Texte intĂ©gral 1 Une premiĂšre Ă©bauche de ce travail a Ă©tĂ© publiĂ©e sous le titre La mĂ©moire des bombardements Ă Ro ... 2 Alain GaspĂ©rini, Rouen 1940-1944 la guerre, lâoccupation, la libĂ©ration, Rennes, OuestFrance, 19 ... 1 En 1944, la ville de Rouen et son agglomĂ©ration, dĂ©jĂ touchĂ©es par un important incendie au moment de lâavance de la Wehrmacht en juin 1940 et par des attaques aĂ©riennes stratĂ©giques depuis 1942, sont la cible de bombardements anglo-amĂ©ricains destinĂ©s Ă prĂ©parer le dĂ©barquement alliĂ© du 6 juin et Ă accompagner les opĂ©rations militaires qui lui succĂšdent. Au terme de plusieurs mois dâaffrontements qui Ă©prouvent durement une grande partie de la population civile de lâensemble de la Normandie, Rouen est libĂ©rĂ©e par lâarmĂ©e canadienne le 30 aoĂ»t 1944. Depuis une quinzaine dâannĂ©es, plusieurs ouvrages relatant la vie des Normands sous lâoccupation, les bombardements et leurs consĂ©quences humaines et matĂ©rielles, ont Ă©tĂ© publiĂ©s ou rééditĂ©s. Un certain nombre dâentre eux est consacrĂ© Ă Rouen et Ă son agglomĂ©ration2. LâintĂ©rĂȘt des Normands pour les Ă©vĂ©nements et les divers aspects de la seconde guerre mondiale â rĂ©sistance, crimes perpĂ©trĂ©s par lâoccupant et le gouvernement de Vichy, mais aussi opĂ©rations militaires et consĂ©quences pour les populations civiles â a Ă©tĂ© suscitĂ© ou ravivĂ© par les commĂ©morations du D-Day en juin 2004 et les nombreuses initiatives pĂ©dagogiques et entreprises mĂ©morielles qui les ont accompagnĂ©es. 3 Cette expression est utilisĂ©e sous forme dâinterrogation par Michael Schmiedel, doctorant allemand ... 2Parmi les aspects et Ă©vĂ©nements de la seconde guerre mondiale ayant pourtant marquĂ© durablement les populations des zones sinistrĂ©es, les bombardements alliĂ©s nâont Ă premiĂšre vue, jusquâĂ une pĂ©riode relativement rĂ©cente, suscitĂ© en France quâune culture mĂ©morielle secondaire, Ă laquelle succĂ©derait depuis 1994 et 2004 un certain phĂ©nomĂšne de rattrapage. Peut-on nĂ©anmoins parler dâun tabou ou dâune amnĂ©sie nationale3 » qui aurait fait disparaĂźtre cette mĂ©moire Ă maints Ă©gards inconfortable derriĂšre des constructions mĂ©morielles plus consensuelles et davantage susceptibles de cimenter lâunitĂ© de la nation ? Ou bien faut-il considĂ©rer que la relative absence de mĂ©moire nationale des bombardements alliĂ©s sur la France est compensĂ©e par des mĂ©moires locales et rĂ©gionales plutĂŽt vivaces, qui nâont dâailleurs pas seulement Ă©mergĂ© 50 ou 60 ans aprĂšs la fin de la guerre ? En replaçant cette Ă©tude de cas sur la mĂ©moire rouennaise des bombardements de 1944 Ă nos jours dans un contexte plus large, cette contribution se propose dâouvrir quelques pistes de rĂ©flexion sur un sujet peu explorĂ© jusquâici. Contexte gĂ©nĂ©ral et mĂ©moires normandes 3La construction dâune mĂ©moire nationale officielle de la seconde guerre mondiale constitue sans doute le premier cadre dans lequel doit ĂȘtre replacĂ©e la mĂ©moire des bombardements alliĂ©s. Les historiennes ont mis en Ă©vidence les mĂ©canismes dâune mĂ©moire dominante construite dĂšs la LibĂ©ration pour dĂ©passer le traumatisme engendrĂ© par lâoccupation et les luttes fratricides qui opposĂšrent les Français celle non pas tellement des rĂ©sistants en tant quâindividus, mais de la RĂ©sistance. Cette construction occulta durablement la mĂ©moire de la Shoah, mais de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, les pratiques commĂ©moratives ont longtemps accordĂ© peu de place aux victimes civiles autres que rĂ©sistantes. 4 Mechtild Gilzmer, MĂ©moires de pierre â Les monuments commĂ©moratifs en France aprĂšs 1944, Paris, Au ... 4Dans son ouvrage sur les monuments commĂ©moratifs de la seconde guerre mondiale en France4, lâhistorienne Mechtild Gilzmer montre que le paysage mĂ©moriel constituĂ© par les monuments Ă©rigĂ©s depuis la fin du conflit reflĂšte de maniĂšre gĂ©nĂ©rale cette tendance. Mettant en garde contre une vision qui ne serait pas assez nuancĂ©e, elle met toutefois aussi lâaccent sur la grande diversitĂ© des monuments commĂ©moratifs Ă©rigĂ©s dans les annĂ©es dâaprĂšs-guerre par les communes. Ă la lecture de son ouvrage, on est toutefois frappĂ© par la quasi-absence, dans les nombreux exemples donnĂ©s et analysĂ©s, de monuments Ă la mĂ©moire des victimes des bombardements â terme que nous utilisons ici de prĂ©fĂ©rence Ă celui de victimes civiles », qui peut sâappliquer aussi aux rĂ©sistants non militaires, dĂ©portĂ©s, otages fusillĂ©s, etc. Il est Ă noter que depuis le dĂ©cret du 2 novembre 1945, toutes ces catĂ©gories purent bĂ©nĂ©ficier de lâattribution de la mention Mort pour la France », avec toutefois, dans la mise en Ćuvre de cette reconnaissance, une hiĂ©rarchisation claire plaçant en haut de lâĂ©chelle les rĂ©sistants, et parmi eux les rĂ©sistants militaires. De nombreuses communes optĂšrent, en ajoutant par exemple une plaque Ă leur monument aux morts existant, pour une inscription des morts pour la France sans distinction. Ceci nâexclut toutefois pas la rĂ©alisation ou du moins la conception de projets cherchant Ă honorer diffĂ©rentes catĂ©gories, ce qui donna lieu en particulier Ă lâĂ©rection de nombreux monuments en hommage Ă la RĂ©sistance. Sans nier lâexistence dâun paysage mĂ©moriel complexe et multiforme, dont la constitution dĂ©pendait aussi beaucoup des acteurs locaux, il faut remarquer que câest surtout une France combattante, ayant activement participĂ© Ă sa LibĂ©ration aux cĂŽtĂ©s des AlliĂ©s, quâil sâagissait de cĂ©lĂ©brer pour cimenter une solidaritĂ© nationale Ă reconstruire. 5Dans un article publiĂ© en 2009, lâhistorien allemand Michael Schmiedel constate quâĂ de rares exceptions prĂšs, lâhistoriographie française ne sâest pas penchĂ©e sur la question des bombardements alliĂ©s sur la France, et met cette absence en relation avec la culture mĂ©morielle nationale dominante depuis 1945. Il Ă©voque trois raisons principales pour expliquer cette lacune 5 M. Schmiedel, dans Luftkrieg...,Îżp. cit., p. 69-70. PremiĂšrement, la confiscation de la guerre aĂ©rienne par le rĂ©gime de Vichy, qui a contaminĂ© le discours sur la guerre aĂ©rienne dans la France de lâaprĂšs-guerre ; deuxiĂšmement, lâamalgame entre coupables et victimes et lâinstrumentalisation des victimes Ă des fins de propagande dĂšs la pĂ©riode de guerre ; troisiĂšmement, enfin, le fait quâen France, dâautres systĂšmes de rĂ©fĂ©rence de la mĂ©moire prĂ©dominaient pour construire une identitĂ© collective de la sociĂ©tĂ©5. 6 Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien dir., Les populations civile ... 7 Ibid., p. 9-20. 8 Letitia Rodriguez, De la place accordĂ©e aux victimes civiles des bombardements et de la bataille ... 6Dans lâavant-propos des actes dâun colloque organisĂ© en 2004 par le MĂ©morial et lâuniversitĂ© de Caen sur les populations civiles face au dĂ©barquement et Ă la bataille de Normandie », Claude QuĂ©tel rappelle que les historiennes ont commencĂ© par lâĂ©tude du fait militaire avant de sâintĂ©resser aux civils, une espĂšce de parent pauvre » que la logique de guerre totale a pourtant placĂ© au cĆur des conflits6. Dans le mĂȘme ouvrage, Jean Quellien expose la nĂ©cessitĂ© dâun recentrage historiographique, soulignant en particulier que la question du rapport aux libĂ©rateurs alliĂ©s a souvent donnĂ© lieu Ă un discours politiquement correct et que la mĂ©moire des combattants a longtemps Ă©clipsĂ© la mĂ©moire des civils7. Il faut toutefois noter aussi, comme le fait Letitia Rodriguez dans une contribution Ă ce mĂȘme colloque sur la place accordĂ©e aux victimes des bombardements dans les commĂ©morations, que face Ă la complexitĂ© et Ă la variĂ©tĂ© des Ă©vĂ©nements de la seconde guerre mondiale et de leurs reprĂ©sentations, une hiĂ©rarchisation des mĂ©moires Ă©tait sans doute inĂ©vitable, favorisant la mise en avant des aspects les plus glorieux8. 9 Sur ces facteurs, voir notamment ibid., ainsi que lâintroduction de lâouvrage collectif citĂ© plus ... 7Plusieurs facteurs expliquent la réémergence de la mĂ©moire des bombardements depuis les 50e et 60e anniversaires de la fin de la guerre en 1994 et en 20049. Tout dâabord, il semblerait que les controverses sur les choix tactiques des AlliĂ©s soient aujourdâhui moins occultĂ©es â levĂ©e dâun tabou quâil faut peut-ĂȘtre saluer tout en soulignant la nĂ©cessitĂ© de replacer ces choix dans lâenchaĂźnement des faits et des rĂ©alitĂ©s de la seconde guerre mondiale. Ensuite, il faut prendre en considĂ©ration la disparition progressive des tĂ©moins accompagnĂ©e dâun dĂ©veloppement important de lâhistoire orale et lâarrivĂ©e dâune gĂ©nĂ©ration, y compris parmi les institutionnels impliquĂ©s dans les commĂ©morations, qui nâa pas connu la seconde guerre mondiale. Enfin, un nouvel environnement favorise, dans lâĂ©volution des mentalitĂ©s occidentales, la prise en compte des victimes civiles en gĂ©nĂ©ral, Ă lâheure oĂč sâaffaiblit en revanche lâimage du hĂ©ros. 10 Voir Henning Meyer, Les musĂ©es de la seconde guerre mondiale et la transmission de la mĂ©moire. L ... 11 AprĂšs avoir publiĂ© en 1994-1995 plusieurs ouvrages sur les victimes civiles dans les trois dĂ©parte ... 12 L. Rodriguez, dans op. cit., p. 299. 13 Ibid. 14 Ce secrĂ©tariat nâa eu quâune existence Ă©phĂ©mĂšre, de mars 2004 Ă mai 2005. 15 16 Par exemple sur le site officiel Chemins de mĂ©moire », créé par le ministĂšre de la DĂ©fense dans ... 8Un bref aperçu de la mĂ©moire des bombardements telle qu'elle est construite en Normandie, principalement depuis quelques annĂ©es, permet de donner quelques Ă©lĂ©ments supplĂ©mentaires de contextualisation, mĂȘme sâil fait apparaĂźtre une certaine distorsion entre la Haute-Normandie et les trois dĂ©partements de Basse-Normandie, qui ont largement bĂ©nĂ©ficiĂ© du rayonnement du MĂ©morial de Caen dans la prise en compte des rĂ©alitĂ©s complexes et multiples de la pĂ©riode dâoccupation, avec une approche qui nâexclut pas les victimes civiles de la guerre aĂ©rienne. InaugurĂ© en 1988 sous lâimpulsion du maire UDF Jean-Marie Giraud, qui a vĂ©cu les bombardements de 1944 comme Ă©quipier de la Croix-Rouge, le MĂ©morial de Caen est certes dĂ©diĂ© Ă tous les aspects de la seconde guerre mondiale. Il tire toutefois son origine â exprimĂ©e dans la conception architecturale mĂȘme du bĂątiment qui lâabrite, basĂ©e sur lâidĂ©e de fracture â de lâexpĂ©rience traumatisante de la destruction, qui doit justement faire de la ville de Caen lâambassadrice de la paix et de la dĂ©fense de la libertĂ©10. En 1994, des veillĂ©es-tĂ©moignages organisĂ©es entre autre par le MĂ©morial donnent la parole aux habitants de la rĂ©gion, qui font part notamment de leur vĂ©cu des bombardements. LâexpĂ©rience est renouvelĂ©e en 2004. ParallĂšlement, lâhistoriographie sâintĂ©resse Ă cette thĂ©matique, comme Ă lâoccasion du colloque Ă©voquĂ© plus haut, organisĂ© Ă la demande du conseil gĂ©nĂ©ral du Calvados par le centre de recherche dâhistoire quantitative de lâuniversitĂ© de Caen associĂ© au MĂ©morial, auquel on doit dĂ©jĂ plusieurs publications sur les victimes civiles en Normandie11. Outre le travail historiographique et pĂ©dagogique, câest Ă©galement la pratique commĂ©morative officielle qui sâĂ©tend, Ă lâinitiative du comitĂ© Normandie mĂ©moire » créé en 2002, rĂ©unissant 582 mairies et 141 associations de Basse-Normandie et entendant bien nâoublier aucune catĂ©gorie de victimes12. Si, comme lâa Ă©tudiĂ© Letitia Rodriguez pour la Basse-Normandie, les commĂ©morations municipales et mĂȘme plusieurs monuments communaux ont accordĂ© depuis la fin de la guerre une place finalement notable â bien que secondaire par rapport au souvenir des opĂ©rations militaires â aux victimes civiles des bombardements13, le 60e anniversaire du dĂ©barquement et de la bataille de Normandie constitue pour la premiĂšre fois lâoccasion dâun hommage rĂ©gional, Ă lâinitiative du conseil rĂ©gional de Basse-Normandie et de lâassociation Normandie mĂ©moire ». La secrĂ©taire dâĂtat aux Droits des victimes14 Nicole Guedj reprĂ©sente mĂȘme, au cours dâune premiĂšre journĂ©e consacrĂ©e au souvenir des victimes civiles organisĂ©e le 7 juin 2004 Ă Saint-LĂŽ, le gouvernement au nom duquel elle rappelle le caractĂšre indispensable du devoir de mĂ©moire, aussi bien par les institutions que par les citoyens, y compris concernant les victimes civiles15 ». La cĂ©rĂ©monie culmine dans lâenchĂąssement de la liste des victimes de la rĂ©gion dans un rĂ©ceptacle placĂ© au pied du monument Ă la mĂ©moire des victimes du bombardement de Saint-LĂŽ. DĂ©sormais pĂ©rennisĂ©e, cette commĂ©moration est organisĂ©e chaque annĂ©e dans lâune des communes sinistrĂ©es des trois dĂ©partements de la rĂ©gion. MalgrĂ© la prĂ©sence ministĂ©rielle, il serait toutefois abusif de parler dâune mĂ©moire nationale en cours dâinstitutionnalisation16. 17 Câest sans doute autour de 1949 quâest apposĂ©e au pied du Monument aux morts de la premiĂšre guerre ... 18 Voir en particulier Andrew Knapp, The Destruction and Liberation of Le Havre in Modem Memory », ... 9En Haute-Normandie, lâhommage se fait globalement plus discret. Au Havre, oĂč les bombardements de septembre 1944 ont fait prĂšs de 2 000 victimes, le souvenir est vivace dans lâimmĂ©diat aprĂšs-guerre et explique sans doute la réélection en 1947 de Pierre Courant, qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© maire sous Vichy, mais auquel une partie des Havrais reste attachĂ©e en raison de sa prĂ©sence auprĂšs de la population pendant les opĂ©rations de secours17. Dans les dĂ©cennies qui suivent son dĂ©part et qui scelle lâinfluence des communistes sur la ville, cette mĂ©moire passe clairement Ă lâarriĂšre-plan, et la prĂ©sence de monuments aux victimes civiles reste discrĂšte18. Parmi les initiatives rĂ©centes, il faut toutefois noter lâapposition, en 2004, par le maire Antoine Rufenacht, dâune plaque rappelant Ă lâentrĂ©e du tunnel Jenner lâensevelissement de 319 Havrais qui sây Ă©taient rĂ©fugiĂ©s au cours du bombardement du 6 septembre 1944. Mais Le Havre a globalement privilĂ©giĂ© la mĂ©moire de sa reconstruction, avec le classement de son centre-ville au patrimoine mondial de lâUNESCO, alors que Rouen a intensifiĂ© depuis 2004 des initiatives mĂ©morielles qui incluent assez largement aussi la question des bombardements. Le contexte rouennais de la propagande contre les bombardements alliĂ©s aux constructions mĂ©morielles dominantes de lâaprĂšs-guerre 19 Le chiffre de 816 morts est retenu par M. Dandel et al, op. cit., p. 55. 20 Pariser Zeitung, 16 mai 1944, dossier de coupures de presse Extraits de journaux relatant les b ... 10La propagande de lâoccupant allemand et de Vichy, qui a dĂ©jĂ largement exploitĂ© les bombardements sur la France pour tenter de faire naĂźtre dans les populations civiles un sentiment anti-alliĂ©, sâintensifie Ă lâapproche du dĂ©barquement. Les raids britanniques sur le complexe ferroviaire de Sotteville-lĂšs-Rouen, dans la nuit du 18 au 19 avril 1944, qui touchent aussi le centre-ville de Rouen et qui font plus de 800 victimes dans lâagglomĂ©ration19, sont instrumentalisĂ©s tant au plan national que local. Affiches et autres documents mettent en scĂšne la figure patriotique de Jeanne dâArc, brĂ»lĂ©e Ă Rouen par les Anglais mais bien dĂ©cidĂ©e Ă ne pas laisser lâ envahisseur » britannique reprendre possession de la France. Fe thĂšme est dĂ©clinĂ© Ă lâenvi, comme sur cette affiche couleur de sang et de feu reprĂ©sentant la sainte, les mains liĂ©es, qui semble sâĂ©lever au-dessus de la ville de Rouen transformĂ©e en bĂ»cher, avec cette inscription accusatrice Les assassins reviennent toujours sur les lieux de leur crime. » Fe motif de Jeanne au bĂ»cher devant la cathĂ©drale de Rouen en flammes est repris sous le simple titre Rouen 1431-1944 » dans un dessin en noir et blanc du journal de lâoccupant en France, le Pariser Zeitung20. 11La propagande iconographique sâaccompagne dâun discours lui aussi construit autour de la citĂ© martyre ». DĂšs le lendemain du bombardement nocturne, le secrĂ©taire dâĂtat Ă lâInformation et Ă la Propagande, Philippe Henriot, dĂ©cline dans une allocution radiophonique le motif des barbares qui dĂ©truisent un joyau de la culture de lâOccident en pĂ©ril 21 La France terre brĂ»lĂ©e », 19 avril, 12 h 40, Ăditoriaux prononcĂ©s Ă la radio par Philippe Henrio ... Et lâune des plus belles villes de France connaissait le sort de tant de villes dâart dâItalie et dâAllemagne. [...] Quelle richesse dâart, quel trĂ©sor de beautĂ©, quelle vie humaine apparaĂźtrait assez prĂ©cieuse Ă des gens qui se moquent Ă©perdument de ce quâils ne comprennent pas sâils sont AmĂ©ricains et qui dĂ©sirent dĂ©truire tout ce qui est français du moment quâils sont Anglais21. Figure no 83 page suivante â Affiche de propagande anti-britannique, 1944. 22 Service interministĂ©riel de protection contre les Ă©vĂ©nements de guerre, créé en 1943 pour apporter ... 23 Reportage France-ActualitĂ©s du 19 mai 1944, 2 mn 35 s., archives en ligne de lâInstitut national d ... 12Autre thĂšme rĂ©current de la propagande nationale, la solidaritĂ© des sinistrĂ©s, lâhĂ©roĂŻsme des sauveteurs Ă lâĆuvre et lâefficacitĂ© de lâintervention des pouvoirs publics, avec lâarrivĂ©e en gare de Rouen, malgrĂ© les destructions ferroviaires, du train du SIPEG22. La visite que rend le marĂ©chal PĂ©tain le 14 mai 1944 Ă la premiĂšre des villes martyres » au cours de son pĂšlerinage tragique » Ă travers les rĂ©gions sinistrĂ©es, est lâoccasion dâexhorter la solidaritĂ© nationale, autour de Jeanne qui doit rester plus que jamais le symbole, lâĂąme de notre unitĂ©, de cette unitĂ© si ardemment demandĂ©e aux Français par le glorieux soldat23 ». 24 Journal de Rouen, 20 avril 1944. 25 Dans leur ouvrage sur le 19 avril 1944, P. Le TrĂ©vier et D. Rose montrent lâenchaĂźnement des erreu ... 26 Journal de Rouen, 28 avril 1944. 13Au plan local, le Journal de Rouen relaie trĂšs largement, aprĂšs le 19 avril 1944 puis de nouveau Ă lâoccasion de la semaine rouge » en mai-juin 1944, les thĂšmes dĂ©veloppĂ©s par la propagande nationale. Les articles invectivent la barbarie amĂ©ricaine [qui] rejoint ici la moscovite24 ». Lâhommage aux victimes innocentes sâaccompagne dâune hĂ©roĂŻsation du dĂ©vouement des Ă©quipes de secours, interprĂ©tĂ© comme lâexpression dâune ferveur patriotique sans faille. Dans lâargumentaire national et local, on ne se contente pas de dĂ©noncer les erreurs de visĂ©e fatales aux zones dâhabitation et aux populations civiles25 ; on dĂ©nie bien plutĂŽt toute lĂ©gitimitĂ© stratĂ©gique aux raids terroristes ». Et le Journal de Rouen publie la protestation officielle contre lâĂ©pouvantable attentat subi par notre ville » exprimĂ©e par le conseil municipal de Rouen et le maire RenĂ© Stackler, qui renouvelle Ă cette occasion au marĂ©chal PĂ©tain lâassurance de son absolue loyautĂ© et de son entiĂšre fidĂ©litĂ©26 ». Lâaccusation de terrorisme » portĂ©e aux AlliĂ©s comme elle le fut Ă©galement pendant lâoccupation aux rĂ©sistants permet de mieux comprendre quelle ombre a pu planer dans lâaprĂšs-guerre sur une mĂ©moire spĂ©cifique des bombardements, peu compatible avec lâhommage rendu aux libĂ©rateurs associĂ©s aux principales commĂ©morations. 27 AMVR, 1M3. Sauf prĂ©cision contraire, les informations relatives aux plaques et monuments commĂ©mora ... 28 Le texte du dĂ©cret est reproduit dans le recueil des actes administratifs du dĂ©partement de Seine- ... 14ConformĂ©ment Ă cette hypothĂšque ainsi quâaux schĂ©mas dominants de reconstruction identitaire de la sociĂ©tĂ© française, il semble de prime abord quâĂ Rouen comme ailleurs, ce soit plutĂŽt lâimage dâune France combattante qui ait dominĂ© les pratiques commĂ©moratives depuis la fin du conflit. Trois lieux de mĂ©moire rouennais jouent un rĂŽle de premier plan, en particulier dans les commĂ©morations de la libĂ©ration de la ville. Au centre-ville, câest tout dâabord le monument Ă la victoire de 1914-1918 qui, dans une continuitĂ© des deux guerres affirmĂ©e au plan national, est Ă©galement dĂ©diĂ© Ă celle de 1939-1945 ». Autre lieu central, la rue du Donjon oĂč Ă©tait situĂ© pendant lâoccupation lâimmeuble de la Gestapo, et oĂč la FĂ©dĂ©ration nationale des dĂ©portĂ©s et internĂ©s de la RĂ©sistance fait apposer dĂšs 194827 une plaque en hommage aux rĂ©sistants et dĂ©portĂ©s politiques - le gĂ©nocide des juifs restant Ă©clipsĂ© pendant des dĂ©cennies par cette construction mĂ©morielle dominante. Le lieu rouennais sans doute le plus emblĂ©matique de lâhommage que la France de lâaprĂšs-guerre rend Ă ses hĂ©ros est le stand des fusillĂ©s » du Madrillet situĂ© sur un terrain appartenant alors Ă la ville de Rouen. Câest lĂ oĂč les Allemands fusillĂšrent quelque 80 rĂ©sistants du dĂ©partement quâest inaugurĂ© en 1949 le monument des Martyrs de la RĂ©sistance de Seine-InfĂ©rieure, lieu de commĂ©moration jusquâĂ aujourdâhui. On comprend mieux comment sâarticulent mĂ©moire locale de la rĂ©sistance et constructions mĂ©morielles nationales lorsque lâon sait que le projet a Ă©tĂ© soumis avec succĂšs Ă la Commission centrale des monuments commĂ©moratifs instaurĂ©e par un dĂ©cret du 16 janvier 1947 pour coordonner lâĂ©rection des principaux monuments sur le territoire, qui devaient en premier lieu commĂ©morer des faits glorieux de la guerre28 ». Figure no 84 â Monument des Martyrs de la RĂ©sistance. CĂ©rĂ©monie commĂ©morative, fin des annĂ©es 1950 ?. 29 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse Guerre 1939-1945 », no 2 bis. Ici, Paris-N ... 30 Ibid., Paris-Normandie, 31 aoĂ»t 1982. 15Les commĂ©morations de la libĂ©ration de Rouen, qui ont souvent lieu en prĂ©sence de soldats canadiens entrĂ©s dans Rouen et dâanciens rĂ©sistants de renommĂ©e nationale, ont pour principal objectif dâhonorer la mĂ©moire des hĂ©ros tombĂ©s pour la cause de la libertĂ© » et dâexprimer la gratitude des Rouennais Ă ceux qui leur ont apportĂ© la dĂ©livrance ». La question des bombardements est la grande absente des cĂ©rĂ©monies et des discours officiels pendant plus dâune vingtaine dâannĂ©es, mais Ă partir de 1964, la presse locale commence Ă profiter des anniversaires de la libĂ©ration de la ville pour Ă©voquer les destructions. Il faut attendre la fin des annĂ©es 1960 pour que le maire de Rouen Jean Lecanuet, puis dâautres officiels invitĂ©s, rappellent les larmes de deuil qui marquĂšrent, pour les Rouennais, la pĂ©riode comprise entre le 6 juin et le 30 aoĂ»t 194429 ». Le contexte est alors modifiĂ© par la distance historique mais peut-ĂȘtre aussi par lâinauguration dâun monument aux victimes civiles le 19 avril 1964, que nous Ă©tudierons plus loin. Câest surtout Ă partir du 30e anniversaire, et plus encore dans les annĂ©es 1980, que les officiels locaux ou invitĂ©s rappellent lâamertume des Rouennais qui ont payĂ© un lourd tribut Ă leur libĂ©ration. Ainsi, AndrĂ© Jarrot, compagnon de la LibĂ©ration et ancien ministre invitĂ© Ă lâoccasion du 38e anniversaire, Ă©voque-t-il en 1982 trĂšs concrĂštement les bombardements subis par la population Ceux Ă qui il a Ă©tĂ© donnĂ© de vivre, il y a 38 ans, le terrible drame oĂč la ville a failli pĂ©rir, en ont encore les oreilles qui bourdonnent au bruit des bombes qui Ă©clatent et les yeux rougis par lâinsomnie, les nerfs brisĂ©s par lâĂ©motion30. » Les principales commĂ©morations annuelles ne sont certes pas, du moins pendant longtemps, centrĂ©es sur le souvenir des bombardements ; et quand les officiels les Ă©voquent plusieurs dĂ©cennies plus tard, câest souvent sans rappeler dans quel contexte ils se sont dĂ©roulĂ©s et câest plutĂŽt pour assurer que les souffrances subies furent pour ainsi dire sublimĂ©es par la LibĂ©ration. Pourtant, les hommages que rend parallĂšlement la ville en dâautres circonstances doivent Ă©carter la thĂšse dâun tabou qui aurait pesĂ© pendant plusieurs dĂ©cennies sur la question. Victimes actives » et passives » des bombardements dans les pratiques commĂ©moratives des deux premiĂšres dĂ©cennies de lâaprĂšs-guerre 16En lien avec des constructions mĂ©morielles mettant en scĂšne plutĂŽt des hĂ©ros que des victimes passives », une partie importante des pratiques commĂ©moratives de lâimmĂ©diat aprĂšs-guerre liĂ©es aux bombardements honore celles et ceux qui ont tentĂ© de secourir les personnes ensevelies dans les dĂ©combres des bĂątiments bombardĂ©s. Il sâagit principalement des diffĂ©rents corps de pompiers qui sont intervenus Ă Rouen et de la DĂ©fense passive DP â deux groupes qui participent activement Ă la construction dâune mĂ©moire, en relation Ă©troite avec les acteurs institutionnels. 31 Voir Ă ce propos les diffĂ©rents Ă©changes Ă©pistolaires conservĂ©s aux archives municipales AMVR, 1M ... 32 Dimanche 17 juillet 1949 Le prĂ©sident Auriol remit la LĂ©gion dâhonneur Ă la ville de Rouen », ... 33 Le gĂ©nĂ©ral Piollet inaugure un mĂ©morial Ă la DP », Normandie peu aprĂšs rebaptisĂ© ParisNormandie... 17DĂšs 1946, une plaque commĂ©morative est inaugurĂ©e, avec lâaccord de la municipalitĂ©, par les sapeurs-pompiers de Paris Ă la mĂ©moire de leurs membres morts au feu » au cours des bombardements de dĂ©but juin 194431. Suite Ă la dĂ©molition de lâimmeuble oĂč Ă©tait apposĂ©e la plaque dâorigine, une nouvelle plaque monumentale â sur laquelle une ligne de fracture symbolise deuil et destruction â est fixĂ©e en 1954 sur le mur ouest du Palais des consuls qui vient dâĂȘtre reconstruit. Ă lâoccasion de la remise de la LĂ©gion dâhonneur Ă la ville par le prĂ©sident Auriol en 1949, les pompiers de Rouen se voient dĂ©cerner la mĂ©daille dâor des actes de courage et de dĂ©vouement32 ». Le conseil municipal de Rouen souhaite aussi rendre hommage Ă la DP en remettant un drapeau Ă son amicale et en dĂ©voilant en juin 1947 dans le hall de lâhĂŽtel de ville une plaque commĂ©morative Ă ses morts. Comme pour les pompiers, câest lâ hĂ©roĂŻque conduite » des Ă©quipiers de la DP qui est saluĂ©e par le maire Jacques Chastellain33. Les Ă©quipes de la DP, qui avait entre autre pour mission de protĂ©ger les populations civiles des effets de la guerre, sont intervenues pendant les bombardements pour fournir une aide dâurgence aux blessĂ©s et aux sinistrĂ©s. 34 SĂ©ance du conseil municipal du 28 avril 1947 AMVR, 1M3. 35 Un article avec photo du journal Normandie des 24, 25 et 26 mai 1947 montre la pose de la clef de ... 36 ProcĂšs-verbal de la rĂ©union du jury chargĂ© de lâexamen des projets, 11 septembre 1947 AMVR, 1M3. 37 Un mĂ©morial aux victimes de la guerre. La ville de Rouen retient le projet de MM. RenĂ© et Jean-P ... 18La longue prĂ©histoire du monument amĂ©nagĂ© sur la place du Gaillardbois montre toutefois que la ville de Rouen souhaite aussi trĂšs tĂŽt associer toutes les victimes des bombardements. Le 28 avril 1947, le conseil municipal exprime la nĂ©cessitĂ© dâ un monument dont la vue permanente rappellerait aux Rouennais le souvenir des chers disparus, victimes obscures et, hĂ©las, trop nombreuses dâune guerre qui nous a Ă©tĂ© imposĂ©e par la dĂ©fense de la LibertĂ©34 ». LâidĂ©e dâun concours est lancĂ©e sera amĂ©nagĂ©e en monument, avec des dĂ©corations appropriĂ©es, lâancienne porte de la Douane, dernier vestige de lâhĂŽtel du mĂȘme nom situĂ© sur les quais de Seine et dĂ©truit par un bombardement meurtrier au cours de la semaine rouge ». Ă cette Ă©poque, la porte de la Douane, dĂ©placĂ©e, est en cours de réédification Ă lâemplacement du pignon ouest de la future halle aux Toiles35. Ă lâissue de sa rĂ©union du 11 septembre 194736, le jury du concours dĂ©cide toutefois de nâattribuer, au vu des projets prĂ©sentĂ©s, quâun seul et unique second prix Ă deux architectes rouennais qui ont proposĂ© comme Ă©lĂ©ments dâamĂ©nagement une grande couronne mortuaire sculptĂ©e ainsi quâune urne funĂ©raire de laquelle doit sâĂ©lever une flamme Ă©ternelle37. 38 Il nây a de trace dâune telle requĂȘte ni dans les archives municipales, ni aux Archives nationales ... 19Il ne semble pas que ce projet, bien quâil dĂ©passĂąt Ă priori le cadre dâune simple dĂ©cision prĂ©fectorale, ait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© Ă la Commission centrale des monuments commĂ©moratifs38. Parce que celle-ci aurait Ă©tĂ© susceptible de le rejeter pour des raisons esthĂ©tiques, voire politiques, car il ne rendait pas hommage Ă des victimes actives » ? On peut au moins Ă©mettre cette hypothĂšse. Prenant connaissance du dĂ©cret instaurant cette commission Ă©tatique, il est possible que le conseil municipal ait dĂ©cidĂ© dâajourner son projet. 39 Le Monument National aux Victimes Civiles de la guerre sera-t-il Ă©rigĂ© Ă Rouen ? », LibertĂ©-Dima ... 40 Voir M. Gilzmer, op. cit. 41 Voir lâarticle citĂ© note 39. 42 MĂ©morial aux victimes civiles inaugurĂ© le 19 avril », par R. Parment, Paris-Normandie, 9 janvier ... 43 L. Rodriguez, op. cit., p. 293. M. Schmiedel note Ă©galement la tenue, Ă Lyon en 1964, dâune cĂ©rĂ©mo ... 20La rĂ©alisation de ce projet de monument aux victimes civiles des bombardements est de nouveau Ă lâordre du jour au dĂ©but des annĂ©es 1960. Selon la presse, il serait mĂȘme question de faire de la porte de la Douane un mĂ©morial non seulement municipal, mais aussi national39. Le contexte ne paraĂźt pourtant guĂšre favorable, car si De Gaulle entend renforcer au niveau national le programme dâĂ©dification de monuments commĂ©moratifs, câest pour exploiter encore davantage le rĂ©cit fondateur dâune France rĂ©sistante40. Mais il semble que le dĂ©putĂ© gaulliste et adjoint au maire de Rouen Roger Dusseaulx ait plaidĂ© le dossier auprĂšs du prĂ©sident de la RĂ©publique41. Câest finalement le 19 avril 1964 quâest inaugurĂ© le monument dont la portĂ©e reste locale et dont la configuration prend la forme dâune simple inscription, sans autre mise en contexte, sur le mur aveugle de la porte de la Douane 1940-1944 â Ă la mĂ©moire des membres de la DĂ©fense passive et des victimes civiles des bombardements de Rouen et de son agglomĂ©ration. » Quelques semaines avant lâinauguration, le journaliste Roger Parment salue cette initiative qui honorera les morts civils, ceux sur lesquels depuis vingt ans on fait silence, ceux dont jamais nul nâappelle les noms42 », accrĂ©ditant la thĂšse â Ă nuancer comme on lâa vu â du tabou qui aurait pesĂ© sur cette mĂ©moire depuis la LibĂ©ration. Si lâon veut lĂ encore replacer la mĂ©moire rouennaise dans un contexte plus large, on constatera que le 20e anniversaire de la fin de la guerre, en 1964, a favorisĂ© une réémergence au moins temporaire de la prise en compte des victimes des bombardements. La mĂȘme annĂ©e, le ministre des Anciens Combattants participe mĂȘme, Ă Caen et Ă Saint-LĂŽ, aux cĂ©rĂ©monies qui leur sont dĂ©diĂ©es43. Pour Rouen, la date de commĂ©moration logiquement choisie est celle du bombardement â le seul nocturne â qui semble avoir le plus traumatisĂ© les habitants de la ville et des communes environnantes. Figure no 85 â Le monument de la porte de la Douane, place du Gaillardbois. 44 AMVR, 3K1. Je reproduis ici en italique lâajout manuscrit, qui comporte en outre une rature cou ... 45 LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 46 In memoriam », par R. Parment, LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 21La cĂ©rĂ©monie dâinauguration sur la place du Gaillardbois est lâoccasion, vingt ans aprĂšs Vichy, dâune assez curieuse rĂ©conciliation â ou du moins dâune communion dans le deuil â favorisĂ©e peut-ĂȘtre par le fait que ce sont les centristes indĂ©pendants qui dominent le paysage politique municipal, au-delĂ donc du clivage entre gaullistes et communistes. Parmi les invitĂ©s officiels au grand dĂ©jeuner organisĂ© par la ville, on remarque la prĂ©sence de lâancien maire RenĂ© Stackler, que le maire Bernard Tissot remercie dans son discours dâinauguration pour les efforts de coordination des secours quâil a fournis en 1944. Ce discours sâouvre par ailleurs sur une condamnation gĂ©nĂ©rale de la guerre, et lâajout manuscrit sur la version dactylographiĂ©e apparaĂźt comme une concession Ă des constructions mĂ©morielles dominantes peut-ĂȘtre plus nationales que locales La guerre, malgrĂ© lâhĂ©roĂŻsme des combattants il faut dire, la hideuse guerre, cette folie, ce pĂ©chĂ© des hommes les tue et dĂ©vaste leurs foyers44. » Les journaux rĂ©gionaux de lâĂ©poque consacrent de trĂšs longs articles Ă cet Ă©vĂ©nement, qui constitue sans doute le point culminant de la mĂ©moire rouennaise officielle des bombardements au XXe siĂšcle. Ce qui frappe dans la documentation consultĂ©e, câest globalement lâabsence de distance par rapport au rĂ©gime de Vichy LibertĂ©-Dimanche reproduit mĂȘme sans commentaire critique des extraits du Journal de Rouen dâavril 1944 dĂ©nonçant la barbarie amĂ©ricaine » â alors que dans les autres articles, il est Ă peine question des stratĂ©gies militaires des AlliĂ©s45. La volontĂ© dâunir les Rouennais commence Ă ĂȘtre associĂ©e Ă la nĂ©cessitĂ© dâĆuvrer pour la paix et de sensibiliser les gĂ©nĂ©rations futures. Câest ainsi que lâon peut lire sous la plume de Roger Parment, dans un pathos trĂšs gĂ©nĂ©ralisateur, que la cĂ©rĂ©monie ne prendra tout son sens que si lâon associe toutes les victimes civiles de cette guerre europĂ©enne, [...] tous ces morts [qui] ont fini dans la mĂȘme injustice, du fait de la barbarie universelle46 ». Ce qui importe ne semble pas tant de replacer les Ă©vĂ©nements dans leur contexte que de permettre aux Rouennais de faire un travail de deuil, Ă lâissue de la reconstruction de la ville qui a occupĂ© les esprits jusquâalors. 47 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse citĂ© plus haut. 22Dans les annĂ©es et dĂ©cennies qui suivent, la mĂ©moire des bombardements semble certes redevenir lâapanage dâun groupe, celui des anciens de la DP, qui continuent Ă se rassembler sur la place du Gaillardbois chaque 19 avril. Mais dans la presse locale, les anniversaires de la libĂ©ration deviennent de plus en plus lâoccasion dâĂ©voquer aussi les destructions de la ville en 1944, puis de donner la parole aux Rouennais qui les ont vĂ©cues47. Un tournant dans la mĂ©moire des bombardements rouennais ? Les annĂ©es 1994-2011 23Cette idĂ©e de donner la parole aux tĂ©moins culminera Ă lâoccasion du 60e anniversaire de la LibĂ©ration en 2004. On peut toutefois considĂ©rer que la mĂ©moire des bombardements entre au cours des annĂ©es 1990 dans une nouvelle phase, favorisant davantage la mĂ©diation culturelle et les initiatives pĂ©dagogiques que la commĂ©moration au sens strict, avec une vision qui se veut plus multiforme de la seconde guerre mondiale. 48 AMVR, recueil des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal, sĂ©ance du 8 juillet 1994. 49 Je remercieMme Chantier, des archives municipales de Sotteville-lĂšs-Rouen, de mâavoir communiquĂ© c ... 24Ă lâissue de lâamĂ©nagement des espaces du Palais, qui constitue lâune des ultimes entreprises de la reconstruction de Rouen, a Ă©tĂ© laissĂ©e vierge une placette que le conseil municipal dĂ©cide, au cours de sa sĂ©ance du 8 juillet 1994, de dĂ©nommer place du 19 avril 1944 ». Le maire de lâĂ©poque, François Gautier UDF, indique quâil sâest agi dâune suggestion des habitants du quartier. Il ne semble pas que la proposition ait fait dĂ©bat entre la majoritĂ© et lâopposition48. Cette mĂȘme annĂ©e, la municipalitĂ© socialiste de Sotteville-lĂšs-Rouen va plus loin dans lâhommage rendu aux victimes des bombardements, en inaugurant Ă lâoccasion de lâanniversaire du 19 avril 1944 une stĂšle sur laquelle sont gravĂ©s les noms des 561 Sottevillais dĂ©cĂ©dĂ©s cette nuit-lĂ . Une deuxiĂšme stĂšle formĂ©e dâun contrepoids de grue ayant servi Ă la reconstruction, mais qui pourrait Ă©galement Ă©voquer une pierre tombale, rappelle que le vieux Sotteville » a Ă©tĂ© complĂ©ment anĂ©anti ». Elle constitue avec la premiĂšre un petit ensemble monumental symboliquement placĂ© au pied des immeubles de la Zone verte conçus par lâarchitecte Marcel Lods dans les annĂ©es dâaprĂšs-guerre, et devient lieu de commĂ©moration annuelle Ă partir de 199449. Associer ainsi mĂ©moire des destructions et de la reconstruction nous semble constituer une initiative officielle assez inĂ©dite. 50 Interview de D. Denry par Jacques Petit Ă nouvelle place nouveau dĂ©cor â la fontaine de la Pla ... 51 AMVR, 8W1164/996. 25Peu aprĂšs avoir baptisĂ© la nouvelle place du 19 avril 1944, le conseil municipal de Rouen dĂ©cide quant Ă lui de lancer un concours pour y implanter une fontaine. Câest le sculpteur Dominique Denry qui a le rĂ©flexe de choisir la thĂ©matique par rapport au nom de la place. La sculpture placĂ©e au centre de la fontaine et baptisĂ©e Au bout de lâerrance reprĂ©sente une famille qui pourrait figurer la communautĂ© rouennaise qui, dans une dĂ©ambulation théùtralisĂ©e, quitte les ruines de ce funeste jour [...] pour se tourner vers lâavenir et repartir... reconstruire, recommencer50 ». Le projet de Dominique Denry reçoit lâavis unanime du jury de concours â composĂ© en partie dâĂ©lus locaux â pour des raisons esthĂ©tiques mais aussi parce que le lien avec lâhistoire » a Ă©tĂ© retenu comme lâun des principaux critĂšres de sĂ©lection51. 52 La fontaine de Dominique Denry inaugurĂ©e place du 19 avril 1944 », LibertĂ©-Dimanche, 21 dĂ©cembre ... 53 Entretien de D. Denry avec lâauteure, 30 dĂ©cembre 2009. 26La ville adhĂšre ainsi Ă la double perspective destruction/reconstruction choisie par lâartiste. Il est en revanche difficile de savoir si la majoritĂ© municipale de lâĂ©poque, qui perd les Ă©lections de juin 1995 au moment oĂč est rĂ©alisĂ© le projet, avait lâintention de profiter de lâinauguration de la fontaine pour rendre un hommage aux victimes des bombardements. Toujours est-il que cette inauguration a lieu trĂšs discrĂštement en fin dâannĂ©e52. Si le sculpteur nâa pas souhaitĂ© lui-mĂȘme crĂ©er un monument » en tant que tel, il nâexclut pas une rĂ©appropriation du lieu par la volontĂ© commune53. Ă lâĂ©poque oĂč le monument de la place du Gaillardbois, plutĂŽt excentrĂ©e, nâavait plus de vĂ©ritable sens que pour les membres encore en vie de lâAmicale de la DP, une nouvelle place dĂ©nommĂ©e tardivement, avec une fontaine Ă©voquant les bombardements, pouvait-elle alors offrir le cadre de commĂ©morations diffĂ©rentes de celles instaurĂ©es dans les dĂ©cennies prĂ©cĂ©dentes ? 54 Rouen Magazine, supplĂ©ment du 15 avril 2004, Rouen, mĂ©moires 44 â Les Rouennais dans la guerre, ic ... 55 Rouen mĂ©moires 44, Ă©ditĂ© par la ville de Rouen, septembre 2004. Voir les extraits reproduits dans ... 56 AMVR, sĂ©ance du conseil municipal, 29 mars 2004. 57 Cette nuit-lĂ , il pleuvait des coups durs », Paris-Normandie, 19 avril 2004. 58 Entretien de L. Leforestier avec lâauteure, 4 fĂ©vrier 2010. 27En 2004, Ă lâoccasion du 60e anniversaire du dĂ©barquement alliĂ© en Normandie, la ville de Rouen souhaite largement sâassocier aux manifestations du souvenir, et dĂ©veloppe un important programme commĂ©moratif, culturel et pĂ©dagogique qui doit Ă©clairer les diffĂ©rents aspects de lâoccupation et de la fin de la guerre. Dans lâĂ©ditorial du numĂ©ro spĂ©cial de Rouen Magazine dâavril 2004, le maire Pierre Albertini rappelle lâampleur des destructions, lourd tribut que Rouen a payĂ© pour sa libĂ©ration et celle du pays, et la souffrance des habitants sous lâoccupation. Sâil ne gomme pas complĂštement les manifestations de bassesse » qui ont pu accompagner cette souffrance, il ne sâappesantit pas non plus sur les crimes de Vichy et les complicitĂ©s rouennaises, mais inscrit le devoir de mĂ©moire dans une perspective europĂ©enne de rĂ©conciliation54. Le programme envisagĂ© et concrĂ©tisĂ© accorde une large place Ă la mĂ©moire des bombardements de 1944. Sous la forme, par exemple, dâun appel Ă tĂ©moins qui aboutit Ă la publication, en septembre 2004, dâun recueil dâentretiens dont un chapitre est consacrĂ© au quotidien sous les bombes alliĂ©es55. Lâinitiative est complĂ©tĂ©e par des rencontres intergĂ©nĂ©rationnelles, diverses expositions et des ateliers dâĂ©ducation populaire. MĂ©diation culturelle et patrimoine immatĂ©riel constituent ainsi le cĆur dâune nouvelle approche dĂ©fendue par Laure Leforestier, adjointe au patrimoine, dans un rapport adoptĂ© par le conseil municipal sans dĂ©bats ni opposition particuliĂšre56. Les commĂ©morations, dont le volet consacrĂ© Ă la libĂ©ration de la ville sâinscrit dans la continuitĂ© des prĂ©cĂ©dents hommages, prennent en revanche pour la mĂ©moire des bombardements un tour nouveau câest sur la place du 19 avril 1944 situĂ©e au cĆur des rues piĂ©tonnes que les habitants sont appelĂ©s Ă se rassembler le soir du 18 avril 2004 pour rendre hommage aux victimes. Ă lâoccasion de cette cĂ©rĂ©monie, qui constitue un prĂ©lude aux autres manifestations de lâannĂ©e, sont disposĂ©es autour de la fontaine 1 600 bougies rappelant la mĂ©moire des disparus57. Une volontĂ© de renouer et transmettre une mĂ©moire », en sâĂ©cartant des lieux imposĂ©s [qui] avaient perdu du sens » et en prenant en compte la disparition progressive des tĂ©moins, a ainsi Ă©tĂ© Ă lâorigine des diffĂ©rents projets58. Figure no 86 â Fontaine de Dominique Denry, place du 19-Avril-1944. 59 Voir en particulier la contribution de Georg Wagner-Kyora dans cet ouvrage. 28Dans le processus de reconstruction des villes europĂ©ennes dĂ©truites par les bombardements, la question de la sauvegarde de monuments emblĂ©matiques des identitĂ©s locales a constituĂ© une part importante de la rĂ©flexion menĂ©e sur la complĂ©mentaritĂ© entre patrimoine ancien et modernitĂ©59. On peut, dans ce contexte, Ă©galement sâinterroger sur la fonction de ruines ou de traces que la guerre a laissĂ©es dans le paysage urbain, et sur leur mise en relation avec la mĂ©moire des bombardements. Ă Rouen, lâidĂ©e de trace visible a Ă©tĂ© clairement revendiquĂ©e, comme on lâa vu plus haut, Ă travers la réédification de la porte de la Douane Ă un nouvel emplacement et sa rĂ©utilisation sous forme de monument Ă la mĂ©moire des victimes des bombardements. Pour dâautres lieux en revanche, comme les ruines des Ă©glises Saint-Vincent et Saint â Pierre-du-ChĂątel, le lien est plus difficile Ă Ă©tablir ou nâa pas donnĂ© lieu Ă une exploitation dans ce sens. 60 AMVR, 4H29. 61 Il nây est en tout cas pas fait rĂ©fĂ©rence dans le dossier des archives municipales consacrĂ© aux dĂ© ... 62 Rouen Ă©tant jumelĂ©e avec Hanovre, je ne citerai ici que la ruine de lâĂ©glise Saint-Gilles St. Aeg ... 29ConsidĂ©rĂ©e comme lâune des Ă©glises majeures de Rouen, lâĂ©glise Saint-Vincent Ă©difiĂ©e aux XVe et XVIe siĂšcles est presque entiĂšrement dĂ©truite par le bombardement du 31 mai 1944. Suite Ă une dĂ©cision prise en 1948 par le service des Monuments historiques du ministĂšre de lâĂducation nationale60, la quasi-totalitĂ© de la ruine est dĂ©posĂ©e, seuls quelques rares vestiges Ă©tant conservĂ©s jusquâĂ aujourdâhui. Leur absence de mise en valeur, en particulier Ă cause de la percĂ©e dâun nouvel axe routier au moment de la reconstruction, a certes rĂ©guliĂšrement Ă©tĂ© critiquĂ©e, et la perte dâune partie importante du patrimoine architectural de la ville a Ă©tĂ© dĂ©plorĂ©e. Mais Ă notre connaissance, il nây a pas eu de dĂ©bat sur une Ă©ventuelle transformation des vestiges en un mĂ©morial dĂ©diĂ© aux victimes de la guerre61, comme cela a Ă©tĂ© le cas par exemple pour de nombreuses Ă©glises allemandes bombardĂ©es, qui ont finalement Ă©tĂ© conservĂ©es Ă lâĂ©tat de ruines mĂ©morielles62 ». Toutefois, la rĂ©installation des vitraux de Saint-Vincent, mis en caisses avant le dĂ©but de la guerre, dans la nouvelle Ă©glise Sainte-Jeanne-dâArc achevĂ©e en 1979 sur la place du Vieux-MarchĂ©, a sans nul doute constituĂ© un Ă©lĂ©ment important de continuitĂ© pour les Rouennais. 63 A. Maurois, op. cit, p. 71. 64 Ălisabeth Chirol dans son hommage rendu Ă Georges Lanfry, sauveteur » et reconstructeur » de l ... 65 La CathĂ©drale de Rouen, Notre-Dame des Sept Torpilles, film rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Roy, 1953. Voir anne ... 66 Voir G. Pessiot, op. cit., p. 255-262. 67 Sur les destructions de 1944 et la restauration, voir aussi Anne-Marie Carment-Lanfry, La CathĂ©dra ... 30Entre effacement et revendication des traces, ce sont plutĂŽt les deux grands monuments emblĂ©matiques de la ville sĂ©rieusement endommagĂ©s en 1944, la cathĂ©drale et le palais de justice, autour desquels sâest cristallisĂ©e une mĂ©moire qui a pu ĂȘtre conciliĂ©e avec la reconstruction de quartiers et dâĂ©difices modernes. Les dangers qui ont pesĂ© sur la cathĂ©drale, le miracle » de sa sauvegarde puis sa remise en Ă©tat, considĂ©rĂ©e comme prioritaire au lendemain de la guerre, ont bien souvent Ă©tĂ© interprĂ©tĂ©s comme le signe du martyre » et de la rĂ©surrection » de la ville. Constituant pour les Rouennais, selon lâĂ©crivain AndrĂ© Maurois, un Palladium, gage sacrĂ© auquel la ville attachait le sens de sa durĂ©e63 », la cathĂ©drale est censĂ©e avoir incarnĂ© pendant les bombardements lâ Ăąme de la citĂ©64 », ou encore sa pĂ©rennitĂ© et [sa] force65 ». Sa rĂ©ouverture totale au public en 1956 a donnĂ© lieu Ă une grande cĂ©rĂ©monie en prĂ©sence du prĂ©sident RenĂ© Coty et a marquĂ© symboliquement la fin de lâaprĂšs-guerre pour de nombreux Rouennais66. Aujourdâhui encore sont exposĂ©es dans lâĂ©difice des photographies des destructions de 194467. Figure no 87 â DĂ©voilement de la plaque en souvenir des bombardements de 1944, palais de justice de Rouen, 30 aoĂ»t 2011. 68 Le Palais de justice de Rouen, ouvrage collectif publiĂ© par le ministĂšre de la Justice et le dĂ©par ... 31Autre point de cristallisation de lâidentitĂ© rouennaise, le palais de justice est lui aussi considĂ©rĂ© comme lâincarnation de la permanence de Rouen Ă travers les vicissitudes de lâhistoire68 ». Lâancien parlement de Normandie porte encore les traces des bombardements, en particulier sur sa façade de la place Foch. La conservation de ces stigmates » de la seconde guerre mondiale a Ă©tĂ© revendiquĂ©e au cours de la restauration de lâĂ©difice, qui sâest Ă©tendue sur plusieurs dĂ©cennies et dont la derniĂšre phase sâest achevĂ©e en 2010. Et câest justement en ce lieu quâune derniĂšre commĂ©moration importante â sans doute mĂȘme un nouveau tournant dans la mĂ©moire des bombardements rouennais â a Ă©tĂ© organisĂ©e Ă Rouen le 30 aoĂ»t 2011, Ă lâoccasion du 67e anniversaire de la libĂ©ration de la ville. Pour la premiĂšre fois, cet anniversaire intĂ©grait officiellement une cĂ©rĂ©monie commĂ©morative dĂ©diĂ©e aux victimes des bombardements. Le texte de la plaque apposĂ©e Ă lâentrĂ©e ouest du palais de justice et dĂ©voilĂ©e en prĂ©sence des autoritĂ©s civiles et militaires locales, dĂ©partementales et rĂ©gionales et des porte-drapeaux, frappe par une volontĂ© nouvelle de mettre en contexte les Ă©vĂ©nements et dâancrer explicitement leur mĂ©moire dans le paysage urbain Les impacts des bombes lors des bombardements de la ville de Rouen pendant la Semaine rouge 30 mai au 5 juin 1944 et le 26 aoĂ»t 1944 ont Ă©tĂ© maintenus en lâĂ©tat volontairement pour rendre hommage et perpĂ©tuer le souvenir des milliers de victimes de ces jours dĂ©cisifs et rappellent quel a Ă©tĂ© le prix payĂ© par la ville de Rouen pour la LibĂ©ration de la France. 69 67e anniversaire de la libĂ©ration de Rouen, allocution prononcĂ©e par V. Fourneyron, dĂ©putĂ©e-maire d ... 70 Information communiquĂ©e par Guy Pessiot, adjoint au maire chargĂ© entre autres du patrimoine et spĂ© ... 32Certes, la fin de ce texte et le discours prononcĂ© par la dĂ©putĂ©e maire de Rouen ValĂ©rie Fourneyron69 PS sâinscrivent clairement dans la continuitĂ© des prĂ©cĂ©dentes commĂ©morations de la libĂ©ration de Rouen, et lâon continue prioritairement Ă cĂ©lĂ©brer la RĂ©sistance [qui] a fait lâhonneur de la France et lâhonneur de Rouen » et le sacrifice des soldats alliĂ©s auxquels la ville doit sa libĂ©ration. Mais lâhommage rendu Ă la fois Ă lâescadrille Lorraine, unitĂ© de la France libre au sein de la Royal Air Force qui fut lâauteur du dernier bombardement sur Rouen le 26 aoĂ»t70, et aux personnels soignants de lâagglomĂ©ration qui ont portĂ© assistance aux blessĂ©s parmi la population civile, semble indiquer quâavec la distance historique, on est entrĂ© dans un registre de mĂ©moires plus complĂ©mentaires que concurrentes. MĂȘme si, par ailleurs, le mythe dâune population rouennaise qui se serait collectivement mobilisĂ©e » pour la LibĂ©ration occulte encore trĂšs largement, du moins Ă lâoccasion de telles cĂ©rĂ©monies, le rĂŽle jouĂ© aussi par une partie des Ă©lites locales et des habitants dans la collaboration et le rĂ©gime de Vichy. 33Entre lieux de mĂ©moire revendiquĂ©s ou plus ou moins assumĂ©s selon les Ă©poques, la ville de Rouen a finalement accordĂ© une place non nĂ©gligeable au souvenir des bombardements de la seconde guerre mondiale, mais ce parcours mĂ©moriel nâest pas linĂ©aire. On peut distinguer quelques temps forts comme lâimmĂ©diat aprĂšs-guerre, les commĂ©morations de 1964 et les nouvelles formes mĂ©morielles Ă©mergeant Ă partir de 1994, qui sembleraient correspondre Ă une pĂ©riodisation valable Ă©galement pour dâautres villes sinistrĂ©es. Mais lâĂ©tat de la recherche ne permet pas jusquâici de montrer quelle est lâexemplaritĂ© ou au contraire la spĂ©cificitĂ© de Rouen dans la mĂ©moire française des bombardements alliĂ©s. On peut certes Ă©mettre lâhypothĂšse que la tension permanente entre effacement derriĂšre des schĂ©mas mĂ©moriels dominants au plan national et affichage dâun statut de ville martyre » au plan local est assez reprĂ©sentative et ne serait donc pas lâapanage de Rouen. Toutefois, la volontĂ© de prĂ©server une ville-musĂ©e » par delĂ la destruction dâune partie du patrimoine architectural a pu, Ă Rouen, non seulement influencer les choix de la reconstruction, mais Ă©galement marquer davantage quâailleurs le discours nostalgique sur la perte â alors que lâampleur des dommages a finalement Ă©tĂ© moins importante quâau Havre par exemple. 34De nombreuses pistes seraient ainsi Ă explorer. Lâune dâentre elles consisterait Ă Ă©tudier comparativement dans quelle mesure, sans doute trĂšs variable selon les villes et les espaces rĂ©gionaux, mais aussi selon les forces politiques en prĂ©sence, les discours et reprĂ©sentations forgĂ©s dĂšs la pĂ©riode des bombardements eux-mĂȘmes ont contaminĂ© ou obĂ©rĂ© les narrations ultĂ©rieures, empĂȘchant bien souvent une rĂ©elle mise en relation des aspects contradictoires de la seconde guerre mondiale et de son vĂ©cu par les populations françaises. Les tendances rĂ©centes ne visent manifestement plus Ă construire des discours identitaires susceptibles de cimenter les sociĂ©tĂ©s urbaines autour dâune mĂ©moire commune, et la distance historique favorise un recentrage sur lâhommage rendu aux victimes. Il nâen reste pas moins quâune approche contextualisĂ©e de la question des bombardements, de leurs reprĂ©sentations et de leur mĂ©moire en Lrance reste un champ dâĂ©tudes ouvert pour les historiens et les historiennes. Notes 1 Une premiĂšre Ă©bauche de ce travail a Ă©tĂ© publiĂ©e sous le titre La mĂ©moire des bombardements Ă Rouen aprĂšs la seconde guerre mondiale une mise en perspective », Ătudes normandes, no 3, 2010, p. 59-70. 2 Alain GaspĂ©rini, Rouen 1940-1944 la guerre, lâoccupation, la libĂ©ration, Rennes, OuestFrance, 1994 ; Patrick Coiffier, Rouen sous lâoccupation, Luneray, Bertout, 2004 ; Paul Le TrĂ©vier et Daniel Rose, Ce qui sâest vraiment passĂ© le 19 avril 1944, Saint-Germain-en-Laye, Comever, 2004 ; Guy Pessiot, Histoire de Rouen 1939-1958. La guerre 1939-1945 et la reconstruction en 900 photographies, Rouen, PTC, 2004 1re Ă©d. 1983 ; AndrĂ© Maurois, Rouen dĂ©vastĂ©, Fontaine-le-Bourg, Le Pucheux, 2004 1re Ă©d. 1948. 3 Cette expression est utilisĂ©e sous forme dâinterrogation par Michael Schmiedel, doctorant allemand qui travaille sur les bombardements en France et leur reprĂ©sentation, pour le titre dâun article quâil a publiĂ© en 2009 dans un ouvrage collectif consacrĂ© Ă la mĂ©moire de la guerre aĂ©rienne en Europe. M. Schmiedel, Une amnĂ©sie nationale ? Krieg und Nachkrieg in Frankreich », dans Jörg Arnold, Dietmar SĂŒss et Malte Thiessen dir., Luftkrieg. Erinnerungen in Deutschland und Europa, Gottingen, Wallstein, 2009, p. 66-83. Quâil soit ici remerciĂ© de ses remarques et rĂ©flexions au cours de notre Ă©change Ă©pistolaire de 2010. 4 Mechtild Gilzmer, MĂ©moires de pierre â Les monuments commĂ©moratifs en France aprĂšs 1944, Paris, Autrement, 2009 Ă©d. orig. 2007. 5 M. Schmiedel, dans Luftkrieg...,Îżp. cit., p. 69-70. 6 Bernard Garnier, Jean-Luc Leleu, Françoise Passera et Jean Quellien dir., Les populations civiles face au dĂ©barquement et Ă la bataille de Normandie, Caen, CRQH - MĂ©morial de Caen, 2005, p. 7. 7 Ibid., p. 9-20. 8 Letitia Rodriguez, De la place accordĂ©e aux victimes civiles des bombardements et de la bataille de Normandie dans les commĂ©morations officielles, de 1945 Ă aujourdâhui », ibid., p. 289-302. 9 Sur ces facteurs, voir notamment ibid., ainsi que lâintroduction de lâouvrage collectif citĂ© plus haut Tod, Zerstorung, Wiederaufbau â Zu einer europĂ€ischen Erinnerungsgeschichte des Luftkrieges », dans LuftkriegâŠ, Îżp. cit., p. 9-24. 10 Voir Henning Meyer, Les musĂ©es de la seconde guerre mondiale et la transmission de la mĂ©moire. Les exemples du Centre national Jean-Moulin de Bordeaux, du MĂ©morial de Caen â un musĂ©e pour la Paix et du Centre de la mĂ©moire dâOradour-sur-Glane », dans Stephan Martens dir., La France, lâAllemagne et la seconde guerre mondiale. Quelles mĂ©moires ?, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2007, p. 187-221. 11 AprĂšs avoir publiĂ© en 1994-1995 plusieurs ouvrages sur les victimes civiles dans les trois dĂ©partements de Basse-Normandie, le CRHQ a Ă©ditĂ© notamment M. Dandel, G. Duboc, A. Kitts et E. Lapersonne, Les Victimes civiles des bombardements en Haute-Normandie, Caen, La Mandragore, 1997. 12 L. Rodriguez, dans op. cit., p. 299. 13 Ibid. 14 Ce secrĂ©tariat nâa eu quâune existence Ă©phĂ©mĂšre, de mars 2004 Ă mai 2005. 15 16 Par exemple sur le site officiel Chemins de mĂ©moire », créé par le ministĂšre de la DĂ©fense dans le cadre dâune valorisation du tourisme mĂ©moriel en France, les rĂ©fĂ©rences aux victimes des bombardements alliĂ©s restent plus que discrĂštes 17 Câest sans doute autour de 1949 quâest apposĂ©e au pied du Monument aux morts de la premiĂšre guerre mondiale, dont le pourtour a servi de cimetiĂšre provisoire Ă la LibĂ©ration, une plaque en hommage Ă la mĂ©moire des victimes civiles tombĂ©es au cours des bombardements subis par la ville du Havre 1939-1945 ». Information communiquĂ©e sous rĂ©serve par les archives municipales de la ville du Havre. 18 Voir en particulier Andrew Knapp, The Destruction and Liberation of Le Havre in Modem Memory », War in History, no 14, 2007, p. 476-498. 19 Le chiffre de 816 morts est retenu par M. Dandel et al, op. cit., p. 55. 20 Pariser Zeitung, 16 mai 1944, dossier de coupures de presse Extraits de journaux relatant les bombardements de Rouen et de Sotteville du 19 avril 1944 » conservĂ©es aux archives municipales de la ville de Rouen AMVR. Je remercie Dominique Lebeltel, archiviste Ă la ville de Rouen, dâavoir recherchĂ© et mis Ă ma disposition tous les dossiers quâelle a jugĂ©s utiles Ă mon projet. 21 La France terre brĂ»lĂ©e », 19 avril, 12 h 40, Ăditoriaux prononcĂ©s Ă la radio par Philippe Henriot, secrĂ©taire dâĂtat Ă lâInformation et Ă la Propagande, no 9, du 13 au 19 avril 1944. 22 Service interministĂ©riel de protection contre les Ă©vĂ©nements de guerre, créé en 1943 pour apporter un secours dâurgence aux villes dĂ©sorganisĂ©es par les bombardements. 23 Reportage France-ActualitĂ©s du 19 mai 1944, 2 mn 35 s., archives en ligne de lâInstitut national de lâaudiovisuel. Sur cette visite, voir aussi Le MarĂ©chal a commencĂ© son pĂšlerinage tragique. Rouen dĂ©vastĂ© par les bombardements aĂ©riens a reçu, hier, la visite du chef de lâĂtat », LâĆuvre, 15 mai 1944 AMVR, dossier de coupures de presse citĂ©. 24 Journal de Rouen, 20 avril 1944. 25 Dans leur ouvrage sur le 19 avril 1944, P. Le TrĂ©vier et D. Rose montrent lâenchaĂźnement des erreurs de visĂ©es de ces bombardements, qui sâinscrivaient dans lâobjectif militaire fondamental de destruction des gares de triage du Nord-Ouest de la France notamment. P. Le TrĂ©vier et D. Rose, op. cit. De mĂȘme, les bombardements de la semaine rouge » sur lâagglomĂ©ration rouennaise visaient Ă couper la retraite des troupes allemandes en faisant sauter les ponts sur la Seine. 26 Journal de Rouen, 28 avril 1944. 27 AMVR, 1M3. Sauf prĂ©cision contraire, les informations relatives aux plaques et monuments commĂ©moratifs sont extraites de cette sĂ©rie. 28 Le texte du dĂ©cret est reproduit dans le recueil des actes administratifs du dĂ©partement de Seine-InfĂ©rieure, no 38, p. 241, AMVR. Pour une analyse du dĂ©cret et des pratiques de la commission Ă©voquĂ©e, voir en particulier M. Gilzmer, op. cit., p. 31 et suiv. 29 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse Guerre 1939-1945 », no 2 bis. Ici, Paris-Normandie, 1er septembre 1969. 30 Ibid., Paris-Normandie, 31 aoĂ»t 1982. 31 Voir Ă ce propos les diffĂ©rents Ă©changes Ă©pistolaires conservĂ©s aux archives municipales AMVR, 1M3. 32 Dimanche 17 juillet 1949 Le prĂ©sident Auriol remit la LĂ©gion dâhonneur Ă la ville de Rouen », LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 33 Le gĂ©nĂ©ral Piollet inaugure un mĂ©morial Ă la DP », Normandie peu aprĂšs rebaptisĂ© ParisNormandie, 9 juin 1947. 34 SĂ©ance du conseil municipal du 28 avril 1947 AMVR, 1M3. 35 Un article avec photo du journal Normandie des 24, 25 et 26 mai 1947 montre la pose de la clef de voĂ»te de la porte qui occupe dĂ©sormais son emplacement dĂ©finitif. 36 ProcĂšs-verbal de la rĂ©union du jury chargĂ© de lâexamen des projets, 11 septembre 1947 AMVR, 1M3. 37 Un mĂ©morial aux victimes de la guerre. La ville de Rouen retient le projet de MM. RenĂ© et Jean-Pierre Rieux », Paris-Normandie, 24 septembre 1947, signĂ© R. P. Roger Parment, grand journaliste rouennais et ardent partisan, pendant plusieurs dĂ©cennies, dâun hommage aux victimes des bombardements. 38 Il nây a de trace dâune telle requĂȘte ni dans les archives municipales, ni aux Archives nationales oĂč sont conservĂ©es les correspondances entre le ministĂšre de lâIntĂ©rieur, dont dĂ©pendait cette commission, et les prĂ©fets chargĂ©s de soumettre les projets AN, F/1cI/232. 39 Le Monument National aux Victimes Civiles de la guerre sera-t-il Ă©rigĂ© Ă Rouen ? », LibertĂ©-Dimanche, 31 juillet 1960. 40 Voir M. Gilzmer, op. cit. 41 Voir lâarticle citĂ© note 39. 42 MĂ©morial aux victimes civiles inaugurĂ© le 19 avril », par R. Parment, Paris-Normandie, 9 janvier 1964. 43 L. Rodriguez, op. cit., p. 293. M. Schmiedel note Ă©galement la tenue, Ă Lyon en 1964, dâune cĂ©rĂ©monie Ă la mĂ©moire des victimes du bombardement du 26 mai 1944 Ă©change avec lâauteure. 44 AMVR, 3K1. Je reproduis ici en italique lâajout manuscrit, qui comporte en outre une rature courage » est barrĂ© et remplacĂ© par hĂ©roĂŻsme ». 45 LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 46 In memoriam », par R. Parment, LibertĂ©-Dimanche, 19 avril 1964. 47 BibliothĂšque Jacques-Villon, Rouen, dossier de presse citĂ© plus haut. 48 AMVR, recueil des dĂ©libĂ©rations du conseil municipal, sĂ©ance du 8 juillet 1994. 49 Je remercieMme Chantier, des archives municipales de Sotteville-lĂšs-Rouen, de mâavoir communiquĂ© cette information. 50 Interview de D. Denry par Jacques Petit Ă nouvelle place nouveau dĂ©cor â la fontaine de la Place du 19 avril 1944 », Bulletin des Amis des monuments rouennais, octobre 1994septembre 1995, p. 89. 51 AMVR, 8W1164/996. 52 La fontaine de Dominique Denry inaugurĂ©e place du 19 avril 1944 », LibertĂ©-Dimanche, 21 dĂ©cembre 1995. Je remercie Dominique Denry dâavoir mis sa documentation Ă ma disposition et de mâavoir expliquĂ© ces circonstances lors de lâentretien quâil a bien voulu mâaccorder. 53 Entretien de D. Denry avec lâauteure, 30 dĂ©cembre 2009. 54 Rouen Magazine, supplĂ©ment du 15 avril 2004, Rouen, mĂ©moires 44 â Les Rouennais dans la guerre, ici p. 3. 55 Rouen mĂ©moires 44, Ă©ditĂ© par la ville de Rouen, septembre 2004. Voir les extraits reproduits dans lâannexe I. 56 AMVR, sĂ©ance du conseil municipal, 29 mars 2004. 57 Cette nuit-lĂ , il pleuvait des coups durs », Paris-Normandie, 19 avril 2004. 58 Entretien de L. Leforestier avec lâauteure, 4 fĂ©vrier 2010. 59 Voir en particulier la contribution de Georg Wagner-Kyora dans cet ouvrage. 60 AMVR, 4H29. 61 Il nây est en tout cas pas fait rĂ©fĂ©rence dans le dossier des archives municipales consacrĂ© aux dĂ©libĂ©rations relatives aux Ă©glises Saint-Vincent et Sainte-Jeanne-dâArc 1944-1961 AMVR, 2M1. 62 Rouen Ă©tant jumelĂ©e avec Hanovre, je ne citerai ici que la ruine de lâĂ©glise Saint-Gilles St. Aegidien dĂ©truite par les bombardements de 1943 sur la future capitale de la Basse-Saxe et transformĂ©e dĂšs 1954 en mĂ©morial pour les victimes de la guerre et de la violence ». 63 A. Maurois, op. cit, p. 71. 64 Ălisabeth Chirol dans son hommage rendu Ă Georges Lanfry, sauveteur » et reconstructeur » de la cathĂ©drale, aprĂšs la mort de celui-ci en 1969, Bulletin des Amis des monuments rouennais, 1958-1970, p. 87. 65 La CathĂ©drale de Rouen, Notre-Dame des Sept Torpilles, film rĂ©alisĂ© par AndrĂ© Roy, 1953. Voir annexe II. 66 Voir G. Pessiot, op. cit., p. 255-262. 67 Sur les destructions de 1944 et la restauration, voir aussi Anne-Marie Carment-Lanfry, La CathĂ©drale Notre-Dame de Rouen, Ă©dition revue et complĂ©tĂ©e par Jacques Le Maho, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2010 [1re Ă©d. 1977], notamment p. 63-74. 68 Le Palais de justice de Rouen, ouvrage collectif publiĂ© par le ministĂšre de la Justice et le dĂ©partement de la Seine-Maritime, Rouen, 1977, prĂ©face de Jean Lecanuet. 69 67e anniversaire de la libĂ©ration de Rouen, allocution prononcĂ©e par V. Fourneyron, dĂ©putĂ©e-maire de Rouen, Ă lâhĂŽtel de ville au cours de la rĂ©ception des autoritĂ©s et des associations de dĂ©portĂ©s, rĂ©sistants et anciens combattants, 30 aoĂ»t 2011. Je remercie la direction des relations publiques de la ville dâavoir mis ce document Ă ma disposition. 70 Information communiquĂ©e par Guy Pessiot, adjoint au maire chargĂ© entre autres du patrimoine et spĂ©cialiste dâhistoire locale. Je le remercie de mâavoir accordĂ© quelques instants, en marge de la cĂ©rĂ©monie, pour mâexpliquer dans quelles circonstances avait Ă©tĂ© prise la dĂ©cision de dĂ©voiler la plaque commĂ©morative. Sur le rĂŽle du Groupe de bombardement Lorraine » Forces aĂ©riennes françaises libres au moment du dĂ©barquement et sur sa mission dâanĂ©antissement de lâarmĂ©e Von Kluge sur les quais de Seine Ă Rouen, voir aussi Cette publication numĂ©rique est issue dâun traitement automatique par reconnaissance optique de caractĂšres.
FONCIATransaction Rouen 19 Avril 1944 öffnungszeiten heute. 3 Place du 19 Avril 1944, Rouen, telefon, öffnungszeiten, bild, karte, lage. FONCIA Transaction Rouen 19 Avril 1944 . Coronavirus-Krankheit (COVID-19) Situation. BestĂ€tigte FĂ€lle 24161339. TodesfĂ€lle 141085. Frankreich FONCIA Transaction Rouen 19 Avril 1944. 23:00:43. FONCIA Transaction Rouen 19 Avril 1944 DrĂŽle dâhistoire! La Normandie de Bayeux Ă Rouen Niveau TarifA partir de 995 euros DurĂ©e7 nuits / 8 jours Recevez des informations sur la liste des hotels, les vĂ©los, et la description des parcours Plus d'infos RĂ©server Description Ce tour Ă vĂ©lo trĂšs populaire vous permet de dĂ©couvrir la Normandie dans toute sa splendeur et dâen apprendre beaucoup sur la riche histoire de cette rĂ©gion. De Bayeux Ă Rouen, vous longerez la cĂŽte normande et visiterez certains des sites les plus importants du jour J, notamment Omaha Beach, Pegasus Bridge et Longues-sur-Mer, site de l'un des plus formidables postes de dĂ©fense allemands. Vous visiterez Ă©galement des cathĂ©drales remarquables et vous vous tiendrez devant l'endroit oĂč Jeanne d'Arc a trouvĂ© la mort. Vous traverserez les paysages qui ont donnĂ© naissance Ă la peinture impressionniste et inspirĂ© les coups de pinceaux de Monet et de Boudin. Et le soir, vous logerez dans de charmantes villes et villages, oĂč vous pourrez dĂ©guster les meilleures spĂ©cialitĂ©s culinaires de Normandie. La plupart du temps, vous aurez le choix entre deux parcours plus ou moins longs selon votre envie de pĂ©daler. Ce tour Ă vĂ©lo est idĂ©al pour les cyclistes et les passionnĂ©s d'histoire, et convient aux cyclistes de tous niveaux. ItinĂ©raire J1ArrivĂ©e Ă Bayeux PrĂ©voyez dâarriver suffisamment tĂŽt pour dĂ©couvrir cette ville historique qui abrite de nombreuses attractions dont la Tapisserie de Bayeux et la cathĂ©drale gothique de Bayeux. En fin dâaprĂšs-midi, vous rencontrerez notre reprĂ©sentant local qui passera le parcours du sĂ©jour en dĂ©tail et vous remettra vos vĂ©los de location si vous nâapportez pas les vĂŽtres. J2Boucle autour de Bayeux Option via Arromanches 37 km; Total montĂ©es 295 mĂštres; Option via Omaha 52 km; Total montĂ©es 430 mĂštres Aujourd'hui, vous aurez trois options. LâitinĂ©raire court vous emmĂšnera sur la cĂŽte, en commençant par le village d'Arromanches-les-Bains. C'est lĂ que les troupes alliĂ©es ont rĂ©alisĂ© l'un des plus grands exploits d'ingĂ©nierie de la guerre, crĂ©ant un port temporaire en quelques jours seulement. Des parties du port sont encore visibles Ă marĂ©e basse. Vous aurez Ă©galement l'occasion de visiter les batteries allemandes de Longues-sur-Mer. Ces formidables structures de bĂ©ton ont survĂ©cu Ă plus de 1 500 tonnes de bombes le jour de l'invasion alliĂ©e. Si vous choisissez lâoption longue, vous suivrez la vallĂ©e de l'Aure jusqu'Ă Omaha Beach, la plus cĂ©lĂšbre des cinq plages du dĂ©barquement, et le village de Colleville-sur-Mer, site du cimetiĂšre et du mĂ©morial amĂ©ricain de Normandie. Notre longue option vous emmĂšnera encore plus loin, jusqu'Ă la Pointe du Hoc, un lieu emblĂ©matique du dĂ©barquement. J3Bayeux â BĂ©nouville 55 km; Total montĂ©es 395 mĂštres Traversez la vallĂ©e de Seulles jusqu'Ă la Manche, oĂč vous atteindrez Juno Beach. C'est lĂ que la 3e division d'infanterie canadienne a pris d'assaut la plage et a contribuĂ© Ă Ă©tablir des positions stratĂ©giques sur le sol normand. Le Centre Juno Beach documente ce dĂ©barquement grĂące Ă des expositions et des films. Le port de pĂȘche voisin de Courseulles-sur-Mer est lâarrĂȘt idĂ©al pour un dĂ©jeuner de fruits de mer. Plus loin, Sword Beach a vu le dĂ©barquement de la 3e division britannique. De lĂ , vous suivrez une voie verte jusqu'Ă Caen ou BĂ©nouville oĂč vous passerez la nuit. J4BĂ©nouville â Beuvron-en-Auge 30 km; Total montĂ©es 235 mĂštres BĂ©nouville est le théùtre des tout premiers combats du Jour J. Juste aprĂšs minuit, le matin du 6 juin 1944, 181 britanniques, grĂące Ă 6 planeurs, ont atterri ici sans ĂȘtre dĂ©tectĂ©s derriĂšre les lignes allemandes. Dans le cadre de l'opĂ©ration Deadstick, les troupes britanniques, aprĂšs une brĂšve escarmouche, s'emparĂšrent de Pegasus Bridge, un point stratĂ©gique sur la riviĂšre Orne. Il vous sera possible de visiter le musĂ©e consacrĂ© Ă cet Ă©pisode du Jour J. Vous continuerez Ă vĂ©lo Ă travers la plaine de Caen avant de rentrer dans le marais de la Dives - une zone humide qui abrite une grande diversitĂ© dâoiseaux - et d'atteindre les collines du Pays d'Auge. Vous logerez Ă Cabourg sur la cĂŽte, ou Ă lâintĂ©rieur des terres, dans le village de Beuvron-en-Auge, un des "Plus Beaux Villages de France". J5Beuvron-en-Auge â Honfleur Option Courte 45 km; Total montĂ©es 580 mĂštres; Option Longue 67 km; Total montĂ©es 805 mĂštres La magnificence de la Normandie est Ă âportĂ©e de mollets.â Vous trouverez de nombreuses possibilitĂ©s de dĂ©gustation de cidre et de Calvados, les boissons indigĂšnes de la Normandie. La premiĂšre Ă©tape est le village mĂ©diĂ©val de Beaumont-en-Auge. En roulant Ă travers les vergers en direction de la cĂŽte, arrĂȘtez-vous Ă votre guise pour un arrĂȘt cafĂ©... ou cidre! Vous arriverez ensuite Ă Trouville-sur-Mer et Deauville, sa voisine plus huppĂ©e. Honfleur nâest plus trĂšs loin. Ce petit port, dâune beautĂ© Ă©poustouflante, avec ses bĂątiments colorĂ©s et ses rues pavĂ©es, est considĂ©rĂ©e comme le berceau de la peinture impressionniste, ayant attirĂ© des maĂźtres comme Monet, Boudin et Courbet. Les joyaux architecturaux abondent, dont l'Ă©glise Sainte-Catherine, la plus haute Ă©glise en bois de France. J6Honfleur â Brionne 54 km; Total montĂ©es 515 mĂštres Vous ferez vos adieux au front de mer et vous dirigerez vers lâintĂ©rieur des terres, Ă travers le Pays dâAuge et ses chaumiĂšres Ă colombages aux toits de chaume, ses chĂąteaux et ses paisibles villages. Vous atteindrez Pont-Audemer, une version normande de Venise, avec ses canaux mais sans les gondoliers!. Son Ă©glise Saint-Ouen est cĂ©lĂšbre pour ses vitraux. Un peu plus loin encore, vous arriverez Ă Brionne, oĂč vous passerez la nuit. J7Brionne â Rouen 61 km; Total montĂ©es 510 mĂštres Nous avons prĂ©vu un itinĂ©raire assez court pour vous donner suffisamment de temps pour visiter Rouen. Peu aprĂšs avoir quittĂ© Brionne, vous arriverez dans le village du Bec-Hellouin, un des plus beaux villages de France. Lâabbaye du Bec, fondĂ©e en 1034, vaut vraiment la peine d'ĂȘtre vue ! Le parcours est un peu accidentĂ© jusquâĂ la Seine que vous suivrez jusquâĂ La Bouille, un petit village au bord du fleuve qui a inspirĂ© de nombreux peintres. LĂ , vous traverserez la Seine au moyen dâun bac⊠quelques coups de pĂ©dales et vous serez au coeur de Rouen, la capitale historique de la Normandie. Vous pourrez visiter la vieille place du marchĂ© de Rouen, oĂč Jeanne d'Arc oĂč fĂ»t brĂ»lĂ©e sur le bĂ»cher. La cathĂ©drale Notre-Dame, datant du XIIe siĂšcle, est Ă©galement un lieu incontournable. Monet lâa peinte 28 fois! J8DĂ©part Le petit dĂ©jeuner marque la fin de ce voyage RĂ©servation & Prix Option A 2 nuits en hotels 3*, 4 nuits en hotels 2*, et 1 nuit en chambre dâhĂŽtes de charme. 995 euros par personne en avril et octobre. Le supplĂ©ment single est 365 euros 1,055 euros par personne en mai, juin et septembre. Le supplĂ©ment single est 375 euros 1,085 euros par personne en juillet et aoĂ»t. Le supplĂ©ment single est 385 euros Option A+ 1 nuit en hĂŽtel 4*, 5 nuits en hotels 3* et 1 nuit en chambre dâhĂŽtes de charme. 1,325 euros par personne en avril et octobre. Le supplĂ©ment single est 480 euros 1,395 euros par personne en mai, juin et septembre. Le supplĂ©ment single est 490 euros 1,415 euros par personne en juillet et aoĂ»t. Le supplĂ©ment single est 500 euros Le tarif inclut 7 nuits en hĂ©bergements comme listĂ© ci-dessus. Les petits dĂ©jeuners 1 dĂźner hors boissons pour lâOption A / 2 dĂźners pour lâOption A+ Rencontre avec notre reprĂ©sentant local Le transport des bagages Cartes marquĂ©es avec directions et carnet de route GPS avec lâitinĂ©raire prĂ©-chargĂ© en fonction des disponibilitĂ©s Information touristique Assistance tĂ©lĂ©phonique Les taxes et les pourboires Le tarif n'inclut pas DĂ©penses personnelles Lâassurance de voyage La location des vĂ©los. Les VTC sont disponibles au prix de 125 euros par vĂ©lo. Les VAE vĂ©los Ă©lectriques sont disponibles au prix de 245 euros par vĂ©lo ces prix comprennent les frais de rapatriement des vĂ©los Ilserait partiellement lâĆuvre de Roulland Le Roux, architecte du bureau des finances (actuel Office de tourisme).Il a Ă©tĂ© endommagĂ© deux fois en 1944 : lors du bombardement du 19 avril, l'aile gothique a Ă©tĂ© dĂ©truite et le 26 aoĂ»t la partie centrale gothico-renaissance a aussi Ă©tĂ© fortement touchĂ©e. Les murs en pierre sont restĂ©s debout mais les UNE ENTREPRISE PUBLIQUE DANS LA GUERRE LA SNCF, 1939-1945 TroisiĂšme partie Les cheminots dans la guerre et lâoccupation Yves Machefert-Tassin â Le bilan des bombardements aĂ©riens des installations ferroviaires en France, leurs consĂ©quences stratĂ©giques et humaines tactiques incohĂ©rentes, rĂ©sultats discutables, victimes civiles exorbitantes et destructions Ă long terme inutiles ? Lâhistoire du bombardement aĂ©rien des voies ferrĂ©es depuis la guerre 1914-1918 a pour rĂ©sultat, en 1940, une stagnation Ă©vidente et bien peu de moyens du cĂŽtĂ© des AlliĂ©s1. En revanche, la campagne de France allemande de mai 1940 prouve lâefficacitĂ© relative et la prĂ©cision des bombardements en piquĂ© Stukas ou 342 Junker 87 B, sur des objectifs de faibles dimensions, dont les installations ferroviaires fixes et mobiles. En consĂ©quence, le nombre de victimes civiles ou cheminotes est, pour cette campagne, fort rĂ©duit. Avant mĂȘme lâarmistice, la rĂ©plique britannique en est le bombardement Ă basse altitude, encore localisĂ©, des ports du Nord de la France et des voies de dessertes impliquĂ©s dans le rassemblement des barges prĂ©vues pour un Ă©ventuel dĂ©barquement allemand en Angleterre. Les premiĂšres installations du rail ainsi touchĂ©es par le Bomber Command de la RAF sont celles de Boulogne-sur-Mer dĂšs le 12 juin 1940, puis Calais, Dunkerque et Saint-Omer de 1940 Ă 19422. Cependant, lors de la campagne de mai-juin 1940, le rĂ©seau français nâavait Ă©tĂ© atteint que par des destructions mineures, ne touchant pas les ouvrages stratĂ©giques. La reconstruction, entreprise fin 1940, est achevĂ©e en 1942 pour 2 100 dâentre eux. Quelques ouvrages majeurs entiĂšrement reconstruits, tel Longeray sur le RhĂŽne, ont Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©s par la suite en 1944, tant par lâaviation que par le minage et, Ă lâinverse, certains, Ă©pargnĂ©s en 1940, ont Ă©tĂ© dĂ©truits par les Allemands en retraite lorsquâils en avaient le temps, comme dans le Nord et lâEst de la France. La difficultĂ© dâ â asphyxier â un adversaire par lâinterruption du trafic qui le ravitaille nâest donc apparue quâaprĂšs bien des Ă©checs. Ce nâest que bien aprĂšs 1945 que les militaires ont constatĂ© lâincohĂ©rence entre les moyens aĂ©riens quâils avaient dĂ©veloppĂ©s dans un but de guerre totale, de bombardements de terreur sur les zones urbaines allemandes et la faiblesse des rĂ©sultats obtenus quand ils Ă©taient appliquĂ©s aux objectifs prĂ©cis, spĂ©cifiques que sont les voies de communication, surtout ÂferrĂ©es. 1940-1943 UN ĂCHEC STRATĂGIQUE Ă la suite des raids aĂ©riens allemands de fin 1940 Ă dĂ©but 1941 sur les docks de Londres, puis sur des villes industrielles britanniques, en particulier sur les usines dâaĂ©ronautique Rolls Royce Ă Coventry, par exemple, arrĂȘtĂ©s par la bataille dâAngleterre oĂč sâillustre la chasse anglaise, une contre-attaque est lancĂ©e aussitĂŽt vers le continent. Les opĂ©rations sont locales, menĂ©es de jour et sur la zone cĂŽtiĂšre de la Manche par des bombardiers moyens, lĂ©gers et rapides bimoteurs Maraudeurs et Mosquitos. Les objectifs visĂ©s, lorsquâils sont ferroviaires, vont des ouvrages dâart, tel le viaduc de Morlaix, Ă lâouest 29 janvier 1943, 39 morts civils, Ă quelques installations du Nord, telles Abbeville, Saint-Omer, et jusquâĂ Amiens et Tergnier attaquĂ©s dâavril 1942 Ă juillet 1943. Devant le peu de rĂ©sultats de ces raids lĂ©gers dits â tactiques â, le Bomber Command â lourd â reprend les opĂ©rations, quâil conforme Ă sa pratique des arrosages â punitifs â de grandes surfaces, comme sur les villes allemandes, puisque selon son propre chef, Harris, â câest la seule chose quâils sachent faire â3. Ajoutons que cette dĂ©cision du cabinet de guerre britannique, qui est essayĂ©e dâavril 1942 au 8 mars 1943 sur 29 objectifs ferroviaires en France, est dĂ©jĂ contestĂ©e par les AmĂ©ricains de lâUS Air Force arrivant en Grande-Bretagne pour Ă©tablir leurs propres bases dâattaques aĂ©riennes. Mais leurs dĂ©buts se rĂ©vĂšlent dĂ©sastreux Rennes-triage, le 8 mars 1943, 10 % dâimpacts sur le site SNCF et 300 morts civils, ou Rouen-Sotteville et, pour servir la vanitĂ© dâIra Eaker et de sa 8e USAF, les essais infructueux de coupure de la liaison vers lâItalie Marseille-Vintimille, par des attaques multiples du viaduc dâAnthĂ©or. Il faudra 6 expĂ©ditions successives Ă partir de 1943, relayĂ©es par la RAF tout aussi malhabile, pour finir par encadrer le viaduc dâAgay, pris pour celui dâAnthĂ©or le 12 fĂ©vrier 1944 ! Si, au sol, les dĂ©gĂąts civils sont relativement minimes, il en est de mĂȘme du point de vue ferroviaire, puisque quelques cratĂšres sur la voie interrompent seulement de quelques heures Ă quelques jours une liaison majeure germano-italienne. De tels rĂ©sultats conduisent Ă lâabandon de toute idĂ©e dâattaques sur les ouvrages dâart. Il sont trop difficiles Ă atteindre par les bombardiers lourds Ă haute altitude et lâon ne pense pas Ă dĂ©velopper les attaques en piquĂ© en utilisant les bimoteurs rapides existants. Quâen est-il de la dĂ©fense passive des installations de la SNCF ? Si les AlliĂ©s nâont dĂ©veloppĂ© leurs moyens de bombardement quâĂ partir de 1943, en revanche le continent avait renforcĂ© ceux de sa dĂ©fense passive depuis 1939 et, parfois, dĂšs 1937. En France, avant mĂȘme la crĂ©ation de la SNCF en 1937, les autoritĂ©s militaires demandent aux rĂ©seaux dâeffectuer des â travaux de protection des carrefours ferroviaires contre les attaques aĂ©riennes, car ils sont essentiels pour la continuitĂ© des transports militaires â. Câest ainsi que des installations importantes sont pourvues, en 1938 et 1939, dâabris bĂ©tonnĂ©s dâurgence, enterrĂ©s ou en surface, gĂ©nĂ©ralement de petite surface 4 Ă 20 mÂČ, soit pour 4 Ă 20 hommes. Le toit, dâenviron 1 m Ă 1,5 m dâĂ©paisseur, ne peut rĂ©sister quâaux bombes explosives de 300 kg considĂ©rĂ©es comme le maximum de lâĂ©poque ! ; en revanche, ces abris sont Ă©quipĂ©s le plus souvent pour rĂ©sister aux attaques chimiques par gaz de combat. Des variantes, abris simplifiĂ©s dits individuels, prĂ©fabriquĂ©s, Ă toiture conique, aussi bien que des abris plus importants, pour 20 Ă 40 personnes, sur les sites oĂč la main-dâĆuvre est plus nombreuse bĂątiments administratifs, ateliers, apparaĂźtront de 1939 Ă 19444. Les consĂ©quences des tergiversations de la RAF et de lâUSAF et le rapport â Butt â Les rĂ©sultats dĂ©sastreux des attaques aĂ©riennes de jour Ă haute altitude de lâUSAF en 1943, mĂȘme si la chasse adverse est faible, conduisent la RAF Ă essayer de son cĂŽtĂ© quelques raids de jour, avec des bombardiers moyens et rapides accompagnĂ©s de chasseurs jusquâĂ ce que la maĂźtrise de lâair sur la Manche leur soit assurĂ©e. En principe complĂ©mentaires des raids â lourds â de nuit, ils concernent des objectifs ferroviaires trĂšs divers, comme Ă Caen 10 fĂ©vrier 1943 puis Ă Tours fĂ©vrier 1943 oĂč interviennent des formations de Mosquitos Ă trĂšs basse altitude. Devant le peu de rĂ©sultats obtenus, la RAF revient aussi aux bombardiers lourds sur Modane 17 septembre et 11 novembre 1943 avec non moins de 340 appareils. Ici encore les rĂ©sultats sont ambivalents, sinon nuls interruptions de circulation allant de un Ă quatre jours, au prix de nombreuses vies humaines, tant cheminotes que civiles, et dâĂ©quipages5. Le comble est atteint avec le raid avortĂ© de 548 appareils du 5 dĂ©cembre 1943, dont 3 seulement trouvent lâune de leurs multiples cibles, au coĂ»t de 9 appareils disparus pour rien. Ă la suite de ces rĂ©sultats qui commencent Ă se savoir, Churchill demande un rapport â civil â qui porte le nom de son auteur principal â D. N. Butt â, basĂ© sur les rĂ©sultats des raids de nuit de toutes catĂ©gories mais principalement sur lâAllemagne. Ses conclusions sont dâune sĂ©vĂ©ritĂ© sans appel pour le Bomber Command britannique. Elles rĂ©vĂšlent les dĂ©fauts de principe dâune stratĂ©gie qui consiste en flux opĂ©rationnels longs, de ce fait trĂšs risquĂ©s pour les derniers avions, ainsi que lâinefficacitĂ© complĂšte du Carpet bombing â en tapis â ou â de surface â , dâune dispersion et dâune imprĂ©cision faciles Ă constater sur les reconnaissances photographiques postĂ©rieures malgrĂ© la prĂ©cision des â marquages â6. Churchill, dĂ©but 1943, se pose donc sĂ©rieusement la question continuer ou arrĂȘter ? La question dâĂ©thique des reprĂ©sailles de terreur sur des objectifs civils nâest guĂšre abordĂ©e, bien que les voix de quelques lords et de lâĂ©vĂȘque de Chichester sâĂ©lĂšvent en ce sens. Churchill est presque contraint par lâĂ©tat-major de la RAF qui nâa aucun autre moyen dâattaque, et en lâabsence dâalternative disponible que seraient des chasseurs-bombardiers lĂ©gers et rapides, de persister dans la voie de lâ â arÂrosage â nocturne, approximatif, â de surface â. Harris â the Bomber â gagne ainsi le maintien officiel de lâespoir dâatteindre le moral des troupes par la destruction des maisons et par la â terreur des familles â. Mais il atteint aussi ses Ă©quipages, qui dĂ©couvrent que la DCA nâest pas rĂ©servĂ©e Ă des zones militaires quasi inaccessibles comme la base de Cherbourg, presque jamais attaquĂ©e. LâANNĂE 1944 Les grandes opĂ©rations prĂ©paratoires au dĂ©barquement mars Ă juin 1944 Quel est exactement le plan alliĂ© ? Le gĂ©nĂ©ral Eisenhower le prĂ©cise â Câest la dislocation des lignes de communications ennemies sur une zone bien plus Ă©tendue que la rĂ©gion mĂȘme du dĂ©barquement [âŠ]. Durant la pĂ©riode de prĂ©paration, soit seulement en mai 1944, des forces aĂ©riennes tacÂtiques seront utilisĂ©es contre les objectifs ferroviaires. â Cela nâest pas du goĂ»t du Bomber Command Harris car ces forces aĂ©riennes tactiques reprĂ©sentent environ 2 400 chasseurs ou chasseurs-bombardiers et 700 bombardiers lĂ©gers alors quâexistaient dĂ©jĂ 4 000 bombardiers lourds. Par ailleurs, ce nâest pas de gaietĂ© de cĆur que le gĂ©nĂ©ral Eisenhower se dĂ©cide Ă dĂ©truire le systĂšme des communications françaises, dont il espĂšre bien pouvoir se servir, Ă son tour, pour progresser vite, alors que F. D. Roosevelt y Ă©tait indiffĂ©rent7. â Je me rendais compte, Ă©crit-il, que les attaques contre les gares de triage et les centres ferroviaires par les forces stratĂ©giques et tactiques entraĂźneraient de nombreuses pertes de vies françaises. En outre, une trĂšs importante part de lâĂ©conomie française serait incapable de fonctionner pendant un laps de temps considĂ©rable [âŠ]. NĂ©anmoins, pour des raisons purement militaires, jâai considĂ©rĂ© que le systĂšme des communications françaises devait ĂȘtre disloquĂ©. â Et il obtient gain de cause, cette fois, contre Churchill qui craignait des rĂ©actions justifiĂ©es8. Reportons-nous en mars 1944. Ce quâil faut obtenir, câest â lâencagement du champ de bataille â. Les Ă©tats-majors allemands, mais non la Luftwaffe, sont persuadĂ©s que lâinvasion se fera par le Pas-de-Calais. Ils y ont maintenu et concentrĂ© la 15e ArmĂ©e, tandis quâen Normandie ils nâont groupĂ© que dix divisions, dont une blindĂ©e. Les AlliĂ©s doivent donc empĂȘcher la 15 e ArmĂ©e et les autres rĂ©serves de se dĂ©placer vers la Normandie durant les opĂ©rations ou du moins retarder leur progression et maintenir les Allemands dans le doute sur le lieu du dĂ©barquement, tout en coupant lâaccĂšs aux installations de V1 et V2 qui viennent dâĂȘtre identifiĂ©es. La campagne sâouvre, en mars 1944, par des bombardements sur le rĂ©seau ferroviaire du Nord-Ouest de lâEurope. LâĂ©tat-major de lâAir alliĂ© a Ă©tabli lâordre de prioritĂ© suivant 1 / ponts principaux ; 2 / nĆuds ferroviaires et installations â dĂ©pĂŽts, plaques tournantes [sic], â postes dâaiguillage, â commande-signaux [sic], â gares de triage ; 3 / trains mitraillage. Ă partir de la mi-avril, les bombardiers des forces aĂ©riennes stratĂ©giques abandonnent les objectifs lointains allemands pour concentrer leurs attaques sur les rĂ©seaux ferroviaires français et belge. Les points visĂ©s sont en premier lieu LiĂšge, Namur, Mons, Charleroi, Arras, dâune part, les gares de triage de la rĂ©gion parisienne, dâautre part. Le commandement alliĂ© a, en outre, prĂ©vu lâĂ©tablissement dâune â ligne dâinterdiction â par la rupture des ponts sur la Seine entre Paris et Le Havre. Ă partir du 27 mars, ce plan entre en application. Afin de tromper les Allemands sur le lieu de dĂ©barquement, cette premiĂšre ligne dâinterdiction est bientĂŽt doublĂ©e dâune seconde qui longe le canal Albert et la Meuse. Lâattaque des objectifs ferroviaires et routiers doit atteindre son paroxysme au mois de mai. Elle porte sur quatre secteurs distincts â entretien des destructions sur la ligne LiĂšge, Mons, Arras et attaques dans le quadrilatĂšre Rouen, Paris, MĂ©ziĂšres, Dunkerque servant aussi dâaccĂšs aux installations V1 et V2 ; â rupture des ponts routiers et ferroviaires sur la Meuse et la Seine ; â bombardements sur les centres ferroviaires de lâAllemagne occidentale Hamm, Aix-la-Chapelle, TrĂšves, Mannheim, du Luxembourg et de lâEst de la France Ăpinal, Thionville, Belfort, Mulhouse, Strasbourg ; â attaques des installations ferroviaires dans la rĂ©gion de la Loire OrlĂ©ans, Tours, Nantes, Saumur et dans le Sud-Est de la France Nice, Avignon, NĂźmes. On note, cependant, que ce programme fait lâobjet de vives controverses, trĂšs directes, entre les principaux responsables anglais et amĂ©ricains, y compris entre Churchill et Eisenhower. HĂ©sitations tactiques et rĂ©sultats La conception amĂ©ricaine du bombardement dit â de prĂ©cision â parce quâil Ă©tait supposĂ© devoir atteindre son but, Ă haute altitude et de jour, en formation serrĂ©e et sans escorte, est vite rĂ©duite Ă nĂ©ant par la chasse de la Luftwaffe. Outre les effets des attaques sur le moral des civils touchĂ©s, elle entraĂźne des pertes excessives en appareils et Ă©quipages en octobre 1943, un tiers du 8e Bomber Command USAF fut dĂ©truit en une semaine. La RAF reprend alors des opĂ©rations nocturnes, relayant ou remplaçant lâUSAF. Jusquâen juin 1944, les opĂ©rations menĂ©es par les deux armĂ©es de lâair concurrentes sont entiĂšrement distinctes, la coordination ne venant quâaprĂšs le dĂ©barquement ! Ce qui ne suffit pas Ă expliquer certaines incohĂ©rences des raids ferroviaires. Ă quoi aboutissent ces dĂ©bats, vus du rail et du sol, dans la rĂ©alitĂ© des faits ? En fĂ©vrier-mars 1944, les Anglais doivent renforcer, sous le nom de leurre de Fortitude, leur protection contre les armes de reprĂ©sailles en cours dâinsÂtallation au Nord-Ouest de la France. Un dĂ©barquement en Pas-de-Calais deÂvient incertain. Ils doivent aussi assurer avec les AmĂ©ricains la prĂ©paration de la tenaille dâOverlord entre Seine et Loire. La rĂ©ponse Ă ces obligations tient dans les premier raids aĂ©riens massifs sur les cibles ferroviaires dĂ©signĂ©es par le nom, gĂ©nĂ©rique, de â triages â français, regroupant 80 installations de la SNCF aussi diverses, en dehors des triages eux-mĂȘmes, que faisceaux de garage, ateliers dâentretien du matĂ©riel roulant, dĂ©pĂŽts de locomotives, mais aussi gares de marchandises, bifurcations, ensuite seulement les ouvrages dâart. Cette premiĂšre vague de prĂ©paratifs pour Overlord est censĂ©e brouiller les pistes et Ă©viter de dĂ©voiler les vĂ©ritables zones choisies pour le dĂ©barquement. Lâoffensive commence par â 27 triages â. AprĂšs les essais prĂ©cĂ©dents, regrettables Ă tous points de vue, y compris leur inutilitĂ©, qui ont marquĂ© 1943, câest Le Mans-triage qui dĂ©bute la sĂ©rie en mars 1944. Bien que lâobjectif soit rĂ©putĂ© facile Ă atteindre parce que les habitations sont Ă©loignĂ©es, que la dĂ©fense au sol et la chasse allemande sont rĂ©duites, le succĂšs reste douteux9. Les destructions ferroviaires utiles Ă court terme du point de vue militaire sont presque nulles, les relevĂ©s aĂ©riens le prouvent dans ce cas comme dans les suivants. De ce fait, la rĂ©pĂ©tition de ces raids lourds devient impossible Ă Ă©viter. Comme ils sont difficiles Ă organiser, donc espacĂ©s en temps, la reconstruction partielle des itinĂ©raires de voies essentielles peut ĂȘtre menĂ©e Ă bien entre deux raids, ce qui ne gĂšne guĂšre les transports militaires, sinon en ralentissant de quelques jours les ravitaillements. Curieusement, Ă la mĂȘme Ă©poque, des raids extrĂȘmement prĂ©cis sont lancĂ©s contre les stations de radars allemands 40 sur 47, dispersĂ©s de Cherbourg Ă la Belgique, dans le but dâentretenir la confusion sur les zones de dĂ©barquement. EffectuĂ©s par des chasseurs-bombardiers Typhoon ou Spitfire, ou Mosquitos parfois pourvus de fusĂ©es-bombes, ils se rĂ©vĂšlent extrĂȘmement efficaces et peuvent se rĂ©pĂ©ter et harceler lâadversaire sans risques majeurs. Quoique la rĂ©sistance française et belge connaisse, approuve et aide ces opĂ©rations, il ne semble pas, Ă cause du cloisonnement et des luttes intestines entre Ă©tats-majors, que lâon ait pensĂ© Ă les utiliser contre les voies ferrĂ©es avant plusieurs mois. En ce qui concerne les attaques de trains, les cheminots nây Ă©taient guĂšre prĂ©parĂ©s ils connaissaient leurs risques, mais ne soupçonnaient pas encore lâabsence de discernement des attaquants qui allaient confondre convois militaires et civils, voies normales et voies Ă©troites. Quant aux bombardements de gares, ils nâĂ©taient pas plus efficaces dans le cas de 30 % des objectifs atteints, la SNCF pouvait remettre en service des voies de traversĂ©e en quelques heures, sinon en quelques jours en dĂ©pit des bombes Ă retardement. Ces constats sont valables pour tous les raids de mars Ă juillet 1944, car, malgrĂ© les perfectionnements du ciblage par radar H2S notamment, les radios de bord et dâidentification IFF sont trop bavardes, et permettent aux radars allemands de diriger avec plus de prĂ©cision la chasse nocturne. Celle-ci est pourvue, dĂšs fĂ©vrier 1944, de radars de pistage prĂ©cis SN2 qui Ă©quipent 480 appareils JU88 et ME110 en avril et de nouveaux canons obliques qui tiennent compte des angles morts des bombardiers britanniques. Sâensuivent des pertes atteignant, selon lâaveu mĂȘme des Anglais, une â quantitĂ© presque insupportable â, qui vont durer jusquâĂ la mise en service des chasseurs dâaccompagnement Ă grand rayon dâaction type P51 Mustang permettant aux AmĂ©ricains de prendre le relais des raids diurnes en juin-juillet. Mais auparavant, bien des citĂ©s cheminotes, voisines des objectifs â rail â, comptent des destructions dâhabitations considĂ©rables. Bien que les familles se dispersent, la nuit, loin des cibles, il y a encore trop de victimes civiles. Citons les exemples de Tergnier, Aulnoye, Laon, Lens ou Lille-DĂ©livrance au nord, en rĂ©gion parisienne Vaires10, Villeneuve-Saint-Georges, Juvisy et Trappes ; plus Ă lâouest et au sud, Rouen-Sotteville, Le Mans, Saint-Pierre-des-Corps et Les Aubrais. Les comptes rendus dâobservations des rĂ©sultats des Ă©quipages alliĂ©s en fin de mission se signalent par leur optimisme, exagĂ©rĂ© comme le rĂ©vĂšlent les photos aĂ©riennes prises ensuite, dĂ» surtout aux faibles pertes qui caractĂ©risent les objectifs ferroviaires Ă cette Ă©poque 1,1 Ă 1,5 % des appareils. Ă lâopposĂ©, cĂŽtĂ© SNCF, la tendance des rapports, quâils soient ou non officiels, et prĂ©vus pour des usages multiples, est aussi dâamplifier les dĂ©gĂąts â il sâagit dâĂ©viter la rĂ©pĂ©tition des bombardements et les prĂ©lĂšvements de matĂ©riel intact â tout en Ă©valuant assez justement les temps de remise en Ă©tat des voies principales. La SNCF peut ainsi rĂ©clamer un maximum de matiĂšres et de matĂ©riels de remplacement aux occupants11 en arguant des longueurs totales de voies atteintes par les bombes, alors que le rapport entre voies nĂ©cessaires Ă la continuitĂ© du rĂ©seau et voies de garage est de 1 Ă 10, voire de 1 Ă 20. La multiplication des objectifs et leur importance entraĂźne une montĂ©e trĂšs rapide des effectifs employĂ©s sur les chantiers de remise en Ă©tat, cheminots et civils de diverses provenances. Ils passent de 4 000 en avril Ă plus de 15 000 courant mai au rĂ©seau Nord, de 3 000 Ă 7 ou 9 000 Ă lâOuest. Le total atteindra 65 000 pour toute la SNCF. La RĂ©sistance est consciente de cette augmentation du nombre de victimes potentielles alors que lâĂ©tat-major aĂ©rien britannique ne la prend que peu en compte. Dans tous les cas il nâest pas en mesure de changer rapidement de tactique, alors quâOverlord se profile dans moins de trois mois. On constate alors que sur 26 attaques aĂ©riennes majeures, impliquant 4 264 bombardiers et le lĂącher de 15 290 t de bombes, explosives pour la plupart, 15 Ă 25 % selon le succĂšs du raid atteignent leurs objectifs, au sens large. Les pertes en avions, qui restent beaucoup plus Ă©levĂ©es sur lâAllemagne, oĂč est concentrĂ©e la majoritĂ© des dĂ©fenses, restent trĂšs faibles sur les objectifs ferroviaires français 1,5 Ă 2,3 % du nombre dâappareils, ce qui reprĂ©sente nĂ©anmoins plus de 1 000 manquants, morts, prisonniers ou disparus cĂŽtĂ© AlliĂ©s, davantage amĂ©ricains que britanniques. Ă la veille du D Day, les observateurs voient pour un rare moment correspondre le taux estimĂ© de â coups au but â Ă la rĂ©alitĂ©. Câest au prix de la mort de prĂšs de 2 000 civils et cheminots et de la destruction de 14 000 maisons ou immeubles. DU BILAN PROVISOIRE DU 6 JUIN 1944 AU BILAN DĂFINITIF Retarder les transports allemands Le â prix â humain Ă payer est alors considĂ©rĂ© par les Britanniques comme infĂ©rieur aux prĂ©visions, mais les rĂ©sultats des opĂ©rations le sont aussi ils jugent quâelles ne sauraient retarder suffisamment les renforts allemands. Câest pourquoi on passe en juin 1944 Ă des opĂ©rations tactiques, ponctuelles, concernant davantage les ouvrages dâart que les voies elles-mĂȘmes comme les observateurs au sol le demandaient depuis longtemps. Le rendement global du systĂšme ferroviaire français contrĂŽlĂ© par lâAllemagne tombe assez bas pour que le ravitaillement de lâarmĂ©e et de lâorganisation Todt rencontre des difficultĂ©s considĂ©rables pour parvenir dâAllemagne en France, alors que le trafic est encore trĂšs actif Ă la Deutsche Reichsbahn. Les mouvements de troupes postĂ©rieurs Ă lâinvasion du 6 juin subissent des retards importants et des dĂ©routements de plusieurs centaines de kilomĂštres sont imposĂ©s aux troupes en cours de transport par rail12. En fĂ©vrier 1944, lâensemble de lâorganisation des transports allemands en France reprĂ©sente un trafic de 60 Ă 70 trains par jour circulant entre lâAllemagne et les cĂŽtes françaises de Dunkerque Ă Nantes. Ă la fin dâavril, il ne passe plus que 48 trains par vingt-quatre heures. Fin mai, le trafic tombe Ă 32 par jour dont 12 convois de charbon sarrois 20 trains seulement restent disponibles pour la troupe, ce qui suffit en certains cas pour acheminer les renforts. Ici encore, ce ne sont pas les attaques des gares et du matĂ©riel qui ont Ă©tĂ© efficaces, mais les goulets dâĂ©tranglement provoquĂ©s et, surtout, entretenus sur la Seine et la Loire par les attaques des ouvrages dâart. Autres objectifs, qui poursuivent des buts tactiques, sont les mitraillages de convois, bombardements de pleine voie et de petites gares oĂč sont dispersĂ©s les matĂ©riels les reconnaissances aĂ©riennes ont permis aux observateurs de reconnaĂźtre enfin que le matĂ©riel roulant â sensible â trains-parcs, trains de secours13, et surtout locomotives avait Ă©tĂ© dispersĂ© pour le sauver des destructions massives des â nĆuds â ferroviaires14. LâUSAF recommande donc des opĂ©rations multiples et dispersĂ©es, diurnes, Ă basse altitude plutĂŽt que lâĂ©norme gaspillage de moyens que reprĂ©sentent des raids nocturnes â en surface â. Cependant les premiers essais amĂ©ricains Ă partir des bases britanniques, puis ceux depuis lâAfrique du Nord vers la Provence, effectuĂ©s Ă moyenne altitude pour protĂ©ger les appareils, sont tout aussi peu efficaces, quâils sâagisse de leurs rĂ©sultats militaires Ă court terme ou des destructions et pertes de vies civiles. LâincomprĂ©hension des motifs des actions aĂ©riennes domine chez les Âcheminots, alors quâon dĂ©nombre Ă lâĂ©tĂ© 16 600 logements SNCF atteints dont 6 800 sont irrĂ©parables comment les AlliĂ©s articulaient-ils destruction matĂ©rielle Ă long terme et action militaire Ă court terme ? Bien quâils soient frĂ©quemment rĂ©sistants ou quâils appuient la RĂ©sistance, et en contact avec Londres, les cheminots rĂ©agissent brutalement aux bombardements alors quâils se mobilisent pour rĂ©unir des informations Ă propos des armes secrĂštes V1 Ă V3 et des lignes ferroviaires qui permettent leur approvisionnement, ce qui est aussi risquĂ© pour eux. Les actions tactiques complĂ©mentaires Depuis 1942, dâautres actions localisĂ©es ont Ă©tĂ© menĂ©es par des formations plus lĂ©gĂšres, mitraillages ou tentatives pour endommager les installations Ă©lectriques fournissant Ă©nergie et courant de traction. Citons, Ă titre anecdotique, le lĂącher, dĂ©but 1943, de groupes de ballonnets sphĂ©riques traĂźnant des filins dâacier. LancĂ©s depuis la Grande-Bretagne par vent nord-ouest favorable, ils Ă©taient censĂ©s provoquer des courts-circuits des lignes Ă haute tension, voire des ruptures. Les rĂ©sultats Ă©tant ridicules par rapport aux moyens mis en Ćuvre, les AlliĂ©s en reviennent, Ă lâĂ©tĂ© 1943, aux opĂ©rations aĂ©riennes clasÂsiques contre des postes haute tension et des sous-stations. La consommation mensuelle dâĂ©nergie haute tension de la SNCF reste la mĂȘme jusquâen mars-avril 1944 et ne chute vraiment, dans un rapport de 10 Ă 1, que de juin Ă octobre 1944. Les destructions sont moins en cause que la rĂ©duction dĂ©libĂ©rĂ©e des circulations de trains Ă©lectriques. La part des actions sur les postes ou sous-stations lâemporte sur celle des opĂ©rations aĂ©riennes dans les destructions totales, qui restent faibles15. Seule exception, peu comprĂ©hensible, les installations Ă©lectriques de la ligne Paris-Le Mans sont visĂ©es dĂšs le 18 avril 1943 par 650 bombes qui tombent autour des 4 sous-stations successives de Chartres au Mans, dont 2 seulement sont touchĂ©es. La SNCF tire de cet Ă©chec relatif des conclusions qui ne semblent guĂšre comprises Ă Londres, Ă savoir la dispersion, pour les mettre en rĂ©serve, de tous les seconds groupes Ă©lectriques et du matĂ©riel alors difficile Ă rĂ©approvisionner. Câest Ă la suite des incessantes attaques des sous-stations de pleine ligne Ă partir dâavril 1944 jusquâĂ 8, plus 5 mitraillages Ă CondĂ©-sur-Huisne dâavril Ă juillet 1944 et des coupures de catĂ©naires que la SNCF rĂ©duit la traction Ă©lectrique sur cette ligne de mai Ă fin aoĂ»t, entraĂźnant un ralentissement opportun du trafic, y compris militaire. En revanche, sur le rĂ©seau Sud-Ouest, moins systĂ©matiquement visĂ©, bien que les postes dâinterconnexion â Nord â de Chevilly et de Chaingy aient Ă©tĂ© mis en partie hors service dĂšs le 3 octobre 1943 le courant est coupĂ© quelques heures entre Juvisy et les Aubrais, la traction Ă©lectrique est maintenue et la rĂ©paration des catĂ©naires prĂ©cĂšde souvent la rĂ©fection des voies. AprĂšs le 6 juin, les cheminots voient bien lâintĂ©rĂȘt de paralyser, momentanĂ©ment et sans prĂ©avis, ou parfois dĂ©finitivement, la traction Ă©lectrique des lignes susceptibles dâamener des renforts en Normandie, Ă condition de ne pas apporter de dĂ©gĂąts irrĂ©mĂ©diables aux installations. Il fallait adapter les mĂ©Âthodes de sabotage, aviser la rĂ©sistance extĂ©rieure au rail et lâaviation alliĂ©e de cette rĂ©serve. Il Ă©tait suggĂ©rĂ© Ă Londres, pour permettre la reprise rapide du trafic plus tard, de ne plus recourir aux bombardements aĂ©riens aveugles sur les installations de traction Ă©lectrique. RĂ©parer, reconstruire Afin de prĂ©venir de nouveaux dĂ©gĂąts et prĂ©voir lâavenir, tout en essayant de sâassurer des rĂ©serves de matĂ©riel â sensible â ou difficile Ă renouveler, la SNCF dĂ©cide, dĂšs 1943, de crĂ©er 24 â trains-parcs â constituĂ©s dâĂ©quipes de districts Voie, de stocks de secours et de matĂ©riel de dĂ©pannage, de matĂ©riaux empruntĂ©s aux rĂ©serves allemandes bien connues des cheminots. 135 000 journĂ©es dâagents affectĂ©s aux trains-parcs sont utilisĂ©s pour la seule RĂ©gion Ouest dĂšs 1943. Ils remplacent cette annĂ©e-lĂ 60 000 traverses et prĂšs de 100 km de rails sur un total de 150 000 traverses et 186 km de rails pour lâensemble du rĂ©seau. Les Ă©quipes sont prĂȘtes pour 1944, mais sans se douter encore de lâĂ©normitĂ© du travail qui va se prĂ©senter, dâautant plus dĂ©licat Ă mener quâil fallait alors rĂ©parer en provisoire, sans passer de suite au dĂ©finitif. LâACCOMPAGNEMENT DE LA PROGRESSION DES ARMĂES ALLIĂES JUIN-AOĂT 1944 ET LA RECONSTRUCTION PROVISOIRE DES INSTALLATIONS FERROVIAIRES Ouest et rĂ©gion parisienne AprĂšs le 6 juin, les bombardements aĂ©riens prennent de lâampleur, mais prĂ©sentent plus de discernement dans le choix de leurs objectifs. La crainte de lâarrivĂ©e des renforts allemands vers la Normandie impose le maintien du blocus des voies ferrĂ©es dâaccĂšs par la coupure des ouvrages dâart importants des bassins de la Seine et de la Loire, si bien que les opĂ©rations tactiques, Ă effet immĂ©diat, prennent enfin le pas sur les destructions â en surface â des triages, dĂ©pĂŽts et ateliers. Mais le manque de prĂ©cision des bombardiers, enclins par ailleurs aux dĂ©lestages prĂ©maturĂ©s pour mieux manĆuvrer afin dâĂ©viter la chasse adverse, continue de causer des destructions civiles dĂ©sastreuses. Alors que le rythme des bombardements Ă objectifs ferroviaires sâĂ©lĂšve en juin 6 Ă 27 missions par jour et en juillet 3 Ă 20, les opĂ©rations ponctuelles prĂ©dominent. Elles culminent en aoĂ»t 36 le 7 aoĂ»t, et 44 le 13 avec une majoritĂ© dâattaques et mitraillages de trains ou de petites gares, y compris les installations en voie mĂ©trique du Blanc-Argent, des CĂŽtes-du-Nord ou du Petit Anjou ! Il est vrai quâĂ haute vitesse, en altitude, lâĂ©chelle est difficile Ă apprĂ©cier16. Sây ajoutent les bombardements â lourds â multipliĂ©s jusquâau succĂšs visant Ă dĂ©truire les ponts et viaducs. Les rĂ©sultats sont spectaculaires et moins meurtriers. Citons OrlĂ©ans et le pont sur la Loire, Cinq-Mars-la-Pile, Saint-CĂŽme prĂšs de Tours, les ponts de la VendĂ©e et de Pirmil Ă Nantes, atteints en juin et juillet 1944. De mĂȘme, tous les ouvrages de la Seine, depuis ceux de la Grande Ceinture Athis, 5 fois bombardĂ© du 27 mai au 8 juin ; Maisons-Laffitte, 6 fois du 26 mars au 24 juin ; cependant les plus grandes brĂšches nâaffectaient souvent quâune demi-largeur, si bien que les militaires ont pu utiliser la Grande Ceinture de façon permanente comme grande ligne de rocade17. Ce fait, ignorĂ© des AlliĂ©s jusquâĂ ce quâils en profitent Ă leur tour, rendait en partie inutile la destruction des ponts sur la Seine. Dâailleurs, sauf les exceptions mentionnĂ©es ici, la quasi-totalitĂ© des grands ouvrages dâart de la SNCF qui ont Ă©tĂ© dĂ©truits complĂštement et durablement lâont Ă©tĂ© par le gĂ©nie militaire allemand en retraite, non par lâaviation. Provence et zone du RhĂŽne au Rhin juin-juillet 1944 Bien que nous ayons dĂ©jĂ signalĂ© les essais de coupure du trafic vers lâItalie Ă Modane RAF et sur la ligne de cĂŽte RAF et USAF dâAnthĂ©or Ă Vintimille, les AlliĂ©s nâavaient guĂšre affaibli le trafic militaire ou dâintendance vers le front italien, qui atteignait plus de 20 000 t/jour, dont 14 000 par la cĂŽte. Les objectifs ferroviaires en Provence ne sont donc dĂ©voilĂ©s que fin mai. Les AlliĂ©s privilĂ©gient les opĂ©rations de jour, par lâUSAF Ă partir du 25 mai sur Carnoules et Badan 34 et 38 morts, VĂ©nissieux et AmbĂ©rieu. Suivent, quelques jours aprĂšs, Arles, puis Toulon, Montpellier, BĂ©ziers, surtout Avignon 27 mai avec 525 morts, soit autant que Coventry en 1940, la â rĂ©fĂ©rence â anglaise. Câest, aprĂšs une courte accalmie, le 12 juillet, encore Miramas, Arles et Balaruc, Cannes-la-Bocca, La Seyne ; le 2 aoĂ»t, encore Avignon ; le 6 aoĂ»t se renouvelle le malheureux raid de Lyon-Vaise et Croix-Rousse, Chasse, Badan, Valence, Tarascon, encore Miramas, ne laissant plus de doutes sur le dĂ©barquement de Provence et la remontĂ©e prĂ©vue ensuite des troupes par la vallĂ©e du RhĂŽne, vers le Rhin. LâUSAF va alors Ă©viter, en principe, de prendre pour objectif la rĂ©gion lyonnaise et les lieux tragiques que sont dĂ©sormais Saint-Ătienne qui a comptĂ© le 26 mai un maximum de 1 084 morts civils et 15 000 sinistrĂ©s sans destructions dâinstallations ferroviaires, Lyon-Mouche 63 morts, mais surtout Lyon-Vaise, toujours le 26 mai, avec 717 morts, 1 129 blessĂ©s et 20 000 sinistrĂ©s, pour un rĂ©sultat bien maigre, puisque sont atteints un dĂ©pĂŽt et des voies de garage de seconde importance, situĂ©s dans une zone trĂšs urbanisĂ©e. â Sacrifices Ă©normes pour rĂ©sultats insignifiants â, indique le cĂąble du chef rĂ©gional FFI adressĂ© Ă Alger. A-t-il atteint les responsables de la 15e USAF ? Nous lâignorons, puisque, par exemple, Lyon-Vaise est encore â revisitĂ© â le 6 aoĂ»t avec autant dâinconscience. Ce sinistre 26 mai, lâUSAF manque les faisceaux de la Buisserate Ă Grenoble 37 morts. Pire encore, Ă ChambĂ©ry, 72 Liberators totalisent 120 morts pour 400 impacts, dont 80 seulement touchent les emprises SNCF, le reste causant 3 000 sinistrĂ©s. Ă Nice Saint-Roch, toujours ce fatidique 26 mai, on compte, pour 180 impacts, 384 morts et 5 600 sinistrĂ©s, pour la destruction de â seulement â 159 wagons et 5 locomotives, mais aussi de 30 tramways, sans parler dâun train civil atteint sur le pont du Var, avec 52 morts et 58 blessĂ©s. Ă croire que les aviateurs de la 15e USAF venant dâAfrique du Nord Ă©taient vraiment des dĂ©butants inconscients, ou incapables, dâautant que la chasse adverse et la dĂ©fense anti-aĂ©rienne nâĂ©taient pas au rendez-vous de ces opĂ©rations, contrairement au Nord-Ouest de la France. Il ne leur reste aucune excuse pour ces lĂąchers incohĂ©rents, criminels et sans commentaires ÂultĂ©rieurs⊠Mais les sentiments antibritanniques de la population augmentent dĂšs le lendemain, 27 mai, Ă Marseille, Ă tort, puisque câest encore lâUSAF-15 qui, avec moins de 120 appareils, Ă 4 000 m dâaltitude, saupoudre certes les gares Saint-Charles et Blancarde de 100 bombes, mais aussi la ville et ses banlieues de plus de 700 autres bombes, lui confĂ©rant le triste privilĂšge du record absolu de victimes en un seul raid avec 1 752 morts recensĂ©s, 18 000 sinistrĂ©s, et des dĂ©gĂąts, lĂ encore, insignifiants portĂ©s aux installations ferroviaires, visĂ©es ou non, port, gares et dĂ©pĂŽts compris. LâĂ©tat des lieux jusquâĂ fin aoĂ»t 1944 et la nĂ©cessaire reprise des transports par rail Les attaques aĂ©riennes sâarrĂȘtent Ă la fin du mois dâaoĂ»t 1944, le 18 pour les bombardements majeurs. Le bilan des destructions a Ă©tĂ© dressĂ© par la SNCF plus tard. Il arrĂȘte les comptes â Ă la LibĂ©ration â, date qui nâĂ©tait pas la mĂȘme pour les zones successivement libĂ©rĂ©es, allant de dĂ©but juillet en Cotentin et Normandie au 9 mai 1945 sic pour la â poche â de Dunkerque. DĂšs le 31 mai 1944, R. Le Besnerais constatait que 29 triages sur 53 sans lâAlsace-Lorraine Ă©taient inutilisables, 70 dĂ©pĂŽts sur 167, 3 grands ateliers sur 9. Ce qui explique, en partie, une baisse de trafic de moitiĂ© par rapport aux mois de janvier Ă mars. Certes, les difficultĂ©s de circulation, auxquelles commencent Ă sâajouter les coupures dâouvrages dâart, rĂ©duisent trĂšs fortement les circulations voyageurs 20 % des valeurs 1938. Le trafic ÂmarÂchandises, transports allemands compris, est encore de prĂšs de 100 000 waÂgons chargĂ©s par semaine, contre 188 000 en janvier et 232 000 en 1943. Pour sa part, le trafic militaire allemand, prioritaire, dĂ©passe encore la moitiĂ© des prĂ©visions sur la rĂ©gion Ouest, il reprĂ©sente 78 % du trafic sur le Sud-Est et 82 % sur le Sud-Ouest. Mais le chiffre du Nord, 21 % seulement, semble indiquer les effets de lâopĂ©ration de dissuasion Fortitude. En effet, ces actions se conjuguent par hasard avec les opĂ©rations Crossbow dĂ©cidĂ©es en consĂ©quence des craintes britanniques de reprĂ©sailles. Grandissantes, Ă juste titre, jusquâĂ la mi-juin, elles entraĂźnent des actions continuelles sur les voies ferrĂ©es dâalimentation des trĂšs nombreuses bases de lancement des V1 350 prĂ©vues, 100 rĂ©alisĂ©es. Plusieurs milliers de ces bombes volantes, Ă partir du 13 juin et durant tout lâĂ©tĂ©, survolent en effet le â dĂ©troit â de la Manche vers Londres. Les actions prĂ©ventives ou rĂ©pressives contre ces armes nouvelles, jusquâalors sporadiques tant quâelles Ă©taient en construction, vont occuper dĂ©sormais les unitĂ©s â tactiques â autant que le Bomber Command. Les opĂ©rations dites tactiques sont effectuĂ©es par de petits groupes de 3 ou 6 bombardiers moyens bimoteurs. Depuis les tentatives de 1943, ils sont moins utilisĂ©s pour des objectifs ferroviaires, sauf en reconnaissance ou encore, Ă partir de mai 1944, pour le harcĂšlement, avec mitraillage, de tout convoi surpris en route, y compris ceux des chemins de fer Ă©conomiques aprĂšs la Normandie, la Somme et le Pas-de-Calais. Sous le nom code de RAMROD, la RAF, avec des Spitfire adaptĂ©s, Ă©quipĂ©s de roquettes aussi bien que de bombes, avait entrepris des opĂ©rations en piquĂ© Ă moyenne altitude 3 000 Ă 1 200 m environ plus prĂ©cises que les prĂ©cĂ©dentes sur des objectifs ferroviaires18. Bien que ces raids soient ineffiÂcaces dĂšs que la couche nuageuse est importante, la moyenne statistique dĂ©montre quâils sont plus prĂ©cis et mettent moins en danger Ă la fois les Ă©quipages et les civils ou cheminots travaillant au voisinage des coups au but. Avant mĂȘme le dĂ©barquement du 6 juin, non moins de 1 284 bombardements aĂ©riens ont frappĂ© 793 localitĂ©s en France, dont 363 attaques aĂ©riennes dâinstallations ferroviaires, ce qui est encore peu en comparaison des 800 raids encore Ă venir jusquâĂ fin aoĂ»t. Les pertes humaines du cĂŽtĂ© des cheminots, malgrĂ© la reprise des mitraillages de convois, sont, bien quâĂ©leÂvĂ©es, proportionnellement trĂšs faibles par rapport Ă celles des â civils â. Pour les cinq premiers mois de 1944 et plus de 232 raids, 470 cheminots sont morts et 1 100 autres blessĂ©s par faits de guerre en service. De 1941 Ă 1943 on avait comptĂ© 464 cheminots et 2 000 civils tuĂ©s pour moins de 80 raids. Mais Ă partir de mars 1944 les bombardements â de surface â vont faire dix fois plus de morts civils encore autour dâobjectifs ferroviaires. Des destructions mieux ciblĂ©es â mais beaucoup moins nombreuses â causent des pertes rĂ©duites, ce qui dĂ©montre bien les rĂ©sultats hasardeux des bombardements â de surface â. De plus, la hĂąte des occupants Ă reconstruire au plus vite un passage, mĂȘme Ă voie unique, dans les zones sinistrĂ©es, soit environ 200 km de voies Ă reconstruire, requiert un nombre de plus en plus important de personnel pour travailler sur des chantiers Ă trĂšs haut risque des bombes Ă retardement ayant parfois explosĂ© cinquante jours aprĂšs le raid. Ce qui conduit la direction gĂ©nĂ©rale de la SNCF a Ă©crire fin juin 1944 au ministre de tutelle secrĂ©taire dâĂtat Ă la Production industrielle et aux Communications, Ă lâintention des autoritĂ©s allemandes HVD, que ⊠tout rĂ©cemment, plusieurs RĂ©gions ont reçu presque simultanĂ©ment de la part des AutoritĂ©s dâOccupation des ordres formels leur enjoignant dâaugmenter dâurgence leurs effectifs, de maniĂšre Ă remettre complĂštement en Ă©tat un certain nombre de grands triages pour lesquels le programme Ă©tabli en commun ne prĂ©voyait que le rĂ©tablissement minimum des voies indispensables. Sur certains points, des requis civils ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dâoffice par ces AutoritĂ©s dâOccupation en vue des travaux en question. Sâensuivent des considĂ©rations sur lâincapacitĂ© de la SNCF, devant une telle demande, Ă dĂ©passer le niveau prĂ©sent des effectifs sur les chantiers de rĂ©tablissement des circulations, â effectif dâouvriers de toutes conditions dĂ©passant 40 000 hommes â19. La lettre demande en conclusion que lâon renonce aux mesures envisagĂ©es20. Nous ignorons la suite donnĂ©e Ă cette requĂȘte, dont la satisfaction eĂ»t Ă©tĂ© de toute façon sans effet en juillet-aoĂ»t 1944. Les AlliĂ©s prĂ©voyaient dâutiliser pour leur part ces moyens dispersĂ©s, nĂ©cessaires Ă leur progression de Cherbourg Ă Carentan, Le Mans et Paris. Comme la reconnaissance aĂ©rienne leur permettait dâĂȘtre informĂ©s du progrĂšs des travaux, aucune directive de sabotage ferroviaire ne fut donnĂ©e Ă la rĂ©sistance active, sauf dans les zones de retraite des armĂ©es allemandes aprĂšs le mois dâaoĂ»t. Ce qui nâempĂȘcha pas la destruction des ouvrages par les Allemands en retraite, beaucoup plus mĂ©thodique et radicale que celle effectuĂ©e par les Français en 1940. Câest sans doute pourquoi, selon les relevĂ©s quotidiens de juillet et aoĂ»t 1944 que nous possĂ©dons pour le Sud-Ouest, les actions aĂ©riennes, bien que plus nombreuses encore quâen juin jusquâĂ 45 opĂ©rations par jour, jusquâĂ 10 au seul rĂ©seau Sud-Ouest ne sont-elles plus que des attaques locales, spĂ©cifiques, de trains en circulation le plus souvent, effectuĂ©es par un groupe dâavions ou des appareils isolĂ©s. Les grosses attaques â de surface â concernent les gares dâapprovisionnement en armes V1 et V2 du Nord-Ouest de la France. Au 31 aoĂ»t 1944, les chantiers avaient dĂ©jĂ reçu plus de 16 600 t de Âbombes, en 94 raids depuis 1943, dont 15 opĂ©rations avec les â Tallboys â de 5,4 t21. Le bilan global, fin 1944 Le bilan global ne sâest alourdi cependant que modĂ©rĂ©ment, et la paralysie complĂšte du rĂ©seau ferrĂ© voulue par les cheminots, fin aoĂ»t, dans les rĂ©gions encore en pleine guerre permet aussi dâĂ©viter de nouveaux bombardements lourds. Deux exceptions sont constituĂ©es par la RĂ©gion Est, oĂč se reportent les opĂ©rations liĂ©es au repli allemand, et les â poches â qui provoquent de nouvelles victimes civiles inutiles, dont des cheminots. Ces pertes sont les plus lourdes quand on les compare Ă la valeur stratĂ©gique rĂ©elle des lieux visĂ©s, qui avait Ă©tĂ© exagĂ©rĂ©e par les Ă©tats-majors, coupables dâune erreur dâapprĂ©ciation. Nous voulons citer ici, par devoir de mĂ©moire, outre les quelques 12 000 morts dĂ©jĂ atteints sur des objectifs strictement ferroviaires, les civils du Havre, de Royan, mais aussi de Boulogne et Calais, cette derniĂšre ayant le triste privilĂšge dâun bombardement â ami â, par erreur, en fĂ©vrier 1945 97 morts au lieu de Dunkerque qui Ă©tait visĂ©. Ici, il nây eut aucune â repentance â, ni indemnitĂ©s posthumes. Et câest pourquoi, fin 1945, une Ă©tude amĂ©ricaine citĂ©e entre autres par E. Florentin basĂ©e sur les premiers bilans de destructions, ceux mis Ă leur disposition par la SNCF, conclut tardivement que â les attaques prĂ©cĂ©dant le D. Day contre les triages français nâĂ©taient pas nĂ©cessaires, les 70 000 t dâexplosifs qui y ont Ă©tĂ© dĂ©versĂ©es auraient pu ĂȘtre affectĂ©es Ă dâautres cibles â22. Nous nâen voulons pour preuve que les statistiques gĂ©nĂ©rales qui collaÂtionnent les donnĂ©es transmises par les RĂ©gions SNCF et les arrondissements, indiquant par exemple lâĂ©volution du parc disponible dâengins moteurs ou celui du matĂ©riel roulant marchandises. MalgrĂ© une Ă©norme rĂ©duction, de 217 000 wagons encore thĂ©oriquement au parc dĂ©but mai 1944 Ă moins de 174 000 en septembre, lâeffectif disponible pour des transports militaires Ă©tait acceptable et nâa pas entravĂ© au degrĂ© souhaitĂ© le repli des armĂ©es allemandes vers lâEst. Les photos aĂ©riennes alliĂ©es de reconnaissance qui ont identifiĂ© de tels trains en tĂ©moignent. Les AmĂ©ricains, en aoĂ»t dans le Cotentin, ont utilisĂ© en prioritĂ© du matĂ©riel SNCF disponible, heureux de retrouver des locomotives Baldwin ou Alco de⊠1918. MĂȘme si lâon prend en compte les indisponibilitĂ©s ou avaries dues aux bombardements aĂ©riens et aux Âtransferts en Allemagne, les 74 000 ou 76 000 wagons â manquant â au parc hors Alsace-Lorraine ne reprĂ©sentent â que â 30 % du parc total, alors que les transports militaires nĂ©cessitent 20 Ă 25 % des wagons du parc utilisable. Ce qui montre bien, une fois de plus, lâineptie de la â stratĂ©gie â de destruction des triages et des matĂ©riels garĂ©s sur leurs voies et, le plus souvent, vides. Les transports militaires alliĂ©s de lâhiver 1944 nâont que peu manquĂ© de wagons et de locomotives, dâautant que le trafic entre les ports et les fronts ne dĂ©passait guĂšre le million de tonnes mensuelles les 500 locomotives dĂ©barquĂ©es dĂšs fin aoĂ»t Ă Cherbourg, puis les quelques milliers de wagons en â kit â, ou montĂ©s qui les suivent permettent alors de passer de 12 000 t transportĂ©es quotidiennement pour les AmĂ©ricains en octobre Ă 15 000 t en dĂ©cembre et de multiplier par 8 les trains-kilomĂštres. Ce qui ne reprĂ©sente guĂšre plus de 30 trains de 1 000 t brutes, soit 2 trains par heure au plus. Mais la limite de capacitĂ© est celle des lignes Ă voie unique, dâoĂč lâintĂ©rĂȘt pour les AlliĂ©s de remettre en service des doubles voies Ă©lectrifiĂ©es⊠ce qui est fait dĂšs mi-novembre pour Paris-Le Mans23 alors que le 1er train venant de Cherbourg arrivait aux Batignolles le 30 aoĂ»t 1944 !. Pour les lignes de la vallĂ©e du RhĂŽne il en est de mĂȘme. La liaison Aix-en-Provence â Grenoble est ouverte immĂ©diatement derriĂšre la progression des troupes dĂšs le 15 septembre Ă Sisteron, et le 25 septembre est ouverte la ligne de la rive gauche du RhĂŽne jusquâĂ Lyon, de mĂȘme que Valence-Grenoble. Le rail suit donc bien les troupes, en lâabsence de toute rĂ©action ennemie. POUR FINIR QUELLE LEĂON Ă TIRER DES BOMBARDEMENTS DE VOIES FERRĂES ? On sait que malgrĂ© les ruines, qui dĂ©passent lâimagination, des villes rasĂ©es par lâaviation alliĂ©e outre-Rhin depuis 1942, la production allemande industrielle de guerre a atteint des sommets⊠en 1943-1944. Alors que la France comptait pĂ©niblement 6 000 Ă 7 000 locomotives en Ă©tat de marche fin 1944, lâAllemagne en disposait de 36 000, dont prĂšs de 11 000 Kriegsloks neuves, type 150 Ă vapeur, puissantes et robustes, aptes au trafic lourd ou militaire, et ce nâest quâun exemple. Faut-il conclure que les bombardements aĂ©riens ont toujours Ă©tĂ© un Ă©chec ? Certainement pas si nous considĂ©rons globalement leur rĂŽle dans la prĂ©paration et le succĂšs du dĂ©barquement et, surtout, lâappui tactique quâil ont donnĂ© au sol Ă la progression des troupes. Il est inutile, en revanche, de revenir sur les insuffisances de lâaviation qui devait poursuivre Ă titre â tactique â le harcĂšlement nĂ©cessaire Ă la fixation des troupes allemandes au jour â J â du dĂ©barquement en Normandie. Il est vrai que lâoffensive fut lâenjeu de luttes intestines, dâoĂč lâincohĂ©rence apparente des opĂ©rations menĂ©es sur les cibles ferroviaires et les lourdes erreurs quâelle a parfois entraĂźnĂ©es. Ce nâest certainement pas en annihilant les gares, les citĂ©s cheminotes et le matĂ©riel roulant de la SNCF Ă ce moment-lĂ que le cours de la guerre a changĂ© ; et le rĂ©sultat obtenu ne peut faire oublier la mort de 78 000 innocents en France, dont 15 000 sur des sites ferroviaires voir tableau 1. AprĂšs la bataille du rail, les cimetiĂšres alliĂ©s Selon les sources officielles, la RAF a perdu 8 655 avions en cours dâopĂ©ration, plus 1 600 en cours dâentraĂźnement ou portĂ©s disparus. LâUSAF en a perdu 9 466 en tout. En hommes dâĂ©quipage, cela signifie 74 000 pour la RAF, dont 55 750 morts au combat ou par accident. Pour lâUSAF, les 8e et 15 e Air Force qui nous intĂ©ressent ici ont perdu environ 30 000 hommes, au total 47 000 avec 4 750 avions perdus sur 12 731 utilisĂ©s, soit 37 % des B17, taux qui semble supĂ©rieur Ă celui de la RAF. Le choix des AlliĂ©s, si tant est que ce fut un choix, pour les bombardiers lourds, leur a coĂ»tĂ© au total plus de 100 000 hommes jeunes et entraĂźnĂ©s24. Ătait-ce un sacrifice inĂ©vitable ? Le sujet reste encore contestable puisque des questions fondamentales ne trouveront de rĂ©ponse quâavec lâaccĂšs Ă certaines archives britanniques papiers Churchill et Lindeman lord Cherwell, soit seulement Ă partir de 2019. Ă une Ă©poque oĂč les acteurs ou tĂ©moins revendiquant chacun â leur â version de lâhistoire auront disparu, le sujet pourra peut-ĂȘtre, enfin, ĂȘtre abordĂ© sans a priori ni appel aux Ă©motions vĂ©cues25. â LâefficacitĂ© de lâimpact direct lâemporte sur le tapis de bombes â câest lâavis des analystes, anciens ou actuels, de la stratĂ©gie comparĂ©e Ă la tactique, en ce domaine sensible et difficile oĂč la technique a Ă©voluĂ© plus vite que la rĂ©flexion26. Il est regrettable que ces leçons durement acquises nâaient pas empĂȘchĂ©, depuis lors, dâillusoires attaques du rail en Europe. Lâhistoire reconnue, analysĂ©e et comprise sans passion reste encore Ă apprendre par les pouvoirs, qui ignorent trop ses leçons. _______________ 1. Les forces aĂ©riennes françaises disposaient en 1940, avant les constructions dĂ©cidĂ©es par R. Dautry, de moins de 500 chasseurs modernes, et dâaucun bombardier rĂ©cent. La production prĂ©vue Ă©tait de 400 appareils nouveaux par an. Les Britanniques en Ă©taient au mĂȘme point avec une production prĂ©vue annuelle de 220 bombardiers. Mais ils nâen disposaient dâaucun en France, et de 130 chasseurs seulement. Au total, alors que les Allemands disposaient de plus de 1 500 bombardiers et de 1 000 chasseurs lors de la campagne de France, les AlliĂ©s ne totalisaient que 700 appareils, toutes catĂ©gories confondues. Quant aux chasseurs bombardiers capables dâattaques en piquĂ©, 342 Allemands sâopposaient Ă 54 Français et aucun Anglais voir bibliogr. [15]. 2. Boulogne-sur-Mer a vu 52 attaques aĂ©riennes se succĂ©der sur le port et les installations ferroviaires, du 12 juin 1940 Ă fin 1941. Mais le premier raid contre une gare SNCF se place le 4 avril 1942 Ă Saint-Omer, oĂč 12 Boston et 4 Wellington obtiennent un effet heureusement nul sur la gare, bĂątiment patrimonial, mais avec dĂ©jĂ des morts civils. De nouvelles attaques suivent donc. La RAF sâessaie aussi, toujours en vain, sur Cherbourg 15 avril 1942, Hazebrouck 13 avril et 29 juin 1942 et mĂȘme Lille 20 juillet 1942, opĂ©rations suivies dâun rĂ©pit de prĂšs de six mois. 3. Voir Florentin [1] et Regan [17], confirmant les dĂ©clarations peu nuancĂ©es de Hastings [11]. Voir aussi Jones [14]. 4. Comme il en existe encore des vestiges de nos jours, Ă Narbonne ou Dijon par exemple, avec la fonction de magasin pour matiĂšres dangereuses ! Signalons la tentative dâinstallations protĂ©gĂ©es beaucoup plus complĂštes, et complexes, dont lâabri de poste de commandement et rĂ©gulation du trafic Est parisien dĂ©nommĂ© de nos jours le â Bunker â rĂ©alisĂ© en juillet 1939 sous les quais 2 et 3 de la gare de lâEst Ă Paris. Cet abri de dĂ©fense unique sur le rĂ©seau français, qui fut opĂ©rationnel, offrait 120 mÂČ protĂ©gĂ©s, et pouvait abriter 72 personnes. 5. La plupart des objectifs du rail français, sauf au Nord, Ă©taient assez Ă©loignĂ©s des terrains de la chasse de nuit allemande et surtout restaient en avant de la cĂ©lĂšbre â ligne Kammhuber â, barrage dâinterception combinant radars, projecteurs et contrĂŽle des chasseurs de nuit, trĂšs redoutĂ© des bombardiers alliĂ©s, dont seuls les secteurs marginaux sud, dits zones 7, 8 et 9, intĂ©ressaient la France, de Givet Ă Troyes par Rethel. De jour, bien des cibles Ă©taient proches de terrains actifs comme Laon 2 terrains de chasse, Cambrai 3, Longueau 2, Caen 2, sans parler des 64 terrains du Nord et de la Picardie ou de lâOise. Ce fut, en partie, Ă lâorigine des dĂ©sastres de Rennes, Rouen, Lille-Lomme. Citons, plus tard, en 4 opĂ©rations avec 617 appareils, les pertes de 19 avions et plus de 150 hommes dâĂ©quipage dans la nuit du 10 au 11 avril 1944, sur Tours-Saint-Pierre, Tergnier, Laon et Aulnoye. Ces 3 % de pertes sâaccompagnent Ă©videmment dâun nombre anormalement Ă©levĂ© de bombes dispersĂ©es en dehors des objectifs. 6. Il semble, aujourdâhui encore, difficile Ă concevoir que les ordres de formation des vagues de bombardiers sur raids ferroviaires comportaient 7 Ă 12 appareils de front, soit une couverture dâau moins 500 Ă 800 m, pour atteindre, en long, des gares de largeur allant de 100 m Ă 300 m au plus⊠MĂȘme en cas de faible vent latĂ©ral, la surface â arrosĂ©e â est toujours au moins le double de celle des objectifs correctement ciblĂ©s. De plus, dans le cas de vagues successives, si les premiers lĂąchers sont bien marquĂ©s, la fumĂ©e obscurcit complĂštement lâobjectif, et dĂšs la 3e il y en avait jusquâĂ 10 ! les lĂąchers Ă©taient faits au jugĂ© et au plus vite. On constate dâailleurs des rĂ©sultats encore plus mauvais si lâattaque est perpendiculaire Ă lâobjectif exemples du viaduc dâAnthĂ©or et de certains ponts sur la Seine et la Loire. 7. Voir [23]. 8. Voir [11]. 9. Un des griefs les plus rĂ©pĂ©tĂ©s des informateurs alliĂ©s Ă©tait lâabsence de prise en considĂ©ration des rapports du sol par les Ă©tats-majors des forces aĂ©riennes. On constate mĂȘme avec surprise, connaissant lâexistence de telles observations, et la certitude de leur transmission, lâabsence de leur mention par les War Diaries Âde la RAF agendas de combat et bombardements, publiĂ©s en 1985 seulement, voir bibliogr. [13]. Plus curieusement encore, dans le cas dâopĂ©rations ayant mal tournĂ©, il semble quâau lieu des rapports prĂ©cis et souvent protestataires, Ă©manant dâagents britanniques travaillant en France avec la RĂ©sistance, on trouve seulement la mention â Pas de rapport local Ă©manant du sol. â Câest le cas des raids les plus meurtriers de civils, comme Rennes, Nantes, Rouen, Lille, Saint-Ătienne, Besançon, Lyon-Vaise. Une exception AmbĂ©rieu, oĂč, aprĂšs une premiĂšre attaque inutile, la RĂ©sistance obtient de Londres lâarrĂȘt des raids aĂ©riens, aprĂšs avoir fait la preuve de lâefficacitĂ© locale des sabotages, qui avaient coĂ»tĂ© de nombreux otages et dĂ©portĂ©s. 10. Une exception due au hasard est le cas de la gare de triage de Vaires oĂč un convoi de munitions stationnĂ© parallĂšlement Ă des trains de troupes a provoquĂ© la mort de 1 200 Ă 1 300 militaires lors de la premiĂšre attaque des 29-30 mars 1944. Des hĂ©catombes analogues, avec destructions importantes de matĂ©riel de guerre, ont eu lieu plus tard, au voisinage des ponts sur la Seine, lors du repli des troupes allemandes de Normandie ou lors dâattaques des trains de V1 oĂč 33 wagons Ă©quivalaient Ă prĂšs de 100 bombes de 1 t. Mais câĂ©tait alors le fait des chasseurs-bombardiers tactiques attaquant en piquĂ© Ă moyenne altitude, et non des Âquadrimoteurs lourds et malhabiles du Bomber Command ou de lâUSAF. 11. La masse de matĂ©riel neuf ou de remplacement demandĂ© reste dans des limites encore trĂšs raisonnables jusquâen mai. Une preuve en est la demande de la SNCF Ă la â Hauptverkehrsdirektion Paris â 29, rue de Berri â dâun contingent dâacier pour rĂ©parer certaines installations en fĂ©vrier 1944, alors estimĂ©es prĂ©cisĂ©ment Ă 277 t seulement outre 38 t dĂ©jĂ obtenues, pour couvrir les rĂ©parations de Mohon, Chaingy, Chevilly, Persan Beaumont, Sotteville ateliers, Tergnier 145 t Ă lui seul et mĂȘme les ponts sur le Doubs, Ă Lyon et au Teil faits de rĂ©sistance pour 40 t⊠Par prĂ©vision, un supplĂ©ment de 500 t seulement est demandĂ©, alors que plusieurs milliers de tonnes vont ĂȘtre bientĂŽt nĂ©cessaires. 12. Telle la 4e division blindĂ©e dont les trains pour venir de Gand en Normandie font quatre dĂ©tours et mettent dix jours au lieu de trois Ă quatre pour couvrir le trajet. Un officier dâĂ©tat-major allemand, chargĂ© jusquâĂ la fin dâoctobre 1944 des transports sur le front de lâOuest, a dĂ©clarĂ©, aprĂšs avoir Ă©tĂ© fait prisonnier â Des mouvements qui devaient ĂȘtre effectuĂ©s Ă la cadence quotidienne de 10 Ă 12 trains ne se faisaient plus quâau taux de deux Ă trois par jour. â 13. Ou â trains de travaux â, trains de secours dĂ©pendant du Service Voie et BĂątiments, composĂ©s de voitures amĂ©nagĂ©es pour hĂ©berger le personnel dâun chantier, de wagons ateliers pourvus de lâoutillage nĂ©cessaire et de wagons magasins chargĂ©s de matĂ©riaux. PrĂ©vus en service normal pour effectuer des travaux ou des rĂ©parations en cas de catastrophe naturelle ou dâaccident, la SNCF en maintenait 1 Ă 2 par grande rĂ©gion. Ce nombre a Ă©tĂ© multipliĂ© par 3 Ă partir de 1943. 14. On retrouve alors facilement sur les Ă©tats ou relevĂ©s SNCF un nombre Ă©levĂ© dâengins garĂ©s, ou en rĂ©paration, dans les remises ou ateliers de dĂ©pĂŽt, ceux actifs Ă©tant dispersĂ©s, surtout de nuit, en de multiples lieux plus discrets. 15. Lâensemble des lignes Ă haute tension SNCF de 60 kV Ă 220 kV avariĂ©es par faits de guerre reprĂ©sentent 1 236 pylĂŽnes et 225 km de ligne Ă rĂ©parer, soit moins de 5 % du rĂ©seau Ă©lectrifiĂ©, alors de 4 872 km. 16. Nous nâen citerons, comme preuve antĂ©rieure, que lâattaque en 1940 par la Luftwaffe du cĂ©lĂšbre train miniature britannique cĂŽtier Romney Hythe and Dimchurch Railway dans le Kent. Ă lâĂ©chelle 1/4 de voie de 38 cm, il va devoir sâĂ©quiper dâun train blindĂ© anti-aĂ©rien pour rĂ©pondre aux attaques de pilotes un peu myopes⊠Mais, en France, presque toutes les voies Ă©troites, en zone de bataille ou non, seront souvent confondues avec des voies Ânormales. 17. Se reporter Ă lâarticle â Ouvrages dâart de la Grande Ceinture â par M. Leduc, Revue gĂ©nĂ©rale des chemins de fer du 11 dĂ©cembre 1945, Ă©galement mentionnĂ©s dans le film La renaissance du rail 1947 dâA. PĂ©riĂ© et M. Leduc produit par la SNCF. On constatera le peu dâattaques des ouvrages dâart jusquâen juin 1944. MĂȘme aprĂšs que des ponts sur la Seine infĂ©rieure et la Loire ont Ă©tĂ© visĂ©s, ceux qui sont touchĂ©s par des attaques aĂ©riennes le sont Ă cause dâautres objectifs par exemple, le viaduc de Maintenon, Ă cause du dĂ©pĂŽt de munitions voisin. Citons enfin le cas exemplaire de Bielefeld en Allemagne, ou le viaduc systĂ©matiquement bombardĂ© Ă de trĂšs nombreuses reprises, y compris avec â Tallboys â de 5,4 t, Ă©tait, depuis les premiĂšres attaques, court-circuitĂ© par une dĂ©viation en vallĂ©e, extrĂȘmement bien camouflĂ©e, qui a pu Ă©chapper Ă lâobservation aĂ©rienne, et assurait la continuitĂ© dâune des principales artĂšres de la Ruhr dĂ©but 1945. Une situation analogue a existĂ© en France lors de la destruction du tunnel de Saumur, Ă©galement par les premiers â Tallboys â, grĂące Ă la dĂ©viation de Thouars Ă Tours via la ligne dite de la VendĂ©e, et les ponts du Cher et de la Loire encore praticables. 18. On peut citer comme exemple le raid 921 du 25 mai 1944 sur Longueau et Amiens qui a impliquĂ© 36 Spitfire, dont 26 chasseurs-bombardiers pourvus chacun dâune seule bombe de 500 livres. Sept autres centres ferroviaires Ă©taient visĂ©s ce jour-lĂ dans le Nord, lâOise, la Seine-InfĂ©rieure. En employant la mĂȘme tactique que pour les sites de V1, lâopĂ©ration fut au moins aussi efficace en coups au but 12 sur 26 que des vagues massives de 150 ou 200 bombardiers lourds. Cependant, les autres opĂ©rations ne sont pas toujours payantes ce mĂȘme jour, les attaques de Spitfire ou Typhoon sur ArmentiĂšres et Hazebrouck, Buchy, Gisors, Formerie, Motteville et Cassy dont 4 gares en substitution aux objectifs couverts de nuages de Valenciennes et du Grand Verdret, soit, au total, 133 appareils, se solderont par 157 bombes lĂąchĂ©es, entre 1 200 et 1 800 m, et moins de la moitiĂ© au but. Ce qui nâest toujours pas si mal, puisque, malgrĂ© la DCA parfois trĂšs active Gisors, 2 appareils seulement sont touchĂ©s. 19. Un effectif qui varie en fait de 36 000 Ă 65 000, Ă comparer avec le maximum de 11 000 ouvriers spĂ©cialisĂ©s, SNCF et dâentreprises, ayant reconstruit les ponts et tunnels de 1940 Ă 1942. 20. â Dâautre part, il est Ă craindre que le rĂ©tablissement de tels triages dans leur intĂ©gritĂ© ne provoque de nouvelles destructions rendant vains et par suite inopportuns les efforts que nous aurons fournis et provoquant de nouvelles pertes de matĂ©riel. Les AutoritĂ©s dâOccupation paraissaient avoir compris, comme nous-mĂȘmes, lâinopportunitĂ© de tels efforts et nous avaient autorisĂ©s Ă entreprendre certains travaux en vue dâassurer une dispersion de nos moyens de triage dans des Ă©tablissements moins importants ; une partie de ces travaux est dĂ©jĂ rĂ©alisĂ©e. â 21. [8]. 22. [23, 27]. 23. AprĂšs leur blocage de quelques semaines dans la pĂ©ninsule de Cherbourg, puis la reddition des Allemands, les AmĂ©ricains y ont trouvĂ© en Ă©tat de marche Ă leur arrivĂ©e 50 locomotives, 1 384 wagons, mais seulement 11 voitures Ă voyageurs. Ce qui explique que, dĂšs fin juillet 1944, ils faisaient dĂ©jĂ circuler pour lâapprovisionnement du front, bien avant les Britanniques, vers Saint-LĂŽ ou Lison, plus de 230 trains de marchandises transportant 32 000 t de matĂ©riel, et 102 trains de personnel ! La part de matĂ©riel arrivĂ© puis Ă©vacuĂ© des ports par voie ferrĂ©e, dâoctobre 1944 Ă mai 1945, croĂźt ainsi de 10 Ă 48 % et atteint 13 millions de tonnes du 16 octobre 1944 au 24 mars 1945, pour la seule Normandie. De mĂȘme, les transports militaires dâouest en est de la Seine sont, dĂ©but 1945, de 10 au rail pour 1 Ă la route. Certains militaires alliĂ©s reconnaissent alors quâheureusement les â dĂ©tours â Ă©taient partout possibles pour Ă©viter les obstacles, ou coupures majeures effectuĂ©es par les armĂ©es en retraite bibliogr. [27]. 24. Si lâon tient compte globalement de lâOuest europĂ©en, 955 000 t de bombes RAF, 1 million de tonnes USAF ont Ă©tĂ© lĂąchĂ©es. Avec le pourcentage moyen dâobjectifs ferroviaires de 14 % RAF et 26 % USAF, on trouve moins de 1 t au but pour 7 larguĂ©es et 1 homme dâĂ©quipage perdu pour 32 t lĂąchĂ©es⊠ce qui explique la pertinence des interrogations, hĂ©las tardives. Par contre, fort heureusement et bien que ce soit toujours trop Ă©levĂ©, les cheminots français ont comptĂ© 2 361 morts en service, dont plus de 90 % suite aux raids aĂ©riens, mais non moins de 309 fusillĂ©s et 2 480 dĂ©portĂ©s, transportĂ©s par rail comme les autres. 25. Il nâest pas inintĂ©ressant de mentionner quâun projet de publication dâun atlas ferroviaire aĂ©rien couvrant cette pĂ©riode, avec le regrettĂ© J. Salin de La Vie du rail, nâa pu aboutir dans les annĂ©es 1970, trente ans aprĂšs les faits, pour cause supposĂ©e de â secret-dĂ©fense â cĂŽtĂ© français. La guerre restait tiĂšde sous les cendres, ou mal refroidie. 26. Les conclusions de 1945 dans le domaine ferroviaire rejoignent celles constatĂ©es pour la marine, et citĂ©es par P. Masson en 1988 bibliogr. [9], au sujet des limites de la puissance aĂ©rienne le rĂŽle de lâaviation sâest rĂ©vĂ©lĂ© capital, mais, dĂšs les premiĂšres annĂ©es de guerre, les thĂ©ories amĂ©ricano-britanniques sur les bombardements Ă haute altitude en vol horizontal se sont â uniformĂ©ment soldĂ©es par des Ă©checs â sur des objectifs prĂ©cis. Quant au rail français, sâil y eut bien des constats posthumes dâinutilitĂ©s et dâerreurs, aucun des AlliĂ©s, hors cas spĂ©cifiques locaux, ne mit de vigilance ou de cĂ©lĂ©ritĂ© Ă changer de politique ou de directive, en cours dâaction pour Ă©viter davantage de victimes civiles françaises, lâinertie du systĂšme valant bien celle de la SNCF, fin 1944, comme le rappelait trĂšs rĂ©cemment Pierre Sudreau, Ă propos des derniers trains de dĂ©portĂ©s vers lâAllemagne Le Rail, no 81 juillet-aoĂ»t 200, p. 40. _______________ TABLEAU 1. â Raids aĂ©riens â Desert Rail â en France de mars Ă juillet 1944 96 raidsRĂ©sultats constatĂ©s sur les opĂ©rations majeures impliquant plus de 50 avions MoisRaidsnombreAvionsimpliquĂ©sPertes BombesdĂ©versĂ©es Pourcentage de â rĂ©ussite âImmeublescivilsdĂ©truits, nonrĂ©parables1944RAF +USAFBombar-diers seulsAvions%Tonnage testimĂ©eselonRAF/USAFdĂ©comptĂ©e sur photos Mortscivilsy. MarsRAF 14 1 783 261,4 6 5682112 1 375 816AvrilRAF 16 3 991 471,1 7 0796035 ? 589MaiRAF 26 4 264 982,3 15 9202626 1 341 1 674JuinRAF 15 2 245 743,2 8 6136730 1 582 2 100JuilletRAF 18 2 612 752,8 8 5404120 3 795 1 800Mars et seule 7 667 121,6 1 6805010 3 982 3 465Total en 5 mois96 15 562 332 - 2 300 morts2,1 48 400462211 97510 444Sur total France170195 000 2 900 - 21 000 morts 610 000 ? ? ?67 078Proportion Rail % 8 11 8 15,5 _______________ Bibliographie En langue française [1] Eddy Florentin , Quand les AlliĂ©s bombardaient la France. 1940-1945, Paris, Perrin, 1997. [2] T. A. Siefring, LâUS Air Force dans la DeuxiĂšme Guerre mondiale, Paris, EPA, 1979. [3] ClĂ©ment Ader, Les vĂ©ritĂ©s sur lâutilisation de lâaviation militaire avant et pendant la guerre 1914-1918, Toulouse, Douladourre, 1919. [4] Ducellier, La guerre aĂ©rienne dans le Nord de la France, 5 vol., Abbeville, Paillart, 1994-1999. [5] Maurice Wolkowitsch, â Le rĂ©seau ferrĂ© français du dĂ©barquement du 6 juin 1944 Ă la capitulation de lâAllemagne le 8 mai 1945 â, in â ArmĂ©es et chemins de fer â, Revue dâhistoire des chemins de fer, 15 automne 1996, p. 225-235. [6] L. C. P. Paquier ; C. Postel, La bataille aĂ©rienne dâAllemagne mars 1942 â mai 1945, Paris, Payot, 1947. [7] R. Hautefeuille, Constructions spĂ©ciales, Paris, Auteur-Ă©diteur, 1995. [8] [Coll.] â Les chemins de fer au service des armĂ©es juin-aoĂ»t 1944 â, La Vie du rail, no 1840. [9] P. Masson, La rĂ©vĂ©lation de la puissance aĂ©rienne NorvĂšge, CrĂšte, Tarence, in Actes du Colloque SHM, 1988. [10] Rapports divers SNCF, 1942-1945, Destructions et remise en route, non publiĂ©s Ă ce jour, et Notre mĂ©tier, 1945-1946. En langue anglaise [11] Max Hastings, Bomber Command, Penguin, 1997. [12] Jan Drury, Bomber Command 1939-1945, Collins Harper, 1997. [13] M. Middlebrook, C. Everitt, The Bomber Command War Diaries, Midland Publ., 1985-1995. [14] R. V. Jones, Most Secret War, Wordsworth Ed., 1978-1998. [15] Martin Marix Evans, The Fall of France, Osprey Military, 2000. [16] Kenneth Macksey, Military Errors of World War Two, Cassel Military Classics, DAG, 2000. [17] G. Regan, Air Force Blunders, Guinness Publ., 1996. [18] Air Ministry Account, September 1939 â July 1941, Bomber Command, HMSO, 1941. [19] A. Price, Bomber Aircraft, Arms and Armour Press, 1976. [20] R. A. Freeman, Raiding the Reich, Arms and Armour Press, 1997. [21] R. Conyers Nesbit, The RAF in Camera, A. Sutton Publishing, PRO, 1996. [22] S. Badsey, Campaigne Series-Normandie 1944 Osprey Military, Reed International, 1990. [23] L. C. W. Geffen USAF, Command and Commanders in Modern Warfare, US Air Force Academy, 1969. [24] Col. John Hughes-Wilson, Military Intelligence Blunders, London, Robinson, 1999. [25] RAF Marshall Sir John Slessor, These Remains A Personnel Anthology, 1968. [26] General H. E. Von Manteuffel, Decisive Battles of World War II, A German View, 1965. [27] General J. A. Van Fleet, Rail Transport and the Winning of Wars, AAR-Washington DC, 1956. En langue allemande [28] A. C. Mierzeyewski, Bomben auf die Reichsbahn, EK Verlag, 1988. [29] Ron Ziel, RĂ€der mĂŒssen rollen. Die Eisenbahn im Zweiten Weltkrieg, 1, Stuttgart, Franckh Verlag, 1974. [30] Alfred B. Gottwaldt, Deutsche Kriegslokomotiven. Die Eisenbahn im Zweiten Weltkrieg, 2, Stuttgart, FranckhVerlag, 1973. leVicomte, 16 juin 1944, Robert CAPA 3. Vitrail de lâĂ©glise de Montigny (dĂ©tail), vers 1600, Rouen 4. 27 juin Ă 15h â excursion TRĂSORS DE LA RENAISSANCE AUTOUR DE ST-SAUVEUR-LE-VICOMTE Cour du chĂąteau 11 juillet Ă 17h â visite guidĂ©e BRICQUEBEC Ă LA RENAISSANCE AVEC GILLES DE GOUBERVILLE Office de tourisme, place Ste-Anne 18 juillet Ă 17h â visite guidĂ©eRouen25, place de la CathĂ©draleCS 30666 76008 RouenTel +3302 32 08 32 40Foreign exchange office +3302 35 89 48 60Email accueil Elbeuf7 cours Gambetta76500 ElbeufTel + 3302 32 96 30 40Email lafabrique JumiĂšgesRue Guillaume le ConquĂ©rant76480 JumiĂšgesTel + 33 02 35 37 28 97Email jumieges DuclairMairiePlace du GĂ©nĂ©ral de Gaulle76 480 DuclairTel + 3302 35 05 91 50
TournĂ©esen rĂ©gion. Samedi 4 septembre 2021, 20h. Dimanche 5 septembre 2021, 17h. Vendredi 10 septembre 2021, 20h30. Samedi 11 septembre 2021, 20h. Dimanche 12 septembre 2021, 16h. Direction musicale ChloĂ© Dufresne. Violon Naaman Sluchin. Orchestre dePetit clin d'Ćil Ă Victor Hugo qui Ă©voquait la ville aux cent clochers, le fil conducteur de cette randonnĂ©e urbaine est les Ă©glises et chapelles sans clocher. Vestiges d'Ă©glises qui ont subi les outrages de l'histoire et de l'urbanisation mais aussi Ă©glises et chapelles dĂ©sacralisĂ©es et reconverties Ă d'autres usages ou en attente de dĂ©cisions sur leur sort. Quelques Ă©difices toujours vouĂ©s au culte feront exception mais ils mĂ©ritent le dĂ©tour. Une occasion de redĂ©couvrir cette belle ville. Description de la randonnĂ©e DĂ©part de la place de la CathĂ©drale Notre-Dame devant l'Office du Tourisme. D/A Emprunter la Rue des Carmes devant le magasin "Le Printemps" puis tourner Ă gauche Ă la deuxiĂšme rue, la Rue Saint-LĂŽ nommĂ©e ainsi parce qu'elle longe l'emplacement de l'ancienne Ă©glise et prieurĂ© Saint-LĂŽ dont il reste un vestige sur la droite juste avant le prochain carrefour avec la Rue Socrate. L'Ă©glise Saint-LĂŽ est probablement lâune des plus anciennes Ă©glises de Rouen, proclamĂ©e cathĂ©drale de Rouen et de Coutances vers 915. Plus tard en 1144, quand les Ă©vĂȘques de Coutances sont rentrĂ©s chez eux, elle devint prieurĂ© Ă la fois collĂ©giale et paroissiale. Vendue pour ĂȘtre dĂ©molie Ă la rĂ©volution en 1793, il ne reste aujourdâhui que le porche. 1 Prendre la premiĂšre rue Ă gauche, la Rue EugĂšne Boudin qui devient ensuite la Rue du Bec pour rejoindre la trĂšs touristique Rue du Gros Horloge. Prendre Ă gauche puis tout de suite Ă droite sous la voĂ»te Passage Gravier qui donne accĂšs Ă la Rue de la ChampmeslĂ©. 2 Ă l'angle de la Rue de la ChampmeslĂ© et de la Rue aux Ours, se trouve la rĂ©sidence de la Fontaine Saint-CandĂ© oĂč trĂŽne au milieu de la cours la trĂšs belle tour de l'ancienne Ăglise Saint-CandĂ© le Jeune que l'on peut apercevoir Ă travers le portail situĂ© juste aprĂšs le magasin Bouchara. Emprunter la Rue aux Ours Ă droite puis la Rue Camille Saint-SaĂ«ns Ă gauche. 3 Vous arrivez sur ce qui reste de l'Ăglise Saint-Pierre du ChĂątel, bombardĂ©e par les avions alliĂ©s en 1944 et laissĂ©e en l'Ă©tat. Revenir sur la Rue aux Ours, poursuivre votre cheminement jusqu'Ă la Rue Jeanne d'Arc et tourner Ă gauche. 4 Sur la droite, se trouve la Tour Saint-AndrĂ© en cours de restauration, vestige de lâancienne Ă©glise du mĂȘme nom dĂ©montĂ©e en 1861 pour laisser passer la Rue Jeanne dâArc. FermĂ©e au culte Ă la RĂ©volution, la tour servit dâatelier pour fondre des plombs de chasse on lĂąchait du haut de la tour des gouttes de plomb fondu qui se solidifiaient en billes rondes lors de leur chute. Descendre la Rue Jeanne d'Arc jusqu'Ă la prochaine rue Ă droite, la Rue du GĂ©nĂ©ral Giraud que vous empruntez non sans observer les ruines de l'ancienne Ăglise Saint-Vincent sur le cĂŽtĂ© gauche. Emprunter la deuxiĂšme rue Ă droite, la Rue Saint-Ăloi, du nom de l'Ă©glise qui la borde sur la gauche, devenue temple Protestant aprĂšs le concordat de 1802. Virer Ă gauche pour longer l'Ă©difice puis prendre Ă droite pour faire le tour de la Place Martin Luther King plantĂ©e d'arbres. Admirer au passage le remarquable HĂŽtel de Bourgtheroulde sur la gauche, entrer dans la cour pour y observer les bas-reliefs qui reprĂ©sentent l'entrevue du Camp du Drap d'Or entre François 1er et Henri VIII d'Angleterre. Emprunter ensuite le passage piĂ©ton qui relie la Place Martin Luther King Ă la Place de la Pucelle sur la gauche. Longer la place sur le cĂŽtĂ© gauche pour arriver sur la Place du Vieux MarchĂ©. Cette place hĂ©berge les vestiges de lâancienne Ăglise Saint-Sauveur mise au jour lors de la construction de la nouvelle Ăglise Sainte-Jeanne dâArc dans les annĂ©es soixante-dix. L'Ăglise Sainte-Jeanne dâArc dont la construction sâest achevĂ©e en 1979 s'intĂšgre dans un ensemble faisant office de mĂ©morial du supplice de Jeanne dâArc, d'Ă©glise et de marchĂ© couvert. Entre les halles et lâĂ©glise a Ă©tĂ© suspendue une ancienne cloche sauvĂ©e de lâĂglise Saint-Vincent. Si l'Ă©glise est ouverte, entrez pour voir les superbes vitraux sauvĂ©s de l'Ă©glise Saint Vincent, ils ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s vers 1520-1530. Ă la diagonale du point d'entrĂ©e sur la Place du Vieux MarchĂ©, emprunter sur la gauche la Rue Cauchoise puis la premiĂšre rue Ă droite, la Rue des BĂ©guines. 5 Au n° 16 de cette Rue des BĂ©guines, dans une cour, on aperçoit quelques arcades gothiques qui sont tout ce qui reste de l'ancienne lâĂglise Saint-Vigor. Au bout de la rue, prendre Ă droite la Rue des Bons Enfants, puis la deuxiĂšme Ă droite, la Rue Sainte-Croix des Pelletiers du nom de l'ancienne Ă©glise qui la borde sur la gauche. Cette Ă©glise est dĂ©saffectĂ©e depuis la rĂ©volution, elle a servi de magasin, dâentrepĂŽt et de chai Ă vin jusque vers 1940 ; elle fut ensuite transformĂ©e en salle de confĂ©rence et de concerts. Aujourdâhui fermĂ©e car devenue vĂ©tuste, elle est en attente dâune nouvelle restauration. Faire demi-tour au niveau de l'Ă©glise et rejoindre la Rue des Bons Enfants pour poursuivre sur la droite Emprunter ensuite la premiĂšre rue sur la gauche, la Rue ĂtoupĂ©e, traverser la Rue Jean Lecanuet et poursuivre en face jusqu'au bout de la rue. Emprunter alors la Rue Saint-Patrice sur la droite puis la Rue de l'AbbĂ© Cochet sur la gauche. Ă l'angle de la Rue Saint-Patrice et de la Rue AbbĂ© Cochet, se trouve l'Ăglise Saint-Patrice qui est toujours au service du culte. Son intĂ©rieur mĂ©rite une visite, les vitraux du XVIe et XVIIe siĂšcle sont remarquables ainsi que sont autel Ă baldaquin. AprĂšs la visite, poursuivre votre itinĂ©raire jusqu'au bout de la rue pour rejoindre le Boulevard de la Marne. Traversez le boulevard, prendre Ă droite puis la deuxiĂšme rue Ă gauche qui aboutit Ă la gare SNCF . Face Ă la gare, prendre la rue Ă droite, la Rue de la Rochefoucauld qui est bordĂ©e sur sa partie gauche par l'Ă©glise Saint Romain. Celle-ci ne paye pas de mine extĂ©rieurement mais son intĂ©rieur mĂ©rite une visite, il a fait l'objet d'un important programme de restauration au XIXe siĂšcle.'' Au bout de la rue, prendre Ă droite la Rue du Champ des Oiseaux en descendant vers le boulevard. Traverser Ă nouveau le boulevard et continuer tout droit dans la Rue Bouvreuil, puis prendre la premiĂšre rue Ă droite, la rue du Donjon. Emprunter ensuite Ă gauche la Rue Philippe Auguste puis la Rue Morand Ă gauche encore et enfin la Rue Faucon tout de suite Ă droite, Vous passez devant le MusĂ©e de la cĂ©ramique avant de descendre les escaliers qui aboutissent Rue du Baillage que vous empruntez sur la gauche en direction de la Place Restout. Au bout de la Place Restout, emprunter sur la droite la Rue Jacques Villon et faire le tour des deux Ă©glises contiguĂ«s par la Rue Jean Lecanuet puis la Rue Charles Lenepveu. La premiĂšre est l'Ăglise Saint-Godard, qui est toujours au service du culte. La seconde est l'Ăglise Saint-Laurent, qui abrite le MusĂ©e de la ferronnerie Le Secq des Tournelles. Au bout de la Rue Lenepveu, prendre Ă gauche la Rue du Beffroy, puis la Rue Bouvreuil en montant sur la droite. Emprunter ensuite la premiĂšre rue Ă droite sur la Place du Dr Alfred CernĂ© puis la premiĂšre Ă gauche, la Rue du Rempart Bouvreuil pour arriver sur la Rue d'Ăcosse que vous empruntez sur la droite. Sur la gauche, vous pouvez apercevoir au milieu d'une cour, la chapelle des SĆurs de la Compassion reconvertie en logements. Continuer sur la Rue d'Ăcosse jusqu'au bout de la rue puis remonter la Rue Beauvoisine sur la gauche. AprĂšs avoir laissĂ© la Rue Dulong sur la droite, vous aller trouver l'entrĂ©e de la cour qui donne accĂšs aux musĂ©es d'Histoire Naturelle et des AntiquitĂ©s qui se partagent les bĂątiments de lâancien Couvent des Visitandines. 6 Entrer dans cette cour, longer les deux musĂ©es pour arriver dans le petit Square AndrĂ© Maurois oĂč se trouve lâauthentique Fontaine de la Croix de Pierre et un chapiteau de l'ancienne Abbaye Sainte-Catherine du Mont. Ressortir du jardin par l'accĂšs opposĂ© en passant sous le portail de l'ancien Couvent des Clarisses transfĂ©rĂ© ici en 1908. Emprunter alors la Rue Louis Ricard sur la droite dans le sens de la descente, puis la premiĂšre rue Ă droite, la Rue Dulong, puis la Rue du Vert Buisson sur la gauche. Cette rue arrive sur la Place de la Rougemare. Admirez au passage la superbe maison Ă colombage Ă l'angle droit de la Rue du Vert Buisson avec la place. Sur la place, prendre Ă gauche pour dĂ©couvrir la Chapelle Saint-Louis, une ancienne Chapelle des BĂ©nĂ©dictins reconvertie en salle de théùtre. Aller jusqu'au bout de la place et emprunter l'allĂ©e piĂ©tonne devant le restaurant "Les petits parapluies" ; celle-ci vous permet de rejoindre la Rue Louis Ricard que vous traversez pour emprunter la Rue du Bourg l'AbbĂ© juste en face et dĂ©couvrir sur la la gauche la chapelle du lycĂ©e Corneille. Ancienne Ă©glise du collĂšge des JĂ©suites, cette chapelle est le 3e plus grand monument religieux de la ville. Marie de MĂ©dicis vint elle-mĂȘme poser la premiĂšre pierre en 1615. Elle est aujourd'hui reconvertie en salle de concerts. Emprunter la prochaine rue Ă gauche, la rue des Minimes qui borde le Couvent des BĂ©nĂ©dictines du Saint Sacrement. Prendre ensuite la Rue Caron sur la droite, puis la Rue Coignebert toujours Ă droite. Suivre la Rue Aimable Floquet Ă gauche et la Rue Saint-Nicaise Ă droite Vous arrivez alors Ă l'Ăglise Saint-Nicaise en partie dĂ©truite en 1934 ; elle fut rapidement reconstruite en bĂ©ton armĂ© entre 1935 et 1940. L'Ă©glise aujourd'hui dĂ©saffectĂ©e devrait accueillir un restaurant et une brasserie en 2023. Contourner l'Ă©glise par la Rue de lâAĂźtre Saint-Nicaise et dĂ©couvrir ce qui reste de l'ancienne Ă©glise qui n'a pas Ă©tĂ© dĂ©truite par l'incendie de 1934. Emprunter la Rue des Requis sur la droite, puis la Rue Orbe sur la gauche. Poursuivre votre parcours jusqu'au bout de la Rue Orbe pour arriver Place de la Croix de Pierre. ArrivĂ© sur la place, prendre la Rue des Capucins Ă gauche. Sur la gauche des escaliers donnent accĂšs Ă l'Ăcole maternelle Maurice Nibelle l'emprunter pour dĂ©couvrir la mini chapelle funĂ©raire de l'ancien Couvent des Ursulines juste devant l'Ă©cole. En revenant ensuite sur la Rue des Capucins, sur la gauche en haut des escaliers, se trouve la BibliothĂšque municipale des Capucins installĂ©e dans l'ancienne Ă©glise du couvent. Si les portes sont ouvertes allez admirer l'intĂ©rieur. Reprendre votre cheminement en remontant la Rue des Capucins puis emprunter le Passage du Bon Pasteur sur la droite. Ce passage qui chemine entre les immeubles dĂ©bouche sur la Rue Legouy que vous empruntez sur la gauche. Prendre ensuite Ă droite la Rue de la Cigogne du Mont, aprĂšs avoir laissĂ© la Rue Cantelles Ă gauche. Descendre les escaliers sur la droite qui aboutissent Rue Sainte-Claire. 7 En bas de la Rue Sainte Claire, sur la gauche se trouve la chapelle de l'ancien Couvent des Clarisses transformĂ©e en habitation. Continuer votre chemin jusqu'au bout de la Rue Sainte-Claire puis emprunter la Rue Saint- Hilaire sur la droite celle-ci vous ramĂšne Ă la Croix de Pierre. Poursuivre dans la Rue Saint-Vivien qui est dans le prolongement de la Rue Saint-Hilaire. AprĂšs avoir laissĂ© l'Ăglise Saint-Vivien et la place du mĂȘme nom sur la gauche, traversez l'Avenue de la Porte des Champs pour pĂ©nĂ©trer dans les jardins de l'HĂŽtel de Ville, juste en face. Sortir du parc sur le cĂŽtĂ© gauche prĂšs de l'imposante Abbatiale Saint-Ouen prĂšs du portail des marmousets. Si les portes sont ouvertes, entrez dans l'abbatiale son intĂ©rieur surprend par son architecture Ă©lancĂ©e et ses magnifiques rosaces. Traverser la Rue des Faulx pour rejoindre la Rue des Boucheries Saint-Ouen en face, aller jusqu'au bout de la rue et poursuivre par la Rue Damiette qui oblique lĂ©gĂšrement Ă gauche. La Rue Damiette dĂ©bouche sur la Place BarthĂ©lĂ©my et la magnifique Ăglise Saint-Maclou, chef dâĆuvre de l'art gothique flamboyant. Tourner le dos Ă l'Ă©glise pour rejoindre et traverser la Rue de la RĂ©publique et emprunter la Rue Saint-Romain juste en face. Tourner Ă droite Ă la premiĂšre rue, la Rue des Chanoines qui doit ĂȘtre la rue la plus Ă©troite de Rouen ; dans les Ă©tages avec les constructions en encorbellement, les maisons qui bordent la rue sont distantes de quelques centimĂštres. Cette rue dĂ©bouche sur la Rue Saint-Nicolas que vous empruntez sur la gauche juste avant de vous engager dans la Rue Saint-Amand Ă droite. 8 Juste avant d'arriver sur la place du mĂȘme nom, on dĂ©couvre sur la droite quelques pans de murs qui constituent tout ce qui reste de l'ancienne Abbaye Saint-Amand dĂ©truite au milieu du XIXe siĂšcle. Contourner la place et emprunter la Rue de la ChaĂźne Ă gauche, prendre ensuite la premiĂšre rue Ă gauche, la Rue de la Croix de Fer. 9 IncrustĂ© dans l'immeuble situĂ© sur le cĂŽtĂ© gauche, nous pouvons observer les vestiges de l'ancienne Ăglise Saint-Nicolas dont le clocher fut dĂ©montĂ© pour ĂȘtre reconstruit Ă CottĂ©vrard, un village au Nord de Rouen. Traverser la Rue Saint-Nicolas et poursuivre la Rue de la Croix de Fer jusqu'au bout pour arriver devant les jardins d'Albane au pied de la cathĂ©drale. Prendre Ă droite puis Ă gauche pour terminer cette randonnĂ©e D/A. Points de passage D/A km 0 - alt. 22m - DĂ©part place de la cathĂ©drale1 km - alt. 23m - Portail St LĂŽ2 km - alt. 20m - Saint CandĂ© le Jeune3 km - alt. 18m - Ăglise Saint Pierre du ChĂątel4 km - alt. 17m - Tour Saint-AndrĂ©5 km - alt. 23m - Vestiges de l'ancienne Ă©glise Saint Vigor6 km - alt. 44m - Square AndrĂ© Maurois7 km - alt. 20m - Couvent Ste Claire soeurs Clarisses8 km - alt. 22m - Abbaye St Amand9 km - alt. 21m - Vestige de lâancienne Ă©glise Saint NicolasD/A km - alt. 22m - DĂ©part place de la cathĂ©drale Soyez toujours prudent et prĂ©voyant lors d'une randonnĂ©e. Visorando et l'auteur de cette fiche ne pourront pas ĂȘtre tenus responsables en cas d'accident ou de dĂ©sagrĂ©ment quelconque survenu sur ce visite originale dans le thĂšme, le musĂ©e de la ferronnerie Le Secq des Tournelles dans l'ancienne Ă©glise Saint en savoir plus sur l'histoire des Ă©glises Rouennaise, je recommande la lecture du livre publiĂ© par l'association "Les Amis de Monuments Rouennais" en 2017 "Eglises et chapelles de Rouen un patrimoine Ă RedĂ©couvrir". Les descriptions et la trace GPS de ce circuit restent la propriĂ©tĂ© de leur auteur. Ne pas les copier sans son autorisation.Pourouvrir sa saison culturelle, le Printemps de Rouen donnera le ton de cette nouvelle Ă©dition autour du corps sur le principe du flashmob. Le 16 avril Ă 16h30, nous vous donnons rendez-vous Place du 19 avril 1944 pour une chorĂ©graphie collective !
coordonnĂ©es FONCIA Transaction Rouen 19 Avril 1944 3 place du 19 Avril 1944 76000 ROUEN Seine maritime 76 afficher le tĂ©lĂ©phone Tarif 3âŹ/appel + prix appel. Ce numĂ©ro valable 5 minutes n'est pas le numĂ©ro du destinataire mais le numĂ©ro d'un service permettant la mise en relation avec celui-ci. Ce service est Ă©ditĂ© par le site Pourquoi ce numĂ©ro? horaires d'ouvertures du magasin Nous n'avons pas les horaires d'ouverture de ce magasin. Si vous possĂ©dez l'information concernant FONCIA Transaction Rouen 19 Avril 1944 Ă ROUEN, nous vous invitons Ă la partager. Agence immobiliĂšre FONCIA Transaction Rouen 19 Avril 1944 Forts d'une expĂ©rience de plus de 30 ans, les collaborateurs de Foncia sont Ă votre Ă©coute pour vous conseiller dans vos projets d'achat, de vente et de location Ă proximitĂ© Plan d'accĂšsDeuxiĂšmepartie â Les bombardements de 1944 sur Le Havre et leur inscription dans le contexte normand Stephen Bourque â Chapitre 6 : La « semaine rouge », avant et aprĂšs : les bombardements sur Rouen de mai-juin 1944 Andrew Knapp â Chapitre 7 : Des bombardements sur les champs de bataille normands : du dĂ©barquement au siĂšge du Havre
- ĐŃДտŃĐșĐŸĐșŃ ŐžáŁĐŸĐœ
- Đ á»ĐžáаŃΞпá»á· Ő«á§Ï