrĂ©vier et D. Rose montrent l’enchaĂźnement des erreurs de visĂ©es de ces bombardements, qui s’inscrivaient dans l’objectif militaire fondamental de destruction des gares de triage du Nord-Ouest de la France notamment. P. Le TrĂ©vier et D. Rose, op. cit. De mĂȘme, les bombardements de la semaine rouge » sur l’agglomĂ©ration rouennaise visaient Ă  couper la retraite des troupes allemandes en faisant sauter les ponts sur la Seine. 26 Journal de Rouen, 28 avril 1944. 27 AMVR, 1M3. Sauf prĂ©cision contraire, les informations relatives aux plaques et monuments commĂ©moratifs sont extraites de cette sĂ©rie. 28 Le texte du dĂ©cret est reproduit dans le recueil des actes administratifs du dĂ©partement de Seine-InfĂ©rieure, no 38, p. 241, AMVR. Pour une analyse du dĂ©cret et des pratiques de la commission Ă©voquĂ©e, voir en particulier M. Gilzmer, op. cit., p. 31 et suiv. 29 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse Guerre 1939-1945 », no 2 bis. Ici, Paris-Normandie, 1er septembre 1969. 30 Ibid., Paris-Normandie, 31 aoĂ»t 1982. 31 Voir Ă  ce propos les diffĂ©rents Ă©changes Ă©pistolaires conservĂ©s aux archives municipales AMVR, 1M3. 32 Dimanche 17 juillet 1949 Le prĂ©sident Auriol remit la LĂ©gion d’honneur Ă  la ville de Rouen », LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 33 Le gĂ©nĂ©ral Piollet inaugure un mĂ©morial Ă  la DP », Normandie peu aprĂšs rebaptisĂ© ParisNormandie, 9 juin 1947. 34 SĂ©ance du conseil municipal du 28 avril 1947 AMVR, 1M3. 35 Un article avec photo du journal Normandie des 24, 25 et 26 mai 1947 montre la pose de la clef de voĂ»te de la porte qui occupe dĂ©sormais son emplacement dĂ©finitif. 36 ProcĂšs-verbal de la rĂ©union du jury chargĂ© de l’examen des projets, 11 septembre 1947 AMVR, 1M3. 37 Un mĂ©morial aux victimes de la guerre. La ville de Rouen retient le projet de MM. RenĂ© et Jean-Pierre Rieux », Paris-Normandie, 24 septembre 1947, signĂ© R. P. Roger Parment, grand journaliste rouennais et ardent partisan, pendant plusieurs dĂ©cennies, d’un hommage aux victimes des bombardements. 38 Il n’y a de trace d’une telle requĂȘte ni dans les archives municipales, ni aux Archives nationales oĂč sont conservĂ©es les correspondances entre le ministĂšre de l’IntĂ©rieur, dont dĂ©pendait cette commission, et les prĂ©fets chargĂ©s de soumettre les projets AN, F/1cI/232. 39 Le Monument National aux Victimes Civiles de la guerre sera-t-il Ă©rigĂ© Ă  Rouen ? », LibertĂ©-Dimanche, 31 juillet 1960. 40 Voir M. Gilzmer, op. cit. 41 Voir l’article citĂ© note 39. 42 MĂ©morial aux victimes civiles inaugurĂ© le 19 avril », par R. Parment, Paris-Normandie, 9 janvier 1964. 43 L. Rodriguez, op. cit., p. 293. M. Schmiedel note Ă©galement la tenue, Ă  Lyon en 1964, d’une cĂ©rĂ©monie Ă  la mĂ©moire des victimes du bombardement du 26 mai 1944 Ă©change avec l’auteure. 44 AMVR, 3K1. Je reproduis ici en italique l’ajout manuscrit, qui comporte en outre une rature courage » est barrĂ© et remplacĂ© par hĂ©roĂŻsme ». 45 LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 46 In memoriam », par R. Parment, LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 47 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse citĂ© plus haut. 48 AMVR, recueil des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal, sĂ©ance du 8 juillet 1994. 49 Je remercieMme Chantier, des archives municipales de Sotteville-lĂšs-Rouen, de m’avoir communiquĂ© cette information. 50 Interview de D. Denry par Jacques Petit À nouvelle place nouveau dĂ©cor – la fontaine de la Place du 19 avril 1944 », Bulletin des Amis des monuments rouennais, octobre 1994septembre 1995, p. 89. 51 AMVR, 8W1164/996. 52 La fontaine de Dominique Denry inaugurĂ©e place du 19 avril 1944 », LibertĂ©-Dimanche, 21 dĂ©cembre 1995. Je remercie Dominique Denry d’avoir mis sa documentation Ă  ma disposition et de m’avoir expliquĂ© ces circonstances lors de l’entretien qu’il a bien voulu m’accorder. 53 Entretien de D. Denry avec l’auteure, 30 dĂ©cembre 2009. 54 Rouen Magazine, supplĂ©ment du 15 avril 2004, Rouen, mĂ©moires 44 – Les Rouennais dans la guerre, ici p. 3. 55 Rouen mĂ©moires 44, Ă©ditĂ© par la ville de Rouen, septembre 2004. Voir les extraits reproduits dans l’annexe I. 56 AMVR, sĂ©ance du conseil municipal, 29 mars 2004. 57 Cette nuit-lĂ , il pleuvait des coups durs », Paris-Normandie, 19 avril 2004. 58 Entretien de L. Leforestier avec l’auteure, 4 fĂ©vrier 2010. 59 Voir en particulier la contribution de Georg Wagner-Kyora dans cet ouvrage. 60 AMVR, 4H29. 61 Il n’y est en tout cas pas fait rĂ©fĂ©rence dans le dossier des archives municipales consacrĂ© aux dĂ©libĂ©rations relatives aux Ă©glises Saint-Vincent et Sainte-Jeanne-d’Arc 1944-1961 AMVR, 2M1. 62 Rouen Ă©tant jumelĂ©e avec Hanovre, je ne citerai ici que la ruine de l’église Saint-Gilles St. Aegidien dĂ©truite par les bombardements de 1943 sur la future capitale de la Basse-Saxe et transformĂ©e dĂšs 1954 en mĂ©morial pour les victimes de la guerre et de la violence ». 63 A. Maurois, op. cit, p. 71. 64 Élisabeth Chirol dans son hommage rendu Ă  Georges Lanfry, sauveteur » et reconstructeur » de la cathĂ©drale, aprĂšs la mort de celui-ci en 1969, Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1958-1970, p. 87. 65 La CathĂ©drale de Rouen, Notre-Dame des Sept Torpilles, film rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Roy, 1953. Voir annexe II. 66 Voir G. Pessiot, op. cit., p. 255-262. 67 Sur les destructions de 1944 et la restauration, voir aussi Anne-Marie Carment-Lanfry, La CathĂ©drale Notre-Dame de Rouen, Ă©dition revue et complĂ©tĂ©e par Jacques Le Maho, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2010 [1re Ă©d. 1977], notamment p. 63-74. 68 Le Palais de justice de Rouen, ouvrage collectif publiĂ© par le ministĂšre de la Justice et le dĂ©partement de la Seine-Maritime, Rouen, 1977, prĂ©face de Jean Lecanuet. 69 67e anniversaire de la libĂ©ration de Rouen, allocution prononcĂ©e par V. Fourneyron, dĂ©putĂ©e-maire de Rouen, Ă  l’hĂŽtel de ville au cours de la rĂ©ception des autoritĂ©s et des associations de dĂ©portĂ©s, rĂ©sistants et anciens combattants, 30 aoĂ»t 2011. Je remercie la direction des relations publiques de la ville d’avoir mis ce document Ă  ma disposition. 70 Information communiquĂ©e par Guy Pessiot, adjoint au maire chargĂ© entre autres du patrimoine et spĂ©cialiste d’histoire locale. Je le remercie de m’avoir accordĂ© quelques instants, en marge de la cĂ©rĂ©monie, pour m’expliquer dans quelles circonstances avait Ă©tĂ© prise la dĂ©cision de dĂ©voiler la plaque commĂ©morative. Sur le rĂŽle du Groupe de bombardement Lorraine » Forces aĂ©riennes françaises libres au moment du dĂ©barquement et sur sa mission d’anĂ©antissement de l’armĂ©e Von Kluge sur les quais de Seine Ă  Rouen, voir aussi Cette publication numĂ©rique est issue d’un traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres.

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De Bayeux Ă  Rouen, vous longerez la cĂŽte normande et visiterez certains des sites les plus importants du jour J, notamment Omaha Beach, Pegasus Bridge et Longues-sur-Mer, site de l'un des plus formidables postes de dĂ©fense allemands. Vous visiterez Ă©galement des cathĂ©drales remarquables et vous vous tiendrez devant l'endroit oĂč Jeanne d'Arc a trouvĂ© la mort. Vous traverserez les paysages qui ont donnĂ© naissance Ă  la peinture impressionniste et inspirĂ© les coups de pinceaux de Monet et de Boudin. Et le soir, vous logerez dans de charmantes villes et villages, oĂč vous pourrez dĂ©guster les meilleures spĂ©cialitĂ©s culinaires de Normandie. La plupart du temps, vous aurez le choix entre deux parcours plus ou moins longs selon votre envie de pĂ©daler. Ce tour Ă  vĂ©lo est idĂ©al pour les cyclistes et les passionnĂ©s d'histoire, et convient aux cyclistes de tous niveaux. ItinĂ©raire J1ArrivĂ©e Ă  Bayeux PrĂ©voyez d’arriver suffisamment tĂŽt pour dĂ©couvrir cette ville historique qui abrite de nombreuses attractions dont la Tapisserie de Bayeux et la cathĂ©drale gothique de Bayeux. En fin d’aprĂšs-midi, vous rencontrerez notre reprĂ©sentant local qui passera le parcours du sĂ©jour en dĂ©tail et vous remettra vos vĂ©los de location si vous n’apportez pas les vĂŽtres. J2Boucle autour de Bayeux Option via Arromanches 37 km; Total montĂ©es 295 mĂštres; Option via Omaha 52 km; Total montĂ©es 430 mĂštres Aujourd'hui, vous aurez trois options. L’itinĂ©raire court vous emmĂšnera sur la cĂŽte, en commençant par le village d'Arromanches-les-Bains. C'est lĂ  que les troupes alliĂ©es ont rĂ©alisĂ© l'un des plus grands exploits d'ingĂ©nierie de la guerre, crĂ©ant un port temporaire en quelques jours seulement. Des parties du port sont encore visibles Ă  marĂ©e basse. Vous aurez Ă©galement l'occasion de visiter les batteries allemandes de Longues-sur-Mer. Ces formidables structures de bĂ©ton ont survĂ©cu Ă  plus de 1 500 tonnes de bombes le jour de l'invasion alliĂ©e. Si vous choisissez l’option longue, vous suivrez la vallĂ©e de l'Aure jusqu'Ă  Omaha Beach, la plus cĂ©lĂšbre des cinq plages du dĂ©barquement, et le village de Colleville-sur-Mer, site du cimetiĂšre et du mĂ©morial amĂ©ricain de Normandie. Notre longue option vous emmĂšnera encore plus loin, jusqu'Ă  la Pointe du Hoc, un lieu emblĂ©matique du dĂ©barquement. J3Bayeux — BĂ©nouville 55 km; Total montĂ©es 395 mĂštres Traversez la vallĂ©e de Seulles jusqu'Ă  la Manche, oĂč vous atteindrez Juno Beach. C'est lĂ  que la 3e division d'infanterie canadienne a pris d'assaut la plage et a contribuĂ© Ă  Ă©tablir des positions stratĂ©giques sur le sol normand. Le Centre Juno Beach documente ce dĂ©barquement grĂące Ă  des expositions et des films. Le port de pĂȘche voisin de Courseulles-sur-Mer est l’arrĂȘt idĂ©al pour un dĂ©jeuner de fruits de mer. Plus loin, Sword Beach a vu le dĂ©barquement de la 3e division britannique. De lĂ , vous suivrez une voie verte jusqu'Ă  Caen ou BĂ©nouville oĂč vous passerez la nuit. J4BĂ©nouville — Beuvron-en-Auge 30 km; Total montĂ©es 235 mĂštres BĂ©nouville est le théùtre des tout premiers combats du Jour J. Juste aprĂšs minuit, le matin du 6 juin 1944, 181 britanniques, grĂące Ă  6 planeurs, ont atterri ici sans ĂȘtre dĂ©tectĂ©s derriĂšre les lignes allemandes. Dans le cadre de l'opĂ©ration Deadstick, les troupes britanniques, aprĂšs une brĂšve escarmouche, s'emparĂšrent de Pegasus Bridge, un point stratĂ©gique sur la riviĂšre Orne. Il vous sera possible de visiter le musĂ©e consacrĂ© Ă  cet Ă©pisode du Jour J. Vous continuerez Ă  vĂ©lo Ă  travers la plaine de Caen avant de rentrer dans le marais de la Dives - une zone humide qui abrite une grande diversitĂ© d’oiseaux - et d'atteindre les collines du Pays d'Auge. Vous logerez Ă  Cabourg sur la cĂŽte, ou Ă  l’intĂ©rieur des terres, dans le village de Beuvron-en-Auge, un des "Plus Beaux Villages de France". J5Beuvron-en-Auge – Honfleur Option Courte 45 km; Total montĂ©es 580 mĂštres; Option Longue 67 km; Total montĂ©es 805 mĂštres La magnificence de la Normandie est Ă  “portĂ©e de mollets.” Vous trouverez de nombreuses possibilitĂ©s de dĂ©gustation de cidre et de Calvados, les boissons indigĂšnes de la Normandie. La premiĂšre Ă©tape est le village mĂ©diĂ©val de Beaumont-en-Auge. En roulant Ă  travers les vergers en direction de la cĂŽte, arrĂȘtez-vous Ă  votre guise pour un arrĂȘt cafĂ©... ou cidre! Vous arriverez ensuite Ă  Trouville-sur-Mer et Deauville, sa voisine plus huppĂ©e. Honfleur n’est plus trĂšs loin. Ce petit port, d’une beautĂ© Ă©poustouflante, avec ses bĂątiments colorĂ©s et ses rues pavĂ©es, est considĂ©rĂ©e comme le berceau de la peinture impressionniste, ayant attirĂ© des maĂźtres comme Monet, Boudin et Courbet. Les joyaux architecturaux abondent, dont l'Ă©glise Sainte-Catherine, la plus haute Ă©glise en bois de France. J6Honfleur — Brionne 54 km; Total montĂ©es 515 mĂštres Vous ferez vos adieux au front de mer et vous dirigerez vers l’intĂ©rieur des terres, Ă  travers le Pays d’Auge et ses chaumiĂšres Ă  colombages aux toits de chaume, ses chĂąteaux et ses paisibles villages. Vous atteindrez Pont-Audemer, une version normande de Venise, avec ses canaux mais sans les gondoliers!. Son Ă©glise Saint-Ouen est cĂ©lĂšbre pour ses vitraux. Un peu plus loin encore, vous arriverez Ă  Brionne, oĂč vous passerez la nuit. J7Brionne — Rouen 61 km; Total montĂ©es 510 mĂštres Nous avons prĂ©vu un itinĂ©raire assez court pour vous donner suffisamment de temps pour visiter Rouen. Peu aprĂšs avoir quittĂ© Brionne, vous arriverez dans le village du Bec-Hellouin, un des plus beaux villages de France. L’abbaye du Bec, fondĂ©e en 1034, vaut vraiment la peine d'ĂȘtre vue ! Le parcours est un peu accidentĂ© jusqu’à la Seine que vous suivrez jusqu’à La Bouille, un petit village au bord du fleuve qui a inspirĂ© de nombreux peintres. LĂ , vous traverserez la Seine au moyen d’un bac
 quelques coups de pĂ©dales et vous serez au coeur de Rouen, la capitale historique de la Normandie. Vous pourrez visiter la vieille place du marchĂ© de Rouen, oĂč Jeanne d'Arc oĂč fĂ»t brĂ»lĂ©e sur le bĂ»cher. La cathĂ©drale Notre-Dame, datant du XIIe siĂšcle, est Ă©galement un lieu incontournable. Monet l’a peinte 28 fois! J8DĂ©part Le petit dĂ©jeuner marque la fin de ce voyage RĂ©servation & Prix Option A 2 nuits en hotels 3*, 4 nuits en hotels 2*, et 1 nuit en chambre d’hĂŽtes de charme. 995 euros par personne en avril et octobre. Le supplĂ©ment single est 365 euros 1,055 euros par personne en mai, juin et septembre. Le supplĂ©ment single est 375 euros 1,085 euros par personne en juillet et aoĂ»t. Le supplĂ©ment single est 385 euros Option A+ 1 nuit en hĂŽtel 4*, 5 nuits en hotels 3* et 1 nuit en chambre d’hĂŽtes de charme. 1,325 euros par personne en avril et octobre. Le supplĂ©ment single est 480 euros 1,395 euros par personne en mai, juin et septembre. Le supplĂ©ment single est 490 euros 1,415 euros par personne en juillet et aoĂ»t. Le supplĂ©ment single est 500 euros Le tarif inclut 7 nuits en hĂ©bergements comme listĂ© ci-dessus. Les petits dĂ©jeuners 1 dĂźner hors boissons pour l’Option A / 2 dĂźners pour l’Option A+ Rencontre avec notre reprĂ©sentant local Le transport des bagages Cartes marquĂ©es avec directions et carnet de route GPS avec l’itinĂ©raire prĂ©-chargĂ© en fonction des disponibilitĂ©s Information touristique Assistance tĂ©lĂ©phonique Les taxes et les pourboires Le tarif n'inclut pas DĂ©penses personnelles L’assurance de voyage La location des vĂ©los. Les VTC sont disponibles au prix de 125 euros par vĂ©lo. Les VAE vĂ©los Ă©lectriques sont disponibles au prix de 245 euros par vĂ©lo ces prix comprennent les frais de rapatriement des vĂ©los Ilserait partiellement l’Ɠuvre de Roulland Le Roux, architecte du bureau des finances (actuel Office de tourisme).Il a Ă©tĂ© endommagĂ© deux fois en 1944 : lors du bombardement du 19 avril, l'aile gothique a Ă©tĂ© dĂ©truite et le 26 aoĂ»t la partie centrale gothico-renaissance a aussi Ă©tĂ© fortement touchĂ©e. Les murs en pierre sont restĂ©s debout mais les UNE ENTREPRISE PUBLIQUE DANS LA GUERRE LA SNCF, 1939-1945 TroisiĂšme partie Les cheminots dans la guerre et l’occupation Yves Machefert-Tassin – Le bilan des bombardements aĂ©riens des installations ferroviaires en France, leurs consĂ©quences stratĂ©giques et humaines tactiques incohĂ©rentes, rĂ©sultats discutables, victimes civiles exorbitantes et destructions Ă  long terme inutiles ? L’histoire du bombardement aĂ©rien des voies ferrĂ©es depuis la guerre 1914-1918 a pour rĂ©sultat, en 1940, une stagnation Ă©vidente et bien peu de moyens du cĂŽtĂ© des AlliĂ©s1. En revanche, la campagne de France allemande de mai 1940 prouve l’efficacitĂ© relative et la prĂ©cision des bombardements en piquĂ© Stukas ou 342 Junker 87 B, sur des objectifs de faibles dimensions, dont les installations ferroviaires fixes et mobiles. En consĂ©quence, le nombre de victimes civiles ou cheminotes est, pour cette campagne, fort rĂ©duit. Avant mĂȘme l’armistice, la rĂ©plique britannique en est le bombardement Ă  basse altitude, encore localisĂ©, des ports du Nord de la France et des voies de dessertes impliquĂ©s dans le rassemblement des barges prĂ©vues pour un Ă©ventuel dĂ©barquement allemand en Angleterre. Les premiĂšres installations du rail ainsi touchĂ©es par le Bomber Command de la RAF sont celles de Boulogne-sur-Mer dĂšs le 12 juin 1940, puis Calais, Dunkerque et Saint-Omer de 1940 Ă  19422. Cependant, lors de la campagne de mai-juin 1940, le rĂ©seau français n’avait Ă©tĂ© atteint que par des destructions mineures, ne touchant pas les ouvrages stratĂ©giques. La reconstruction, entreprise fin 1940, est achevĂ©e en 1942 pour 2 100 d’entre eux. Quelques ouvrages majeurs entiĂšrement reconstruits, tel Longeray sur le RhĂŽne, ont Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s par la suite en 1944, tant par l’aviation que par le minage et, Ă  l’inverse, certains, Ă©pargnĂ©s en 1940, ont Ă©tĂ© dĂ©truits par les Allemands en retraite lorsqu’ils en avaient le temps, comme dans le Nord et l’Est de la France. La difficultĂ© d’ “ asphyxier ” un adversaire par l’interruption du trafic qui le ravitaille n’est donc apparue qu’aprĂšs bien des Ă©checs. Ce n’est que bien aprĂšs 1945 que les militaires ont constatĂ© l’incohĂ©rence entre les moyens aĂ©riens qu’ils avaient dĂ©veloppĂ©s dans un but de guerre totale, de bombardements de terreur sur les zones urbaines allemandes et la faiblesse des rĂ©sultats obtenus quand ils Ă©taient appliquĂ©s aux objectifs prĂ©cis, spĂ©cifiques que sont les voies de communication, surtout ­ferrĂ©es. 1940-1943 UN ÉCHEC STRATÉGIQUE À la suite des raids aĂ©riens allemands de fin 1940 Ă  dĂ©but 1941 sur les docks de Londres, puis sur des villes industrielles britanniques, en particulier sur les usines d’aĂ©ronautique Rolls Royce Ă  Coventry, par exemple, arrĂȘtĂ©s par la bataille d’Angleterre oĂč s’illustre la chasse anglaise, une contre-attaque est lancĂ©e aussitĂŽt vers le continent. Les opĂ©rations sont locales, menĂ©es de jour et sur la zone cĂŽtiĂšre de la Manche par des bombardiers moyens, lĂ©gers et rapides bimoteurs Maraudeurs et Mosquitos. Les objectifs visĂ©s, lorsqu’ils sont ferroviaires, vont des ouvrages d’art, tel le viaduc de Morlaix, Ă  l’ouest 29 janvier 1943, 39 morts civils, Ă  quelques installations du Nord, telles Abbeville, Saint-Omer, et jusqu’à Amiens et Tergnier attaquĂ©s d’avril 1942 Ă  juillet 1943. Devant le peu de rĂ©sultats de ces raids lĂ©gers dits “ tactiques ”, le Bomber Command “ lourd ” reprend les opĂ©rations, qu’il conforme Ă  sa pratique des arrosages “ punitifs ” de grandes surfaces, comme sur les villes allemandes, puisque selon son propre chef, Harris, “ c’est la seule chose qu’ils sachent faire ”3. Ajoutons que cette dĂ©cision du cabinet de guerre britannique, qui est essayĂ©e d’avril 1942 au 8 mars 1943 sur 29 objectifs ferroviaires en France, est dĂ©jĂ  contestĂ©e par les AmĂ©ricains de l’US Air Force arrivant en Grande-Bretagne pour Ă©tablir leurs propres bases d’attaques aĂ©riennes. Mais leurs dĂ©buts se rĂ©vĂšlent dĂ©sastreux Rennes-triage, le 8 mars 1943, 10 % d’impacts sur le site SNCF et 300 morts civils, ou Rouen-Sotteville et, pour servir la vanitĂ© d’Ira Eaker et de sa 8e USAF, les essais infructueux de coupure de la liaison vers l’Italie Marseille-Vintimille, par des attaques multiples du viaduc d’AnthĂ©or. Il faudra 6 expĂ©ditions successives Ă  partir de 1943, relayĂ©es par la RAF tout aussi malhabile, pour finir par encadrer le viaduc d’Agay, pris pour celui d’AnthĂ©or le 12 fĂ©vrier 1944 ! Si, au sol, les dĂ©gĂąts civils sont relativement minimes, il en est de mĂȘme du point de vue ferroviaire, puisque quelques cratĂšres sur la voie interrompent seulement de quelques heures Ă  quelques jours une liaison majeure germano-italienne. De tels rĂ©sultats conduisent Ă  l’abandon de toute idĂ©e d’attaques sur les ouvrages d’art. Il sont trop difficiles Ă  atteindre par les bombardiers lourds Ă  haute altitude et l’on ne pense pas Ă  dĂ©velopper les attaques en piquĂ© en utilisant les bimoteurs rapides existants. Qu’en est-il de la dĂ©fense passive des installations de la SNCF ? Si les AlliĂ©s n’ont dĂ©veloppĂ© leurs moyens de bombardement qu’à partir de 1943, en revanche le continent avait renforcĂ© ceux de sa dĂ©fense passive depuis 1939 et, parfois, dĂšs 1937. En France, avant mĂȘme la crĂ©ation de la SNCF en 1937, les autoritĂ©s militaires demandent aux rĂ©seaux d’effectuer des “ travaux de protection des carrefours ferroviaires contre les attaques aĂ©riennes, car ils sont essentiels pour la continuitĂ© des transports militaires ”. C’est ainsi que des installations importantes sont pourvues, en 1938 et 1939, d’abris bĂ©tonnĂ©s d’urgence, enterrĂ©s ou en surface, gĂ©nĂ©ralement de petite surface 4 Ă  20 mÂČ, soit pour 4 Ă  20 hommes. Le toit, d’environ 1 m Ă  1,5 m d’épaisseur, ne peut rĂ©sister qu’aux bombes explosives de 300 kg considĂ©rĂ©es comme le maximum de l’époque ! ; en revanche, ces abris sont Ă©quipĂ©s le plus souvent pour rĂ©sister aux attaques chimiques par gaz de combat. Des variantes, abris simplifiĂ©s dits individuels, prĂ©fabriquĂ©s, Ă  toiture conique, aussi bien que des abris plus importants, pour 20 Ă  40 personnes, sur les sites oĂč la main-d’Ɠuvre est plus nombreuse bĂątiments administratifs, ateliers, apparaĂźtront de 1939 Ă  19444. Les consĂ©quences des tergiversations de la RAF et de l’USAF et le rapport “ Butt ” Les rĂ©sultats dĂ©sastreux des attaques aĂ©riennes de jour Ă  haute altitude de l’USAF en 1943, mĂȘme si la chasse adverse est faible, conduisent la RAF Ă  essayer de son cĂŽtĂ© quelques raids de jour, avec des bombardiers moyens et rapides accompagnĂ©s de chasseurs jusqu’à ce que la maĂźtrise de l’air sur la Manche leur soit assurĂ©e. En principe complĂ©mentaires des raids “ lourds ” de nuit, ils concernent des objectifs ferroviaires trĂšs divers, comme Ă  Caen 10 fĂ©vrier 1943 puis Ă  Tours fĂ©vrier 1943 oĂč interviennent des formations de Mosquitos Ă  trĂšs basse altitude. Devant le peu de rĂ©sultats obtenus, la RAF revient aussi aux bombardiers lourds sur Modane 17 septembre et 11 novembre 1943 avec non moins de 340 appareils. Ici encore les rĂ©sultats sont ambivalents, sinon nuls interruptions de circulation allant de un Ă  quatre jours, au prix de nombreuses vies humaines, tant cheminotes que civiles, et d’équipages5. Le comble est atteint avec le raid avortĂ© de 548 appareils du 5 dĂ©cembre 1943, dont 3 seulement trouvent l’une de leurs multiples cibles, au coĂ»t de 9 appareils disparus pour rien. À la suite de ces rĂ©sultats qui commencent Ă  se savoir, Churchill demande un rapport “ civil ” qui porte le nom de son auteur principal “ D. N. Butt ”, basĂ© sur les rĂ©sultats des raids de nuit de toutes catĂ©gories mais principalement sur l’Allemagne. Ses conclusions sont d’une sĂ©vĂ©ritĂ© sans appel pour le Bomber Command britannique. Elles rĂ©vĂšlent les dĂ©fauts de principe d’une stratĂ©gie qui consiste en flux opĂ©rationnels longs, de ce fait trĂšs risquĂ©s pour les derniers avions, ainsi que l’inefficacitĂ© complĂšte du Carpet bombing “ en tapis ” ou “ de surface ” , d’une dispersion et d’une imprĂ©cision faciles Ă  constater sur les reconnaissances photographiques postĂ©rieures malgrĂ© la prĂ©cision des “ marquages ”6. Churchill, dĂ©but 1943, se pose donc sĂ©rieusement la question continuer ou arrĂȘter ? La question d’éthique des reprĂ©sailles de terreur sur des objectifs civils n’est guĂšre abordĂ©e, bien que les voix de quelques lords et de l’évĂȘque de Chichester s’élĂšvent en ce sens. Churchill est presque contraint par l’état-major de la RAF qui n’a aucun autre moyen d’attaque, et en l’absence d’alternative disponible que seraient des chasseurs-bombardiers lĂ©gers et rapides, de persister dans la voie de l’ “ ar­rosage ” nocturne, approximatif, “ de surface ”. Harris “ the Bomber ” gagne ainsi le maintien officiel de l’espoir d’atteindre le moral des troupes par la destruction des maisons et par la “ terreur des familles ”. Mais il atteint aussi ses Ă©quipages, qui dĂ©couvrent que la DCA n’est pas rĂ©servĂ©e Ă  des zones militaires quasi inaccessibles comme la base de Cherbourg, presque jamais attaquĂ©e. L’ANNÉE 1944 Les grandes opĂ©rations prĂ©paratoires au dĂ©barquement mars Ă  juin 1944 Quel est exactement le plan alliĂ© ? Le gĂ©nĂ©ral Eisenhower le prĂ©cise “ C’est la dislocation des lignes de communications ennemies sur une zone bien plus Ă©tendue que la rĂ©gion mĂȘme du dĂ©barquement [
]. Durant la pĂ©riode de prĂ©paration, soit seulement en mai 1944, des forces aĂ©riennes tac­tiques seront utilisĂ©es contre les objectifs ferroviaires. ” Cela n’est pas du goĂ»t du Bomber Command Harris car ces forces aĂ©riennes tactiques reprĂ©sentent environ 2 400 chasseurs ou chasseurs-bombardiers et 700 bombardiers lĂ©gers alors qu’existaient dĂ©jĂ  4 000 bombardiers lourds. Par ailleurs, ce n’est pas de gaietĂ© de cƓur que le gĂ©nĂ©ral Eisenhower se dĂ©cide Ă  dĂ©truire le systĂšme des communications françaises, dont il espĂšre bien pouvoir se servir, Ă  son tour, pour progresser vite, alors que F. D. Roosevelt y Ă©tait indiffĂ©rent7. “ Je me rendais compte, Ă©crit-il, que les attaques contre les gares de triage et les centres ferroviaires par les forces stratĂ©giques et tactiques entraĂźneraient de nombreuses pertes de vies françaises. En outre, une trĂšs importante part de l’économie française serait incapable de fonctionner pendant un laps de temps considĂ©rable [
]. NĂ©anmoins, pour des raisons purement militaires, j’ai considĂ©rĂ© que le systĂšme des communications françaises devait ĂȘtre disloquĂ©. ” Et il obtient gain de cause, cette fois, contre Churchill qui craignait des rĂ©actions justifiĂ©es8. Reportons-nous en mars 1944. Ce qu’il faut obtenir, c’est “ l’encagement du champ de bataille ”. Les Ă©tats-majors allemands, mais non la Luftwaffe, sont persuadĂ©s que l’invasion se fera par le Pas-de-Calais. Ils y ont maintenu et concentrĂ© la 15e ArmĂ©e, tandis qu’en Normandie ils n’ont groupĂ© que dix divisions, dont une blindĂ©e. Les AlliĂ©s doivent donc empĂȘcher la 15 e ArmĂ©e et les autres rĂ©serves de se dĂ©placer vers la Normandie durant les opĂ©rations ou du moins retarder leur progression et maintenir les Allemands dans le doute sur le lieu du dĂ©barquement, tout en coupant l’accĂšs aux installations de V1 et V2 qui viennent d’ĂȘtre identifiĂ©es. La campagne s’ouvre, en mars 1944, par des bombardements sur le rĂ©seau ferroviaire du Nord-Ouest de l’Europe. L’état-major de l’Air alliĂ© a Ă©tabli l’ordre de prioritĂ© suivant 1 / ponts principaux ; 2 / nƓuds ferroviaires et installations – dĂ©pĂŽts, plaques tournantes [sic], – postes d’aiguillage, – commande-signaux [sic], – gares de triage ; 3 / trains mitraillage. À partir de la mi-avril, les bombardiers des forces aĂ©riennes stratĂ©giques abandonnent les objectifs lointains allemands pour concentrer leurs attaques sur les rĂ©seaux ferroviaires français et belge. Les points visĂ©s sont en premier lieu LiĂšge, Namur, Mons, Charleroi, Arras, d’une part, les gares de triage de la rĂ©gion parisienne, d’autre part. Le commandement alliĂ© a, en outre, prĂ©vu l’établissement d’une “ ligne d’interdiction ” par la rupture des ponts sur la Seine entre Paris et Le Havre. À partir du 27 mars, ce plan entre en application. Afin de tromper les Allemands sur le lieu de dĂ©barquement, cette premiĂšre ligne d’interdiction est bientĂŽt doublĂ©e d’une seconde qui longe le canal Albert et la Meuse. L’attaque des objectifs ferroviaires et routiers doit atteindre son paroxysme au mois de mai. Elle porte sur quatre secteurs distincts — entretien des destructions sur la ligne LiĂšge, Mons, Arras et attaques dans le quadrilatĂšre Rouen, Paris, MĂ©ziĂšres, Dunkerque servant aussi d’accĂšs aux installations V1 et V2 ; — rupture des ponts routiers et ferroviaires sur la Meuse et la Seine ; — bombardements sur les centres ferroviaires de l’Allemagne occidentale Hamm, Aix-la-Chapelle, TrĂšves, Mannheim, du Luxembourg et de l’Est de la France Épinal, Thionville, Belfort, Mulhouse, Strasbourg ; — attaques des installations ferroviaires dans la rĂ©gion de la Loire OrlĂ©ans, Tours, Nantes, Saumur et dans le Sud-Est de la France Nice, Avignon, NĂźmes. On note, cependant, que ce programme fait l’objet de vives controverses, trĂšs directes, entre les principaux responsables anglais et amĂ©ricains, y compris entre Churchill et Eisenhower. HĂ©sitations tactiques et rĂ©sultats La conception amĂ©ricaine du bombardement dit “ de prĂ©cision ” parce qu’il Ă©tait supposĂ© devoir atteindre son but, Ă  haute altitude et de jour, en formation serrĂ©e et sans escorte, est vite rĂ©duite Ă  nĂ©ant par la chasse de la Luftwaffe. Outre les effets des attaques sur le moral des civils touchĂ©s, elle entraĂźne des pertes excessives en appareils et Ă©quipages en octobre 1943, un tiers du 8e Bomber Command USAF fut dĂ©truit en une semaine. La RAF reprend alors des opĂ©rations nocturnes, relayant ou remplaçant l’USAF. Jusqu’en juin 1944, les opĂ©rations menĂ©es par les deux armĂ©es de l’air concurrentes sont entiĂšrement distinctes, la coordination ne venant qu’aprĂšs le dĂ©barquement ! Ce qui ne suffit pas Ă  expliquer certaines incohĂ©rences des raids ferroviaires. À quoi aboutissent ces dĂ©bats, vus du rail et du sol, dans la rĂ©alitĂ© des faits ? En fĂ©vrier-mars 1944, les Anglais doivent renforcer, sous le nom de leurre de Fortitude, leur protection contre les armes de reprĂ©sailles en cours d’ins­tallation au Nord-Ouest de la France. Un dĂ©barquement en Pas-de-Calais de­vient incertain. Ils doivent aussi assurer avec les AmĂ©ricains la prĂ©paration de la tenaille d’Overlord entre Seine et Loire. La rĂ©ponse Ă  ces obligations tient dans les premier raids aĂ©riens massifs sur les cibles ferroviaires dĂ©signĂ©es par le nom, gĂ©nĂ©rique, de “ triages ” français, regroupant 80 installations de la SNCF aussi diverses, en dehors des triages eux-mĂȘmes, que faisceaux de garage, ateliers d’entretien du matĂ©riel roulant, dĂ©pĂŽts de locomotives, mais aussi gares de marchandises, bifurcations, ensuite seulement les ouvrages d’art. Cette premiĂšre vague de prĂ©paratifs pour Overlord est censĂ©e brouiller les pistes et Ă©viter de dĂ©voiler les vĂ©ritables zones choisies pour le dĂ©barquement. L’offensive commence par “ 27 triages ”. AprĂšs les essais prĂ©cĂ©dents, regrettables Ă  tous points de vue, y compris leur inutilitĂ©, qui ont marquĂ© 1943, c’est Le Mans-triage qui dĂ©bute la sĂ©rie en mars 1944. Bien que l’objectif soit rĂ©putĂ© facile Ă  atteindre parce que les habitations sont Ă©loignĂ©es, que la dĂ©fense au sol et la chasse allemande sont rĂ©duites, le succĂšs reste douteux9. Les destructions ferroviaires utiles Ă  court terme du point de vue militaire sont presque nulles, les relevĂ©s aĂ©riens le prouvent dans ce cas comme dans les suivants. De ce fait, la rĂ©pĂ©tition de ces raids lourds devient impossible Ă  Ă©viter. Comme ils sont difficiles Ă  organiser, donc espacĂ©s en temps, la reconstruction partielle des itinĂ©raires de voies essentielles peut ĂȘtre menĂ©e Ă  bien entre deux raids, ce qui ne gĂšne guĂšre les transports militaires, sinon en ralentissant de quelques jours les ravitaillements. Curieusement, Ă  la mĂȘme Ă©poque, des raids extrĂȘmement prĂ©cis sont lancĂ©s contre les stations de radars allemands 40 sur 47, dispersĂ©s de Cherbourg Ă  la Belgique, dans le but d’entretenir la confusion sur les zones de dĂ©barquement. EffectuĂ©s par des chasseurs-bombardiers Typhoon ou Spitfire, ou Mosquitos parfois pourvus de fusĂ©es-bombes, ils se rĂ©vĂšlent extrĂȘmement efficaces et peuvent se rĂ©pĂ©ter et harceler l’adversaire sans risques majeurs. Quoique la rĂ©sistance française et belge connaisse, approuve et aide ces opĂ©rations, il ne semble pas, Ă  cause du cloisonnement et des luttes intestines entre Ă©tats-majors, que l’on ait pensĂ© Ă  les utiliser contre les voies ferrĂ©es avant plusieurs mois. En ce qui concerne les attaques de trains, les cheminots n’y Ă©taient guĂšre prĂ©parĂ©s ils connaissaient leurs risques, mais ne soupçonnaient pas encore l’absence de discernement des attaquants qui allaient confondre convois militaires et civils, voies normales et voies Ă©troites. Quant aux bombardements de gares, ils n’étaient pas plus efficaces dans le cas de 30 % des objectifs atteints, la SNCF pouvait remettre en service des voies de traversĂ©e en quelques heures, sinon en quelques jours en dĂ©pit des bombes Ă  retardement. Ces constats sont valables pour tous les raids de mars Ă  juillet 1944, car, malgrĂ© les perfectionnements du ciblage par radar H2S notamment, les radios de bord et d’identification IFF sont trop bavardes, et permettent aux radars allemands de diriger avec plus de prĂ©cision la chasse nocturne. Celle-ci est pourvue, dĂšs fĂ©vrier 1944, de radars de pistage prĂ©cis SN2 qui Ă©quipent 480 appareils JU88 et ME110 en avril et de nouveaux canons obliques qui tiennent compte des angles morts des bombardiers britanniques. S’ensuivent des pertes atteignant, selon l’aveu mĂȘme des Anglais, une “ quantitĂ© presque insupportable ”, qui vont durer jusqu’à la mise en service des chasseurs d’accompagnement Ă  grand rayon d’action type P51 Mustang permettant aux AmĂ©ricains de prendre le relais des raids diurnes en juin-juillet. Mais auparavant, bien des citĂ©s cheminotes, voisines des objectifs “ rail ”, comptent des destructions d’habitations considĂ©rables. Bien que les familles se dispersent, la nuit, loin des cibles, il y a encore trop de victimes civiles. Citons les exemples de Tergnier, Aulnoye, Laon, Lens ou Lille-DĂ©livrance au nord, en rĂ©gion parisienne Vaires10, Villeneuve-Saint-Georges, Juvisy et Trappes ; plus Ă  l’ouest et au sud, Rouen-Sotteville, Le Mans, Saint-Pierre-des-Corps et Les Aubrais. Les comptes rendus d’observations des rĂ©sultats des Ă©quipages alliĂ©s en fin de mission se signalent par leur optimisme, exagĂ©rĂ© comme le rĂ©vĂšlent les photos aĂ©riennes prises ensuite, dĂ» surtout aux faibles pertes qui caractĂ©risent les objectifs ferroviaires Ă  cette Ă©poque 1,1 Ă  1,5 % des appareils. À l’opposĂ©, cĂŽtĂ© SNCF, la tendance des rapports, qu’ils soient ou non officiels, et prĂ©vus pour des usages multiples, est aussi d’amplifier les dĂ©gĂąts – il s’agit d’éviter la rĂ©pĂ©tition des bombardements et les prĂ©lĂšvements de matĂ©riel intact – tout en Ă©valuant assez justement les temps de remise en Ă©tat des voies principales. La SNCF peut ainsi rĂ©clamer un maximum de matiĂšres et de matĂ©riels de remplacement aux occupants11 en arguant des longueurs totales de voies atteintes par les bombes, alors que le rapport entre voies nĂ©cessaires Ă  la continuitĂ© du rĂ©seau et voies de garage est de 1 Ă  10, voire de 1 Ă  20. La multiplication des objectifs et leur importance entraĂźne une montĂ©e trĂšs rapide des effectifs employĂ©s sur les chantiers de remise en Ă©tat, cheminots et civils de diverses provenances. Ils passent de 4 000 en avril Ă  plus de 15 000 courant mai au rĂ©seau Nord, de 3 000 Ă  7 ou 9 000 Ă  l’Ouest. Le total atteindra 65 000 pour toute la SNCF. La RĂ©sistance est consciente de cette augmentation du nombre de victimes potentielles alors que l’état-major aĂ©rien britannique ne la prend que peu en compte. Dans tous les cas il n’est pas en mesure de changer rapidement de tactique, alors qu’Overlord se profile dans moins de trois mois. On constate alors que sur 26 attaques aĂ©riennes majeures, impliquant 4 264 bombardiers et le lĂącher de 15 290 t de bombes, explosives pour la plupart, 15 Ă  25 % selon le succĂšs du raid atteignent leurs objectifs, au sens large. Les pertes en avions, qui restent beaucoup plus Ă©levĂ©es sur l’Allemagne, oĂč est concentrĂ©e la majoritĂ© des dĂ©fenses, restent trĂšs faibles sur les objectifs ferroviaires français 1,5 Ă  2,3 % du nombre d’appareils, ce qui reprĂ©sente nĂ©anmoins plus de 1 000 manquants, morts, prisonniers ou disparus cĂŽtĂ© AlliĂ©s, davantage amĂ©ricains que britanniques. À la veille du D Day, les observateurs voient pour un rare moment correspondre le taux estimĂ© de “ coups au but ” Ă  la rĂ©alitĂ©. C’est au prix de la mort de prĂšs de 2 000 civils et cheminots et de la destruction de 14 000 maisons ou immeubles. DU BILAN PROVISOIRE DU 6 JUIN 1944 AU BILAN DÉFINITIF Retarder les transports allemands Le “ prix ” humain Ă  payer est alors considĂ©rĂ© par les Britanniques comme infĂ©rieur aux prĂ©visions, mais les rĂ©sultats des opĂ©rations le sont aussi ils jugent qu’elles ne sauraient retarder suffisamment les renforts allemands. C’est pourquoi on passe en juin 1944 Ă  des opĂ©rations tactiques, ponctuelles, concernant davantage les ouvrages d’art que les voies elles-mĂȘmes comme les observateurs au sol le demandaient depuis longtemps. Le rendement global du systĂšme ferroviaire français contrĂŽlĂ© par l’Allemagne tombe assez bas pour que le ravitaillement de l’armĂ©e et de l’organisation Todt rencontre des difficultĂ©s considĂ©rables pour parvenir d’Allemagne en France, alors que le trafic est encore trĂšs actif Ă  la Deutsche Reichsbahn. Les mouvements de troupes postĂ©rieurs Ă  l’invasion du 6 juin subissent des retards importants et des dĂ©routements de plusieurs centaines de kilomĂštres sont imposĂ©s aux troupes en cours de transport par rail12. En fĂ©vrier 1944, l’ensemble de l’organisation des transports allemands en France reprĂ©sente un trafic de 60 Ă  70 trains par jour circulant entre l’Allemagne et les cĂŽtes françaises de Dunkerque Ă  Nantes. À la fin d’avril, il ne passe plus que 48 trains par vingt-quatre heures. Fin mai, le trafic tombe Ă  32 par jour dont 12 convois de charbon sarrois 20 trains seulement restent disponibles pour la troupe, ce qui suffit en certains cas pour acheminer les renforts. Ici encore, ce ne sont pas les attaques des gares et du matĂ©riel qui ont Ă©tĂ© efficaces, mais les goulets d’étranglement provoquĂ©s et, surtout, entretenus sur la Seine et la Loire par les attaques des ouvrages d’art. Autres objectifs, qui poursuivent des buts tactiques, sont les mitraillages de convois, bombardements de pleine voie et de petites gares oĂč sont dispersĂ©s les matĂ©riels les reconnaissances aĂ©riennes ont permis aux observateurs de reconnaĂźtre enfin que le matĂ©riel roulant “ sensible ” trains-parcs, trains de secours13, et surtout locomotives avait Ă©tĂ© dispersĂ© pour le sauver des destructions massives des “ nƓuds ” ferroviaires14. L’USAF recommande donc des opĂ©rations multiples et dispersĂ©es, diurnes, Ă  basse altitude plutĂŽt que l’énorme gaspillage de moyens que reprĂ©sentent des raids nocturnes “ en surface ”. Cependant les premiers essais amĂ©ricains Ă  partir des bases britanniques, puis ceux depuis l’Afrique du Nord vers la Provence, effectuĂ©s Ă  moyenne altitude pour protĂ©ger les appareils, sont tout aussi peu efficaces, qu’ils s’agisse de leurs rĂ©sultats militaires Ă  court terme ou des destructions et pertes de vies civiles. L’incomprĂ©hension des motifs des actions aĂ©riennes domine chez les ­cheminots, alors qu’on dĂ©nombre Ă  l’étĂ© 16 600 logements SNCF atteints dont 6 800 sont irrĂ©parables comment les AlliĂ©s articulaient-ils destruction matĂ©rielle Ă  long terme et action militaire Ă  court terme ? Bien qu’ils soient frĂ©quemment rĂ©sistants ou qu’ils appuient la RĂ©sistance, et en contact avec Londres, les cheminots rĂ©agissent brutalement aux bombardements alors qu’ils se mobilisent pour rĂ©unir des informations Ă  propos des armes secrĂštes V1 Ă  V3 et des lignes ferroviaires qui permettent leur approvisionnement, ce qui est aussi risquĂ© pour eux. Les actions tactiques complĂ©mentaires Depuis 1942, d’autres actions localisĂ©es ont Ă©tĂ© menĂ©es par des formations plus lĂ©gĂšres, mitraillages ou tentatives pour endommager les installations Ă©lectriques fournissant Ă©nergie et courant de traction. Citons, Ă  titre anecdotique, le lĂącher, dĂ©but 1943, de groupes de ballonnets sphĂ©riques traĂźnant des filins d’acier. LancĂ©s depuis la Grande-Bretagne par vent nord-ouest favorable, ils Ă©taient censĂ©s provoquer des courts-circuits des lignes Ă  haute tension, voire des ruptures. Les rĂ©sultats Ă©tant ridicules par rapport aux moyens mis en Ɠuvre, les AlliĂ©s en reviennent, Ă  l’étĂ© 1943, aux opĂ©rations aĂ©riennes clas­siques contre des postes haute tension et des sous-stations. La consommation mensuelle d’énergie haute tension de la SNCF reste la mĂȘme jusqu’en mars-avril 1944 et ne chute vraiment, dans un rapport de 10 Ă  1, que de juin Ă  octobre 1944. Les destructions sont moins en cause que la rĂ©duction dĂ©libĂ©rĂ©e des circulations de trains Ă©lectriques. La part des actions sur les postes ou sous-stations l’emporte sur celle des opĂ©rations aĂ©riennes dans les destructions totales, qui restent faibles15. Seule exception, peu comprĂ©hensible, les installations Ă©lectriques de la ligne Paris-Le Mans sont visĂ©es dĂšs le 18 avril 1943 par 650 bombes qui tombent autour des 4 sous-stations successives de Chartres au Mans, dont 2 seulement sont touchĂ©es. La SNCF tire de cet Ă©chec relatif des conclusions qui ne semblent guĂšre comprises Ă  Londres, Ă  savoir la dispersion, pour les mettre en rĂ©serve, de tous les seconds groupes Ă©lectriques et du matĂ©riel alors difficile Ă  rĂ©approvisionner. C’est Ă  la suite des incessantes attaques des sous-stations de pleine ligne Ă  partir d’avril 1944 jusqu’à 8, plus 5 mitraillages Ă  CondĂ©-sur-Huisne d’avril Ă  juillet 1944 et des coupures de catĂ©naires que la SNCF rĂ©duit la traction Ă©lectrique sur cette ligne de mai Ă  fin aoĂ»t, entraĂźnant un ralentissement opportun du trafic, y compris militaire. En revanche, sur le rĂ©seau Sud-Ouest, moins systĂ©matiquement visĂ©, bien que les postes d’interconnexion “ Nord ” de Chevilly et de Chaingy aient Ă©tĂ© mis en partie hors service dĂšs le 3 octobre 1943 le courant est coupĂ© quelques heures entre Juvisy et les Aubrais, la traction Ă©lectrique est maintenue et la rĂ©paration des catĂ©naires prĂ©cĂšde souvent la rĂ©fection des voies. AprĂšs le 6 juin, les cheminots voient bien l’intĂ©rĂȘt de paralyser, momentanĂ©ment et sans prĂ©avis, ou parfois dĂ©finitivement, la traction Ă©lectrique des lignes susceptibles d’amener des renforts en Normandie, Ă  condition de ne pas apporter de dĂ©gĂąts irrĂ©mĂ©diables aux installations. Il fallait adapter les mé­thodes de sabotage, aviser la rĂ©sistance extĂ©rieure au rail et l’aviation alliĂ©e de cette rĂ©serve. Il Ă©tait suggĂ©rĂ© Ă  Londres, pour permettre la reprise rapide du trafic plus tard, de ne plus recourir aux bombardements aĂ©riens aveugles sur les installations de traction Ă©lectrique. RĂ©parer, reconstruire Afin de prĂ©venir de nouveaux dĂ©gĂąts et prĂ©voir l’avenir, tout en essayant de s’assurer des rĂ©serves de matĂ©riel “ sensible ” ou difficile Ă  renouveler, la SNCF dĂ©cide, dĂšs 1943, de crĂ©er 24 “ trains-parcs ” constituĂ©s d’équipes de districts Voie, de stocks de secours et de matĂ©riel de dĂ©pannage, de matĂ©riaux empruntĂ©s aux rĂ©serves allemandes bien connues des cheminots. 135 000 journĂ©es d’agents affectĂ©s aux trains-parcs sont utilisĂ©s pour la seule RĂ©gion Ouest dĂšs 1943. Ils remplacent cette annĂ©e-lĂ  60 000 traverses et prĂšs de 100 km de rails sur un total de 150 000 traverses et 186 km de rails pour l’ensemble du rĂ©seau. Les Ă©quipes sont prĂȘtes pour 1944, mais sans se douter encore de l’énormitĂ© du travail qui va se prĂ©senter, d’autant plus dĂ©licat Ă  mener qu’il fallait alors rĂ©parer en provisoire, sans passer de suite au dĂ©finitif. L’ACCOMPAGNEMENT DE LA PROGRESSION DES ARMÉES ALLIÉES JUIN-AOÛT 1944 ET LA RECONSTRUCTION PROVISOIRE DES INSTALLATIONS FERROVIAIRES Ouest et rĂ©gion parisienne AprĂšs le 6 juin, les bombardements aĂ©riens prennent de l’ampleur, mais prĂ©sentent plus de discernement dans le choix de leurs objectifs. La crainte de l’arrivĂ©e des renforts allemands vers la Normandie impose le maintien du blocus des voies ferrĂ©es d’accĂšs par la coupure des ouvrages d’art importants des bassins de la Seine et de la Loire, si bien que les opĂ©rations tactiques, Ă  effet immĂ©diat, prennent enfin le pas sur les destructions “ en surface ” des triages, dĂ©pĂŽts et ateliers. Mais le manque de prĂ©cision des bombardiers, enclins par ailleurs aux dĂ©lestages prĂ©maturĂ©s pour mieux manƓuvrer afin d’éviter la chasse adverse, continue de causer des destructions civiles dĂ©sastreuses. Alors que le rythme des bombardements Ă  objectifs ferroviaires s’élĂšve en juin 6 Ă  27 missions par jour et en juillet 3 Ă  20, les opĂ©rations ponctuelles prĂ©dominent. Elles culminent en aoĂ»t 36 le 7 aoĂ»t, et 44 le 13 avec une majoritĂ© d’attaques et mitraillages de trains ou de petites gares, y compris les installations en voie mĂ©trique du Blanc-Argent, des CĂŽtes-du-Nord ou du Petit Anjou ! Il est vrai qu’à haute vitesse, en altitude, l’échelle est difficile Ă  apprĂ©cier16. S’y ajoutent les bombardements “ lourds ” multipliĂ©s jusqu’au succĂšs visant Ă  dĂ©truire les ponts et viaducs. Les rĂ©sultats sont spectaculaires et moins meurtriers. Citons OrlĂ©ans et le pont sur la Loire, Cinq-Mars-la-Pile, Saint-CĂŽme prĂšs de Tours, les ponts de la VendĂ©e et de Pirmil Ă  Nantes, atteints en juin et juillet 1944. De mĂȘme, tous les ouvrages de la Seine, depuis ceux de la Grande Ceinture Athis, 5 fois bombardĂ© du 27 mai au 8 juin ; Maisons-Laffitte, 6 fois du 26 mars au 24 juin ; cependant les plus grandes brĂšches n’affectaient souvent qu’une demi-largeur, si bien que les militaires ont pu utiliser la Grande Ceinture de façon permanente comme grande ligne de rocade17. Ce fait, ignorĂ© des AlliĂ©s jusqu’à ce qu’ils en profitent Ă  leur tour, rendait en partie inutile la destruction des ponts sur la Seine. D’ailleurs, sauf les exceptions mentionnĂ©es ici, la quasi-totalitĂ© des grands ouvrages d’art de la SNCF qui ont Ă©tĂ© dĂ©truits complĂštement et durablement l’ont Ă©tĂ© par le gĂ©nie militaire allemand en retraite, non par l’aviation. Provence et zone du RhĂŽne au Rhin juin-juillet 1944 Bien que nous ayons dĂ©jĂ  signalĂ© les essais de coupure du trafic vers l’Italie Ă  Modane RAF et sur la ligne de cĂŽte RAF et USAF d’AnthĂ©or Ă  Vintimille, les AlliĂ©s n’avaient guĂšre affaibli le trafic militaire ou d’intendance vers le front italien, qui atteignait plus de 20 000 t/jour, dont 14 000 par la cĂŽte. Les objectifs ferroviaires en Provence ne sont donc dĂ©voilĂ©s que fin mai. Les AlliĂ©s privilĂ©gient les opĂ©rations de jour, par l’USAF Ă  partir du 25 mai sur Carnoules et Badan 34 et 38 morts, VĂ©nissieux et AmbĂ©rieu. Suivent, quelques jours aprĂšs, Arles, puis Toulon, Montpellier, BĂ©ziers, surtout Avignon 27 mai avec 525 morts, soit autant que Coventry en 1940, la “ rĂ©fĂ©rence ” anglaise. C’est, aprĂšs une courte accalmie, le 12 juillet, encore Miramas, Arles et Balaruc, Cannes-la-Bocca, La Seyne ; le 2 aoĂ»t, encore Avignon ; le 6 aoĂ»t se renouvelle le malheureux raid de Lyon-Vaise et Croix-Rousse, Chasse, Badan, Valence, Tarascon, encore Miramas, ne laissant plus de doutes sur le dĂ©barquement de Provence et la remontĂ©e prĂ©vue ensuite des troupes par la vallĂ©e du RhĂŽne, vers le Rhin. L’USAF va alors Ă©viter, en principe, de prendre pour objectif la rĂ©gion lyonnaise et les lieux tragiques que sont dĂ©sormais Saint-Étienne qui a comptĂ© le 26 mai un maximum de 1 084 morts civils et 15 000 sinistrĂ©s sans destructions d’installations ferroviaires, Lyon-Mouche 63 morts, mais surtout Lyon-Vaise, toujours le 26 mai, avec 717 morts, 1 129 blessĂ©s et 20 000 sinistrĂ©s, pour un rĂ©sultat bien maigre, puisque sont atteints un dĂ©pĂŽt et des voies de garage de seconde importance, situĂ©s dans une zone trĂšs urbanisĂ©e. “ Sacrifices Ă©normes pour rĂ©sultats insignifiants ”, indique le cĂąble du chef rĂ©gional FFI adressĂ© Ă  Alger. A-t-il atteint les responsables de la 15e USAF ? Nous l’ignorons, puisque, par exemple, Lyon-Vaise est encore “ revisitĂ© ” le 6 aoĂ»t avec autant d’inconscience. Ce sinistre 26 mai, l’USAF manque les faisceaux de la Buisserate Ă  Grenoble 37 morts. Pire encore, Ă  ChambĂ©ry, 72 Liberators totalisent 120 morts pour 400 impacts, dont 80 seulement touchent les emprises SNCF, le reste causant 3 000 sinistrĂ©s. À Nice Saint-Roch, toujours ce fatidique 26 mai, on compte, pour 180 impacts, 384 morts et 5 600 sinistrĂ©s, pour la destruction de “ seulement ” 159 wagons et 5 locomotives, mais aussi de 30 tramways, sans parler d’un train civil atteint sur le pont du Var, avec 52 morts et 58 blessĂ©s. À croire que les aviateurs de la 15e USAF venant d’Afrique du Nord Ă©taient vraiment des dĂ©butants inconscients, ou incapables, d’autant que la chasse adverse et la dĂ©fense anti-aĂ©rienne n’étaient pas au rendez-vous de ces opĂ©rations, contrairement au Nord-Ouest de la France. Il ne leur reste aucune excuse pour ces lĂąchers incohĂ©rents, criminels et sans commentaires ­ultĂ©rieurs
 Mais les sentiments antibritanniques de la population augmentent dĂšs le lendemain, 27 mai, Ă  Marseille, Ă  tort, puisque c’est encore l’USAF-15 qui, avec moins de 120 appareils, Ă  4 000 m d’altitude, saupoudre certes les gares Saint-Charles et Blancarde de 100 bombes, mais aussi la ville et ses banlieues de plus de 700 autres bombes, lui confĂ©rant le triste privilĂšge du record absolu de victimes en un seul raid avec 1 752 morts recensĂ©s, 18 000 sinistrĂ©s, et des dĂ©gĂąts, lĂ  encore, insignifiants portĂ©s aux installations ferroviaires, visĂ©es ou non, port, gares et dĂ©pĂŽts compris. L’état des lieux jusqu’à fin aoĂ»t 1944 et la nĂ©cessaire reprise des transports par rail Les attaques aĂ©riennes s’arrĂȘtent Ă  la fin du mois d’aoĂ»t 1944, le 18 pour les bombardements majeurs. Le bilan des destructions a Ă©tĂ© dressĂ© par la SNCF plus tard. Il arrĂȘte les comptes “ Ă  la LibĂ©ration ”, date qui n’était pas la mĂȘme pour les zones successivement libĂ©rĂ©es, allant de dĂ©but juillet en Cotentin et Normandie au 9 mai 1945 sic pour la “ poche ” de Dunkerque. DĂšs le 31 mai 1944, R. Le Besnerais constatait que 29 triages sur 53 sans l’Alsace-Lorraine Ă©taient inutilisables, 70 dĂ©pĂŽts sur 167, 3 grands ateliers sur 9. Ce qui explique, en partie, une baisse de trafic de moitiĂ© par rapport aux mois de janvier Ă  mars. Certes, les difficultĂ©s de circulation, auxquelles commencent Ă  s’ajouter les coupures d’ouvrages d’art, rĂ©duisent trĂšs fortement les circulations voyageurs 20 % des valeurs 1938. Le trafic ­mar­chandises, transports allemands compris, est encore de prĂšs de 100 000 wa­gons chargĂ©s par semaine, contre 188 000 en janvier et 232 000 en 1943. Pour sa part, le trafic militaire allemand, prioritaire, dĂ©passe encore la moitiĂ© des prĂ©visions sur la rĂ©gion Ouest, il reprĂ©sente 78 % du trafic sur le Sud-Est et 82 % sur le Sud-Ouest. Mais le chiffre du Nord, 21 % seulement, semble indiquer les effets de l’opĂ©ration de dissuasion Fortitude. En effet, ces actions se conjuguent par hasard avec les opĂ©rations Crossbow dĂ©cidĂ©es en consĂ©quence des craintes britanniques de reprĂ©sailles. Grandissantes, Ă  juste titre, jusqu’à la mi-juin, elles entraĂźnent des actions continuelles sur les voies ferrĂ©es d’alimentation des trĂšs nombreuses bases de lancement des V1 350 prĂ©vues, 100 rĂ©alisĂ©es. Plusieurs milliers de ces bombes volantes, Ă  partir du 13 juin et durant tout l’étĂ©, survolent en effet le “ dĂ©troit ” de la Manche vers Londres. Les actions prĂ©ventives ou rĂ©pressives contre ces armes nouvelles, jusqu’alors sporadiques tant qu’elles Ă©taient en construction, vont occuper dĂ©sormais les unitĂ©s “ tactiques ” autant que le Bomber Command. Les opĂ©rations dites tactiques sont effectuĂ©es par de petits groupes de 3 ou 6 bombardiers moyens bimoteurs. Depuis les tentatives de 1943, ils sont moins utilisĂ©s pour des objectifs ferroviaires, sauf en reconnaissance ou encore, Ă  partir de mai 1944, pour le harcĂšlement, avec mitraillage, de tout convoi surpris en route, y compris ceux des chemins de fer Ă©conomiques aprĂšs la Normandie, la Somme et le Pas-de-Calais. Sous le nom code de RAMROD, la RAF, avec des Spitfire adaptĂ©s, Ă©quipĂ©s de roquettes aussi bien que de bombes, avait entrepris des opĂ©rations en piquĂ© Ă  moyenne altitude 3 000 Ă  1 200 m environ plus prĂ©cises que les prĂ©cĂ©dentes sur des objectifs ferroviaires18. Bien que ces raids soient ineffi­caces dĂšs que la couche nuageuse est importante, la moyenne statistique dĂ©montre qu’ils sont plus prĂ©cis et mettent moins en danger Ă  la fois les Ă©quipages et les civils ou cheminots travaillant au voisinage des coups au but. Avant mĂȘme le dĂ©barquement du 6 juin, non moins de 1 284 bombardements aĂ©riens ont frappĂ© 793 localitĂ©s en France, dont 363 attaques aĂ©riennes d’installations ferroviaires, ce qui est encore peu en comparaison des 800 raids encore Ă  venir jusqu’à fin aoĂ»t. Les pertes humaines du cĂŽtĂ© des cheminots, malgrĂ© la reprise des mitraillages de convois, sont, bien qu’éle­vĂ©es, proportionnellement trĂšs faibles par rapport Ă  celles des “ civils ”. Pour les cinq premiers mois de 1944 et plus de 232 raids, 470 cheminots sont morts et 1 100 autres blessĂ©s par faits de guerre en service. De 1941 Ă  1943 on avait comptĂ© 464 cheminots et 2 000 civils tuĂ©s pour moins de 80 raids. Mais Ă  partir de mars 1944 les bombardements “ de surface ” vont faire dix fois plus de morts civils encore autour d’objectifs ferroviaires. Des destructions mieux ciblĂ©es – mais beaucoup moins nombreuses – causent des pertes rĂ©duites, ce qui dĂ©montre bien les rĂ©sultats hasardeux des bombardements “ de surface ”. De plus, la hĂąte des occupants Ă  reconstruire au plus vite un passage, mĂȘme Ă  voie unique, dans les zones sinistrĂ©es, soit environ 200 km de voies Ă  reconstruire, requiert un nombre de plus en plus important de personnel pour travailler sur des chantiers Ă  trĂšs haut risque des bombes Ă  retardement ayant parfois explosĂ© cinquante jours aprĂšs le raid. Ce qui conduit la direction gĂ©nĂ©rale de la SNCF a Ă©crire fin juin 1944 au ministre de tutelle secrĂ©taire d’État Ă  la Production industrielle et aux Communications, Ă  l’intention des autoritĂ©s allemandes HVD, que 
 tout rĂ©cemment, plusieurs RĂ©gions ont reçu presque simultanĂ©ment de la part des AutoritĂ©s d’Occupation des ordres formels leur enjoignant d’augmenter d’urgence leurs effectifs, de maniĂšre Ă  remettre complĂštement en Ă©tat un certain nombre de grands triages pour lesquels le programme Ă©tabli en commun ne prĂ©voyait que le rĂ©tablissement minimum des voies indispensables. Sur certains points, des requis civils ont Ă©tĂ© envoyĂ©s d’office par ces AutoritĂ©s d’Occupation en vue des travaux en question. S’ensuivent des considĂ©rations sur l’incapacitĂ© de la SNCF, devant une telle demande, Ă  dĂ©passer le niveau prĂ©sent des effectifs sur les chantiers de rĂ©tablissement des circulations, “ effectif d’ouvriers de toutes conditions dĂ©passant 40 000 hommes ”19. La lettre demande en conclusion que l’on renonce aux mesures envisagĂ©es20. Nous ignorons la suite donnĂ©e Ă  cette requĂȘte, dont la satisfaction eĂ»t Ă©tĂ© de toute façon sans effet en juillet-aoĂ»t 1944. Les AlliĂ©s prĂ©voyaient d’utiliser pour leur part ces moyens dispersĂ©s, nĂ©cessaires Ă  leur progression de Cherbourg Ă  Carentan, Le Mans et Paris. Comme la reconnaissance aĂ©rienne leur permettait d’ĂȘtre informĂ©s du progrĂšs des travaux, aucune directive de sabotage ferroviaire ne fut donnĂ©e Ă  la rĂ©sistance active, sauf dans les zones de retraite des armĂ©es allemandes aprĂšs le mois d’aoĂ»t. Ce qui n’empĂȘcha pas la destruction des ouvrages par les Allemands en retraite, beaucoup plus mĂ©thodique et radicale que celle effectuĂ©e par les Français en 1940. C’est sans doute pourquoi, selon les relevĂ©s quotidiens de juillet et aoĂ»t 1944 que nous possĂ©dons pour le Sud-Ouest, les actions aĂ©riennes, bien que plus nombreuses encore qu’en juin jusqu’à 45 opĂ©rations par jour, jusqu’à 10 au seul rĂ©seau Sud-Ouest ne sont-elles plus que des attaques locales, spĂ©cifiques, de trains en circulation le plus souvent, effectuĂ©es par un groupe d’avions ou des appareils isolĂ©s. Les grosses attaques “ de surface ” concernent les gares d’approvisionnement en armes V1 et V2 du Nord-Ouest de la France. Au 31 aoĂ»t 1944, les chantiers avaient dĂ©jĂ  reçu plus de 16 600 t de ­bombes, en 94 raids depuis 1943, dont 15 opĂ©rations avec les “ Tallboys ” de 5,4 t21. Le bilan global, fin 1944 Le bilan global ne s’est alourdi cependant que modĂ©rĂ©ment, et la paralysie complĂšte du rĂ©seau ferrĂ© voulue par les cheminots, fin aoĂ»t, dans les rĂ©gions encore en pleine guerre permet aussi d’éviter de nouveaux bombardements lourds. Deux exceptions sont constituĂ©es par la RĂ©gion Est, oĂč se reportent les opĂ©rations liĂ©es au repli allemand, et les “ poches ” qui provoquent de nouvelles victimes civiles inutiles, dont des cheminots. Ces pertes sont les plus lourdes quand on les compare Ă  la valeur stratĂ©gique rĂ©elle des lieux visĂ©s, qui avait Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©e par les Ă©tats-majors, coupables d’une erreur d’apprĂ©ciation. Nous voulons citer ici, par devoir de mĂ©moire, outre les quelques 12 000 morts dĂ©jĂ  atteints sur des objectifs strictement ferroviaires, les civils du Havre, de Royan, mais aussi de Boulogne et Calais, cette derniĂšre ayant le triste privilĂšge d’un bombardement “ ami ”, par erreur, en fĂ©vrier 1945 97 morts au lieu de Dunkerque qui Ă©tait visĂ©. Ici, il n’y eut aucune “ repentance ”, ni indemnitĂ©s posthumes. Et c’est pourquoi, fin 1945, une Ă©tude amĂ©ricaine citĂ©e entre autres par E. Florentin basĂ©e sur les premiers bilans de destructions, ceux mis Ă  leur disposition par la SNCF, conclut tardivement que “ les attaques prĂ©cĂ©dant le D. Day contre les triages français n’étaient pas nĂ©cessaires, les 70 000 t d’explosifs qui y ont Ă©tĂ© dĂ©versĂ©es auraient pu ĂȘtre affectĂ©es Ă  d’autres cibles ”22. Nous n’en voulons pour preuve que les statistiques gĂ©nĂ©rales qui colla­tionnent les donnĂ©es transmises par les RĂ©gions SNCF et les arrondissements, indiquant par exemple l’évolution du parc disponible d’engins moteurs ou celui du matĂ©riel roulant marchandises. MalgrĂ© une Ă©norme rĂ©duction, de 217 000 wagons encore thĂ©oriquement au parc dĂ©but mai 1944 Ă  moins de 174 000 en septembre, l’effectif disponible pour des transports militaires Ă©tait acceptable et n’a pas entravĂ© au degrĂ© souhaitĂ© le repli des armĂ©es allemandes vers l’Est. Les photos aĂ©riennes alliĂ©es de reconnaissance qui ont identifiĂ© de tels trains en tĂ©moignent. Les AmĂ©ricains, en aoĂ»t dans le Cotentin, ont utilisĂ© en prioritĂ© du matĂ©riel SNCF disponible, heureux de retrouver des locomotives Baldwin ou Alco de
 1918. MĂȘme si l’on prend en compte les indisponibilitĂ©s ou avaries dues aux bombardements aĂ©riens et aux ­transferts en Allemagne, les 74 000 ou 76 000 wagons “ manquant ” au parc hors Alsace-Lorraine ne reprĂ©sentent “ que ” 30 % du parc total, alors que les transports militaires nĂ©cessitent 20 Ă  25 % des wagons du parc utilisable. Ce qui montre bien, une fois de plus, l’ineptie de la “ stratĂ©gie ” de destruction des triages et des matĂ©riels garĂ©s sur leurs voies et, le plus souvent, vides. Les transports militaires alliĂ©s de l’hiver 1944 n’ont que peu manquĂ© de wagons et de locomotives, d’autant que le trafic entre les ports et les fronts ne dĂ©passait guĂšre le million de tonnes mensuelles les 500 locomotives dĂ©barquĂ©es dĂšs fin aoĂ»t Ă  Cherbourg, puis les quelques milliers de wagons en “ kit ”, ou montĂ©s qui les suivent permettent alors de passer de 12 000 t transportĂ©es quotidiennement pour les AmĂ©ricains en octobre Ă  15 000 t en dĂ©cembre et de multiplier par 8 les trains-kilomĂštres. Ce qui ne reprĂ©sente guĂšre plus de 30 trains de 1 000 t brutes, soit 2 trains par heure au plus. Mais la limite de capacitĂ© est celle des lignes Ă  voie unique, d’oĂč l’intĂ©rĂȘt pour les AlliĂ©s de remettre en service des doubles voies Ă©lectrifiĂ©es
 ce qui est fait dĂšs mi-novembre pour Paris-Le Mans23 alors que le 1er train venant de Cherbourg arrivait aux Batignolles le 30 aoĂ»t 1944 !. Pour les lignes de la vallĂ©e du RhĂŽne il en est de mĂȘme. La liaison Aix-en-Provence – Grenoble est ouverte immĂ©diatement derriĂšre la progression des troupes dĂšs le 15 septembre Ă  Sisteron, et le 25 septembre est ouverte la ligne de la rive gauche du RhĂŽne jusqu’à Lyon, de mĂȘme que Valence-Grenoble. Le rail suit donc bien les troupes, en l’absence de toute rĂ©action ennemie. POUR FINIR QUELLE LEÇON À TIRER DES BOMBARDEMENTS DE VOIES FERRÉES ? On sait que malgrĂ© les ruines, qui dĂ©passent l’imagination, des villes rasĂ©es par l’aviation alliĂ©e outre-Rhin depuis 1942, la production allemande industrielle de guerre a atteint des sommets
 en 1943-1944. Alors que la France comptait pĂ©niblement 6 000 Ă  7 000 locomotives en Ă©tat de marche fin 1944, l’Allemagne en disposait de 36 000, dont prĂšs de 11 000 Kriegsloks neuves, type 150 Ă  vapeur, puissantes et robustes, aptes au trafic lourd ou militaire, et ce n’est qu’un exemple. Faut-il conclure que les bombardements aĂ©riens ont toujours Ă©tĂ© un Ă©chec ? Certainement pas si nous considĂ©rons globalement leur rĂŽle dans la prĂ©paration et le succĂšs du dĂ©barquement et, surtout, l’appui tactique qu’il ont donnĂ© au sol Ă  la progression des troupes. Il est inutile, en revanche, de revenir sur les insuffisances de l’aviation qui devait poursuivre Ă  titre “ tactique ” le harcĂšlement nĂ©cessaire Ă  la fixation des troupes allemandes au jour “ J ” du dĂ©barquement en Normandie. Il est vrai que l’offensive fut l’enjeu de luttes intestines, d’oĂč l’incohĂ©rence apparente des opĂ©rations menĂ©es sur les cibles ferroviaires et les lourdes erreurs qu’elle a parfois entraĂźnĂ©es. Ce n’est certainement pas en annihilant les gares, les citĂ©s cheminotes et le matĂ©riel roulant de la SNCF Ă  ce moment-lĂ  que le cours de la guerre a changĂ© ; et le rĂ©sultat obtenu ne peut faire oublier la mort de 78 000 innocents en France, dont 15 000 sur des sites ferroviaires voir tableau 1. AprĂšs la bataille du rail, les cimetiĂšres alliĂ©s Selon les sources officielles, la RAF a perdu 8 655 avions en cours d’opĂ©ration, plus 1 600 en cours d’entraĂźnement ou portĂ©s disparus. L’USAF en a perdu 9 466 en tout. En hommes d’équipage, cela signifie 74 000 pour la RAF, dont 55 750 morts au combat ou par accident. Pour l’USAF, les 8e et 15 e Air Force qui nous intĂ©ressent ici ont perdu environ 30 000 hommes, au total 47 000 avec 4 750 avions perdus sur 12 731 utilisĂ©s, soit 37 % des B17, taux qui semble supĂ©rieur Ă  celui de la RAF. Le choix des AlliĂ©s, si tant est que ce fut un choix, pour les bombardiers lourds, leur a coĂ»tĂ© au total plus de 100 000 hommes jeunes et entraĂźnĂ©s24. Était-ce un sacrifice inĂ©vitable ? Le sujet reste encore contestable puisque des questions fondamentales ne trouveront de rĂ©ponse qu’avec l’accĂšs Ă  certaines archives britanniques papiers Churchill et Lindeman lord Cherwell, soit seulement Ă  partir de 2019. À une Ă©poque oĂč les acteurs ou tĂ©moins revendiquant chacun “ leur ” version de l’histoire auront disparu, le sujet pourra peut-ĂȘtre, enfin, ĂȘtre abordĂ© sans a priori ni appel aux Ă©motions vĂ©cues25. “ L’efficacitĂ© de l’impact direct l’emporte sur le tapis de bombes ” c’est l’avis des analystes, anciens ou actuels, de la stratĂ©gie comparĂ©e Ă  la tactique, en ce domaine sensible et difficile oĂč la technique a Ă©voluĂ© plus vite que la rĂ©flexion26. Il est regrettable que ces leçons durement acquises n’aient pas empĂȘchĂ©, depuis lors, d’illusoires attaques du rail en Europe. L’histoire reconnue, analysĂ©e et comprise sans passion reste encore Ă  apprendre par les pouvoirs, qui ignorent trop ses leçons. _______________ 1. Les forces aĂ©riennes françaises disposaient en 1940, avant les constructions dĂ©cidĂ©es par R. Dautry, de moins de 500 chasseurs modernes, et d’aucun bombardier rĂ©cent. La production prĂ©vue Ă©tait de 400 appareils nouveaux par an. Les Britanniques en Ă©taient au mĂȘme point avec une production prĂ©vue annuelle de 220 bombardiers. Mais ils n’en disposaient d’aucun en France, et de 130 chasseurs seulement. Au total, alors que les Allemands disposaient de plus de 1 500 bombardiers et de 1 000 chasseurs lors de la campagne de France, les AlliĂ©s ne totalisaient que 700 appareils, toutes catĂ©gories confondues. Quant aux chasseurs bombardiers capables d’attaques en piquĂ©, 342 Allemands s’opposaient Ă  54 Français et aucun Anglais voir bibliogr. [15]. 2. Boulogne-sur-Mer a vu 52 attaques aĂ©riennes se succĂ©der sur le port et les installations ferroviaires, du 12 juin 1940 Ă  fin 1941. Mais le premier raid contre une gare SNCF se place le 4 avril 1942 Ă  Saint-Omer, oĂč 12 Boston et 4 Wellington obtiennent un effet heureusement nul sur la gare, bĂątiment patrimonial, mais avec dĂ©jĂ  des morts civils. De nouvelles attaques suivent donc. La RAF s’essaie aussi, toujours en vain, sur Cherbourg 15 avril 1942, Hazebrouck 13 avril et 29 juin 1942 et mĂȘme Lille 20 juillet 1942, opĂ©rations suivies d’un rĂ©pit de prĂšs de six mois. 3. Voir Florentin [1] et Regan [17], confirmant les dĂ©clarations peu nuancĂ©es de Hastings [11]. Voir aussi Jones [14]. 4. Comme il en existe encore des vestiges de nos jours, Ă  Narbonne ou Dijon par exemple, avec la fonction de magasin pour matiĂšres dangereuses ! Signalons la tentative d’installations protĂ©gĂ©es beaucoup plus complĂštes, et complexes, dont l’abri de poste de commandement et rĂ©gulation du trafic Est parisien dĂ©nommĂ© de nos jours le “ Bunker ” rĂ©alisĂ© en juillet 1939 sous les quais 2 et 3 de la gare de l’Est Ă  Paris. Cet abri de dĂ©fense unique sur le rĂ©seau français, qui fut opĂ©rationnel, offrait 120 mÂČ protĂ©gĂ©s, et pouvait abriter 72 personnes. 5. La plupart des objectifs du rail français, sauf au Nord, Ă©taient assez Ă©loignĂ©s des terrains de la chasse de nuit allemande et surtout restaient en avant de la cĂ©lĂšbre “ ligne Kammhuber ”, barrage d’interception combinant radars, projecteurs et contrĂŽle des chasseurs de nuit, trĂšs redoutĂ© des bombardiers alliĂ©s, dont seuls les secteurs marginaux sud, dits zones 7, 8 et 9, intĂ©ressaient la France, de Givet Ă  Troyes par Rethel. De jour, bien des cibles Ă©taient proches de terrains actifs comme Laon 2 terrains de chasse, Cambrai 3, Longueau 2, Caen 2, sans parler des 64 terrains du Nord et de la Picardie ou de l’Oise. Ce fut, en partie, Ă  l’origine des dĂ©sastres de Rennes, Rouen, Lille-Lomme. Citons, plus tard, en 4 opĂ©rations avec 617 appareils, les pertes de 19 avions et plus de 150 hommes d’équipage dans la nuit du 10 au 11 avril 1944, sur Tours-Saint-Pierre, Tergnier, Laon et Aulnoye. Ces 3 % de pertes s’accompagnent Ă©videmment d’un nombre anormalement Ă©levĂ© de bombes dispersĂ©es en dehors des objectifs. 6. Il semble, aujourd’hui encore, difficile Ă  concevoir que les ordres de formation des vagues de bombardiers sur raids ferroviaires comportaient 7 Ă  12 appareils de front, soit une couverture d’au moins 500 Ă  800 m, pour atteindre, en long, des gares de largeur allant de 100 m Ă  300 m au plus
 MĂȘme en cas de faible vent latĂ©ral, la surface “ arrosĂ©e ” est toujours au moins le double de celle des objectifs correctement ciblĂ©s. De plus, dans le cas de vagues successives, si les premiers lĂąchers sont bien marquĂ©s, la fumĂ©e obscurcit complĂštement l’objectif, et dĂšs la 3e il y en avait jusqu’à 10 ! les lĂąchers Ă©taient faits au jugĂ© et au plus vite. On constate d’ailleurs des rĂ©sultats encore plus mauvais si l’attaque est perpendiculaire Ă  l’objectif exemples du viaduc d’AnthĂ©or et de certains ponts sur la Seine et la Loire. 7. Voir [23]. 8. Voir [11]. 9. Un des griefs les plus rĂ©pĂ©tĂ©s des informateurs alliĂ©s Ă©tait l’absence de prise en considĂ©ration des rapports du sol par les Ă©tats-majors des forces aĂ©riennes. On constate mĂȘme avec surprise, connaissant l’existence de telles observations, et la certitude de leur transmission, l’absence de leur mention par les War Diaries ­de la RAF agendas de combat et bombardements, publiĂ©s en 1985 seulement, voir bibliogr. [13]. Plus curieusement encore, dans le cas d’opĂ©rations ayant mal tournĂ©, il semble qu’au lieu des rapports prĂ©cis et souvent protestataires, Ă©manant d’agents britanniques travaillant en France avec la RĂ©sistance, on trouve seulement la mention “ Pas de rapport local Ă©manant du sol. ” C’est le cas des raids les plus meurtriers de civils, comme Rennes, Nantes, Rouen, Lille, Saint-Étienne, Besançon, Lyon-Vaise. Une exception AmbĂ©rieu, oĂč, aprĂšs une premiĂšre attaque inutile, la RĂ©sistance obtient de Londres l’arrĂȘt des raids aĂ©riens, aprĂšs avoir fait la preuve de l’efficacitĂ© locale des sabotages, qui avaient coĂ»tĂ© de nombreux otages et dĂ©portĂ©s. 10. Une exception due au hasard est le cas de la gare de triage de Vaires oĂč un convoi de munitions stationnĂ© parallĂšlement Ă  des trains de troupes a provoquĂ© la mort de 1 200 Ă  1 300 militaires lors de la premiĂšre attaque des 29-30 mars 1944. Des hĂ©catombes analogues, avec destructions importantes de matĂ©riel de guerre, ont eu lieu plus tard, au voisinage des ponts sur la Seine, lors du repli des troupes allemandes de Normandie ou lors d’attaques des trains de V1 oĂč 33 wagons Ă©quivalaient Ă  prĂšs de 100 bombes de 1 t. Mais c’était alors le fait des chasseurs-bombardiers tactiques attaquant en piquĂ© Ă  moyenne altitude, et non des ­quadrimoteurs lourds et malhabiles du Bomber Command ou de l’USAF. 11. La masse de matĂ©riel neuf ou de remplacement demandĂ© reste dans des limites encore trĂšs raisonnables jusqu’en mai. Une preuve en est la demande de la SNCF Ă  la “ Hauptverkehrsdirektion Paris – 29, rue de Berri ” d’un contingent d’acier pour rĂ©parer certaines installations en fĂ©vrier 1944, alors estimĂ©es prĂ©cisĂ©ment Ă  277 t seulement outre 38 t dĂ©jĂ  obtenues, pour couvrir les rĂ©parations de Mohon, Chaingy, Chevilly, Persan Beaumont, Sotteville ateliers, Tergnier 145 t Ă  lui seul et mĂȘme les ponts sur le Doubs, Ă  Lyon et au Teil faits de rĂ©sistance pour 40 t
 Par prĂ©vision, un supplĂ©ment de 500 t seulement est demandĂ©, alors que plusieurs milliers de tonnes vont ĂȘtre bientĂŽt nĂ©cessaires. 12. Telle la 4e division blindĂ©e dont les trains pour venir de Gand en Normandie font quatre dĂ©tours et mettent dix jours au lieu de trois Ă  quatre pour couvrir le trajet. Un officier d’état-major allemand, chargĂ© jusqu’à la fin d’octobre 1944 des transports sur le front de l’Ouest, a dĂ©clarĂ©, aprĂšs avoir Ă©tĂ© fait prisonnier “ Des mouvements qui devaient ĂȘtre effectuĂ©s Ă  la cadence quotidienne de 10 Ă  12 trains ne se faisaient plus qu’au taux de deux Ă  trois par jour. ” 13. Ou “ trains de travaux ”, trains de secours dĂ©pendant du Service Voie et BĂątiments, composĂ©s de voitures amĂ©nagĂ©es pour hĂ©berger le personnel d’un chantier, de wagons ateliers pourvus de l’outillage nĂ©cessaire et de wagons magasins chargĂ©s de matĂ©riaux. PrĂ©vus en service normal pour effectuer des travaux ou des rĂ©parations en cas de catastrophe naturelle ou d’accident, la SNCF en maintenait 1 Ă  2 par grande rĂ©gion. Ce nombre a Ă©tĂ© multipliĂ© par 3 Ă  partir de 1943. 14. On retrouve alors facilement sur les Ă©tats ou relevĂ©s SNCF un nombre Ă©levĂ© d’engins garĂ©s, ou en rĂ©paration, dans les remises ou ateliers de dĂ©pĂŽt, ceux actifs Ă©tant dispersĂ©s, surtout de nuit, en de multiples lieux plus discrets. 15. L’ensemble des lignes Ă  haute tension SNCF de 60 kV Ă  220 kV avariĂ©es par faits de guerre reprĂ©sentent 1 236 pylĂŽnes et 225 km de ligne Ă  rĂ©parer, soit moins de 5 % du rĂ©seau Ă©lectrifiĂ©, alors de 4 872 km. 16. Nous n’en citerons, comme preuve antĂ©rieure, que l’attaque en 1940 par la Luftwaffe du cĂ©lĂšbre train miniature britannique cĂŽtier Romney Hythe and Dimchurch Railway dans le Kent. À l’échelle 1/4 de voie de 38 cm, il va devoir s’équiper d’un train blindĂ© anti-aĂ©rien pour rĂ©pondre aux attaques de pilotes un peu myopes
 Mais, en France, presque toutes les voies Ă©troites, en zone de bataille ou non, seront souvent confondues avec des voies ­normales. 17. Se reporter Ă  l’article “ Ouvrages d’art de la Grande Ceinture ” par M. Leduc, Revue gĂ©nĂ©rale des chemins de fer du 11 dĂ©cembre 1945, Ă©galement mentionnĂ©s dans le film La renaissance du rail 1947 d’A. PĂ©riĂ© et M. Leduc produit par la SNCF. On constatera le peu d’attaques des ouvrages d’art jusqu’en juin 1944. MĂȘme aprĂšs que des ponts sur la Seine infĂ©rieure et la Loire ont Ă©tĂ© visĂ©s, ceux qui sont touchĂ©s par des attaques aĂ©riennes le sont Ă  cause d’autres objectifs par exemple, le viaduc de Maintenon, Ă  cause du dĂ©pĂŽt de munitions voisin. Citons enfin le cas exemplaire de Bielefeld en Allemagne, ou le viaduc systĂ©matiquement bombardĂ© Ă  de trĂšs nombreuses reprises, y compris avec “ Tallboys ” de 5,4 t, Ă©tait, depuis les premiĂšres attaques, court-circuitĂ© par une dĂ©viation en vallĂ©e, extrĂȘmement bien camouflĂ©e, qui a pu Ă©chapper Ă  l’observation aĂ©rienne, et assurait la continuitĂ© d’une des principales artĂšres de la Ruhr dĂ©but 1945. Une situation analogue a existĂ© en France lors de la destruction du tunnel de Saumur, Ă©galement par les premiers “ Tallboys ”, grĂące Ă  la dĂ©viation de Thouars Ă  Tours via la ligne dite de la VendĂ©e, et les ponts du Cher et de la Loire encore praticables. 18. On peut citer comme exemple le raid 921 du 25 mai 1944 sur Longueau et Amiens qui a impliquĂ© 36 Spitfire, dont 26 chasseurs-bombardiers pourvus chacun d’une seule bombe de 500 livres. Sept autres centres ferroviaires Ă©taient visĂ©s ce jour-lĂ  dans le Nord, l’Oise, la Seine-InfĂ©rieure. En employant la mĂȘme tactique que pour les sites de V1, l’opĂ©ration fut au moins aussi efficace en coups au but 12 sur 26 que des vagues massives de 150 ou 200 bombardiers lourds. Cependant, les autres opĂ©rations ne sont pas toujours payantes ce mĂȘme jour, les attaques de Spitfire ou Typhoon sur ArmentiĂšres et Hazebrouck, Buchy, Gisors, Formerie, Motteville et Cassy dont 4 gares en substitution aux objectifs couverts de nuages de Valenciennes et du Grand Verdret, soit, au total, 133 appareils, se solderont par 157 bombes lĂąchĂ©es, entre 1 200 et 1 800 m, et moins de la moitiĂ© au but. Ce qui n’est toujours pas si mal, puisque, malgrĂ© la DCA parfois trĂšs active Gisors, 2 appareils seulement sont touchĂ©s. 19. Un effectif qui varie en fait de 36 000 Ă  65 000, Ă  comparer avec le maximum de 11 000 ouvriers spĂ©cialisĂ©s, SNCF et d’entreprises, ayant reconstruit les ponts et tunnels de 1940 Ă  1942. 20. “ D’autre part, il est Ă  craindre que le rĂ©tablissement de tels triages dans leur intĂ©gritĂ© ne provoque de nouvelles destructions rendant vains et par suite inopportuns les efforts que nous aurons fournis et provoquant de nouvelles pertes de matĂ©riel. Les AutoritĂ©s d’Occupation paraissaient avoir compris, comme nous-mĂȘmes, l’inopportunitĂ© de tels efforts et nous avaient autorisĂ©s Ă  entreprendre certains travaux en vue d’assurer une dispersion de nos moyens de triage dans des Ă©tablissements moins importants ; une partie de ces travaux est dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©e. ” 21. [8]. 22. [23, 27]. 23. AprĂšs leur blocage de quelques semaines dans la pĂ©ninsule de Cherbourg, puis la reddition des Allemands, les AmĂ©ricains y ont trouvĂ© en Ă©tat de marche Ă  leur arrivĂ©e 50 locomotives, 1 384 wagons, mais seulement 11 voitures Ă  voyageurs. Ce qui explique que, dĂšs fin juillet 1944, ils faisaient dĂ©jĂ  circuler pour l’approvisionnement du front, bien avant les Britanniques, vers Saint-LĂŽ ou Lison, plus de 230 trains de marchandises transportant 32 000 t de matĂ©riel, et 102 trains de personnel ! La part de matĂ©riel arrivĂ© puis Ă©vacuĂ© des ports par voie ferrĂ©e, d’octobre 1944 Ă  mai 1945, croĂźt ainsi de 10 Ă  48 % et atteint 13 millions de tonnes du 16 octobre 1944 au 24 mars 1945, pour la seule Normandie. De mĂȘme, les transports militaires d’ouest en est de la Seine sont, dĂ©but 1945, de 10 au rail pour 1 Ă  la route. Certains militaires alliĂ©s reconnaissent alors qu’heureusement les “ dĂ©tours ” Ă©taient partout possibles pour Ă©viter les obstacles, ou coupures majeures effectuĂ©es par les armĂ©es en retraite bibliogr. [27]. 24. Si l’on tient compte globalement de l’Ouest europĂ©en, 955 000 t de bombes RAF, 1 million de tonnes USAF ont Ă©tĂ© lĂąchĂ©es. Avec le pourcentage moyen d’objectifs ferroviaires de 14 % RAF et 26 % USAF, on trouve moins de 1 t au but pour 7 larguĂ©es et 1 homme d’équipage perdu pour 32 t lĂąchĂ©es
 ce qui explique la pertinence des interrogations, hĂ©las tardives. Par contre, fort heureusement et bien que ce soit toujours trop Ă©levĂ©, les cheminots français ont comptĂ© 2 361 morts en service, dont plus de 90 % suite aux raids aĂ©riens, mais non moins de 309 fusillĂ©s et 2 480 dĂ©portĂ©s, transportĂ©s par rail comme les autres. 25. Il n’est pas inintĂ©ressant de mentionner qu’un projet de publication d’un atlas ferroviaire aĂ©rien couvrant cette pĂ©riode, avec le regrettĂ© J. Salin de La Vie du rail, n’a pu aboutir dans les annĂ©es 1970, trente ans aprĂšs les faits, pour cause supposĂ©e de “ secret-dĂ©fense ” cĂŽtĂ© français. La guerre restait tiĂšde sous les cendres, ou mal refroidie. 26. Les conclusions de 1945 dans le domaine ferroviaire rejoignent celles constatĂ©es pour la marine, et citĂ©es par P. Masson en 1988 bibliogr. [9], au sujet des limites de la puissance aĂ©rienne le rĂŽle de l’aviation s’est rĂ©vĂ©lĂ© capital, mais, dĂšs les premiĂšres annĂ©es de guerre, les thĂ©ories amĂ©ricano-britanniques sur les bombardements Ă  haute altitude en vol horizontal se sont “ uniformĂ©ment soldĂ©es par des Ă©checs ” sur des objectifs prĂ©cis. Quant au rail français, s’il y eut bien des constats posthumes d’inutilitĂ©s et d’erreurs, aucun des AlliĂ©s, hors cas spĂ©cifiques locaux, ne mit de vigilance ou de cĂ©lĂ©ritĂ© Ă  changer de politique ou de directive, en cours d’action pour Ă©viter davantage de victimes civiles françaises, l’inertie du systĂšme valant bien celle de la SNCF, fin 1944, comme le rappelait trĂšs rĂ©cemment Pierre Sudreau, Ă  propos des derniers trains de dĂ©portĂ©s vers l’Allemagne Le Rail, no 81 juillet-aoĂ»t 200, p. 40. _______________ TABLEAU 1. — Raids aĂ©riens “ Desert Rail ” en France de mars Ă  juillet 1944 96 raidsRĂ©sultats constatĂ©s sur les opĂ©rations majeures impliquant plus de 50 avions MoisRaidsnombreAvionsimpliquĂ©sPertes BombesdĂ©versĂ©es Pourcentage de “ rĂ©ussite ”ImmeublescivilsdĂ©truits, nonrĂ©parables1944RAF +USAFBombar-diers seulsAvions%Tonnage testimĂ©eselonRAF/USAFdĂ©comptĂ©e sur photos Mortscivilsy. MarsRAF 14 1 783 261,4 6 5682112 1 375 816AvrilRAF 16 3 991 471,1 7 0796035 ? 589MaiRAF 26 4 264 982,3 15 9202626 1 341 1 674JuinRAF 15 2 245 743,2 8 6136730 1 582 2 100JuilletRAF 18 2 612 752,8 8 5404120 3 795 1 800Mars et seule 7 667 121,6 1 6805010 3 982 3 465Total en 5 mois96 15 562 332 - 2 300 morts2,1 48 400462211 97510 444Sur total France170195 000 2 900 - 21 000 morts 610 000 ? ? ?67 078Proportion Rail % 8 11 8 15,5 _______________ Bibliographie En langue française [1] Eddy Florentin , Quand les AlliĂ©s bombardaient la France. 1940-1945, Paris, Perrin, 1997. [2] T. A. Siefring, L’US Air Force dans la DeuxiĂšme Guerre mondiale, Paris, EPA, 1979. [3] ClĂ©ment Ader, Les vĂ©ritĂ©s sur l’utilisation de l’aviation militaire avant et pendant la guerre 1914-1918, Toulouse, Douladourre, 1919. [4] Ducellier, La guerre aĂ©rienne dans le Nord de la France, 5 vol., Abbeville, Paillart, 1994-1999. [5] Maurice Wolkowitsch, “ Le rĂ©seau ferrĂ© français du dĂ©barquement du 6 juin 1944 Ă  la capitulation de l’Allemagne le 8 mai 1945 ”, in “ ArmĂ©es et chemins de fer ”, Revue d’histoire des chemins de fer, 15 automne 1996, p. 225-235. [6] L. C. P. Paquier ; C. Postel, La bataille aĂ©rienne d’Allemagne mars 1942 – mai 1945, Paris, Payot, 1947. [7] R. Hautefeuille, Constructions spĂ©ciales, Paris, Auteur-Ă©diteur, 1995. [8] [Coll.] “ Les chemins de fer au service des armĂ©es juin-aoĂ»t 1944 ”, La Vie du rail, no 1840. [9] P. Masson, La rĂ©vĂ©lation de la puissance aĂ©rienne NorvĂšge, CrĂšte, Tarence, in Actes du Colloque SHM, 1988. [10] Rapports divers SNCF, 1942-1945, Destructions et remise en route, non publiĂ©s Ă  ce jour, et Notre mĂ©tier, 1945-1946. En langue anglaise [11] Max Hastings, Bomber Command, Penguin, 1997. [12] Jan Drury, Bomber Command 1939-1945, Collins Harper, 1997. [13] M. Middlebrook, C. Everitt, The Bomber Command War Diaries, Midland Publ., 1985-1995. [14] R. V. Jones, Most Secret War, Wordsworth Ed., 1978-1998. [15] Martin Marix Evans, The Fall of France, Osprey Military, 2000. [16] Kenneth Macksey, Military Errors of World War Two, Cassel Military Classics, DAG, 2000. [17] G. Regan, Air Force Blunders, Guinness Publ., 1996. [18] Air Ministry Account, September 1939 – July 1941, Bomber Command, HMSO, 1941. [19] A. Price, Bomber Aircraft, Arms and Armour Press, 1976. [20] R. A. Freeman, Raiding the Reich, Arms and Armour Press, 1997. [21] R. Conyers Nesbit, The RAF in Camera, A. Sutton Publishing, PRO, 1996. [22] S. Badsey, Campaigne Series-Normandie 1944 Osprey Military, Reed International, 1990. [23] L. C. W. Geffen USAF, Command and Commanders in Modern Warfare, US Air Force Academy, 1969. [24] Col. John Hughes-Wilson, Military Intelligence Blunders, London, Robinson, 1999. [25] RAF Marshall Sir John Slessor, These Remains A Personnel Anthology, 1968. [26] General H. E. Von Manteuffel, Decisive Battles of World War II, A German View, 1965. [27] General J. A. Van Fleet, Rail Transport and the Winning of Wars, AAR-Washington DC, 1956. En langue allemande [28] A. C. Mierzeyewski, Bomben auf die Reichsbahn, EK Verlag, 1988. [29] Ron Ziel, RĂ€der mĂŒssen rollen. Die Eisenbahn im Zweiten Weltkrieg, 1, Stuttgart, Franckh Verlag, 1974. [30] Alfred B. Gottwaldt, Deutsche Kriegslokomotiven. Die Eisenbahn im Zweiten Weltkrieg, 2, Stuttgart, FranckhVerlag, 1973. leVicomte, 16 juin 1944, Robert CAPA 3. Vitrail de l’église de Montigny (dĂ©tail), vers 1600, Rouen 4. 27 juin Ă  15h – excursion TRÉSORS DE LA RENAISSANCE AUTOUR DE ST-SAUVEUR-LE-VICOMTE Cour du chĂąteau 11 juillet Ă  17h – visite guidĂ©e BRICQUEBEC À LA RENAISSANCE AVEC GILLES DE GOUBERVILLE Office de tourisme, place Ste-Anne 18 juillet Ă  17h – visite guidĂ©e

Rouen25, place de la CathédraleCS 30666 76008 RouenTel +3302 32 08 32 40Foreign exchange office +3302 35 89 48 60Email accueil Elbeuf7 cours Gambetta76500 ElbeufTel + 3302 32 96 30 40Email lafabrique JumiÚgesRue Guillaume le Conquérant76480 JumiÚgesTel + 33 02 35 37 28 97Email jumieges DuclairMairiePlace du Général de Gaulle76 480 DuclairTel + 3302 35 05 91 50

Tournéesen région. Samedi 4 septembre 2021, 20h. Dimanche 5 septembre 2021, 17h. Vendredi 10 septembre 2021, 20h30. Samedi 11 septembre 2021, 20h. Dimanche 12 septembre 2021, 16h. Direction musicale Chloé Dufresne. Violon Naaman Sluchin. Orchestre de
Petit clin d'Ɠil Ă  Victor Hugo qui Ă©voquait la ville aux cent clochers, le fil conducteur de cette randonnĂ©e urbaine est les Ă©glises et chapelles sans clocher. Vestiges d'Ă©glises qui ont subi les outrages de l'histoire et de l'urbanisation mais aussi Ă©glises et chapelles dĂ©sacralisĂ©es et reconverties Ă  d'autres usages ou en attente de dĂ©cisions sur leur sort. Quelques Ă©difices toujours vouĂ©s au culte feront exception mais ils mĂ©ritent le dĂ©tour. Une occasion de redĂ©couvrir cette belle ville. Description de la randonnĂ©e DĂ©part de la place de la CathĂ©drale Notre-Dame devant l'Office du Tourisme. D/A Emprunter la Rue des Carmes devant le magasin "Le Printemps" puis tourner Ă  gauche Ă  la deuxiĂšme rue, la Rue Saint-LĂŽ nommĂ©e ainsi parce qu'elle longe l'emplacement de l'ancienne Ă©glise et prieurĂ© Saint-LĂŽ dont il reste un vestige sur la droite juste avant le prochain carrefour avec la Rue Socrate. L'Ă©glise Saint-LĂŽ est probablement l’une des plus anciennes Ă©glises de Rouen, proclamĂ©e cathĂ©drale de Rouen et de Coutances vers 915. Plus tard en 1144, quand les Ă©vĂȘques de Coutances sont rentrĂ©s chez eux, elle devint prieurĂ© Ă  la fois collĂ©giale et paroissiale. Vendue pour ĂȘtre dĂ©molie Ă  la rĂ©volution en 1793, il ne reste aujourd’hui que le porche. 1 Prendre la premiĂšre rue Ă  gauche, la Rue EugĂšne Boudin qui devient ensuite la Rue du Bec pour rejoindre la trĂšs touristique Rue du Gros Horloge. Prendre Ă  gauche puis tout de suite Ă  droite sous la voĂ»te Passage Gravier qui donne accĂšs Ă  la Rue de la ChampmeslĂ©. 2 À l'angle de la Rue de la ChampmeslĂ© et de la Rue aux Ours, se trouve la rĂ©sidence de la Fontaine Saint-CandĂ© oĂč trĂŽne au milieu de la cours la trĂšs belle tour de l'ancienne Église Saint-CandĂ© le Jeune que l'on peut apercevoir Ă  travers le portail situĂ© juste aprĂšs le magasin Bouchara. Emprunter la Rue aux Ours Ă  droite puis la Rue Camille Saint-SaĂ«ns Ă  gauche. 3 Vous arrivez sur ce qui reste de l'Église Saint-Pierre du ChĂątel, bombardĂ©e par les avions alliĂ©s en 1944 et laissĂ©e en l'Ă©tat. Revenir sur la Rue aux Ours, poursuivre votre cheminement jusqu'Ă  la Rue Jeanne d'Arc et tourner Ă  gauche. 4 Sur la droite, se trouve la Tour Saint-AndrĂ© en cours de restauration, vestige de l’ancienne Ă©glise du mĂȘme nom dĂ©montĂ©e en 1861 pour laisser passer la Rue Jeanne d’Arc. FermĂ©e au culte Ă  la RĂ©volution, la tour servit d’atelier pour fondre des plombs de chasse on lĂąchait du haut de la tour des gouttes de plomb fondu qui se solidifiaient en billes rondes lors de leur chute. Descendre la Rue Jeanne d'Arc jusqu'Ă  la prochaine rue Ă  droite, la Rue du GĂ©nĂ©ral Giraud que vous empruntez non sans observer les ruines de l'ancienne Église Saint-Vincent sur le cĂŽtĂ© gauche. Emprunter la deuxiĂšme rue Ă  droite, la Rue Saint-Éloi, du nom de l'Ă©glise qui la borde sur la gauche, devenue temple Protestant aprĂšs le concordat de 1802. Virer Ă  gauche pour longer l'Ă©difice puis prendre Ă  droite pour faire le tour de la Place Martin Luther King plantĂ©e d'arbres. Admirer au passage le remarquable HĂŽtel de Bourgtheroulde sur la gauche, entrer dans la cour pour y observer les bas-reliefs qui reprĂ©sentent l'entrevue du Camp du Drap d'Or entre François 1er et Henri VIII d'Angleterre. Emprunter ensuite le passage piĂ©ton qui relie la Place Martin Luther King Ă  la Place de la Pucelle sur la gauche. Longer la place sur le cĂŽtĂ© gauche pour arriver sur la Place du Vieux MarchĂ©. Cette place hĂ©berge les vestiges de l’ancienne Église Saint-Sauveur mise au jour lors de la construction de la nouvelle Église Sainte-Jeanne d’Arc dans les annĂ©es soixante-dix. L'Église Sainte-Jeanne d’Arc dont la construction s’est achevĂ©e en 1979 s'intĂšgre dans un ensemble faisant office de mĂ©morial du supplice de Jeanne d’Arc, d'Ă©glise et de marchĂ© couvert. Entre les halles et l’église a Ă©tĂ© suspendue une ancienne cloche sauvĂ©e de l’Église Saint-Vincent. Si l'Ă©glise est ouverte, entrez pour voir les superbes vitraux sauvĂ©s de l'Ă©glise Saint Vincent, ils ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s vers 1520-1530. À la diagonale du point d'entrĂ©e sur la Place du Vieux MarchĂ©, emprunter sur la gauche la Rue Cauchoise puis la premiĂšre rue Ă  droite, la Rue des BĂ©guines. 5 Au n° 16 de cette Rue des BĂ©guines, dans une cour, on aperçoit quelques arcades gothiques qui sont tout ce qui reste de l'ancienne l’Église Saint-Vigor. Au bout de la rue, prendre Ă  droite la Rue des Bons Enfants, puis la deuxiĂšme Ă  droite, la Rue Sainte-Croix des Pelletiers du nom de l'ancienne Ă©glise qui la borde sur la gauche. Cette Ă©glise est dĂ©saffectĂ©e depuis la rĂ©volution, elle a servi de magasin, d’entrepĂŽt et de chai Ă  vin jusque vers 1940 ; elle fut ensuite transformĂ©e en salle de confĂ©rence et de concerts. Aujourd’hui fermĂ©e car devenue vĂ©tuste, elle est en attente d’une nouvelle restauration. Faire demi-tour au niveau de l'Ă©glise et rejoindre la Rue des Bons Enfants pour poursuivre sur la droite Emprunter ensuite la premiĂšre rue sur la gauche, la Rue ÉtoupĂ©e, traverser la Rue Jean Lecanuet et poursuivre en face jusqu'au bout de la rue. Emprunter alors la Rue Saint-Patrice sur la droite puis la Rue de l'AbbĂ© Cochet sur la gauche. À l'angle de la Rue Saint-Patrice et de la Rue AbbĂ© Cochet, se trouve l'Église Saint-Patrice qui est toujours au service du culte. Son intĂ©rieur mĂ©rite une visite, les vitraux du XVIe et XVIIe siĂšcle sont remarquables ainsi que sont autel Ă  baldaquin. AprĂšs la visite, poursuivre votre itinĂ©raire jusqu'au bout de la rue pour rejoindre le Boulevard de la Marne. Traversez le boulevard, prendre Ă  droite puis la deuxiĂšme rue Ă  gauche qui aboutit Ă  la gare SNCF . Face Ă  la gare, prendre la rue Ă  droite, la Rue de la Rochefoucauld qui est bordĂ©e sur sa partie gauche par l'Ă©glise Saint Romain. Celle-ci ne paye pas de mine extĂ©rieurement mais son intĂ©rieur mĂ©rite une visite, il a fait l'objet d'un important programme de restauration au XIXe siĂšcle.'' Au bout de la rue, prendre Ă  droite la Rue du Champ des Oiseaux en descendant vers le boulevard. Traverser Ă  nouveau le boulevard et continuer tout droit dans la Rue Bouvreuil, puis prendre la premiĂšre rue Ă  droite, la rue du Donjon. Emprunter ensuite Ă  gauche la Rue Philippe Auguste puis la Rue Morand Ă  gauche encore et enfin la Rue Faucon tout de suite Ă  droite, Vous passez devant le MusĂ©e de la cĂ©ramique avant de descendre les escaliers qui aboutissent Rue du Baillage que vous empruntez sur la gauche en direction de la Place Restout. Au bout de la Place Restout, emprunter sur la droite la Rue Jacques Villon et faire le tour des deux Ă©glises contiguĂ«s par la Rue Jean Lecanuet puis la Rue Charles Lenepveu. La premiĂšre est l'Église Saint-Godard, qui est toujours au service du culte. La seconde est l'Église Saint-Laurent, qui abrite le MusĂ©e de la ferronnerie Le Secq des Tournelles. Au bout de la Rue Lenepveu, prendre Ă  gauche la Rue du Beffroy, puis la Rue Bouvreuil en montant sur la droite. Emprunter ensuite la premiĂšre rue Ă  droite sur la Place du Dr Alfred CernĂ© puis la premiĂšre Ă  gauche, la Rue du Rempart Bouvreuil pour arriver sur la Rue d'Écosse que vous empruntez sur la droite. Sur la gauche, vous pouvez apercevoir au milieu d'une cour, la chapelle des SƓurs de la Compassion reconvertie en logements. Continuer sur la Rue d'Écosse jusqu'au bout de la rue puis remonter la Rue Beauvoisine sur la gauche. AprĂšs avoir laissĂ© la Rue Dulong sur la droite, vous aller trouver l'entrĂ©e de la cour qui donne accĂšs aux musĂ©es d'Histoire Naturelle et des AntiquitĂ©s qui se partagent les bĂątiments de l’ancien Couvent des Visitandines. 6 Entrer dans cette cour, longer les deux musĂ©es pour arriver dans le petit Square AndrĂ© Maurois oĂč se trouve l’authentique Fontaine de la Croix de Pierre et un chapiteau de l'ancienne Abbaye Sainte-Catherine du Mont. Ressortir du jardin par l'accĂšs opposĂ© en passant sous le portail de l'ancien Couvent des Clarisses transfĂ©rĂ© ici en 1908. Emprunter alors la Rue Louis Ricard sur la droite dans le sens de la descente, puis la premiĂšre rue Ă  droite, la Rue Dulong, puis la Rue du Vert Buisson sur la gauche. Cette rue arrive sur la Place de la Rougemare. Admirez au passage la superbe maison Ă  colombage Ă  l'angle droit de la Rue du Vert Buisson avec la place. Sur la place, prendre Ă  gauche pour dĂ©couvrir la Chapelle Saint-Louis, une ancienne Chapelle des BĂ©nĂ©dictins reconvertie en salle de théùtre. Aller jusqu'au bout de la place et emprunter l'allĂ©e piĂ©tonne devant le restaurant "Les petits parapluies" ; celle-ci vous permet de rejoindre la Rue Louis Ricard que vous traversez pour emprunter la Rue du Bourg l'AbbĂ© juste en face et dĂ©couvrir sur la la gauche la chapelle du lycĂ©e Corneille. Ancienne Ă©glise du collĂšge des JĂ©suites, cette chapelle est le 3e plus grand monument religieux de la ville. Marie de MĂ©dicis vint elle-mĂȘme poser la premiĂšre pierre en 1615. Elle est aujourd'hui reconvertie en salle de concerts. Emprunter la prochaine rue Ă  gauche, la rue des Minimes qui borde le Couvent des BĂ©nĂ©dictines du Saint Sacrement. Prendre ensuite la Rue Caron sur la droite, puis la Rue Coignebert toujours Ă  droite. Suivre la Rue Aimable Floquet Ă  gauche et la Rue Saint-Nicaise Ă  droite Vous arrivez alors Ă  l'Église Saint-Nicaise en partie dĂ©truite en 1934 ; elle fut rapidement reconstruite en bĂ©ton armĂ© entre 1935 et 1940. L'Ă©glise aujourd'hui dĂ©saffectĂ©e devrait accueillir un restaurant et une brasserie en 2023. Contourner l'Ă©glise par la Rue de l’AĂźtre Saint-Nicaise et dĂ©couvrir ce qui reste de l'ancienne Ă©glise qui n'a pas Ă©tĂ© dĂ©truite par l'incendie de 1934. Emprunter la Rue des Requis sur la droite, puis la Rue Orbe sur la gauche. Poursuivre votre parcours jusqu'au bout de la Rue Orbe pour arriver Place de la Croix de Pierre. ArrivĂ© sur la place, prendre la Rue des Capucins Ă  gauche. Sur la gauche des escaliers donnent accĂšs Ă  l'École maternelle Maurice Nibelle l'emprunter pour dĂ©couvrir la mini chapelle funĂ©raire de l'ancien Couvent des Ursulines juste devant l'Ă©cole. En revenant ensuite sur la Rue des Capucins, sur la gauche en haut des escaliers, se trouve la BibliothĂšque municipale des Capucins installĂ©e dans l'ancienne Ă©glise du couvent. Si les portes sont ouvertes allez admirer l'intĂ©rieur. Reprendre votre cheminement en remontant la Rue des Capucins puis emprunter le Passage du Bon Pasteur sur la droite. Ce passage qui chemine entre les immeubles dĂ©bouche sur la Rue Legouy que vous empruntez sur la gauche. Prendre ensuite Ă  droite la Rue de la Cigogne du Mont, aprĂšs avoir laissĂ© la Rue Cantelles Ă  gauche. Descendre les escaliers sur la droite qui aboutissent Rue Sainte-Claire. 7 En bas de la Rue Sainte Claire, sur la gauche se trouve la chapelle de l'ancien Couvent des Clarisses transformĂ©e en habitation. Continuer votre chemin jusqu'au bout de la Rue Sainte-Claire puis emprunter la Rue Saint- Hilaire sur la droite celle-ci vous ramĂšne Ă  la Croix de Pierre. Poursuivre dans la Rue Saint-Vivien qui est dans le prolongement de la Rue Saint-Hilaire. AprĂšs avoir laissĂ© l'Église Saint-Vivien et la place du mĂȘme nom sur la gauche, traversez l'Avenue de la Porte des Champs pour pĂ©nĂ©trer dans les jardins de l'HĂŽtel de Ville, juste en face. Sortir du parc sur le cĂŽtĂ© gauche prĂšs de l'imposante Abbatiale Saint-Ouen prĂšs du portail des marmousets. Si les portes sont ouvertes, entrez dans l'abbatiale son intĂ©rieur surprend par son architecture Ă©lancĂ©e et ses magnifiques rosaces. Traverser la Rue des Faulx pour rejoindre la Rue des Boucheries Saint-Ouen en face, aller jusqu'au bout de la rue et poursuivre par la Rue Damiette qui oblique lĂ©gĂšrement Ă  gauche. La Rue Damiette dĂ©bouche sur la Place BarthĂ©lĂ©my et la magnifique Église Saint-Maclou, chef d’Ɠuvre de l'art gothique flamboyant. Tourner le dos Ă  l'Ă©glise pour rejoindre et traverser la Rue de la RĂ©publique et emprunter la Rue Saint-Romain juste en face. Tourner Ă  droite Ă  la premiĂšre rue, la Rue des Chanoines qui doit ĂȘtre la rue la plus Ă©troite de Rouen ; dans les Ă©tages avec les constructions en encorbellement, les maisons qui bordent la rue sont distantes de quelques centimĂštres. Cette rue dĂ©bouche sur la Rue Saint-Nicolas que vous empruntez sur la gauche juste avant de vous engager dans la Rue Saint-Amand Ă  droite. 8 Juste avant d'arriver sur la place du mĂȘme nom, on dĂ©couvre sur la droite quelques pans de murs qui constituent tout ce qui reste de l'ancienne Abbaye Saint-Amand dĂ©truite au milieu du XIXe siĂšcle. Contourner la place et emprunter la Rue de la ChaĂźne Ă  gauche, prendre ensuite la premiĂšre rue Ă  gauche, la Rue de la Croix de Fer. 9 IncrustĂ© dans l'immeuble situĂ© sur le cĂŽtĂ© gauche, nous pouvons observer les vestiges de l'ancienne Église Saint-Nicolas dont le clocher fut dĂ©montĂ© pour ĂȘtre reconstruit Ă  CottĂ©vrard, un village au Nord de Rouen. Traverser la Rue Saint-Nicolas et poursuivre la Rue de la Croix de Fer jusqu'au bout pour arriver devant les jardins d'Albane au pied de la cathĂ©drale. Prendre Ă  droite puis Ă  gauche pour terminer cette randonnĂ©e D/A. Points de passage D/A km 0 - alt. 22m - DĂ©part place de la cathĂ©drale1 km - alt. 23m - Portail St LĂŽ2 km - alt. 20m - Saint CandĂ© le Jeune3 km - alt. 18m - Église Saint Pierre du ChĂątel4 km - alt. 17m - Tour Saint-AndrĂ©5 km - alt. 23m - Vestiges de l'ancienne Ă©glise Saint Vigor6 km - alt. 44m - Square AndrĂ© Maurois7 km - alt. 20m - Couvent Ste Claire soeurs Clarisses8 km - alt. 22m - Abbaye St Amand9 km - alt. 21m - Vestige de l’ancienne Ă©glise Saint NicolasD/A km - alt. 22m - DĂ©part place de la cathĂ©drale Soyez toujours prudent et prĂ©voyant lors d'une randonnĂ©e. Visorando et l'auteur de cette fiche ne pourront pas ĂȘtre tenus responsables en cas d'accident ou de dĂ©sagrĂ©ment quelconque survenu sur ce visite originale dans le thĂšme, le musĂ©e de la ferronnerie Le Secq des Tournelles dans l'ancienne Ă©glise Saint en savoir plus sur l'histoire des Ă©glises Rouennaise, je recommande la lecture du livre publiĂ© par l'association "Les Amis de Monuments Rouennais" en 2017 "Eglises et chapelles de Rouen un patrimoine Ă  RedĂ©couvrir". Les descriptions et la trace GPS de ce circuit restent la propriĂ©tĂ© de leur auteur. Ne pas les copier sans son autorisation.
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DeuxiĂšmepartie – Les bombardements de 1944 sur Le Havre et leur inscription dans le contexte normand Stephen Bourque – Chapitre 6 : La « semaine rouge », avant et aprĂšs : les bombardements sur Rouen de mai-juin 1944 Andrew Knapp – Chapitre 7 : Des bombardements sur les champs de bataille normands : du dĂ©barquement au siĂšge du Havre
Un nouveau lieu place du 19 avril 1944, face au Socrate, le Citizen café. Le lieu est trÚs réussi, déco agréable, jolie musique, banquette, table basse, table et table haute, il y en a pour tous les goûts. On y mange sandwichs et salades, des tartes salées et sucrées. On y boit aussi de bons cafés, travaillés, parfumés. La jolie terrasse est soignée, mobilier traditionnel, mais attention, on se sert au comptoir. On y trouve tout ce qui fait la mode ! Boisson Vitamin water hors formule, les bougies Diptyque, un soupçon d'Ikéa et du béton brut !! Le plateau ci-dessous, 10,50 euros avec le café qu'on ne voit pas. Un peu cher mais bon. L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.
Le19 avril bombes sont larguĂ©es sur Rouen et son agglomĂ©ration, faisant 900 morts et 20 000 sinistrĂ©s. La place avec en son centre une fontaine oĂč trone une sculpture symbolisant la dĂ©solation commĂ©more cette dramatique journĂ©e. Rouen Normandy Tourism & Congress. Menu. Blog; Rouen Cathedral live; Agenda of Rouen events; Tourist Informations Points. Rouen
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Le19 mai 2022 au sujet de Agences immobiliÚres Expérience prouvée le 1 avril 2022 avec justificatif Professionnalisme de l'agent- bonne réactivité dans la mise en place du projet de vente Avis par Immodvisor
Cette deuxiĂšme page sur la cathĂ©drale de Rouen propose des photos du baptistĂšre, une introduction sur l'architecture de l'Ă©lĂ©vation de la nef, notamment la façon Ă©lĂ©gante dont l'architecte du XIIIe siĂšcle a traitĂ© le problĂšme de la suppression des tribunes. On trouve aussi un historique des vitraux de la cathĂ©drale, de nombreuses photos des chapelles latĂ©rales nord et sud, des photos des vitraux créés par l'atelier de Guillaume Barbe dans la seconde moitiĂ© du XVe siĂšcle. Le grave problĂšme des vitraux du XVe volĂ©s Ă  la fin du XIXe ou au dĂ©but du XXe siĂšcle, qui mĂ©rite d'ĂȘtre connu, est expliquĂ© dans un encadrĂ© particulier. Enfin, la prĂ©sence du priant de Claude Groulard, dans la chapelle sud Saint-Étienne-la-Grande-Église est l'occasion d'une rĂ©flexion sur la conversion d'Henri IV en 1593. Grandes parties de cette page Le baptistĂšre de la cathĂ©drale Le collatĂ©ral NORD et ses chapelles Le collatĂ©ral SUD et ses chapelles LE BAPTISTÈRE DE LA CATHÉDRALE TOUR SAINT-ROMAIN Le baptistĂšre se situe dans la salle basse de la tour Saint-Romain. C'est le lieu le plus ancien de la cathĂ©drale milieu du XIIe siĂšcle. On ignore Ă  quoi servait cette salle basse quand elle a Ă©tĂ© créée. Était-ce une voie d'accĂšs de prestige? Certains murs devaient-ils ensuite ĂȘtre creusĂ©s pour accueillir un portail? Les spĂ©cialistes s'interrogent. Les murs de la piĂšce accusent quand mĂȘme plus de 2,50 mĂštres d'Ă©paisseur et les chapiteaux qu'on y trouve n'ont aucun aspect religieux. C'est en 1911 qu'on dĂ©cida d'y transfĂ©rer les fonts baptismaux de la cathĂ©drale. LE COLLATÉRAL NORD ET SES CHAPELLES L'Ă©lĂ©vation nord Ă  quatre niveaux et ses chapelles latĂ©rales. Chapiteau Ă  la retombĂ©e des voĂ»tes dans le baptistĂšre. En haut, un lion poursuit un chien. Vierge Ă  l'Enfant dans le baptistĂšre. XVIIe siĂšcle - XVIIIe siĂšcle. Les collatĂ©raux et leurs chapelles. La photo ci-contre montre toute l'Ă©lĂ©gance de l'Ă©lĂ©vation Ă  quatre niveaux de la nef de la cathĂ©drale Notre-Dame. L'arcature des deux premiers niveaux est presque identique arcades brisĂ©es Ă  plusieurs ressauts moulurĂ©s et portĂ©es par des piles entourĂ©es de colonnettes. Le deuxiĂšme niveau, celui des fausses tribunes, est ouvert sur la nef. L'impression d'Ă©lancement est accentuĂ©e par la prĂ©sence d'un faisceau de cinq colonnettes sur chaque pile, faisceau qui gagne la retombĂ©e des voĂ»tes pratiquement sans interruption. L'anneau de feuillage qui orne ces colonnettes au niveau des grandes arcades ne crĂ©e pas vraiment d'effet de rupture. Si la nef est Ă©levĂ©e assez rapidement aprĂšs l'incendie de l'an 1200, il faut attendre les annĂ©es 1270 pour que, sous le pression des confrĂ©ries et des corporations, l'archevĂȘque Eudes Rigaud 1247-1275 lance la construction des chapelles latĂ©rales nord et sud. Selon le processus habituel, elles sont bĂąties entre les culĂ©es des arcs-boutants, les murs gouttereaux Ă©tant reculĂ©s de quatre mĂštres. Les chapelles latĂ©rales nord que l'on voit ci-contre sont d'origine. Celles du cĂŽtĂ© sud, Ă  l'exception de la chapelle Sainte-Catherine, ont Ă©tĂ© dĂ©truites en avril 1944, et reconstruites. Plan de la cathĂ©drale. Les vitraux de la cathĂ©drale de Rouen. Contrairement Ă  la cathĂ©drale d'Amiens, la cathĂ©drale de Rouen possĂšde une belle collection de vitraux, du XIIIe au XXe siĂšcle. Au cours de la construction, dĂšs le dĂ©but du XIIIe siĂšcle, les verriĂšres sont posĂ©es Ă  mesure que les travaux progressent. À partir de 1270, la crĂ©ation des chapelles latĂ©rales entre les culĂ©es des arcs-boutants nĂ©cessite la dĂ©pose de ces vitraux. Cependant, les baies des chapelles, qui ont quatre lancettes, ne correspondent pas Ă  la forme initiale des verriĂšres. Pour la repose, il faut donc retailler et ajuster, ce qui ne se fait pas sans perte, ni crĂ©ations malheureuses de patchworks. L'Ă©difice s'enrichit ensuite de vitraux dans le transept, le dĂ©ambulatoire et les autres chapelles selon les offrandes des donateurs et le style artistique en vogue. AprĂšs la guerre de Cent Ans, le chapitre dĂ©cide de changer tous les vitraux de la nef. C'est l'atelier du maĂźtre verrier rouennais Guillaume Barbe qui sera chargĂ© de la tĂąche. Arrivent le XIXe siĂšcle et l'incendie de 1822. Le bas-cĂŽtĂ© sud est endommagĂ© et l'on finit par examiner les verriĂšres de prĂšs. Bien qu'ayant peu souffert du feu, celles du cĂŽtĂ© sud sont dans un Ă©tat dĂ©plorable. En effet, sur ce cĂŽtĂ©, accolĂ©es au mur, se dressent diverses masures privĂ©es. Au fil des siĂšcles, leur proximitĂ© a provoquĂ© des infiltrations d'eau et plongĂ© tout le bas-cĂŽtĂ© -»» 2/3 Les vitraux de la cathĂ©drale de Rouen. 3/3 -»» Le musĂ©e des AntiquitĂ©s de la Seine-InfĂ©rieure se met alors sur les rangs. Ce qui va faire empirer les choses car il veut constituer sa propre collection de vitraux ! You Renaud est chargĂ© d'utiliser des tĂȘtes de fragments rĂ©cupĂ©rĂ©s et de les insĂ©rer dans des montages faits avec des bouts de vitraux venant d'autres Ă©glises de la ville. On appelle cela une collection faite de bric et de broc... Dans l'ouvrage du Corpus Vitrearum citĂ© en source, Caroline Blondeau Ă©crit, non sans amertume Ces panneaux, encore en place au musĂ©e, ont Ă©tĂ© assemblĂ©s sans aucune volontĂ© ni souci archĂ©ologique et tĂ©moignent du peu de cas que l'on attribuait Ă  ces fragments qui devaient attendre dans une caisse Ă  la cathĂ©drale.» En 1858, enfin, une grande campagne de restauration est lancĂ©e. On dĂ©cide de restaurer superficiellement la majoritĂ© des vitraux des bas-cĂŽtĂ©s et d'en changer quelques autres. C'est le maĂźtre verrier Jules Boulanger qui est chargĂ© de cette tĂąche. Prend alors place un dĂ©bat typique, en France, de la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, sur le but de la restauration faut-il remettre l'Ɠuvre dans son Ă©tat primitif ou faut-il en respecter les modifications intervenues au cours des siĂšcles? Ce dĂ©bat, concernant de prĂšs le bas-cĂŽtĂ© sud, est dĂ©veloppĂ© dans un encadrĂ©. Toujours est-il que Jules Boulanger va dĂ©poser beaucoup de vitraux d'origine qui seront d'ailleurs volĂ©s par la suite - voir l'encadrĂ©, et replacer des copies dans les baies des chapelles. Une premiĂšre dĂ©pose de protection a lieu en 1918. En 1939, tous les vitraux anciens Ă  l'exception des bordures et des grisailles sont mis en caisses et expĂ©diĂ©s au donjon de Niort. Les copies rĂ©alisĂ©es par Boulanger au XIXe resteront en place. Elles seront pulvĂ©risĂ©es par les bombardements d'avril 1944. AprĂšs la guerre, les vitraux rĂ©intĂšgrent progressivement la cathĂ©drale. Certains seront complĂ©tĂ©s par la crĂ©ations modernes de l'atelier Max Ingrand. L'Ă©difice accueillera mĂȘme des vitraux de l'ancienne Ă©glise Saint-Vincent dĂ©truite elle aussi en 1944 dans la chapelle de la Vierge et Ă  la tour Saint-Romain. Source Le vitrail Ă  Rouen, 1450-1530, L'escu de voirre» de Caroline Blondeau. Corpus Vitrearum, © Presses Universitaires de Rennes 2014. CHAPELLE LATÉRALE NORD SAINT-ÉLOI ET LES VITRAUX DE L'ATELIER BARBE 1470 Chapelle nord Saint-Éloi. Saint Jean-Baptiste dans la chapelle Saint-Éloi. -»» La chapelle Saint-Éloi comprend un vitrail Ă  quatre lancettes, datĂ© de l'annĂ©e 1470, dont l'origine est discutĂ©e. Les panneaux sont parfois mal arrangĂ©s. Dans le saint Jean-Baptiste donnĂ© ci-dessus, le panneau du bas est montĂ© Ă  l'envers. Enfin, dans le saint Nicolas donnĂ© Ă  droite, les panneaux du haut et du bas ne correspondent pas la prĂ©sence d'une gargouille montre que le panneau du bas Ă©tait destinĂ© Ă  un saint Romain. L'arriĂšre-plan en bleu dans le saint Jean-Baptiste, en vert dans le saint Nicolas est constituĂ© d'un beau damas Ă  thĂšme floral. Ce style de damas Ă©tait une spĂ©cialitĂ© de l'atelier des Barbe, l'Écu de verre. Le vitrail prĂ©sente des restaurations et de nombreux bouche-trous. Il est attribuĂ© par le Corpus Vitrearum Ă  l'atelier de Guillaume Barbe annĂ©e 1470. Et rien n'indique qu'il soit de la main mĂȘme de Guillaume Barbe. Sources 1 Le vitrail Ă  Rouen, 1450-1530, L'escu de voirre» de Caroline Blondeau. Corpus Vitrearum, © Presses Universitaires de Rennes 2014 ; 2 Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions 2001. SAINT ÉLOI, SAINT LAURENT, SAINT JEAN-BAPTISTE ET SAINT NICOLAS. Bandeau du vitrail de la chapelle Saint-Éloi rĂ©alisĂ© par l'atelier Barbe, 1470. Baie 47. CHAPELLE LATÉRALE NORD SAINT-JULIEN La Crucifixion» Tableau de Michel de Joncquoy, 1588. Chapelle Saint-Julien. SAINT MICHEL, SAINT JULIEN, SAINT GUILLAUME ET SAINTE GENEVIÈVE. Bandeau du vitrail de la chapelle nord Saint-Julien Atelier Barbe, 1468-1469, Baie 49. L'atelier Barbe Ă  Rouen. En 2014, le Corpus Vitrearum a consacrĂ© une Ă©tude exhaustive Ă  l'atelier Barbe thĂšse de doctorat en histoire de l'art de Caroline Blondeau. Les Barbe, c'est une famille de peintres verriers rouennais, une dynastie» qui rappelle celles des Le Prince Ă  Beauvais et des MacadrĂ© Ă  Troyes. Le chapitre de la cathĂ©drale de Rouen avait en permanence besoin d'un maĂźtre verrier pour l'entretien et la rĂ©paration des vitraux en place. Cette charge fut confiĂ©e, dĂšs le dĂ©but du XVe siĂšcle, Ă  Robert Auguy, qui la transmit Ă  son fils. En 1456, elle passa Ă  un parent Ă©loignĂ©, Guillaume Barbe, qui la transmettra lui-mĂȘme Ă  son fils Jean. Enfin, c'est le gendre de Jean, Olivier Tardif, puis NoĂ«l, le fils d'Olivier, qui l'occuperont jusqu'en 1577. Cette date correspond Ă  la mort de NoĂ«l. Celui-ci n'ayant ni descendant, ni parent dans le mĂ©tier, le chapitre s'adressa Ă  un autre atelier et la dynastie des Barbe prit fin. Auguy-Barbe-Tardif il s'agit donc d'une mĂȘme famille appelĂ©e par le chapitre Ă  l'entretien des vitraux. Cette relation d'affaire a passĂ© le temps sans contrat Ă©crit entre les chanoines et l'atelier des Barbe, l'Écu de verre. Les historiens n'ont rien retrouvĂ© Ă  ce propos. L'atelier Ă©tait situĂ© dans l'actuelle rue Saint-Romain, presque en face du portail des Libraires, dans la paroisse Saint-Nicolas-le-Painteur juste au nord de la cathĂ©drale. Au XVe siĂšcle, ce quartier fut un grand foyer de crĂ©ation artistique rouennaise. On y trouvait des peintres, des peintres verriers, des enlumineurs et des libraires. Outre l'atelier, les serviteurs» des Barbe disposaient d'un local dans la tour Saint-Romain, local qui sera ensuite dĂ©placĂ© dans le fameux pont entre la tour et la cathĂ©drale. Si les Barbe Ă©taient chargĂ©s de l'entretien des vitraux, nul n'avait cependant obligation de passer par eux pour les crĂ©ations. Ils obtinrent quand mĂȘme, dans la dĂ©cennie 1460, la charge de renouveler toute la vitrerie des bas-cĂŽtĂ©s. En revanche, en 1521, la confrĂ©rie de Saint-Romain s'adressa ailleurs pour la crĂ©ation des magnifiques vitraux Renaissance de la vie et du panĂ©gyrique de saint Romain, dans le transept sud. Puis, en 1528, c'est la confrĂ©rie Notre-Dame-du-Jardin qui sollicitera le trĂšs cĂ©lĂšbre atelier des Le Prince, Ă  Beauvais, pour la vitrerie de sa chapelle. Cette page, Ă  travers les photos des chapelles nord, donne un aperçu du talent artistique de l'Ă©cu de verre. Pour les crĂ©ations des chapelles sud, en revanche, le sort sera plus funeste voir plus bas. Ainsi, obtenir des contrats ne coulait pas de source pour l'atelier des Barbe et il eut souvent Ă  souffrir d'un manque d'aisance financiĂšre. La famille venait d'un milieu paysan assez modeste, ce qui peut expliquer ces difficultĂ©s. MĂȘme si elle jouissait d'une excellente rĂ©putation Ă  Rouen - les Tardif masqueront d'ailleurs leur nom derriĂšre celui, plus glorieux, des Barbe -, la concurrence ne manquait pas, que ce soit au plan local ou rĂ©gional. On compte sept ateliers en activitĂ© Ă  Rouen entre 1490 et 1500, dont celui de Michel TrouvĂ© qui travaille sur la paroisse de Saint-Maclou. Il y en aura douze aprĂšs 1510. D'aprĂšs les sources, la reprise Ă©conomique de l'aprĂšs-guerre de Cent Ans, qui assura une certaine prospĂ©ritĂ© aux habitants, ne suffit pas Ă  garantir la stabilitĂ© financiĂšre de l'atelier. Les choses changeront Ă  la fin du XVe siĂšcle quand Jeanne, fille de Jean Barbe, Ă©pousera Olivier Tardif. Cette alliance avec la famille Tardif, milieu de bouchers aisĂ©s, non seulement renforcera les finances de l'Ă©cu de verre, mais lui fera bĂ©nĂ©ficier du statut privilĂ©giĂ© d'Olivier. Celui-ci semble en effet dĂ©signĂ©, dans les documents d'Ă©poque, comme l'un des notables bourgeois» de la ville. Source Le vitrail Ă  Rouen, 1450-1530, L'escu de voirre» de Caroline Blondeau. Corpus Vitrearum, © Presses Universitaires de Rennes 2014. La chapelle Saint-Julien possĂšde un grand vitrail Ă  quatre lancettes attribuĂ© Ă  l'atelier de Guillaume Barbe annĂ©es 1468-1469, dont le bandeau est donnĂ© ci-dessus. Les deux saints Ă©vĂȘques, Julien et Guillaume, sont presque illisibles. On voit nĂ©anmoins que leur visage a Ă©tĂ© créé avec le mĂȘme carton. Le vitrail est trĂšs abĂźmĂ©, et le saint Michel terrassant le dragon s'en sort le mieux. On note de nombreuses restaurations et des bouche-trous. Source voir la chapelle nord Saint-Éloi. L'archange Saint Michel dans la chapelle Saint-Julien. Atelier de Guillaume Barbe, 1468-1469. L'ARCHITECTURE DES COLLATÉRAUX ET LES FAUSSES TRIBUNES Le collatĂ©ral sud et sa belle suite de quillages de colonnettes. Saillie triangulaire recevant, au-dessus et au-dessous, des colonnettes. L'architecture des collatĂ©raux et les fausses tribunes. La physionomie des bas-cĂŽtĂ©s de la cathĂ©drale mĂ©rite un dĂ©veloppement particulier. L'allure gĂ©nĂ©rale en est donnĂ©e par la photo ci-dessus. À l'origine derniĂšres annĂ©es du XIIe siĂšcle, la nef est construite avec une Ă©lĂ©vation Ă  quatre niveaux. Pour ce qui est du collatĂ©ral, le premier niveau est le bas-cĂŽtĂ© proprement dit, le deuxiĂšme correspond aux tribunes. La voĂ»te d'ogives que l'on voit ci-dessus est celle des tribunes, mais celles-ci n'ont pas de plancher» parce qu'il n'a jamais Ă©tĂ© bĂąti. Les sources, qui sont nombreuses sur cet aspect des bas-cĂŽtĂ©s, indiquent que le maĂźtre d'Ɠuvre de l'Ă©poque a vraisemblablement disposĂ© des sommiers» destinĂ©s Ă  recevoir les retombĂ©es des voĂ»tes de ces fameuses tribunes. Les chapiteaux des grosses piles, quant Ă  eux, devaient recevoir les retombĂ©es de la voĂ»te situĂ©e sous les tribunes. L'incendie de l'an 1200 va bouleverser ces plans. Le nouveau maĂźtre d'Ɠuvre, Jean d'Andeli, reconnu par les historiens comme un homme de grande capacitĂ©, dĂ©cide de supprimer les tribunes. Et il le fait avec ingĂ©niositĂ©, sans dĂ©molir ce qu'a fait son prĂ©dĂ©cesseur mĂȘme si les sommiers» ont dĂ» ĂȘtre rognĂ©s. Les baies des tribunes sont bien sĂ»r bĂąties c'est le deuxiĂšme niveau de l'Ă©lĂ©vation dans la nef, mais pas le niveau horizontal qui leur correspond et qui sert de passage au-dessus des bas-cĂŽtĂ©s. Toutefois un problĂšme se pose jusqu'oĂč faire redescendre les retombĂ©es des voĂ»tes des tribunes? Jusqu'au tailloir des colonnes qui devait recevoir la retombĂ©e des voĂ»tes du bas-cĂŽtĂ©, comme Ă  l'Ă©glise d'Eu oĂč les tribunes ont aussi Ă©tĂ© supprimĂ©es? Jean d'Andeli choisit un parti plus compliquĂ©, mais aussi beaucoup plus Ă©lĂ©gant. Il arrĂȘte les retombĂ©es de la voĂ»te des tribunes sur une petite plate-forme triangulaire en large saillie, embellie par une moulure ornĂ©e de fleurs et de tĂȘtes de bonshommes photo ci-contre. De la sorte, il peut amĂ©nager un passage de circulation tout le long du bas-cĂŽtĂ© au-dessus des grandes arcades car cette plate-forme triangulaire permet de contourner la pile. Les constructeurs normands apprĂ©ciaient beaucoup ces voies de circulation et les multipliaient dans leurs Ă©glises. Au-dessus de la saillie triangulaire, il dispose des colonnettes en dĂ©lit qui s'accrochent au mur par l'intermĂ©diaire de bagues. Et pour relier cette saillie au chapiteau du dessous qui devait recevoir la retombĂ©e des voĂ»tes du bas-cĂŽtĂ©, il crĂ©e un trĂšs pittoresque quillage de cinq colonnettes, enjolivĂ©es par une bague Ă  mi-hauteur, elle-mĂȘme reliĂ©e au mur par une tige de mĂ©tal. On peut d'ailleurs observer quelques variantes puisque, dans les quillages du cĂŽtĂ© nord, les deux colonnettes externes s'arrĂȘtent Ă  mi-hauteur descendante photo ci-contre. Pour la robustesse de l'Ă©difice, il est clair que cet appareillage n'a aucune utilitĂ©. Il faut cependant reconnaĂźtre que l'enfilade de ces quillages sur toute la longueur du collatĂ©ral photo ci-dessus crĂ©e un impressionnant effet artistique qui mĂ©rite toute l'attention du visiteur. C'est Ă  la cathĂ©drale de Rouen et ce n'est nulle part ailleurs. Sources 1 Rouen, Primatiale de Normandie, Ă©ditions La NuĂ©e Bleue, collection La GrĂące d'une cathĂ©drale» ; 2 CongrĂšs archĂ©ologique de France, 89e session tenue Ă  Rouen en 1926, article La cathĂ©drale de Rouen par Marcel Aubert. Colonnettes au-dessous de la saillie triangulaire, une variante. Chapiteau Ă  la base du quillage dans le collatĂ©ral nord. Chapiteau Ă  la base du quillage dans le collatĂ©ral nord. CHAPELLE NORD SAINT-SEVER ET LES BELLES VERRIÈRES» Vitrail des Belles VerriĂšres annĂ©es 1200 Ă  1230 et des scĂšnes de la Passion de l'atelier de Guillaume Barbe annĂ©es 1460. Chapelle Saint-Sever, Baie 51. Les Belles VerriĂšres» dans la chapelle Saint-Sever annĂ©es 1200 Ă  1230, Baie 51. À DROITE, Chapelle Saint-Sever, baie 51. -»»» La LĂ©gende de saint Sever dans les Belles VerriĂšres 1220-1230. En haut, saint Sever reçoit un messager avant d'ĂȘtre sacrĂ© Ă©vĂȘque ; Au centre, les enfants de Job s'enfuient ; En bas, saint Sever, Ă©vĂȘque d'Avranches, prĂȘche devant son peuple. La chapelle Saint-Sever prĂ©sente une partie des vitraux primitifs posĂ©s avant la construction des chapelles latĂ©rales. Ils datent des annĂ©es 1200 Ă  1230. On les a appelĂ©s, dĂšs le XIVe siĂšcle, les Belles VerriĂšres». Sous la pression des corporations, le chapitre, dans les annĂ©es 1270, lance la construction des chapelles de la nef. Il faut dĂ©poser ces Belles VerriĂšres et les rĂ©insĂ©rer, non sans peine, dans des fenĂȘtres de taille diffĂ©rente accueillant des baies Ă  quatre lancettes. La partie basse des lancettes de la chapelle Saint-Sever ne recevait aucun de ces fameux panneaux du XIIIe siĂšcle, anticipant en cela sur la prĂ©sence d'un cloĂźtre qui ne sera jamais construit. Dans les annĂ©es 1460, le chapitre, dĂ©sireux de conserver les Belles VerriĂšres, chargea l'atelier Barbe de crĂ©er un complĂ©ment pour les parties basses. Pour Saint-Sever, celui-ci choisit des scĂšnes de la Passion Portement de croix, Crucifixion, Descente de croix et PiĂ©ta, sans respect pour le registre du dessus le haut de la croix empiĂšte largement sur le panneau du XIIIe siĂšcle voir ci-contre Ă  gauche. Les Belles VerriĂšres de la chapelle Saint-Sever sont datĂ©es des annĂ©es 1200 Ă  1230. Elles illustrent des scĂšnes de la vie de saint Nicolas, de sainte Catherine, du saint evĂȘque Sever de Ravenne, du saint Ă©vĂȘque Sever d'Avranches et des scĂšnes de la vie de Job. Ces vitraux souffrent de nombreuses restaurations et de bouche-trous. Source Corpus Vitrearum voir la chapelle nord Saint-Éloi. Le Christ dans la Crucifixion de Guillaume Barbe. Chapelle Saint-Sever. Vitrail des Belles VerriĂšres la LĂ©gende de saint Sever. Ayant appris sa mort imminente, saint Sever de Ravenne se couche dans son tombeau entre sa femme et sa fille vers 1220-1230. Vitrail des Belles VerriĂšres la LĂ©gende de saint Sever. Saint Sever, Ă©vĂȘque d'Avranches, nourrit les affamĂ©s. vers 1220-1230. ScĂšnes de la Passion du Christ par l'atelier de Guillaume Barbe 1468-1469. Cette verriĂšre a Ă©tĂ© refaite en trĂšs grande partie. Chapelle Saint-Sever. Saint Paul devant le roi Agrippa II et sa 'reine-sƓur' BĂ©rĂ©nice» Tableau anonyme du XVIIe siĂšcle dans la chapelle Saint-Sever. Le vitrail de la Passion créé par l'atelier Barbe, vers 1468-1469, pour boucher le bas du vitrail de la chapelle Saint-Sever, a subi de nombreuses restaurations. Rares sont les tĂȘtes qui ne sont pas refaites. La premiĂšre lancette, celle du Portement de croix, est trĂšs bien conservĂ©e, quoique, Ă  l'Ă©vidence, le visage du Christ ne soit pas d'origine. Le reste de la lancette a seulement Ă©tĂ© restaurĂ©. On peut ainsi observer de prĂšs, dans les expressions de Marie, de Jean, de la sainte femme et des deux soldats romains, le travail de l'atelier Barbe Ă  la fin des annĂ©es 1460. Deux extraits en gros plan en sont donnĂ©s ci-dessous. Dans la Crucifixion 2e lancette, seul le visage du Christ et son expression de douleur sont du XVe siĂšcle voir ci-dessus Ă  gauche. Dans la Descente de croix 3e lancette, les visages de Joseph d'Arimathie sur l'Ă©chelle avec un bonnet bleu et de NicodĂšme au bas de l'Ă©chelle avec un bonnet rouge sont d'Ă©poque. Le reste a Ă©tĂ© refait. Enfin, dans la PiĂ©ta Ă  droite, le buste du Christ et son visage donnĂ© ci-dessous sont bien de l'atelier Barbe. Le reste a Ă©galement Ă©tĂ© refait. Source Corpus Vitrearum voir la chapelle nord Saint-Éloi. CHAPELLE NORD SAINTE-AGATHE Dans la chapelle Sainte-Agathe figurent quelques beaux morceaux de l'art de Guillaume Barbe. Le vitrail Ă  quatre personnages, de 1468, comprend une scĂšne du martyre de sainte Agathe avec un bourreau au visage plus vrai que nature. Il est rendu soigneusement laid avec verrue et bosse. Le visage de la sainte est en revanche un ajout postĂ©rieur assez grossier qui jure avec le magnifique travail Ă  -»» Sainte Agathe. Atelier de Guillaume Barbe, 1468. Statue de saint Nicaise. Fin du XVIe, dĂ©but du XVIIe siĂšcle. Saint SĂ©bastien. Atelier de Guillaume Barbe, 1468. -»» la brosse qui transparaĂźt dans celui du bourreau. Le Saint SĂ©bastien» 4e lancette est considĂ©rĂ© comme une Ɠuvre d'origine. Le beau visage rĂ©signĂ© et douloureux du saint est donnĂ© en gros plan ci-dessous. Source Corpus Vitrearum voir la chapelle Saint-Éloi. Les pĂȘcheurs Tableau anonyme dans la chapelle Sainte-Agathe. CHAPELLE NORD SAINT-NICOLAS Statue de sainte CĂ©cile. ƒuvre du sculpteur Clodion, 1777. La Mort de sainte CĂ©cile» par Blazes XIXe siĂšcle. La chapelle nord Saint-Nicolas propose le type de vitrail commun aux chapelles latĂ©rales nord quatre grands personnages en bandeau dans la partie basse, le reste Ă©tant un complĂ©ment grillagĂ© avec de petits motifs gĂ©omĂ©triques créé par l'atelier Gaudin 1960. Le vitrail a Ă©tĂ© restaurĂ©, notamment les visages de la Vierge et de l'Enfant dans la derniĂšre lancette. En revanche, les deux premiĂšres Marguerite et Madeleine mĂ©ritent un gros plan. Marguerite est accompagnĂ©e d'un trĂšs beau dragon qui s'avoue vaincu par les priĂšres de la sainte. -»» 2/2 SAINTE MARGUERITE, SAINTE MADELEINE, SAINT NICOLAS, VIERGE À L'ENFANT. Bandeau du vitrail de la chapelle Saint-Nicolas Atelier de Guillaume Barbe, 1466. Baie 43. 2/2 -»» Dans son ouvrage du Corpus Vitrearum, Caroline Blondeau nous apprend que le motif Ă©laborĂ© derriĂšre sainte Marguerite est un unicum composĂ© d'un enchevĂȘtrement de feuilles et de fruits peint en grisaille et jaune d'argent sur verre bleu» voir ci-contre Ă  gauche. La chapelle, fermĂ©e par un belle grille du XVIIIe siĂšcle, comprend aussi une statue et un soubassement d'autel dĂ©diĂ©s Ă  sainte CĂ©cile. Source voir la chapelle nord Saint-Éloi. Sainte Marie Madeleine 1466. Atelier de Guillaume Barbe, 1466. Beau damas Ă  nuances de verts Ă  l'arriĂšre-plan, ici un motif classique de l'atelier de Guillaume Barbe. Vierge Ă  l'Enfant» École de Provence, XVIIe siĂšcle. CHAPELLE NORD SAINT-JEAN-DE-LA-NEF Les Belles verriĂšres», XIIIe siĂšcle. Chapelle Saint-Jean-de-la-Nef. En haut Saint Étienne se dĂ©fend contre ses accusateurs. Les deux panneaux au-dessous constituent la signature des corporations qui ont offert des vitraux Ă  la cathĂ©drale charpentiers, bĂątisseurs d'Ă©glises et mĂ©gissiers au travail. La chapelle Saint-Jean-de-la-Nef contient la seconde partie des vitraux du dĂ©but du XIIIe siĂšcle, dits Les Belles VerriĂšres». Ils illustrent des scĂšnes de la vie de saint Jean-Baptiste, sainte Catherine, saint Nicolas et saint Étienne. Parmi ces panneaux figurent deux illustrations originales celles des corps de mĂ©tier qui ont offert des vitraux Ă  la cathĂ©drale les charpentiers, les bĂątisseurs d'Ă©glises et les mĂ©gissiers c'est-Ă -dire les tanneurs de peaux. Ces deux panneaux sont donnĂ©s dans le vitrail ci-dessus. Les mĂ©gissiers sont bien visibles dans le panneau du bas, partie infĂ©rieure. Comme Ă  la chapelle Saint-Sever vue plus haut, le chapitre a demandĂ© Ă  Guillaume Barbe, en 1468, de remplir la partie basse du vitrail, jusqu'alors inutilisĂ©. Le maĂźtre verrier a optĂ© pour des scĂšnes de la vie de saints et de saintes vĂ©nĂ©rĂ©s par les confrĂ©ries qui occupaient la chapelle Jean-Baptiste et Marie-Madeleine. On a ainsi la dĂ©collation de Jean-Baptiste ; le repas chez Simon ; les saintes femmes au tombeau et un Noli me tangere. Malheureusement, cette partie basse du XVe siĂšcle est la plus fragmentaire des vitraux des bas-cĂŽtĂ©s. On s'en aperçoit aisĂ©ment dans la photo ci-contre Ă  gauche. Elle compte de nombreux bouche-trous, des restaurations et des ajouts postĂ©rieurs. NĂ©anmoins quelques visages intĂ©ressants subsistent du XVe siĂšcle. On donne Ă  droite le beau visage du Christ dans le Noli me tangere, visage qui n'a pas Ă©tĂ© retouchĂ©. Source voir la chapelle nord Saint-Éloi. LE COLLATÉRAL SUD ET SES CHAPELLES Histoire des vitraux du collatĂ©ral sud, XIXe siĂšcle. Caroline Blondeau, dans son ouvrage sur l'escu de voirre» [cf source] a dĂ©veloppĂ© un aspect historique passionnant pour tous ceux qui s'intĂ©ressent aux polĂ©miques que les choix artistiques peuvent provoquer Ă  travers les Ăąges. Nous sommes au XIXe siĂšcle, sous la Restauration. La prĂ©sence de maisons Ă  proximitĂ© immĂ©diate du cĂŽtĂ© sud de la cathĂ©drale entraĂźne, depuis des siĂšcles, une dĂ©gradation lente des vitraux Ă  cause de l'humiditĂ© et des infiltrations d'eau. AprĂšs des atermoiements et des essais de restauration, nous arrivons sous le Second Empire. Le ministĂšre du Culte lance en 1858 une campagne de restauration gĂ©nĂ©rale des fenĂȘtres de la cathĂ©drale. Elle ne dĂ©marrera que dix ans plus tard, menĂ©e par les architectes diocĂ©sains BarthĂ©lĂ©my et Desmarets et sous la supervision d'EugĂšne Viollet-le-Duc. Le devis prĂ©voit une restauration superficielle» de tous les vitraux des bas-cĂŽtĂ©s. Hormis les Belles VerriĂšres du XIIIe siĂšcle, ils sont tous du XVe et de l'atelier de Guillaume Barbe. Le peintre verrier Jules Boulanger est chargĂ© de la tĂąche. Ce qu'Ă©crit alors Caroline Blondeau donne une idĂ©e du dĂ©sastre qui va suivre Si Ă  l'heure actuelle, la restauration se fonde sur le respect de la substance ancienne et s'arrĂȘte lĂ  oĂč commence l'hypothĂšse, la conception des architectes diocĂ©sains et par eux celle de Viollet-le-Duc consistait Ă  restituer l'Ɠuvre dans son Ă©tat primitif, telle qu'elle a Ă©tĂ© conçue ou telle qu'elle devait ĂȘtre en la dĂ©barrassant de toutes les modifications accumulĂ©es au fil des siĂšcles.» Ce qui veut dire retrouver les verriĂšres du XIIIe siĂšcle de la nef, sans respect de l'apport du XVe. Ajoutons ici que c'est parfois mĂȘme pis. La citĂ© de Carcassonne, restaurĂ©e par Viollet-le-Duc, en est l'exemple le plus connu. Le maĂźtre ne reculait pas devant les incohĂ©rences historiques. Il a reconstruit tout ce qui avait Ă©tĂ© bĂąti dans le passĂ©, Ainsi, pour rester sur -»» ÉlĂ©vations sud Ă  quatre niveaux. Hormis les vitraux de Max Ingrand qui resplendissent dans la partie basse, cette photo montre le triforium. C'est ici un Ă©troit passage bordĂ© par une balustrade formĂ©e d'arcatures en arc brisĂ©. Dans les deux travĂ©es prĂšs du chƓur, le triforium change d'aspect. C'est une claire-voie trĂšs ajourĂ©e qui rappelle fortement le triforium de Saint-Ouen. Histoire des vitraux du collatĂ©ral sud, XIXe siĂšcle suite et fin -»» Carcassonne, si une tour de la citĂ© n'a vu le jour qu'aprĂšs la destruction de sa voisine, Viollet-le-Duc a fait reconstruire les deux cĂŽte Ă  cĂŽte. Et tant pis pour la rĂ©alitĂ© historique ! Caroline Blondeau expose ensuite l'objet du scandale Lorsque le vitrail ancien est jugĂ© trop altĂ©rĂ©, Jules Boulanger est ainsi chargĂ© de recrĂ©er l'Ɠuvre telle qu'elle devait ĂȘtre au moment de sa commande.» Avec les consĂ©quences que l'on devine dans la pratique, sans prendre le devis en compte, qui va juger de l'altĂ©ration du vitrail? Jules Boulanger ; qui a intĂ©rĂȘt Ă  juger les vitraux altĂ©rĂ©s pour placer les siens? Jules Boulanger. MalgrĂ© la polĂ©mique qui va opposer, au sein de la commission des AntiquitĂ©s de la Seine-InfĂ©rieure, les architectes diocĂ©sains aux vĂ©ritables amoureux des arts, la position officielle prĂ©vaut. DĂ©jĂ , dans les annĂ©es 1860, les avertissements d'un membre de la commission, l'historien Eustache de la QuĂ©riĂšre 1783-1870, n'ont servi Ă  rien. Il s'Ă©tait adressĂ© Ă  Viollet-le-Duc en personne pour lui demander de respecter les grandes verriĂšres du XVe siĂšcle. Cet expert, qui mĂ©rite d'ĂȘtre citĂ© ici, connaĂźt la manƓuvre malhonnĂȘte Ă  laquelle se livrent les verriers restaurateurs qui se refusent trop souvent sans raison Ă  restaurer des vitraux anciens recommandables par leur antiquitĂ©, afin de pouvoir faire du neuf et d'Ă©couler leurs produits.» [extrait d'une lettre d'Eustache de la QuĂ©riĂšre citĂ© par Caroline Blondeau]. Les annĂ©es passent ; la commission ne prend pas parti. Jules Boulanger donne libre cours Ă  son travail de sape dans le collatĂ©ral sud soit la verriĂšre est jugĂ©e trop altĂ©rĂ©e et il la dĂ©pose en caisse ; soit, Ă©crit Caroline Blondeau, il restaure abusivement les Ɠuvres subsistantes et ainsi dĂ©nature totalement le collatĂ©ral sud.» Les vitraux dĂ©posĂ©s sont remplacĂ©s par des copies fidĂšles - de l'atelier Boulanger - et stockĂ©s dans la tour Saint-Romain. Le lecteur a bien sĂ»r devinĂ© la suite ces vitraux seront volĂ©s, nĂ©cessairement par quelqu'un qui avait accĂšs au magasin de la cathĂ©drale Jules Boulanger ou un de ces assistants? À leur place, dans les caisses, on trouvera des pierres... Caroline Blondeau prĂ©cise que la chose Ă©tait facile puisque le poste de gardien du magasin avait Ă©tĂ© supprimĂ© en 1885 ! Vu le blanc-seing que la commission des AntiquitĂ©s de la Seine-InfĂ©rieure, en refusant de prendre parti dans la polĂ©mique, lui avait laissĂ©, il Ă©tait facile Ă  Jules Boulanger d'outrepasser sa tĂąche. Ainsi, dans la chapelle sud Saint-LĂ©onard, oĂč l'on voit Ă  l'heure actuelle une grande verriĂšre de Max Ingrand des annĂ©es 1960, Caroline Blondeau indique qu'il y avait en 1908, selon des tĂ©moignages de l'Ă©poque, des vitraux modernes, c'est-Ă -dire des copies des vitraux de Guillaume Barbe saints LĂ©onard, Jacques, Christophe et Eustache. En 1908, le peintre verrier Boulanger Ă©tait toujours en charge des vitraux de la cathĂ©drale. Et notre auteur ajoute Pourtant la verriĂšre de la chapelle Saint-LĂ©onard n'est pas signalĂ©e 'Ă  remplacer' dans le devis initial des architectes diocĂ©sains.» Boulanger en a pris Ă  son aise. Comme on peut s'y attendre, ces chefs-d'Ɠuvre du XVe siĂšcle ne seront pas perdus pour tout le monde. Au fil des dĂ©cennies, on les retrouve dans les salles de vente europĂ©ennes, les musĂ©es, les magasins d'antiquitĂ©s, souvent par fragments. Parfois mĂȘme aux États-Unis. Selon toute vraisemblance, il s'en trouve dans la collection particuliĂšre du magnat de la presse amĂ©ricain, William Hearst. Les copies fidĂšles» mises en place par Jules Boulanger ne seront pas dĂ©posĂ©es en 1939 et seront soufflĂ©es par le bombardement alliĂ© d'avril 1944. C'est l'atelier parisien du maĂźtre verrier Max Ingrand qui sera chargĂ© d'orner les fenĂȘtres de quelques chapelles latĂ©rales sud Ă  la fin des annĂ©es 1950. Source Le vitrail Ă  Rouen, 1450-1530, L'escu de voirre» de Caroline Blondeau. Corpus Vitrearum, © Presses Universitaires de Rennes, 2014. Suite de chapelles latĂ©rales dans le collatĂ©ral sud. Au premier plan, Ă  gauche, la chapelle Saint-Pierre et son vitrail de Max Ingrand. Selon le Corpus Vitrearum, on ne sait pas si les vitraux d'origine XVe siĂšcle ont Ă©tĂ© dĂ©truits ou volĂ©s. CHAPELLE SUD SAINT-ÉTIENNE-LA-GRANDE-ÉGLISE La chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église est situĂ©e au rez-de-chaussĂ©e de la tour de Beurre. C'est l'ancienne chapelle de la paroisse Saint-Étienne. La PĂȘche miraculeuse vers 1500. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Chapiteau sur un pilier Ă  l'entrĂ©e de la chapelle. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. La chapelle Sainte-Étienne-La-Grande-Église, salle basse de la tour de Beurre, est parfois oubliĂ©e par les visiteurs la boutique des livres et des souvenirs se trouve juste devant et peut agir comme un frein Ă  l'entrĂ©e. NĂ©anmoins, elle propose une vitrerie magnifique qu'il faut avoir vue. Pour le cĂŽtĂ© historique de cette chapelle, voir l'encadrĂ© sur la tour de Beurre. La verriĂšre de la chapelle Saint-Étienne se compose de deux sĂ©ries. L'une est au premier niveau et reprĂ©sente un Credo apostolique incomplet. On y voit les saints Pierre, AndrĂ©, Jacques le Majeur, Jean l'Ă©vangĂ©liste, Paul et Jude dans des niches gothiques. Chacun d'entre eux tient un phylactĂšre contenant un verset du Credo. L'autre est au second niveau et illustre la Vie glorieuse du Christ Ascension, IncrĂ©dulitĂ© de saint Thomas, les PĂšlerins d'EmmaĂŒs et Vocation de -»» 2/3 L'Ascension vers 1500. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. 2/3 -»» saint Pierre. Ils sont ornĂ©s d'une architecture flamboyante ou d'un paysage. Un mystĂšre entoure cette vitrerie on ne sait pas qui en est l'auteur. Lors de la crĂ©ation de la tour, Ă  la fin du XVe siĂšcle, sa salle basse fut attribuĂ©e Ă  la paroisse Sainte-Étienne-la-Grande-Église et les paroissiens s'engagĂšrent Ă  orner les fenĂȘtres de vitraux. Les commanditaires sont donc des personnes privĂ©es. ConsĂ©quence les peintres verriers n'apparaissent pas dans les comptes de la fabrique. Bien que des indices puissent en donner une certaine paternitĂ© Ă  Jean Barbe dans les annĂ©es 1525, Caroline -»» 3/3 Priant de Claude Groulard, Premier prĂ©sident du Parlement de Normandie †1607. Marbre blanc, XVIIe siĂšcle. 3/3 -»» Blondeau, dans sa thĂšse de 2012 sur l'histoire de l'atelier de l'Ă©cu de verre, Ă©numĂšre les arguments qui rĂ©futent cette hypothĂšse en se livrant Ă  un vĂ©ritable travail de limier. ÉlĂ©ment clĂ©, le style ne correspond pas Ă  ce qu'on pratiquait Ă  la fin du premier quart du XVIe siĂšcle, mais doit plutĂŽt ĂȘtre rattachĂ© aux annĂ©es 1500-1510. En effet, les formes accusent une expressivitĂ© brute» conforme Ă  cette pĂ©riode de l'art du vitrail. L'historien et spĂ©cialiste du vitrail Jean Lafond renvoie mĂȘme quelques vitraux Ă  l'Ă©cole de Souabe et d'Alsace... Le style des diffĂ©rentes verriĂšres de la chapelle possĂšde nombre de points communs, notamment le dessin des veines des mains, les sourcils parfois exagĂ©rĂ©ment broussailleux et le mode de carnation des visages qui utilise des verres de couleurs variĂ©es. Caroline Blondeau conclut Ă  une forte probabilitĂ© en faveur d'un seul atelier, mĂȘlant diverses mains pour le travail sur les cartons. L'origine du beau PĂšre CĂ©leste» photo ci-contre, dans le tympan d'une fenĂȘtre, pose aussi de gros problĂšmes Ă  notre enquĂȘtrice. Certes, un document d'Ă©poque atteste du paiement de cette Ɠuvre par la fabrique Ă  Olivier Tardif. Mais les rognures observĂ©es, les incohĂ©rences dans l'assemblage des panneaux, tout comme le manque de prĂ©cision dans la signification des mots employĂ©s sur la facture pour dĂ©crire le vitrail rendent difficile de conclure quant Ă  la part exacte prise par Olivier Tardif, membre associĂ© de l'atelier Barbe. L'atelier Ă©tait en charge de l'entretien des vitraux de la chapelle. Or celle-ci Ă©tait souvent exposĂ©e Ă  des vents violents et les rĂ©parations Ă©taient nombreuses. Le travail d'historien n'est pas chose facile et notre auteur ne peut donner aucun nom de maĂźtre verrier avec certitude. Il n'en reste pas moins que les commanditaires ont dĂ©pensĂ© beaucoup d'argent pour l'ensemble de la vitrerie de leur paroisse. On note parmi eux Michel Flandrin, marchand chandelier, fournisseur de la cathĂ©drale et, de plus, bourgeois associĂ© Ă  la gestion de la ville. On trouve aussi la famille Pillois dont plusieurs membres sont notaires Ă  la vicomtĂ© et au baillage. L'importance des sommes offertes aboutit Ă  une verriĂšre riche de scĂšnes trĂšs Ă©toffĂ©es. Caroline Blondeau Ă©crit La subtilitĂ© des damas, la multiplicitĂ© des cabochons, phylactĂšres et autres ornements mis en valeur par des techniques coĂ»teuses comme les nombreux chefs-d'Ɠuvre et les verres doublĂ©s gravĂ©s sont autant de dĂ©tails prĂ©cieux qui confĂšrent Ă  ces verriĂšres une grande richesse.» Sources 1 Le vitrail Ă  Rouen, 1450-1530, L'escu de voirre» de Caroline Blondeau. Corpus Vitrearum, © Presses Universitaires de Rennes 2014 ; 2 Rouen, Primatiale de Normandie, © La NuĂ©e bleue 2012. Vocation de saint Pierre et PĂȘche miraculeuse vers 1500, dĂ©tail. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Claude Groulard et la conversion d'Henri IV. On trouve souvent dans les grandes Ă©glises des priants ou des gisants d'hommes et de femmes, connus dans leur rĂ©gion Ă  leur Ă©poque, mais qui ne rappellent rien aux visiteurs, et souvent rien non plus aux historiens. C'est le cas Ă  la cathĂ©drale de Rouen pour le beau priant de Claude Groulard, premier prĂ©sident du Parlement de Normandie. Le gisant de son Ă©pouse donnĂ© plus bas Ă  droite repose dans la mĂȘme chapelle Saint-Étienne. Il se trouve que Claude Groulard, contemporain d'Henri IV, a laissĂ© une trace intĂ©ressante dans l'Ă©pineux problĂšme de la conversion du roi de Navarre en juillet 1593. Pourquoi Henri IV s'est-il converti au catholicisme? À cette question, la majoritĂ© des historiens rĂ©pondent par opportunisme politique. En restant membre de la religion rĂ©formĂ©e, il lui Ă©tait impossible de monter sur le trĂŽne de France, pays Ă  large majoritĂ© catholique. Son ami Sully, huguenot de la tĂȘte aux pieds, le savait bien et il lui conseillait d'abjurer pour ceindre la couronne. En 1589, avec sa dĂ©claration du 4 aoĂ»t, le roi de Navarre s'Ă©tait engagĂ©, par de multiples promesses, Ă  se faire instruire dans la foi catholique. Mais il tardait, ne voulant pas se brouiller avec ses amis protestants. La chose fut enfin faite en 1593. Évidemment, les catholiques de l'Ă©poque prĂ©fĂ©rĂšrent croire qu'il s'Ă©tait converti par conviction religieuse. Les protestants, de leur cĂŽtĂ©, ne manquaient pas d'arguments pour douter de sa sincĂ©ritĂ©. DĂ©jĂ , aprĂšs le massacre de la Saint-BarthĂ©lemy en 1572, le roi de Navarre s'Ă©tait converti au catholicisme... pour revenir au sein des huguenots peu aprĂšs. DĂ©mĂȘler le vrai du faux est un chemin difficile car les textes des contemporains se contredisent. Revenons en arriĂšre. En 1592, aprĂšs trois ans d'hĂ©sitations, la pression contre Henri se renforce il y a menace, du cĂŽtĂ© de la Ligue, de choisir un roi catholique dans la famille du cardinal de Bourbon, et, du cĂŽtĂ© de l'Espagne, de voir le roi s'ingĂ©rer officiellement dans les affaires françaises en se dĂ©clarant protecteur du royaume et en faisant valoir les droits au trĂŽne de France de Claire-Isabelle-EugĂ©nie, fille d'Élisabeth de Valois et petite-fille d'Henri II. Le roi de Navarre doit donc se dĂ©cider sans dĂ©lai. Les Grands du parti catholique l'y poussent. Sully et Gabrielle d'EstrĂ©es l'y poussent aussi. La favorite espĂšre ainsi que le roi divorcera par autorisation morale officielle» que seul le pape de Rome peut donner et l'Ă©pousera... Il y a aussi un argument humain Ă  ne pas nĂ©gliger. Henri est un grand voyageur. Il connaĂźt l'Ă©tat de la France, il a vu la misĂšre du pays et la dĂ©tresse des paysans. Les campagnes, parcourues par la soldatesque depuis des annĂ©es, sont ruinĂ©es. S'il devient roi de France, il rĂ©tablira la paix. Et le travail, dans la paix, ramĂšnera la prospĂ©ritĂ©. En tant que croyant, c'est lĂ  le chemin qui mĂšne au salut. Ainsi parle-t-il au ministre Lafaye qui vient le trouver pour le conjurer de rester dans la foi rĂ©formĂ©e. RĂ©capitulons ce qui a pu ĂȘtre sa dĂ©marche intellectuelle, d'aprĂšs les tĂ©moignages historiques je me convertis, je deviens roi, je ramĂšne la paix, le peuple français sort de sa misĂšre, ainsi j'assure mon salut.» Ce processus en cinq Ă©tapes, qui s'adapte fort bien Ă  un homme pieux, au seuil du Pouvoir, dĂ©chirĂ© par la dĂ©tresse des campagnes et qui dĂ©sire faire le bien, peut trĂšs facilement ĂȘtre rĂ©duit Ă  trois je me convertis, je deviens roi, ainsi j'assure mon salut.» VoilĂ  un schĂ©ma idĂ©al pour sĂ©duire les catholiques. Catholiques qui, en dĂ©pit de la haine religieuse rĂ©pandue dans le royaume, reconnaissent le droit d'Henri Ă  la couronne et acceptent de le voir sur le trĂŽne de saint Louis, mais en tant que sujet du pape. ProblĂšme s'il se convertit, comment convaincre les catholiques de sa bonne foi? Vers la mi-juillet 1593, Henri convoque Ă  Saint-Denis une vingtaine de prĂ©lats. Il leur fixe pour tĂąche d'en dĂ©signer quatre parmi eux, avec lesquels il a dĂ©cidĂ© de discuter des thĂšmes essentiels de la foi catholique. Le lendemain, la fameuse discussion dure cinq heures. D'aprĂšs le procĂšs-verbal, Henri en est ressorti convaincu que le catholicisme Ă©tait la vraie religion... Mais la relation du mĂ©morialiste bien connu Pierre de L'Estoile affirme le contraire. Le roi et les prĂ©lats auraient bataillĂ© dur autour des thĂšmes de dĂ©saccord l'autoritĂ© du pape, le purgatoire, l'Eucharistie, etc. Qui croire? Henri ruse-t-il? C'est lĂ  que nous retrouvons le sieur Claude Groulard, premier prĂ©sident du Parlement de Rouen. On sait que, le lendemain de cette discussion de cinq heures, le roi fit chercher les premiers prĂ©sidents des parlements de Paris et de Rouen. Selon Pierre de L'Estoile, Henri a tenu bon en marquant fermement ses distances avec les badineries» catholiques, comme le purgatoire. Pour Claude Groulard, c'est l'inverse. Le texte de l'historien Pierre de VaissiĂšre, paru dans la Revue d'histoire de l'Église de France [cf source] et qui sert de support Ă  cet encadrĂ©, rapporte une relation de cet important personnage. Le roi, Ă©crit Groulard, nous reprĂ©senta que, depuis que Dieu l'avait appelĂ© Ă  la couronne, tout son dĂ©sir avait Ă©tĂ© de chercher les moyens de son salut, qu'il prĂ©fĂ©rait Ă  tous les biens du monde, et avait continuellement priĂ© sa divine MajestĂ© de lui en ouvrir le chemin, mais surtout depuis quelques jours, qu'il avait reconnu que ses sujets -»» 2/3 Saint Pierre vers 1500, dĂ©tail. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Saint AndrĂ© vers 1500, dĂ©tail. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Retable avec la CĂšne, le martyre de saint Étienne et la Crucifixion. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Le PĂšre CĂ©leste annĂ©es 1540? attribuĂ© Ă  Olivier Tardif ? Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Saint Pierre et saint AndrĂ© vers 1500. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Le vĂȘtement de saint AndrĂ© vers 1500. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. 2/3 -»» catholiques le dĂ©siraient, et qu'il s'Ă©tait mis entre les mains de quelques thĂ©ologiens, oĂč il avait tant profitĂ© Ă  confĂ©rer avec eux qu'il confessa, aprĂšs avoir induit et s'ĂȘtre enfin rĂ©solu de faire profession de la religion catholique ; et encore qu'il eĂ»t en ses jeunes ans Ă©tĂ© nourri en profession contraire et confirmĂ© en cette opinion, toutefois que, par la grĂące du Saint-Esprit, il commençait Ă  prendre goĂ»t aux raisons qu'ils lui avaient Ă©tĂ© allĂ©guĂ©es.» Le 25 juillet 1593, dans la cathĂ©drale Saint-Denis, le roi de Navarre abjura. Il entra solennellement dans la religion catholique et entendit la messe. Ainsi, pour les catholiques de l'Ă©poque et peut-ĂȘtre postĂ©rieurs, la cause est entendue le roi de Navarre s'est converti par conviction religieuse. Et l'une des preuves dĂ©finitives en est apportĂ©e par celui dont le priant de marbre trĂŽne dans la chapelle Saint-Étienne de la cathĂ©drale de Rouen... Il est clair que nous avons deux sons de cloche les prĂ©lats et Claude Groulard d'un cĂŽtĂ©, le trĂšs crĂ©dible Pierre de l'Estoile de l'autre. Qui croire? Peut-on taxer l'une ou l'autre partie de mensonge ou d'affabulation? Prenons le problĂšme autrement que fait un homme intelligent, convaincu que son devoir est de ramener la paix et qui Ă©volue parmi des nobles, des Ă©vĂȘques et des pasteurs bornĂ©s, persuadĂ©s que le camp adverse est vouĂ© Ă  l'enfer, qui, de plus, sont parfois les chefs de fanatiques prĂȘts Ă  Ă©gorger ceux qui croient que le corps du Christ est prĂ©sent dans l'hostie consacrĂ©e au moment de l'Eucharistie, ou, inversement, Ă  Ă©gorger ceux qui ne le croient pas? NĂ©cessairement, il ruse. En s'abstenant de prendre parti. Plus exactement, en prenant parti des deux cĂŽtĂ©s. Il en acquiert un sentiment de supĂ©rioritĂ© et de dĂ©tachement qui absout les mensonges. Au milieu de gens obtus, convaincus de dĂ©tenir la vĂ©ritĂ©, c'est la seule -»» 3/3 Gisant de Barbe Guiffard, Ă©pouse de Claude Groulard, †1599. Statue du XVIIe siĂšcle, marbre blanc. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. Priant de Claude Groulard, marbre blanc, XVIIe siĂšcle. Premier prĂ©sident du Parlement de Normandie †1607. Claude Groulard joua un rĂŽle dans la conversion d'Henri IV au catholicisme en 1593. Claude Groulard et la conversion d'Henri IV suite et fin. 3/3 -»» voie pour arriver Ă  ses fins. Aux premiers prĂ©sidents des parlements, on dit une chose ; Ă  d'autres, une fois la rĂ©union terminĂ©e, on dit le contraire. Claude Groulard et Pierre de L'Estoile ont vraisemblablement raison tous les deux... Voulant en finir avec la dĂ©tresse du peuple, on se dit qu'Henri IV avait le droit moral de dire Ă  chaque intolĂ©rant ce qu'il voulait entendre. Et tout cela aboutit Ă  la thĂšse largement rĂ©pandue de l'opportunisme politique. Le nouveau roi de France n'Ă©tait pas au bout de ses peines bien des catholiques et des protestants ne crurent pas Ă  sa sincĂ©ritĂ©. On sait que, du cĂŽtĂ© de l'opposition catholique, il dut guerroyer pendant prĂšs de dix ans contre la Ligue pour affermir sa couronne. Du cĂŽtĂ© protestant, pas d'illusion non plus. Pierre de L'Estoile rapporte que le soir de ce fameux 25 juillet 1593, le roi alla se baigner. Les Huguenots disaient qu'il s'Ă©tait allĂ© laver du pĂ©chĂ© qu'il avait commis Ă  ouĂŻr sa belle messe.» Les historiens ont souvent du mal Ă  intĂ©grer le sentiment de supĂ©rioritĂ© que confĂšre, dans un monde d'intolĂ©rance religieuse, la volontĂ© de se dĂ©tacher de ces problĂšmes de foi. Dans l'histoire anglaise moderne, quand l'anglicanisme, le catholicisme et le protestantisme jouaient au yoyo au sommet de l'État rĂšgnes successifs d'Henry VIII, Édouard VI, Marie IĂšre Tudor et Élisabeth IĂšre, les gens de l'appareil d'État changeaient de religion comme de chemise pour complaire au souverain du moment. Des historiens anglais actuels ont Ă©tĂ© jusqu'Ă  les qualifier de girouettes». LĂ  encore, il faut faire la part des choses ces gens gĂ©raient l'État anglais et voulaient assurer une certaine continuitĂ© politique. Le souci de religion passait aprĂšs les multiples soucis de gestion du royaume en Ă©conomie, finances, justice, relations extĂ©rieures, etc. Le fait de passer sans discuter d'une religion Ă  l'autre peut s'analyser comme une sorte de mĂ©pris - et de supĂ©rioritĂ© - envers les esprits fanatiques qui envoient sur le bĂ»cher ou font dĂ©capiter ceux qui refusent de se plier aux dogmes du souverain. Source La Conversion d'Henri IV de Pierre de VaissiĂšre, conservateur adjoint aux Archives nationales, Revue d'histoire de l'Église de France, tome 14, n°62, 1928. L'incrĂ©dulitĂ© de saint Thomas vers 1500, Baie 58. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. L'Ascension vers 1500, dĂ©tail. Baie 56. Chapelle Saint-Étienne-la-Grande-Église. CHAPELLE SUD SAINT-PIERRE & CHAPELLE SUD SAINTE-MARGUERITE Saint Joseph, l'Ascension du Christ et saint Éloi. Vitrail de l'atelier Max Ingrand annĂ©es 1960. Chapelle Saint-Pierre. L'Offrande des bĂątisseurs» Groupe sculptĂ© de Lagriffoul, 1955. Chapelle Saint-Pierre. Vierge Ă  l'Enfant par le sculpteur rouennais Lecomte, 1777. Chapelle Sainte-Marguerite. CHAPELLE SUD SAINT-LÉONARD ScĂšne de la vie de saint Romain, XVIe siĂšcle. Chapelle du Petit Saint-Romain. CHAPELLE SUD SAINTE-CATHERINE La chapelle Sainte-Catherine est la seule Ă  avoir rĂ©sistĂ© au bombardement du 19 avril 1944. Ses arcs-boutants ont tenu bon sous le souffle des explosions. GrĂące Ă  eux, la nef ne s'est pas s'Ă©croulĂ©e. Cette petite chapelle est plus riche que les autres. L'autel, le retable et les lambris sont du XVIIe siĂšcle. Les panneaux peints illustrent la vie de saint Brice, mais leur qualitĂ© artistique laisse un peu Ă  dĂ©sirer. Au centre du retable, on peut voir une belle toile du XVIe siĂšcle illustrant la Flagellation et donnĂ©e ci-dessous. La verriĂšre de cette chapelle sud est la seule qui ait rĂ©ussi Ă  passer le cap des restaurations poussĂ©es du XIXe siĂšcle. Au moins, elle n'a pas Ă©tĂ© volĂ©e comme les verriĂšres des autres chapelles sud voir plus haut. Malheureusement, l'impact des restaurations fait qu'elle relĂšve plus de la main de Jules Boulanger que de l'atelier de Guillaume Barbe. Le Corpus Vitrearum indique que seul le saint Nicolas donnĂ© Ă  droite peut ĂȘtre rattachĂ© au XVe siĂšcle. Source Corpus Vitrearum voir la chapelle nord Saint-Éloi. La Flagellation», École italienne du XVIe siĂšcle. Chapelle Sainte-Catherine. CHAPELLE SUD SAINTE-CATHERINE Retable et panneaux peints du XVIIe siĂšcle sur la vie de saint Brice, Ă©vĂȘque de Tours au Ve siĂšcle dans la chapelle Sainte-Catherine. Saint Nicolas, XVe siĂšcle. Chapelle Sainte-Catherine. LA VIERGE, SAINT SIMON, SAINT NICOLAS, SAINTE CATHERINE. Bandeau du vitrail de la chapelle Sainte-Catherine, baie 44. Seule la troisiĂšme lancette, Saint-Nicolas, est de l'atelier de Guillaume Barbe 1466-1467. Les autres lancettes, trop restaurĂ©es, doivent ĂȘtre regardĂ©es comme des recrĂ©ations du XIXe siĂšcle. CHAPELLE SUD SAINTE-COLOMBE La Culture du blé», dĂ©tail. Vitrail de l'atelier Max Ingrand 1956. Chapelle sud Sainte-Colombe. La Sainte Famille» de Voterrano, XVIIe siĂšcle. Chapelle sud Sainte-Colombe. La chapelle Sainte-Colombe, dite du BlĂ© Eucharistique accueille une grande verriĂšre de Max Ingrand, datĂ©e de 1956, trĂšs symbolique du rapport entre la culture du blĂ© et l'Eucharistie. On y voit le labourage, les semailles, le fauchage et le ramassage des blĂ©s. La verriĂšre initiale de l'atelier de Guillaume Barbe avec des scĂšnes de la vie de sainte Catherine, a Ă©tĂ© volĂ©e Ă  la fin du XIXe ou au dĂ©but du XXe siĂšcle voir encadrĂ© sur les vitraux du collatĂ©ral sud. Le Mariage mystique de sainte Catherine» de Voterrano, XVIIe siĂšcle. Chapelle sud Sainte-Colombe. PARTIE EXTÉRIEURE TRANSEPT ET CHƒUR BAPTISTÈRE ET CHAPELLES LATÉRALES -»» Page 2 DÉAMBULATOIRE ET CHAPELLE DE LA VIERGE
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